1 N° d’ordre NNT : xxx (créé au moment de la soutenance) THESE de DOCTORAT DE L
1 N° d’ordre NNT : xxx (créé au moment de la soutenance) THESE de DOCTORAT DE L’UNIVERSITE DE LYON opérée au sein de l’Université Jean Monnet Ecole Doctorale N° accréditation ED 483 Sciences Sociales Spécialité de doctorat : Géographie - aménagement Discipline : Géographie Soutenue publiquement le 24/10/2019, par : Louis Durey Le rôle des imaginaires dans la production d'un espace, une sociohistoire de deux siècles d'aménagement du Rhône Devant le jury composé de : Président.e Bonin Sophie, MCF à l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles, Examinatrice Giband David, PR Université Via Domitia Perpignan, Examinateur Subra Philippe, Géographe, PR à l'Institut français de géopolitique de l'Université Paris 8, Rapporteur Vanier Martin, Géographe, PR à l'École d'urbanisme de Paris (Université Paris-Est), Rapporteur Gay Georges, professeur émérite Université Jean Monnet, UMR EVS, Directeur de thèse Micoud André, sociologue, directeur de recherche honoraire au CNRS (UMR Max Weber, Saint- Etienne), Invité 2 3 Introduction générale Cette thèse entend contribuer à un problème social actuel, celui de la prise en compte du développement durable dans les politiques publiques et de la remise en cause des modèles techniques qui déterminent les pratiques d’aménagement de l’espace depuis les siècles derniers. Le Rhône est un terrain opportun pour cette problématique en tant qu’il constitue un exemple achevé d’incarnation dans la matière de modèles d’aménagement (notamment industriel) à la vie longue et encore peu contestés aujourd’hui. L’émergence de nouvelles manière de voir ce fleuve, avec l’apparition de considérations écologiques, et les dysfonctionnements économiques et écologiques qui marquent cet espace aménagé depuis plusieurs décennies sont l’occasion d’une interrogation des logiques ayant conduit aux transformations lourdes imposées au Rhône. Cela rend propice un travail de déconstruction du grand « récit » de l’aménagement moderniste du Rhône, passé et actuel. C’est là l’enjeu principal de la thèse qui trouve son origine dans la commande passée par la Maison du Fleuve Rhône1, association loi 1901 à but scientifique basée à Givors et dissoute depuis janvier 2014. Cette thèse devait permettre un repositionnement de cette structure, ajoutant à ses activités de promotion du patrimoine du fleuve une mission d’amélioration de l’action publique dans l’aménagement du territoire. Avec la dissolution de la Maison du fleuve Rhône en 2014, le projet de thèse a pu se réaliser en trouvant le soutien du Parc naturel régional du Pilat dans le cadre d’un contrat CIFRE avec l’Agence Nationale de la Recherche et de la Technologie2. Au niveau académique, le projet doctoral s’est déroulé au sein de la composante ISTHME (Image Société Territoire Homme Mémoire Environnement) du laboratoire Environnement, Ville, Société (UMR 5600) à Saint-Etienne. L’intégration du projet de thèse dans une équipe de chercheurs œuvrant à la promotion du patrimoine lié au Rhône, malgré la disparition de l’association, a permis de le faire bénéficier d’un conseil scientifique réunissant plusieurs des anciens membres de la Maison du Fleuve Rhône et certains membres des soutiens financiers3. De là découle une difficulté dans notre 1 Cette structure créée en 1989 créée plusieurs expositions sur la valorisation du patrimoine culturel lié au fleuve ; son pôle scientifique est animé par l’ethnologue André Vincent. 2 Ceci avec le soutien financier de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et de la Région Rhône-Alpes. 3 André Micoud (Maison du Fleuve Rhône), Stéphanie Beauchêne (Maison du Fleuve Rhône), Anne Honegger (UMR Environnement Ville et Société), Philippe Dujardin (Maison du Fleuve Rhône), Sandrine Gardet (Parc Naturel Régional du Pilat), Stéphane Cadioux (Université Jean Monnet – UMR Triangle) et Marina Chauliac (DRAC – région Rhône-Alpes). 4 positionnement de chercheur qui est commune à de nombreuses thèses CIFRE. Le doctorant est en effet confronté à la fois aux attentes de résultats directement opérationnels de la part de la structure porteuse et aux exigences académiques de l’exercice scientifique, à savoir la production d’une réflexion théorique contribuant au développement d’une thématique de recherche. Notre parti-pris, et nous remercions l’équipe du Parc du Pilat4 pour la grande compréhension dont elle fait preuve à l’égard du monde scientifique, a été de se concentrer sur le contenu académique de la thèse en espérant contribuer à notre échelle aux débats de l’action publique par la production d’une nouvelle perspective sur le fleuve, et au- delà sur l’aménagement du territoire. Face aux bouleversements connus depuis la fin de la période de forte croissance du siècle dernier, le constat actuel est celui d’un effritement de la cohésion et de l’unicité de l’aménagement du territoire, entendu comme un effort volontaire d’organisation de l’espace national. Il se manifeste par le passage à une vision locale du développement, l’affirmation d’une compétition entre les territoires, la recomposition de l’État, sur fond de métropolisation de