I. − [Le suj. désigne un être vivant doué de sensibilité] Percevoir, éprouver u

I. − [Le suj. désigne un être vivant doué de sensibilité] Percevoir, éprouver une sensation, une impression. A. − [Par l'intermédiaire des sens (excepté la vue et l'ouïe)] 1. Percevoir, éprouver une sensation physique qui renseigne sur l'état de l'organisme ou sur le milieu extérieur. Une saveur âcre qu'elle sentait dans sa bouche la réveilla (FLAUB., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 170).Je sentais la caresse légère de ses doigts sur mon cou (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 154). SYNT. Sentir la faim, la fatigue, la soif; sentir une démangeaison, une douleur; sentir la sueur sur son front, les battements de son cœur, des larmes prêtes à jaillir; sentir la chaleur du sable, du soleil; sentir le froid de l'eau glacée, de la bise; sentir une main qui agrippe; sentir un objet dans sa poche; sentir un goût d'ail, d'oignon dans un plat. ♦ [Suivi d'une inf.] Sentir ses forces faiblir, ses genoux fléchir, sa voix trembler, le froid tomber. Cela commença par le bruit aigre d'une croisée qui roulait lentement sur ses gonds, et à travers laquelle je sentis poindre l'air pénétrant des brumes humides de septembre (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 121).Il (...) sentit grincer le sable sous ses semelles (BERNANOS, Joie, 1929, p. 717). ♦ [Suivi d'une complét.] Elle sentit qu'elle avait très froid (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 249).Je sentis que je rougissais (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 41). ♦ Absol. Quand tu dis (...): « Je me brûle », tu ne fais (...) que sentir. Sentir, cette chose que tout le monde connaît par expérience, et que personne, jusqu'à cette année 1805, n'a pu décrire (STENDHAL, Corresp., t. 1, 1805, p. 139). ♦ Empl. pronom., littér. Nuit de juin! Dix-sept ans! − On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 71). ♦ Empl. subst. masc. Le sentir. La faculté de sentir. On a fini par croire que tout se réduisait à la sensation; qu'il suffisait de transformer la sensation produite par un corps en une autre sensation pour avoir l'explication des facultés intellectuelles. Néanmoins le sentir n'explique pas tout: il n'explique pas (...) les sentiments moraux. (...) la preuve, c'est qu'on trouve ce phénomène chez tous les êtres qui sont du domaine de la zoologie (BROUSSAIS, Phrénol., 1836, p. 69). − Empl. factitif. Se faire sentir.Se manifester, devenir sensible. La douleur, la faim, la soif se fait sentir; action, nécessité qui se fait sentir. Le découragement commençait à se faire sentir dans toutes les sphères de l'armée et même au grand quartier général (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 319). ♦ En partic. [Le suj. désigne un agent atmosphérique] Le froid se fait sentir. La bonne chaleur du soleil (...) avait commencé à se faire sentir dès le mois de mars (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 14).Malgré l'approche du mauvais temps dont les premiers effets se faisaient déjà violemment sentir au débouquer, matelots et marchands faisaient cercle autour de l'unique mât (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 11). − Locutions ♦ Ne pas/ne plus sentir ses bras, ses jambes, ses pieds. Ne pas ne plus les percevoir, comme s'ils étaient devenus insensibles (à cause d'une grande fatigue, d'un grand froid). J'arrête Luce au passage et la force à s'asseoir une minute: − Tu n'en es pas fatiguée, de ce métier-là? − Tais-toi! Je danserais pendant huit jours! Je ne sens pas mes jambes (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 315). Plus rarement, à la forme affirm. Sentir ses bras, ses jambes. Y percevoir des douleurs ou des courbatures provoquées par un excès de fatigue. D'un balancement de sa fourche, elle prenait l'herbe, la jetait dans le vent (...). − Ah! ma petite, dit Palmyre, de sa voix dolente, on voit bien que tu es jeune... Demain, tu sentiras tes bras (ZOLA, Terre, 1887, p. 134). ♦ Sentir la main qui vous démange. V. démanger B. ♦ Ne pas sentir sa force*. − P. anal. ♦ Sentir son cheval. Percevoir les mouvements et réactions de son cheval et savoir en tirer habilement parti. Le cavalier doit être plus qu'un technicien: le compagnon de sa monture. Il doit la sentir, la comprendre, se comporter en psychologue (Jeux et sports, 1967, p. 1604). ♦ MAR. [Le suj. désigne un navire] Sentir sa barre. Obéir instantanément à l'action du gouvernail (d'apr. GRUSS 1978). Sentir le fond. Manœuvrer avec peu d'eau sous la quille et abattre d'un bord ou de l'autre de façon imprévisible (d'apr. MERRIEN 1958). 