@ LA TOUR DU PIC DU TONNERRE ou LA DAME BLANCHE Légende chinoise traduite par M

@ LA TOUR DU PIC DU TONNERRE ou LA DAME BLANCHE Légende chinoise traduite par Maurice VERDEILLE La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 2 à partir de : LA TOUR DU PIC DU TONNERRE, ou LA DAME BLANCHE Légende chinoise traduite par Maurice VERDEILLE (1875-1940) Bulletin de la Société d'Études Indochinoises, Saïgon, 1917, pages 53-170. Cette légende a été également traduite par Stanislas Julien sous le titre Blanche et Bleue, ou les deux couleuvres-fées, Gosselin, Paris, 1834. Mise en format texte par Pierre Palpant www.chineancienne.fr février 2014 La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 3 TABLE DES MATIÈRES Avertissement Chapitres I. — À l'époque des Yuen, dans le district de Tsi-Tang... II. — Dans la province du Sutchuen, à l'ouest de la ville de Sengtou... III. — Khoou-Hang-Boun était toujours à la pharmacie de Monsieur Eng... IV. — Le lendemain Hang-Boun fut debout avant l'aurore... V. — À l'habit de ces jeunes filles et à leur tenue,... VI. — De petites gouttes de pluie tombaient encore. VII. — La pensée des deux jeunes filles empêcha Hang-Boun de fermer l'œil. VIII. — Hang-Boun, suivi des satellites, prit le chemin de son exil. IX. — Un jour de la quatrième lune, on célébrait la naissance du Patriarche Lü-Yuan. X. — Hang-Boun venait de tomber mort de frayeur... XI. — Vous vous demandez, ami lecteur, quelle était cette étoile du malheur ? XII. — Depuis ce jour la paix et la tranquillité régnèrent dans le ménage. XIII. — Le préfet et Hang-Boun causaient encore dans le salon... XIV. — À la même époque, le prince Leang, fut atteint d'une maladie d'yeux. XV. — En sortant du mandarinat avec les satellites, Hang-Boun... XVI. — Monsieur Tseu, comme nous l'avons vu, accompagna Hang-Boun... XVII. — Après avoir disparu, grâce à son pouvoir surnaturel... XVIII. — Après le départ de son mari qui s'était rendu au festin... XIX. — Durant toute la nuit les bonzes furent sur pied ; quand le jour parut... XX. — Quand ils arrivèrent à la ville de Tsi-Tang, ils passèrent le bac... XXI. — Nous avons vu que l'Homme Vrai, après avoir essuyé l'affront... XXII. — Après avoir renvoyé Hang-Boun de sa bonzerie... XXIII. — Mang-Kao, après avoir dit adieu à son oncle... La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 4 AVERTISSEMENT @ Nous croyons utile d' avertir le lecteur que cette traduction est le mot à mot du texte chinois. Nous avons préféré suivre la phrase chinoise pas à pas, afin de bien montrer le génie de la langue. Cette manière de traduire, qui nous paraît la seule fidèle, nuit évidemment à la construction de la phrase française. Voilà l'explication des nombreuses ponctuations, répétitions, phrases hachées et des expressions qui parfois laissent à désirer, mais qui, cependant, sont les seules qui rendent le sens exact du chinois. Les lecteurs très rares, hélas ! qui pourront suivre sur le texte chinois, nous remercieront d'avoir employé cette méthode ; nous prions les autres de nous excuser. La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 5 PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE PREMIER @ p.055 À l'époque des Yuen 1, dans le district de Tsi-Tang, préfecture de Hang-Tsiou 2, province du Tché-Kiang, vivait un homme appartenant à la classe des lettrés 3. C'était un membre de la famille Khoou ; p.056 son petit nom 4 était Shiang. Son nom littéraire était Hang-Boun. Son père se nommait Khoou-Ké ; il s'appelait aussi Nam-Khoi ; il exerçait la profession de commerçant. Sa mère était une demoiselle Tang 5. Hang-Boun n'avait que cinq ans quand il perdit en même temps son père et sa mère. Ceux-ci, en mourant, ne lui laissèrent qu'un maigre héritage. Par bonheur, l'orphelin avait une sœur aînée, Kiao-Yong, mariée à un habitant de la même ville sous-préfecture, nommé Ly- Kong-Pou. Celui-ci était employé au mandarinat de Tsi-Tang ; sa charge lui suffisait pour élever modestement sa famille. À la mort de 1 Dynastie qui régna sur la Chine vers 1280 après J.-C. Le fondateur fut Ché-Tsou, mort à l'âge de 80 ans. Il fit creuser le Grand canal de Chine qui mesure 300 lieues de longueur (1.500 km). Il est connu des Européens par les récits de Marco Polo sous le nom de : Koubilai-Khan. 2 Ville capitale de la province du Tché-Kiang, non loin du lac Si-Hou ou lac de l'Ouest. Ce lac est une merveille. Tous les riches Chinois ont fait construire à cet endroit un temple d'ancêtres. C'est le paradis terrestre des Chinois. Marco Polo qui décrit ce lac dit que c'est l'endroit le plus beau de la terre. 