Colonel Kisukula Abeli Meitho LA DÉSINTÉGRATION DE L'ARMÉE CONGOLAISE DE MOBUTU
Colonel Kisukula Abeli Meitho LA DÉSINTÉGRATION DE L'ARMÉE CONGOLAISE DE MOBUTU À KABILA Préface de B. Jewsiewicki L'Harmattan 5-7, rue de l'École Polytechnique 75005 Paris -FRANCE L'Harmattan, Inc. 5, rue Saint-Jacques Montréal (Qc) CANADA H2Y lK9 Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com - ip:41.243.1.225 L'AUTEUR Le Colonel KISUKULAABELI MEITHO, 44 ans, est né au Congo (ex-Zaïre), dans la province du Kivu. Licencié en Droit (Université de Kinshasa, en 1983) et Diplômé en Sciences et Techniques du Développement (Facultés Catholiques de Kinshasa, en 1997), il se fait enrôler dans l'armée et spécialement dans la magistrature militaire en 1983. Il est détaché à la Garde civile du Zaïre en 1987, où il exerce respectivement les fonctions de secrétaire particulier et directeur de Cabinet du commandant général. Il effectue plusieurs missions de services à l'intérieur du pays, en Afrique, notamment en Angola, au Burundi, au Congo-Brazzaville, en Égypte, au Soudan et en Ouganda et aussi en Europe. Toutes ces missions lui ont permis de mieux comprendre, d'une part, les problèmes de sécurité le long des frontières communes entre le Zaïre et ses voisins et, d'autre part, les faiblesses des dispositifs zaïrois de défense. Grâce à ses fonctions, il a pu côtoyer et observer les chefs militaires de l'armée zaïroise. Crédits-photos: Couverture 1 : Adjudant KA TULA Hors-texte: Sébastien SHABANI (Kinshasa, le 27 août 1998) @ L'HARMATTAN, 2001 ISBN 2-7384-8693-2 Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com - ip:41.243.1.225 PRÉFACE Le colonel Kisukula a intitulé « la désintégration de l'armée congolaise» ses mémoires de presque vingt années passées dans différents services de cette même armée. Un autre titre vient à l'esprit après la lecture de son texte;:la privatisation de l'armée, qui, de toute évidence, accompagnait celle de l'État, du territoire, voire de la société zaïroise. Un intitulé ne s'oppose pasàl'autre, au contraire ils se renforcent; la désintégration étant le produit du processus de privatisation. Cettedernière a commencé presque au moment de l'accession de la colonie à l'indépendance politique, mais jusqu'au coup d'État de Joseph Désiré Mobutu, elle se présentait comme une compétition de nature plutôt corporatiste. Divers groupes, jusqu'à un certain degré on peut parler d'intérêts corporatistes autant que régionaux-ethniques, se sont alors disputé l'accès au contrôle politique des ressources publiques, l'armée ayant été parmi les premiers acteurs qui ont exigé leur part. Depuis son coup d'État, et puis trente ans durant, Mobutu - membre de ce dernier corps depuis la première heure - s'est imposé comme acteur principal, mais aussi comme arbitre, du processus de transfert du patrimoine national du domaine public au privé. Le colonel Kisukula décrit de l'intérieur, souvent analyse même, la compétition entre les hommes fortsde l'armée pour privatiser d'abord le pouvoir coercitif, avec comme conséquence le fractionnement de l'institution' faisant place à plus de compétiteurs et ainsi accroissant la puissance de Mobutu à titre d'arbitre, puis pour privatiser les équipements, les hommes. A la fin, l'armée - à l'instar du pays - a échappé des mains de Mobutu et sa dépouille a été disputée par deux hommes.Baramoto et Mahele. Le colonel Kisukula nous dit quels intérêts a mobilisé le second afin de ramasser le cadavre de l'armée, s'approprier la promesse d'une nouvelle armée à bâtir sous l'AFDL et avec v Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com - ip:41.243.1.225 l'assistance technique des États-Unis. Il ne nous dit pas, le devoir de réserve l'oblige, sur quels appuis comptait son patron Baramoto afin de faire de la dépouille de l'armée de Mobutu l'instrument de son ascension. La piste sud-africaine semble la plus vraisemblable si on se base uniquement sur les mémoires du colonel Kisukula, à moins que Baramoto ait songé à utiliser sa fortune personnelle - il a su mieux que le maréchal, son patron, investir sa part du gâteau zaïrois -pour moderniser un outil qui en 1997 n'arrivait même plus à terroriser efficacement la population. Le colonel Kisukula fournit d'ailleurs au passage l'un des secrets de cette fortune construite sur le tard; le capital constitué à l'époque coloniale par le travail des Congolais est déjà pillé quand Baramoto a amorcé son ascension. La concession du pouvoir de battre la monnaie accordée à quelques étrangers qui ne pouvaient d'ailleurs pas réaliser seuls cette opération à leur propre avantage, les liens évidents entre la manipulatio.n des derniers vestiges de la souveraineté zaïroise et le blanchiment de l'argent de la drogue via le commerce des diamants, enfin le trafic d'armes, le seul bien décrit par l'auteur, montrent qu'en 1995 il n'y a eu que cette souveraineté à privatiser. Ce fut aussi, de toute évidence, l'inévitable fin du système qui non seulement a épuisé ses propres ressources mais s'est autodévoré. La