janvier Tome 4 Œuvres de Descartes, précédées de Véloge de René Descartes par T
janvier Tome 4 Œuvres de Descartes, précédées de Véloge de René Descartes par Thomas Descartes, René Paris 1824-1826 .ZJ'~J3à. ».. 13,,4. t ~`c i 1fJîî OEUVRES DE DESCARTES. TOME QUATRIÈME. DE L'IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE FILS, «uccvuiti* os ctiiuvr, But pu lotonaun, m" 'Sa. OEUVRES DE DES.CARTES, PUBLIÉES PAR VICTOR COUSIN. TOME QUATRIÈME. A PARIS, 1) CHEZ F. G. LEVRAULT, LIBRAIRE, RUE DES FOSSÉS-MOKSIEUR-IK-PRINCK, N°Hl} KT ASTfUJaoUHO, BUB DIS JUIFS, H°33. vwevw M.DCCC. XXIV. LES PASSIONS DE L'AME. Bescartesavoit composa ce Traité en français, dès l'an t6/,6, pour l'usage particulier de la princesse Élisabeth, et l'a- voit envoyé en manuscrit à la reine de Suède, sur la fin de l'année 1647. H le revit depuis, à la prière de ses amis, et t'augmenta d'un tiers. C'est dans cet état qu'il le donna au public, Amsterdam, t65o. Il a été réimprimé plusieurs fois. WW'to"lIo' LETTRE Ie" A M. DESCARTES. Monsieur, J'avoisété bien aisedevousvoirà Pariscet été dernier, pourceque je pensois que vous'y étiez venuà desseinde vous y arrêter, et qu'y ayant plus de commoditéqu'en aucun autre lieu pour faire les expériences dont vous avez témoigné avoir besoin afin d'acheverles traitésque vous avez promisau public, vousne manqueriezpas de tenir votre promesse, et que nouslesverrions bientôtimprimés. Mais vous m'avezentièrement ôté cette joie lorsque vous êtesretournéen Hol- lande et je ne puis m'abstenir ici de vousdire que je suis encore fâchécontre vous de ce que vousn'avezpas voulu,avantvotredépart,melais- ser'voir le traité des passionsqu'onm'a dit que vousavezcomposé;outre que,faisantréflexion sur les paroles que j'ai luesen une préfacequi fut jointe il y a deuxans à laversionfrançaise devos Principes,où, après avoirparlé succinctement des partiesde la philosophiequidoiventêtre trouvées '| J.KTTRE I. avantqu'onpuisserecueillirsesprincipaux fruits, et avoir dit que vous ne vous défiez pas tant »de vos forces que vous n'osassiezentreprendre »deles expliquertoutes si vousaviez la commo- «ditéde faire les expériencesqui sont requises, .pour appuyeret justifier vos raisonnements, » vous ajoutez «qu'il faudroit à cela de grandes «dépenses, auxquellesun particuliercomme vous »nesauroit suffires'iln'étoit aidé par le public; »maisque, nevoyantpasquevousdeviezattendre «cette aide, vous pensez vous devoir contenter «d'étudierdorénavantpour votreinstruction par- ticulière, et que la postérité vous excusera si «vousmanquez à travaillerdésormaispour elle: » je crains que ce ne soit maintenant tout de bon quevousvoulezenvierau public le reste de vos inventions,et que nous n'auronsjamais plus rien devous si nous vouslaissonssuivre votre incli- nation.Cequiest causeque je mesuis proposéde voustourmenterun peupar cettelettre, et de me vengerde ce que vousm'avezrefusé votre Traité despassions,en vousreprochant librement lané- gligence et lesautresdéfautsque jejuge empêcher quevousne fassiez valoir votretalent autant que vouspouvez et que votre devoir vous y oblige. En effet,je ne puiscroire que cesoit autre chose quevotre négligenceet le peu de soin que vous avezd'êtreutileau reste deshommesqui fait que I.KÏTKKJ. 5 vousnecontinuezpasvotrePhysique car, encore que je comprenne fort bien qu'il est impossible que vous l'acheviezsivous n'avezplusieursexpé- riences, et que ces expériences doiventêtre faites aux frais du public, à cause que l'utilité lui en reviendra, et que les biens d'un particulier n'y peuvent suffire, je necrois pas toutefoisque eu soitcelaqui vousarrête, pourcequevousnepour. riezmanquer d'obtenir deceux qui disposentdes biensdu public toutceque voussauriezsouhaiter pour cesujet, si vousdaignezleur faireentendre la chosecommeelle est, et commevous la pour- riezfacilementreprésentersi vousen avezla vo- lontt. Maisvousavez toujours vécu d'unefaçon si contraire à cela, qu'ona sujet de se persuader que vous ne