2. En partic. a) Percevoir par l'odorat. Sentir un parfum de fleur, l'odeur d'un mets, une odeur désagréable; ne rien sentir (parce que l'on est enrhumé). Carmen, en chemise, se glissait à côté de lui. Il sentit le parfum fort de ses épaules rondes (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 359).Je connais toutes les pierres du chemin et je me dirigerais, s'il le fallait, aux odeurs, comme mon père sait le faire, depuis qu'il est aveugle. Tenez, en longeant ce mur, nous allons sentir les lilas. C'est une senteur délicieuse (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 100). ♦ Absol. En émoussant peu à peu ces impressions qui retiennent d'abord toute l'attention de l'enfant, l'habitude lui permet de saisir les attributs particuliers des corps; elle lui apprend ainsi insensiblement à voir, à entendre, à sentir, à goûter, à toucher, en le faisant successivement descendre, dans chaque sensation, des notions confuses de l'ensemble aux idées précises des détails (BICHAT, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 65). ♦ Empl. pronom. à sens passif. La camériste faisait remarquer à M. le Conseiller Vénérable l'affreuse odeur qui se sentait dans tout l'étage (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 150). − Loc. fig., fam. Ne pas pouvoir sentir (qqc., qqn). Éprouver (pour quelque chose, quelqu'un) une grande aversion, une grande antipathie. Synon. détester, haïr, ne pas pouvoir supporter (qqc., qqn) (v. supporter1), ne pas pouvoir souffrir* (qqn) (fam.).Je demande: C'est-y des tableaux vivants?... Parlez donc français − dit Madame Garabis agacée − allons! Reprenez (...) Elle peut pas sentir ma façon de parler. Docilement je reprends: Est-ce des tableaux vivants? (GYP,Souv. pte fille,1928,p. 167).− (...) quand elle va revenir des toilettes, offrez-lui un verre pendant que nous allons voir les figures de cire. − Ah! non pas moi! dit Lewis. − Mais il lui faut un homme pour s'occuper d'elle. Elle ne connaît pas Bert et elle ne peut pas sentir Willie. − Mais moi je ne peux pas sentir Évelyne, dit Lewis (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 521). ♦ Empl. pronom. réciproque. Ne pas pouvoir se sentir. [Maman] avait été la belle-mère de mon oncle et ils ne pouvaient pas se sentir. Je ne sais pas s'ils étaient formellement brouillés, ou s'ils évitaient simplement de se rencontrer (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 236).Il est des peuples que tout désigne pour une guerre, leur peau, leur langue et leur odeur, ils se jalousent, ils se haïssent, ils ne peuvent pas se sentir (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 13, p. 185). − P. anal. [Le suj. désigne un animal et plus partic. un chien] Percevoir une piste grâce au flair. On ne conçoit pas, mais on voit, on ne peut qu'admirer comment le chien sent souvent après plusieurs heures l'empreinte légère du pied d'un lièvre (LA HETRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 149).Absol. Dès qu'il pleut trop ou qu'il fait trop sec, que mon chien ne sent plus, que je tire mal, et que les perdrix deviennent inabordables, je me crois en état de légitime défense (RENARD, Hist. nat., 1896, p. 264). ♦ [Le suj. désigne un cheval] Sentir l'écurie*. b) Chercher à percevoir l'odeur de quelque chose. Synon. flairer, humer, renifler (fam.), respirer.Sentir un flacon de parfum, un bouquet de fleurs; sentir le bouquet d'un vin. Un moment, elle a tiré l'œillet de sa poitrine, l'a longuement senti de ses narines ouvertes, puis me l'a passé presque comme une chose qu'elle aurait laissée et m'a dit: « Sentez, j'adore cette odeur (...) » (GONCOURT, Journal, 1864, p. 70).Pense que chaque soir, il y a une femme qui pense à toi, une femme qui voudrait s'étendre contre toi, sentir l'odeur de tes cheveux et s'endormir dans ta chaleur (PAGNOL, Fanny, 1932, III, 10, p. 207). B. − [Par l'intermédiaire de l'intellect] 1. Avoir, prendre conscience de. Je fus d'abord très touché de cette vue, et ce fut un remords qu'il me donna de n'avoir pas assez senti ce que vaut un père (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 178).Il s'était mis, pour ne plus sentir la misère de son existence, à travailler éperdument (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 47). − [Suivi d'une inf.] Tâchez d'atteindre à cette idée sublime, que le véritable bonheur de l'homme ne se trouve que dans le bonheur de ses semblables; dites en vous-mêmes, et dans le secret d'un cœur calme et pur: Je sens avoir besoin du bonheur des autres (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 95). − [Suivi d'une interr. indir.] J'ai été uploads/Geographie/ sentir-definition.pdf

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