mise sous tutelle du Zaïre était inévitable, voire nécessaire et urgente du point de vue du système international. Le pays a alors été concédé -plus au moins explicitement - à deux élèves modèles africains désireux(l'~ccuper l'ancienne position géopolitique du ZaïredeMobutu ". Ne s'agissait-ilpas également,presqueàtitre de sous-produit, d'opposer un bloc régional ougando-rwandais à la montée vers le nord du continent de l'influence, peut-être aussi des capitaux, sud-africains? Une vague conscience de cette visée stratégique, la rumeur bien diffusée par les perdants -peut- être initialement à l'instigation de Baramoto lui-même - en a fait une manifestation du'Sous-impérialisme hima: Si ces conjectures expriment des enjeux effectifs en 1997, la mort brutale de Mahele, l'échec de Baramoto à lancer une rébellion à partir de la base de Kitona et la réussite mitigée des rebellions/invasions de 1998, parties de cette même base, s'enchaînent en une séquence logique. Il est superflu d'attirer l'attention du lecteur sur l'intérêt évident de ces mémoires quant à l'analyse de l'armée qui, VI Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com - ip:41.243.1.225 d'instrument de mainmise sur la société, devient l'outil de la terreur aveugle dont le seul but est de généraliser la peur, y compris en son propre sein, afin de rendre impensable toute résistance. Une description du massacre des étudiants du campus de Lubumbashi, à propos duquel l' auteur fait comprendre, mais refuse d'affirmer, la responsabilité de son patron, en offre la démonstration. Comme dans diverses affaires de disparitions/ assassinats de personnes ordinaires par des hommes de services secrets, dits selon les moments« gorilles» ou« hiboux », ce n'est pas le nombre de morts qui comptait mais l'effet psychologique, la psychose d'une vague de terreur aveugle. Les mémoires de Mwelal parus dans cette même collection, permettent de mesurer la montée parmi les étudiants d'une prise de conscience politique, la naissance d'une souveraineté locale. Le système nourri par la privatisation du pays et de la société, et fonctionnant grâce aux mécanismes de rapport patron-client, s'en est trouvé menacé au moment où l'intégration parmi les patrons d'une nouvelle génération n'y était plus possible, à moins d'une redistribution des ressources déjà privatisées, une opération que Mobutu n'était pas capable d'imposer. La terreur, même au risque des sanctions internationales, était la seule issue qui cette fois-ci cependant s'est avérée un cul-de-sac. Le Zaïre n'était plus crédible, la faillite du système de Mobutu était depuis longtemps évidente, mais la nouveauté sur le plan international a été le constat de l'impossibilité de le reformer. La descente d'une bande de « gorilles» ou de « hiboux» sur le campus, presque une opération de routine dans la tradition du régime et de son armée, a offert un prétexte pour exclure le Zaïre du système international. Le colonel Kisukula montre bien que même cette mise au ban de la communauté internationale a été transformée en ressource privée faisant de la souveraineté une marchandise. La désintégration du pays, de son État et de l'armée ne pouvait plus être évitée; telles des hyènes, quelques fortunes se sont encore alimentées de ces dépouilles Avant de laisser le lecteur se plonger dans le texte, je voudrais attirer l'attention sur deux derniers points. Le contrat qui lie l'auteur des mémoires à son public n'est pas celui de vérité - 1 Mwela Ngalamulume Nkongolo, Le campus martyr. Lubumbashi 11-12 mai 1990, Paris-Montréal: L'Harmattan 2000. Vil Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com - ip:41.243.1.225 comme c'est cas de l'historien -mais plutôt un constat de fidélité à l'expérience, à l'atmosphère de l'époque, aux personnages. Pour de multiples raisons, y compris tant l'incertitude factuelle de la mémoire personnelle que l'inévitable anachronisme du travail de mémoire, il ne faut pas chercher dans ce texte des faits permettant de traduire quiconque devant le tribunal de l'Histoire. Par contre, l'éclairage contextuel qu'il apporte permet non seulement de donner vie aux faits bruts mais surtout de rendre une rationalité, certes spécifique au système en question, à des comportements déraisonnables du point de vue de la seule histoire. C'est exactement grâce à ses descriptions, qui se situent à l'intérieur du système, que les mémoires du colonel Kisukula apportent un nouvel éclairage à la variante zaïroise du système qui a étendu les rapports patron-client sur l'ensemble du parti- État. La nationalisation en 1967 de l'Union minière du Haut- Katanga par Mobutu en a été l'événement fondateur. Les mémoires de Jean-Jacques Saquet2, parus dans cette collection, montrent que la mainmise totale sur cette entreprise a été uploads/Geographie/desintegration-de-l-x27-armee-de-mobutu-a-kabila.pdf
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- Publié le Mai 30, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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