Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre LA LIBÉRATI

Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre LA LIBÉRATION N°5 - JANVIER 2018 2 SOMMAIRE Directeur de la publication : général de brigade Dominique CAMBOURNAC Rédacteur en chef : lieutenant-colonel Rémy PORTE Rédacteur en chef adjoint : lieutenant (R) Rémi MAZAURIC Comité de rédaction : colonel Thierry NOULENS lieutenant-colonel Vincent ARBARETIER, lieutenant-colonel Jean BOURCART, lieutenant-colonel Frédéric JORDAN, commandant Rémi SCARPA, commandant Julien MONANGE Adresse mail : emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr En couverture : France novembre 1944 - Prise de Strasbourg et sa région par la 2e DB (Division Blindée) ©Jacques Belin et Roland Lennad/ECPAD Réalisation : SIRPA Terre/CPIT 5 Cesson-Sévigné Témoignage : Tunisie 1942..............................................................................................3 Opération : la 2e division blindée à Baccarat, Vosges 1944............................4-6 Équipement : le cavalier de la 2e division blindée en 1944..................................7 Bataille : le raid sur Koufra février - mars 1941,. .................................................8-9 Portrait : Humbert Clair, l’itinéraire résistant d’un chasseur alpin..................10 Symbolique : les emblèmes de l’armée de Terre modèle 1880. ..................11-13 Tradition : les bérets dans l’armée française de 1889 à 1940....................14-16 Matériel : les trains blindés en Indochine. ................................................................ 17 Unité : le 28e Groupe géographique...........................................................................18 Cas concret : le combat des sous groupements de la 2e division blindéee. .........................................................................................19-21 Chronique BD : Mathurin Soldat, Un crayon dans le canon. ........................22-23 Littérature: itinéraire d'un officier explorateur en Afrique, le capitaine Binger..........................................................................................................24 Quiz : Connaissez-vous nos OPEX ? « Daguet » et « Épaulard ». ......................25 En partenariat avec l'ECPAD 3 Collection particulière Témoignage « Marche de 25 kilomètres pour atteindre Morsott dans le sud tunisien. Dur, car sacs très lourds, chaleur, pas d'eau. Vers la fin, beaucoup de tirailleurs tombent. La 11e compagnie tient le coup, la SM [Section de Mitrailleuses] spécialement : je regonfle plusieurs tirailleurs prêts à lâcher (je porte le sac d'un tirailleur fourbu pendant plusieurs kilomètres) ; quelques vieux durs remontent le moral par leurs quolibets et leurs chansons. J'interviens violemment pour empêcher quelques rushs sur les plaques de boue qui bordent la piste, car nous mourons de soif. Incident Kirakéne : j'engueule ce caporal parce qu'il répond incorrectement à mon interdiction de prendre de l'eau. Une heure après, il recoud mon étui revolver cassé. Repos l'après-midi. Je crois être monté dans l'estime de mes tirailleurs. Repas pris en commun avec capitaine et lieutenant ; menus corrects en général : frites, omelettes, poulets, foie et rognon (morceaux de choix pour les indigènes), pain grillé, etc… Ces repas cessent à partir de Sbeitla où nous sommes en première ligne et les prenons chacun dans nos sections. Sur les pistes du Sud Algérien le bataillon marche. La fatigue rend l'alignement un peu vague, le chech rompt l'uniformité, les files de mulets s'intercalent entre les unités. Tout cela nous fait ressembler plus à une caravane qu'à un bataillon. La “raîta” de Gendouze et les mélodies des tirailleurs accentuent cette impression pittoresque. Le pays est plat et rocailleux avec des montagnes mauves vers le levant. Nous montons la garde à ces montagnes mauves, au Bou Kedra plus exactement, un pic pyramidal qui domine la vallée où passe la route. La compagnie est à flanc de coteau parmi pins, romarin et ciste. Derrière, des falaises et des montagnes où nous continuerions le baroud si des blindés forçaient notre position. » Jean LAPOUGE Sous-lieutenant au 7e régiment de tirailleurs algériens Lundi 16 novembre 1942, Tunisie © SCA/ECPAD © SCA/ECPAD 4 La libération de Paris, la réalisation du serment de Koufra et enfin la prise du nid d'aigle haut lieu du national-socialisme, sont les symboles de la réussite de la 2e division blindée (DB) qui a su porter haut les couleurs de la France. Mais d'autres victoires, peut-être moins connues, sont tout autant caractéristiques de cette division. Ainsi, la prise de Baccarat fin octobre 1944 en est un exemple révélateur. Lorsqu'elle débarque le 1er août 1944 à Utah Beach, les principales unités de la 2e DB sont : l'état-major, le régiment de marche du Tchad (RMT), le 1er régiment de marche du spahis marocains (1er RMSM), le 501e régiment de chars de combat (501e RCC), le 12e régiment de chasseurs d'Afrique (12e RCA), le 12e régiment de cuirassiers (12e RC), le régiment blindé