1 Université Mohammed V-Souissi Année universitaire : 2020-2021 Matière : Probl
1 Université Mohammed V-Souissi Année universitaire : 2020-2021 Matière : Problèmes économiques et sociaux Prof. Maâninou Amal Groupes C et D Introduction générale Pendant les « Trente glorieuses » (1945-1975) les pays développés (USA, Canada, Allemagne, France …) ont connu une croissance forte et soutenue, un taux de chômage très faible, une hausse du niveau de vie, une dynamique des activités industrielles et de services sans précédant, un rôle actif des pouvoirs publics via des politiques économiques d’inspiration keynésienne, et un élargissement du cercle des consommateurs conséquent avec l’accès d’une large partie de la population aux biens de consommation de masse (voitures, produits électroménagers, agro- alimentaires, pharmaceutiques …). Dans ce contexte, cette dynamique a conduit à la réduction des inégalités sociales. Or, la crise de 1974 va changer la donne dans la mesure où elle conduit à de nombreuses transformations qui, au fil du temps, mettent en évidence des problèmes économiques et sociaux liés au chômage, à la précarité, aux inégalités sociales, etc. Ces transformations se sont manifestées par : -la globalisation financière : elle se manifeste par les 3 D (déréglementation, dérégulation, désintermédiation) qui permettent aux capitaux de circuler librement entre plusieurs places financières, ce qui engendre une instabilité financière dont témoigne, par exemple, la crise financière de 2008. -la mondialisation : sous l’égide du GATT et ensuite de l’OMC, elle permet une circulation intense de biens (finals ou intermédiaires) et de services à travers le monde ; elle permet aussi la circulation des informations et, parfois, de la main d’œuvre. La mondialisation a ainsi transformé la géographie des activités économiques à travers, entre autres, les stratégies de délocalisation des Firmes Multinationales et les accords de libre-échange, ce qui a conduit à la « désindustrialisation » avec son cortège de pertes d’emploi. -la libéralisation du marché du travail : ici, le mot d’ordre est flexibilité. Dès lors, le salariat est soumis à plusieurs vitesses. D’un côté, existent des emplois bien rémunérés, avec un statut juridique de type contrat à durée indéterminée. D’un autre côté, pullulent des emplois moins rémunérés, à durée déterminée : emplois précaires, à temps partiel…qui jouent le rôle de variable d’ajustement quand la conjoncture se retourne. 2 -l’essor spectaculaire des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication : ces nouveaux supports vont petit à petit bouleverser les structures économiques et les relations commerciales, mettre au devant de la scène de nouveaux acteurs (les GAFA, par exemple), modifier les relations entre les entreprises, entre ces dernières et les consommateurs … Le e commerce en est une parfaite illustration. Et la crise de la Covid-19 accentue cette tendance, mais montre aussi le poids des inégalités socio-économiques, lesquelles se traduisent par la fracture numérique entre ceux et celles qui disposent et utilisent ces outils et ceux qui sont exclus de l’utilisation des TIC, l’accès aux soins médicaux qui n’est pas généralisé … Bref, ces transformations ont eu lieu dans un contexte historique marqué par le sceau du Consensus de Washington dont les recommandations sont : - discipline fiscale, privatisation des entreprises publiques, libéralisation des taux de change …En d’autres termes, moins d’Etat et plus de marché. Ce tournant s’est au fond traduit par une croissance erratique, souvent faible. Dans de nombreux pays développés le taux de chômage est relativement élevé. Les inégalités sociales y sont prégnantes. Et ces pays ne sont pas à l’abri de crises dont les conséquences sur le plan socio- économique sont importantes. Pour les pays en développement (la terminologie a évolué : pays du Tiers Monde, pays en voie de développement …), la trajectoire historique est différente. Nombreux d’entre eux ont acquis leur indépendance durant les années 1950-1970. Depuis, ces pays ont cherché à sortir de la trappe de la pauvreté, à moderniser les structures économiques, à diversifier les activités productives, à s’insérer dans les rouages de la mondialisation … Ils ont ainsi mis en place des stratégies pour tenter de rejoindre le peloton des pays développés (réformes agraires, stratégies d’industrialisation, stratégies d’ouverture…) dont les retombées sont contrastées. Alors que les « Dragons asiatiques » ou Nouveaux Pays Industrialisés (Corée du Sud, Singapour …) ont marqué des points, d’autres n’ont pas vraiment « décollés ». Entre-temps, une nouvelle catégorie de pays désignés par Emergents (les BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine- mais cette liste n’est pas exhaustive) ont enregistré du taux de croissance relativement élevé, une insertion plus poussée dans l’économie mondiale, une diversification des activités économiques, etc. Néanmoins, certains d’entre eux (Brésil, Turquie, Argentine …) sont par la suite confrontés à de nombreuses