voudriezpas mêmerecevoiraucune aided'autrui, encorequ'onvousl'offriroit;etnéan- moinsvous prétendezque la postéritévousexcu- sera de ce que vousnevoulezplus travaillerpour elle, surce que voussupposezquecetteaidevous yest nécessaire,et quevousnelapouvezobtenir. Ce qui me donne sujet de penser non seulement que vousêtes trop négligent,maispeut-être aussi que vous n'avezpasassezde couragepour espérer de paracheverce que ceux qui ont tu vos écrits attendent de vous, et que néanmoinsvous êtes assezvainpour vouloirpersuaderil ceuxqui"vien- dront aprèsnous que vousn'y avezpointmanque v> LKTTHK 1. parvotrefaute, maispourcequ'onn'a pas reconnu votrevertu commeon devoit, et qu'on a refuséde vousassisteren vos desseins.En quoi je voisque votre ambitiontrouve son compte, à causeque ceux qui verrontvos écrits à l'avenir jugeront, par ce que vousavezpubliéil y a plus dedouze ans, que vousavieztrouvé dès ce temps-làtout cequi ajusques à présent été vu de vous, et que ce qui vousresteà inventer touchant la physique est moins difficile que ce que vous en avezdéjà expliqué;en sorteque vousauriezpu depuisnous donnertout cequ'on peut attendre du raisonne- menthumainpour lamédecineet les autres usages de la viesi vousaviezeu la commodité defaire lesexpériencesrequises à cet art; et mêmeque vousn'avezpassansdoute laisséd'en trouverune grandepartie,maisqu'une justeindignationcontre l'ingratitudedeshommesvousa empêchédeleur fairepart de vosinventions.Ainsivous pensezque désormais, envousreposant, vouspourrezacquérir autantde réputationque si vous travailliezbeau- coup,etmêmepeut-êtreun peudavantage,à cause qu'ordinairementle bien qu'on possède estmoins estiméque celuiqu'on désireoubien qu'onregrette. Maisje vousveuxôter lemoyen d'acquérir ainsi de la réputationsansla-mériter,et bien queje ne doute pas que vous ne sachiez ce qit'il faudrait que vous eussiezfaitsi vous aviezvoulu êtreaidé LETTRE I. 7 par le public, je le veuxnéanmoinsiciécrire; et même je feraiimprimercette lettre, afinquevous nepuissiezprétendredel'ignorer,et que, si vous manquezci-aprèsà nous satisfaire,vousne puis- siez plus vousexcusersur le siècle.Sachezdoue que cen'estpasassezpour obtenir quelquechose du public que d'en avoirtouché un mot en pas- sant en la préfaced'un livre, sansdire expressé- mentque vousl'a désirez et l'attendez,ni expliquer les raisons qui peuvent prouver non seulement que vous la mérites maisaussiqu'ona trèsgrand intérêtdevous l'accorder,etqu'onendoitattendre beaucoupdeprofit.Onestaccoutuméde voirque tous ceux qui s'imaginentqu'ils valent quelque chose en tout tant de bruit, et demandentavec tant d'importunité ce qu'ils prétendent,et pro- mettent tant au-delà de ce qu'ilspeuvent, que lorsque quelqu'un ne parle desoiqu'avecmodes- tie, et qu'il ne requiert rien de personne,ni ne prometrienavecassurance,quelquepreuvequ'il donned'ailleursdecequ'ilpeut, onn'yfait pasde réflexion,et on ne pense aucunementà lui. Vousdirezpeut-êtreque votrehumeurne vous portepasà riendemander, ni à parleravautageu- sement de vous-mème poureequel'un semble être une marquede bassesse,et l'autred'orgueil. Maisje prétendsque cette humeurse doit corri- ger, et qu'ellevientd'erreur et defoiblesseplutôt 8 LETTRE I. qued'unehonnêtepudeuret modestie car, pour ce qui est desdemandes,il n'y a que cellesqu'on faitpour sonpropre besoin à ceuxde qui on n'a aucun droit derien exigerdesquelles on ait sujet d'avoir quelquehonte; et tant s'enfaut qu'on en doiveavoirde cellesqui tendent à l'utilité et au profitde ceuxà qui on les fait, qu'au contraire on enpeuttirer de la gloire, principalementlors- qu'onleur a déjàdonnédeschoses qui valentplus que celles qu'on veut obtenir d'eux. Et pour ce qui est de parleravantageusementde soi-même, il est vrai quec'est un orgueiltrès ridicule et très blâmablelorsqu'ondit de soi deschosesqui sont fausses,et mêmeque c'estune vanitéméprisable, encore qu'onn'en disequede vraies, lorsqu'onle fait par ostentationet sansqu'il en revienne au- cun