de fusiliers marins (RBFM), le 13e bataillon du génie et trois groupes d'artillerie. Mais la 2e DB c'est surtout un état d'esprit particulier lié à un chef charismatique : le général Leclerc. Colérique parfois car toujours tendu vers un objectif, c'est un chef qui sait se faire aimer par son humanité, sa clairvoyance et sa volonté inflexible. Sur le plan tactique, il a de grands principes qu'il s'attache à mettre en pratique. La DB doit être menée avec entrain par un chef toujours à l'avant au plus près des combats. La puissance ne doit pas faire oublier la rapidité et la surprise. Ce qui compte c'est l'objectif final, donc face à une résistance, on cherche à la contourner, on ne s'entête pas. Enfin, une large marge d'initiative doit être laissée aux commandants de GT. En octobre 1944, les alliés ont, sur le front occidental, atteint une ligne passant par l'estuaire du Rhin, les frontières de la Hollande, de la Belgique, du Luxembourg, la Moselle pour atteindre la frontière suisse dans la région de Belfort. Le 20 octobre, le général Eisenhower, commandant suprême des forces alliées lance une offensive sur le Rhin avec trois groupes d'armées (GA) : le 21e aux ordres du maréchal Montgomery, le 12e aux ordres du général Bradley et le 6e aux ordres du général Devers. Le 6e GA est composé de la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny et de la 7e armée américaine du général Patch. C'est à cette armée et plus précisément au 15e corps d'armée (CA) américain du général Haislip qu'est rattachée la 2e DB dans la région de Baccarat. Outre la 2e DB, le 15e CA comprend les 44e et 79e divisions d'infanterie (DI) US. De leur côté, les Allemands commandés par le général von Manteuffel, s'appuient sur les Vosges avec deux positions défensives, la Vor Vogesen Stellung Opérations La 2e division blindée à Baccarat, Vosges 1944 Colonel (T) Michel PESQUEUR © Jacques Beliln/SCA/ECPAD © Jacques Beliln/SCA/ECPAD 5 Opérations et la Vogesen Stellung. Baccarat est un noeud routier barrant l'accès aux Vosges et la route de Strasbourg est fortement tenue par des 88 postés face à l'ouest. Le général Leclerc, tout auréolé de sa victoire à Dompaire, propose au général Haislip de monter une opération locale au niveau de la division visant à éliminer le saillant de Baccarat. Les Américains acceptent et prescrivent le déclenchement de l'opération dans l'après-midi du 29 octobre pour le 30. Pour le commandant de la 2e DB, ce délai est trop court pour déboucher suffisamment tôt le 30 et coiffer tous les objectifs dans la journée. Il obtient le report de l'attaque d'un jour afin de pouvoir mener son attaque sur une seule journée et empêcher ainsi l'ennemi de se ressaisir. Leclerc veut déboucher là où l'ennemi ne l'attend pas et déborder largement l'objectif tout en l'occupant par une attaque de diversion au sud de la Meurthe en direction de Baccarat. Le 6e CA doit s'emparer des hauteurs sud-ouest de la Meurthe entre Saint-Dié et Raon-l'Étape puis des hauteurs nord-est de Saint-Dié. Le 15e CA doit l'aider dans sa progression en coupant les routes Baccarat Raon-l'Étape et Baccarat Blamont. Pour couvrir le noeud routier de Baccarat et l'axe Baccarat-Montigny-Domèvre contre une attaque de blindés l'ennemi a organisé deux lignes de défense antichars : une première barre les routes RN 4 et RN 59 à Ogéviller et Azerailles, complétée par un solide point d'appui à Hablainville ; la seconde s'appuie sur Gélacourt et Blouville. Les champs de mines et les fossés antichars complètent l'organisation défensive. La 2e DB doit porter de forts éléments dans la région de Vacqueville, Merviller pour, d'abord, inquiéter et menacer les éléments ennemis dans la région de Baccarat, Raon-l'Étape, Badonviller amenant ainsi la chute de Baccarat et facilitant la progression du 6e CA US, puis s'installer et tenir les positions acquises jusqu'à la relève par la 79e DI US. L'intention première est de pousser le GTV au- delà de Verdurette susceptible de tenir le triangle Reherry- Vacqueville-freme du pont (1 km NE de Merviller), éclairé sur Mignéville, Montigny, Badonviller ; de reconnaître les organisations ennemies en direction du nord et de l'est et de menacer Baccarat en poussant de forts détachements offensifs vers Bertrichamps et éventuellement Neufmaisons. La deuxième intention est de pousser le GTD initialement dans le triangle Brouville-Gélacourt-Merviller, dans le but de saisir les hauteurs nord et nord- est de Baccarat en vue de s'en emparer. Par la suite, il est nécessaire de masquer le flanc nord de l'attaque par le sous-groupement Massu, susceptible en fin de mission de pousser jusqu'à la Verdurette entre Ogéviller et Vaxainvile. Enfin, il faut simuler au sud de la Meurthe une activité offensive. Il y a peu d'axes, les champs sont impraticables du fait des pluies tombées les jours précédents et il faut éviter que les unités se ralentissent en se trouvant sur un même itinéraire. L'attaque uploads/Geographie/ soldats-de-france-n05.pdf

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