La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos

La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. 3 Objet d’étude I : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. Séquence 1 (Groupement de textes) La question de l’altérité Problématique : comment la pensée européenne a-t-elle considéré l’Autre depuis l’aube des temps modernes ? Et en quoi cette réflexion sur l’Autre entraîne-t-elle une nouvelle conception de l’Homme? Lecture analytique Lecture analytique 1 Montaigne, « Des cannibales », Essai Livre I, Chap. 31, (1595). Lecture analytique 2 Bougainville, Voyage autour du monde : « La découverte de Tahiti » (1772). Lecture analytique 3 Nicolas Bouvier, L’usage du monde : « Découvrir et se découvrir » (1963). Support des lectures cursives. Textes, documents et/ou activités complémentaires Textes complémentaires Comment, en dessinant sa modernité, l’homme européen perçoit-il l’Autre, celui qu’il rencontre notamment en découvrant le Nouveau Monde, à la Renaissance ? Les indigènes des Amériques sont-ils des hommes ? Textes  Texte A : Christophe Colomb, La découverte de l’Amérique, Extrait d’une lettre à Luis de Santangel.  Texte B : Jean de Léry, Histoire d’un voyage fait en terre de Brésil, 1578.  Texte C : Montaigne, Essais, livre I, chap. XXXI  Lecture cursive Montesquieu, « Comment peut-on être persan ?, Les lettres persanes, Documents complémentaires La relation de voyage : un genre mixte aux diverses intentions ? Comment l’utopie permet-elle de mettre en évidence la réflexion sur l’Autre ?  Hérodote, L’enquête, V° S.A.J.  Marco Polo (1254-1324), Le devisement du monde.  Lucien de Samosate, Histoire véritable,  Cyrano de Bergerac, L’autre monde ou les états et empires de la lune, (1649) Histoire de l’Art Dans quelle mesure la photographie peut-elle être un support pour l’argumentation ? Image extraite du film de Méliès, Voyage dans la lune Tableau de Gauguin, Fatata de miti. Activités personnelles : Paul Gauguin, Les couleurs de la vie Texte de la lecture analytique 1 Séquence 1 La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. 4 Des cannibales Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’ya rien de barbare et de sauvage en cette nation à ce qu’on m’en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n’avons autre mire1 de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses, les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant la saveur même et délicatesse se trouve à notre goût excellente, à l’envi des nôtres,2 en divers fruits de ces contrées là, sans culture. Ce n’est pas raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère nature. Nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ses ouvrages par nos inventions, que nous l’avons du tout étouffée. Si est-ce que, partout où sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises. […] Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie. Leur guerre est toute noble et généreuse, et à autant d’excuse et de beauté que cette maladie humaine en peut recevoir, elle n’a autre fondement parmi eux, que la seule jalousie de la vertu. Ils ne sont pas en débat3 de la conquête de nouvelles terres, car ils jouissent encore de cette uberté4 naturelle, qui les fournit sans travail et sans peine, de toutes choses nécessaires, en telle abondance qu’ils n’ont que faire d’agrandir leurs limites. Ils sont encore en cet heureux point, de ne désirer qu’autant que leurs nécessités naturelles leur ordonnent ; tout ce qui est au delà est superflu pour eux. Ils s’entr’appellent généralement ceux de même âge, frères ; enfants, ceux qui sont au dessous ; et les vieillards sont pères à tous les autres. Ceux-ci laissent à leurs héritiers en commun, cette pleine possession de biens par indivis,5 sans autre titre que celui tout pur que nature donne à ses créatures, les produisant au monde. Montaigne, « Des cannibales », Essais, Livre 1 Chapitre 31 1Mire : modèle, moyen de juger de. 2À l’envi des nôtres : si on les confronte aux nôtres. 3Débat : querelle. 4uberté: abondance. 