difficultés (crise financière, taux de croissance faible, récession, aggravation des inégalités …). A l’autre extrémité, des pays, souvent Africains, sont toujours en difficulté (taux de croissance faible, pauvreté galopante, inégalités socioéconomiques criantes, etc.) : on les désigne par les pays les moins avancés (que l’on pense à des pays subsahariens comme le Niger, le Mali, etc.). Enfin, d’autres pays sont dans une situation « intermédiaire ». Si des progrès sont à signaler (infrastructures, réformes institutionnelles, etc.), la croissance y est encore faible et irrégulière, elle ne permet pas de créer assez d’emploi, notamment chez les jeunes, les inégalités y persistent…, comme c’est le cas du Maroc. Bref, de nombreux pays doivent faire face à des problèmes économiques et sociaux (chômage, inégalités …) dans un contexte marqué par : - les conséquences de la crise financière de 2008 et de celles de la pandémie liée au Covid-19, 3 -le défi de la transition énergétique afin de faire face au réchauffement climatique, - les potentialités et les menaces de la révolution numérique, -les tensions commerciales et géopolitiques (USA versus Chine), etc. L’intérêt de cette matière réside donc dans la présentation et la discussion des principaux problèmes économiques et sociaux dont doivent faire face moult pays. Ces problèmes sont nombreux, complexes car ils s’interpénètrent, et leur intensité diffère d’un pays à un autre. Ces problèmes interpellent la sphère académique ou universitaire, les décideurs politiques, les entrepreneurs, les experts, les journalistes, les membres des Associations Non Gouvernementales, etc., et les citoyens. Ces problèmes renvoient, pour faire vite, à la croissance et au développement et leurs corolaires : crises, chômage, emploi, inégalités … Les enjeux et les défis sont multiples, complexes, et se posent, à géométrie variable, selon les pays. Pour les pays développés, l’enjeu consiste à renouer avec une croissance forte et inclusive. Cala consiste à chercher à diminuer fortement le taux de chômage, à augmenter la richesse crée, à atténuer les inégalités, à permettre à une large partie de la population de vivre décemment, donc à investir de nouvelles activités économiques porteuses de postes d’emploi …, et à assurer un développement durable compte tenu des défis liés au réchauffement climatique. Pour les pays en développement, les enjeux sont immenses : bâtir une croissance régulière et forte, trouver un « modèle » de développement approprié apte à résoudre les problèmes de chômage, d’exclusion sociale… et d’être en phase avec les impératifs de la transition énergétique. Cette prise en considération a des implications sur le plan méthodologique. D’une part, ce cours est l’occasion d’approcher la réalité économique et sociale, de confronter la théorie et le monde réel. Il s’agit de fait d’interroger les corpus théoriques à l’aune de l’observation de faits empiriques et des données informationnelles. Il est donc tout à fait pertinent de se méfier des explications abstraites, universelles, simplifiées, lesquelles ne prennent pas en considération l’examen de phénomènes socio-économiques complexes, comme c’est le cas, par exemple, des crises ou du développement et ne s’interrogent pas sur la spécificité de tel ou tel pays. D’où, toujours d’un point de vue méthodologique, il serait tout à fait indiqué de renouer avec l’Economie Politique, c’est-à-dire de la considérer comme faisant partie des sciences sociales, et donc de chercher à croiser l’économie à l’histoire, à la sociologie, au droit … Un tel croisement serait de nature à mieux comprendre lesdits phénomènes. En tous les cas, les étudiant(e)s sont sollicité(e)s à faire de (petites) recherches, à mobiliser leur curiosité pour chercher des informations supplémentaires, notamment pour le cas du Maroc. A ce sujet, quelques références s’imposent : - les Rapports de Bank Al Maghreb, ceux du Conseil Economique, Social et Environnemental, du Haut Commissariat au Plan, etc., - des revues (Revue Critique économique ; Revue des Sciences Politiques et Sociales …). 4 Elargir la perspective est le bienvenue avec : Revue Mondes en développement ; Revue du Tiers Monde…, facilement accessibles sur internet. Plan du cours Chapitre 1 : La croissance économique Section 1 : La croissance : définition, mesure et indicateurs Section 2 : Les facteurs de la croissance Section 3 : Les limites du PIB et indicateurs alternatifs Section 4 : L’évolution de la croissance : le cas du Maroc Chapitre 2 : La problématique du développement Section 1 : La genèse de l’économie du développement Section 2 : Les indicateurs du sous-développement Section 3 : La pluralité des explications Section 4 : Les stratégies Chapitre 3 : Cycles, fluctuations et crises Section 1 : La grande rupture : la révolution industrielle Section 2 : Cycles, uploads/Geographie/ universite-mohammed-v-souissi-annee-universitaire-2020-2021.pdf
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- Publié le Jul 07, 2022
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