bienà personne;maislorsqueceschosessont tellesqu'il importeauxautres de les savoir,il est certainqu'onneles peuttaire que par une humi- lité vicieuse,qui est une espèce de lâcheté et de foiblesse. Or il importebeaucoupau public d'être avertidecequevousavez trouvé dans lessciences, afin que, jugeantpar làdece que vous y pouvez encoretrouver,il soit incitéà contribuer tout ce qu'il peutpourvousy aider,commeun travailqui a pour but lebiengénéraldetous leshommes.Et leschosesquevousavezdéjàdonnées, à savoir les véritésimportantesque vousavezexpliquées dans LETTRE I. 9 vosécrits,valentincomparablement davantage que tout ceque voussauriezdemanderpour cesujet. Vouspouvezdireaussique vosoeuvres parlent assez, sansqu'it soitbesoin que vousy ajoutiez lespromesses etlesvanteries,lesquelles, étantordi- nairesaux charlatansqui veulenttromper, sem- blent ne pouvoirêtre bienséantesà un homme d'honneurqui cherche seulementla vérité.Mais cequi fait que les charlatanssont blâmables n'est pasqueles choses qu'ils disent d'eux-mêmes sont grandeset bonnes, c'est seulementqu'ellessont fausseset qu'ilsneles peuvent prouver; au lieu que celles que je prétendsque vousdevezdire de voussont si vraies, et si évidemmentprou- vées par vos écrits que toutes les règles de la bienséancevouspermettent de lesassurer et cellesde la charitévous y obligent, à causequ'il importeaux autresde lessavoir.-Car,encore'que vosécritsparlentassezau regarddeceuxqui les examinentavecsoin et qui sont capablesde les entendre, toutefoiscela nesuffit paspour le des- seinque je veuxque vous ayez, à causequ'un chacunne les peutpas lire, et que ceuxqui ma- nient les affairespubliques n'en peuventguère avoir le loisir.Il arrive peut-êtrebien que quel- qu'undeceuxqui lesont lusen parle;mais,quoi qu'on leuren puissedire, le peude bruit qu'ils saventque vousfaites,et la trop grandemodestie 10 () LETTRE I. ({««? vous avez toujours observée en parlant di> vous, nepermetpas qu'ilsy fassentbeaucoupde réflexion. Même, à causequ'onusesouventauprès d'eux(letous lestermesles plus avantageux qu'on puisse imaginer pour louer des personnes qui ne sont que fort médiocres,ilsn'ont passujetde prendre les louangesimmenses qui vous sont données par ceux qui vous commissent pour desvéritésbienexactes. Au lieuque, lorsquequel- qu'un parle de soi-même et qu'il dit des choses trèsextraordinaires,on l'écouteavec plus d'atten- tion, principalement lorsque c'est un homme de bonne naissanceet qu'on sait n'être point d'hu- meur ni de conditionà vouloirfaire le charlatan. Et, pourcequ'ilse rendrait ridicule s'ilusoitd'hy- pcrbolesen telleoccasion sesparolessont prises en leur vrai sens, et ceux qui ne les veulentpas crotresont aumoinsinvités par leur curiosité,ou par leur jalousie,à examinersi elles sont vraies. C'estpourquoiétanttrèscertain,et lepublicayant grand intérêt de savoir qu'il n'y a jamais eu au mondeque vousseul(au moinsdont nousayons lesécrits)quiait découvert lesvrais principes,et reconnu les premières causes de tout ce qui est produit en lanature; et qu'ayant déjà rendu rai- son par principesde toutes leschosesqui parois- sent et s'observentle plus communémentdansle monde, ilvousfaut seulementavoir des observa- LETTKK I. Il tions plus particulières pour trouver en même façon les raisons de tout cequi peut être utile aux hommes en cette vie, et ainsi nous donner une très parfaite connoissance de la nature de tous les minéraux, des vertus de toutes les plantes, des propriétés des animaux, et généralement de tout ce qui peut servir pour la médecine et les autres arts; et enfin que, ces observations particulières ne pouvant être toutes faites en peu de temps sansgrande dépense, tous les peuples de la terre y devroient à l'envi contribuer comme à la chose du mondela uploads/Geographie/ vol-4-passions.pdf
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- Publié le Nov 04, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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