5Indivis : sans division de propriété, en collectivité. Séquence 1 La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. 5 Texte de la lecture analytique 2 La découverte de Tahiti Bougainville rêve de fonder de nouvelles colonies et pense aux îles australes. Après maintes péripéties, le secrétaire d’État à la Marine accepte de le laisser explorer ce qu’on appelle alors “ le Grand Océan ” (le Pacifique).Bougainville embarque avec des navigateurs confirmés, mais aussi des membres de l’Académie des sciences, en particulier le naturaliste Commerson qui écrivit lui aussi une relation de son séjour à Tahiti, qu’il idéalise bien davantage que ne le fera Bougainville. Parti de Brest le 15 novembre 1766, ce dernier gagne les Malouines, puis Montevideo, passe le détroit de Magellan et, de là, se dirige franchement vers l’Ouest. Tahiti est jointe au début d’avril 1768. Bougainville et ses hommes vont y rester neuf jours. De son journal de bord, Bougainville compose le Voyage autour du monde, plus synthétique et moins idéaliste. Les trois premiers chapitres de la seconde partie content le séjour à Tahiti. J’ai plusieurs fois été, moi second ou troisième, me promener dans l’intérieur. Je me croyais transporté dans le jardin d’Eden : nous parcourions une plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraîcheur délicieuse, sans aucun des inconvénients qu’entraîne l’humidité. Un peuple nombreux y jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui. Nous trouvions des troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers ; tous nous saluaient avec amitié ; ceux que nous rencontrions dans les chemins se rangeaient à côté pour nous laisser passer ; partout nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur. Je fis présent au chef du canton où nous étions d’un couple de dindes et de canards mâles et femelles ; c’était le denier de la veuve. Je lui proposai aussi de faire un jardin à notre manière et d’y semer différentes graines, proposition qui fut reçue avec joie. En peu de temps Ereti6 fit préparer et entourer de palissades le terrain qu’avaient choisi nos jardiniers. Je le fis bêcher ; ils admiraient nos outils de jardinage. Ils ont bien aussi autour de leurs maisons des espèces de potagers garnis de giraumons, de patates, d’ignames et d’autres racines. Nous leur avons semé du blé, de l’orge, de l’avoine, du riz, du maïs, des oignons et des graines potagères de toute espèce. Nous avons lieu de croire que ces plantations seront bien soignées, car ce peuple nous a paru aimer l’agriculture, et je crois qu’on l’accoutumerait facilement à tirer parti du sol le plus fertile de l’univers. Les premiers jours de notre arrivée, j’eus la visite du chef d’un canton voisin, qui vint à bord avec un présent de fruits, de cochons, de poules et d’étoffes. Ce seigneur, nommé Toutaa, est d’une belle figure et d’une taille extraordinaire. Il était accompagné de quelques-uns de ses parents, presque tous hommes de six pieds.7Je leur fis présent de clous, d’outils, de perles fausses et d’étoffes de soie. Il fallut lui rendre sa visite chez lui ; nous fûmes bien accueillis, et l’honnête Toutaa m’offrit une de ses femmes fort jeune et assez jolie.L’assemblée était nombreuse, et les musiciens avaient déjà entonné les chants de l’hyménée. Telle est la manière de recevoir les visites de cérémonie. Bougainville, Voyage autour du monde, 1772 6Chef de la tribu indigène rencontrée par Bougainville à Tahiti. 7un pied = 30 cm environ. Séquence 1 La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours. 6 Texte de la lecture analytique 3 Découvrir et se découvrir Dans l’Empire des Steppes de Grousset,8 je trouvai mention d’une infante9 chinoise dont un khan10 de Russie occidentale avait demandé la main. Les émissaires ayant pris quinze ans pour faire l’aller- retour et rapporter une réponse favorable, l’affaire s’était finalement conclue… à la génération suivante. J’aime la lenteur ; en outre, l’espace est une drogue que cette histoire dispensait sans lésiner.11 uploads/Geographie/ sequence-1-2018.pdf

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