l’économie et de montée des préoccupations écologiques. Devant ces évolutions, les débats se structurent autour des aspects institutionnels de l’aménagement dans un effort commun pour proposer de nouvelles approches normatives. Les géographes se concentrent sur l’approche locale, systémique et territoriale. Ils proposent une approche où le territoire est entendu comme un système d’acteurs et d’éléments interconnectés (Woessner, 2008 ; Desjardins, 2017 ; Gumuchian et Moine, 2006), où l’aménagement prend en compte l’échelle et les territorialités locales (Gumuchian, 1991). De manière générale, géographes, politistes, architectes se rejoignent pour revendiquer une intégration des principes du développement durable dans l’aménagement du territoire (Desjardins, 2017 ; Wachter, 2000). Les politistes, quant à eux, revendiquent le passage à des pratiques tournées vers l’argumentation et le débat pour « ménager le territoire » (Gauthier et al., 2008)5. Ces éléments normatifs sont le jeu d’une recherche appliquée, on les retrouve en effet intégralement dans les publications de la DATAR à partir des années 2000 (Guigou, 2000 ; Guigou et al., 2001). La recherche sur l’aménagement du territoire semble ainsi plus centrée sur les « comment » que sur les « pourquoi ». En cela elle n’interroge pas en soi l’existence d’un champ majeur de notre société spatiale, l’aménagement. Comme toute période de recomposition, la période actuelle est pourtant propice pour questionner non seulement sur le devenir de l’aménagement du territoire, comme le font les chercheurs précités, mais 4 L’encadrement d’une thèse sur le Rhône par le Parc du Pilat présente a toute sa cohérence : il s’agissait à l’origine de contribuer de manière pratique aux activités du Parc du Pilat par une étude de la gouvernance territoriale dans sa façade rhodanienne laquelle s’étend entre Vienne et Saint-Rambert d’Albon. Le Parc y effectue en effet plusieurs projets. En plus d’impulser des initiatives, comme c’est le cas du plan « paysage » de la côtière rhodanienne, le Parc participe activement à toutes les initiatives animant la gestion paysagère, mais aussi économique, de la vallée du Rhône. Le travail de terrain mené dans cet espace répondait donc logiquement à une demande du Parc pour une meilleure visibilité de la gouvernance des nombreux dispositifs de politiques publiques dans le Rhône moyen. C’est au fil des échanges avec le directeur de thèse qu’est apparu le désir de positionner le travail de terrain sur une base académique, théorique et disciplinaire plus solide. 5 L’expression est originellement de Michel Marié (1996). 5 aussi sur les mécanismes sociaux à l’œuvre derrière cette construction. Des initiatives ont déjà été prises par les géographes pour interroger l’aménagement du territoire par l’entrée des représentations (Gumuchian, 1991 ; Debarbieux, 2001) ou de la géopolitique (Subra, 2014), proposant ainsi de nouvelles pistes pour un débat de fond sur l’aménagement. L’ouvrage d’Hervé Gumuchian présente l’intérêt de réintroduire l’étude du sens dans une approche critique de l’aménagement du territoire : « en matière d’aménagement, par exemple, les pouvoirs politiques et économiques lorsqu’ils interviennent sur l’espace fonctionnent comme des manipulateurs sociaux. Ils s’efforcent de convertir l’étendue en signes ; ils codifient alors l’espace-support. Par ce processus, le pouvoir participe activement à la création de sens ; il impose sa vision spécifique du monde » (Gumuchian, 1991 :59). On observera que l’auteur en revanche ne s’interroge pas sur les enjeux derrière les intentions du pouvoir. Cette démarche est mise en pratique par le géographe Bernard Debarbieux (2001) qui démontre, à travers une grande diversité d’exemples, comment un objet en apparence de nature profondément géographique, la montagne, est investi de discours et de représentations aménagistes pour légitimer des actions d’aménagement touristiques ou industriels. Cette approche est complétée par le travail de Philippe Subra, lequel réhabilite le potentiel heuristique des conflits issus des projets d’aménagements actuels ou passés dans l’aménagement du territoire. Il propose en effet d’approcher ces conflits comme autant de marqueurs des contradictions travaillant la société (Subra, 2014), proposant un cadre théorique tenant compte à la fois des représentations et de leur usage par les acteurs de l’aménagement. Étudier l’aménagement du territoire, c’est aussi porter un regard sur la profondeur historique et sociale de la manière dont nos sociétés occidentales spatialisent leur mode de production. Le géographe Claude Raffestin montre bien que chaque mode de production apporte son maillage territorial à travers une codification de l’espace (Raffestin, 1980), replaçant ainsi au centre du débat un questionnement sur la dimension spatiale du pouvoir. Ainsi, l’aménagement du territoire, en tant qu’ensemble de pratiques instituées au sein de l’appareil d’État, constitue un uploads/Geographie/ manuscript-ld.pdf
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- Publié le Oct 27, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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