3 Il y a, en Chine, 4 classes sociales, résumées dans ce vers : Se, Long, Kong, Siang (lettrés, cultivateurs, ouvriers et commerçants). Sont exclus de ces classes les barquiers, les perruquiers, les forgerons et satellites. Il était défendu aux gens de ces classes de se présenter aux examens. 4 Tout Chinois a plusieurs noms : le nom patronymique ou de famille qui est commun à tous les descendants d'une même famille ; le petit nom ou celui que donne la mère à la naissance ; 3° le nom qui est donné par le maître d'école ; 4° enfin, le nom de carte de visite ou officiel. 5 Quand on parle en chinois d'une femme, on la nomme toujours sous le nom patronymique de sa famille de jeune fille ; ainsi « Tang-Si » veut dire : femme de la famille Tang. À noter que le mariage est défendu entre membres appartenant à une même famille quoique bien souvent il n'y ait entre eux aucun lien de parenté. Cette loi fut rétablie par l'empereur Bou-ty en 483 ap. J.-C. En l'année 585 av. J.-C., une guerre éclata entre les vassaux, pour un mariage contracté dans ces conditions. La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 6 ses parents, Hang-Boun se retira chez eux et y trouva la nourriture ainsi que l'instruction. Les jours succédant aux nuits, comme la trame succède à la trame, Hang-Boun parvint ainsi à l'âge de seize ans. Il était d'un physique des plus agréables ; il était doué d'une intelligence peu ordinaire. Kong-Pou, son beau-frère et Kiao-Yong, sa sœur, l'aimaient tendrement. Un jour que les affaires du mandarinat étaient moins pressantes, Ly- Kong-Pou était resté chez lui ; il pensait à Hang-Boun ; il se disait qu'il fallait, maintenant qu'il était devenu grand, lui faire apprendre un métier ; la nuit suivante, il s'en ouvrit à Kiao-Yong, sa femme, en ces termes : — Votre frère a vécu chez nous depuis son jeune âge ; nous devons, maintenant qu'il est adulte, lui chercher une situation où il pourra employer utilement son temps. — Depuis la mort de nos parents, lui répondit sa femme, vous l'avez nourri et élevé, je suis heureuse de voir que vous entendez remplir tous vos devoirs jusqu'à la fin. — J'ai, dit le mari, un ami très intime qui tient une pharmacie en ville, au lieu dit Ouai-Tse-Kao ; cet ami se nomme p.057 Eng-Meng 1 ; sa maison est bien achalandée ; j'irai le voir demain ; je le prierai de recevoir votre frère chez lui et de lui apprendre la science des remèdes. Kiao-Yong fut enchantée de cette proposition. Le lendemain, dès l'aurore, sa toilette terminée, Ly-Kong-Pou se rendit à la pharmacie 2 de son ami située devant le palais du sous- préfet. 1 Le nom de « Eng-Meng », dans le texte, est précédé de la dénomination Ouan Gua , qui est intraduisible. Ce mot que nous traduisons par « Monsieur » veut dire quelqu'un dont la réputation est à l'extérieur c'est-à-dire un individu honorable. 2 Les pharmacies chinoises vendent exclusivement des plantes, sèches ou vertes, réduites quelquefois en poudre pour la composition de pilules. La Tour du Pic du Tonnerre ou La Dame Blanche 7 Son ami le reçut le sourire aux lèvres ; les politesses terminées, Monsieur Eng prit la parole en ces termes : — Ly, mon noble frère, vous venez de si bonne heure dans ma vile boutique, c'est que vous avez de précieux conseils à me donner 1. — Votre petit frère, répondit Kong-Pou, a un beau-frère Shiang, alias Hang-Boun ; c'est un enfant très bien doué sous tous les rapports ; il est maintenant arrivé à l'âge adulte ; j'ai l'intention de l'envoyer dans votre précieuse boutique pour que vous lui appreniez la pharmacie. Je ne sais si vous voudrez y consentir ? — J'ai, répondit Monsieur Eng, un arrivage de nouveaux produits ; il me manque justement quelqu'un ; vous êtes vraiment sorcier de l'avoir deviné ! Ly-Kong-Pou remercia chaudement son ami d'avoir accédé à sa demande, puis il prit congé de lui, pressé qu'il était d'annoncer cette bonne nouvelle à sa femme et à son beau-frère. Ceux-ci reçurent la nouvelle avec joie. Un jour heureux 2 fut choisi. Ce jour étant venu, Ly-Kong-Pou conduisit son beau-frère à la pharmacie de Monsieur Eng. Sa sœur ne put s'empêcher de lui faire uploads/Geographie/ verdeille-dameblanche.pdf

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