Là seconde ascension du professeur Piccard dans la stratosphère Le professeur P

Là seconde ascension du professeur Piccard dans la stratosphère Le professeur Piccard est parti hier matin, à l'aube, pour sa deuxième ascension dans la stratosp hère. Entreprise hardie s'il en est, si hardie même qu'il faut avoir, pour l'oser, une foi invincible dans ses prévisions plus encore que le goût passionné de l'aventure. Mais c'est qu' aussi le professeur est avant tout un savant distingué, ''doublé, il est vrai, d'un aéronaute remarqua ble, qui a poussé le culte de la scien- ce et son désir de la découverte , jusqu'à trans- porter un laboratoire à 16,000 mètres d'alti- tude. Car sa nacelle, une boule métallique de deux mètres de diamètre, n'est ni plus ni moins qu'un laboratoire scientifique qui con- tient une série d'appareils de mesures et de recherches, à savoir, un barographe Richard, un barographe Gourdon-Leseurre, un radio- sonde Telefunken qui contient un baromètre, un thermomètre, un hygromètre. Ces appa- reils, réunis à un émetteur électrique, vont permettre de mesurer la pression atmosp héri- que, la température et l'humidité à l'altitude très élevée que le savant suisse espère attein- dre. Nous avons eu l'occasion de voir ces jours derniers la nacelle du professeur Piccard , ver- nie en blanc, un blanc laiteux, enfermée dans une cabine de bois, sous la surveillance sévère des incorruptibles agents de Securitas, à l'in- térieur d'un des hangars de l'aviation civile à Dùbendorf , la grande gare, merveilleusement aménagée, de la navigation aérienne à Zurich. Ce hangar, ou tout au moins cette partie du hangar, hospitalise en outre, dans le voisinage immédiat cle la nacelle du professeur Piccard, le Lockerd de Mittelholzer, ce bolide rouge, muni d'un seul moteur de 575 CV et qui vole à une vitesse dépassant 300 km. à l'heure, grâce à un dispositif sp écial, heureusement combiné, qui permet, après l'envol, de replier le train d'atterrissage à l'intérieur des ailes de l'avion. Or ces deux appareils , la nacelle du professeur Piccard et l'avion de Mittelholzer, sont deux chefs-d'œuvre de la construction mécanique. On sait que le professeur Piccard se propo- se de terminer dans la stratosphère une série de mesures qu'il avait commencées lors de sa première ascension, mesures qui rendront d'importants services à l'aviation, puisque, se- lon les prévisions du savant, un avion cons- truit spécialement à cet effet, c'est-à-dire aus- si herméti quement fermé que l'est la nacelle du professeur Piccard et muni des réserver d'oxygène qui permettent de rendre l'atmos- phère respirable à cette altitude, un avion, disons-nous, tri plerait sa vitesse dans la stra- tosphère. Ainsi nous ne sommes plus très éloignés du temps où des avions, selon une autre prop hé- tie, volant suffisamment haut, mettraient moins de temps pour faire le tour de la terre que dure la rotation de cette dernière, soit moins de 24 heures. Cela tient, n'est-il pas vrai , de la légende, et pourtant il se pourrait que cela soit une réalité demain. Rappelons que lors de sa première ascen- sion, le professeur Piccard est monté à 15000 mètres en vingt-cinq minutes. Cette fois-ci il espère battre son propre record et monter plus haut encore. Dans une entreprise de ce genre, le danger , nous disait le professeur, après sa première ascension, ne consiste pas à séjourner dans la stratosp hère, car à cette altitude le ballon est au-dessus du régime des vents et des zones orageuses, dans un ciel si intensément bleu qu'au-dessus de lui il paraît presque noir, mais bien dans l'ascension et dans la descente sur la Terre, en raison des conditions météo- rologiques qui, si elles étaient mauvaises, peu- vent contrarier la volonté des pilotes. On peut, en effet, se représenter aisément le dan- ger que courrait l'aérostat s'il était surpris par un orage ou entraîné à la dérive par des vents contraires qui empêcheraient de choisir un endroit approprié pour l'atterrissage ou en- traîneraient sa chute. C'est pourquoi le professeur a dû renvoyer son ascension de plusieurs jours. Cette fois-ci le ballon sera doté d'un poste Les ventes à l'encan laissent toujours dans le cœur des spectateurs un sentiment de tris- tesse, car les choses paraissent imprégnées de l'âme des êtres qui les ont possédées long- temps ; elles sont un peu la substance même de leur possesseur et l'on sent que quelque chose est brisé dans l'intime de celui qui doit se dépouiller des objets qu'il a gardés si long- temps. Aussi, sans pousser la sentimentalité à l'extrême, on comprend ce cri du poète : Obje ts inanimés , avez-vous donc une âme Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? Certains objets surtout, que l'on a conser- vés une vie durant, acquièrent plus que tous les autres une valeur sacrée. Mais rien, je crois, n'attache autant que la maison où l'on a vécu ; et H. Bordeaux dépeint ces senti- ments en analyste consciencieux et précis dans son chef-d'œuvre « La Maison », où il s'est plu à nous montrer des conflits sans cesse renou- velés sur ce thème si intime. Vendre sa mai- son, l'abandonner après y avoir vécu toute une vie, n'est-ce pas renoncer à une partie de soi-même, aux souvenirs les plus chers ? Et ceux qui désertent sans espoir de retour les villages où ils ont vécu de longs jours de pei- ne, et qui le font l'œil sec, le cœur insensible et froid, ceux-là ne sentent pas, n'aiment pas, ce sont des êtres fermés aux sentiments les plus doux du cœur humain. Il y a comme cela chez nous, en Valais, quantité de villages où les maisons désertes sont nombreuses, où les volets sont constam- ment clos, où l'herbe croît entre les marches disjointes. Et l'on voit par-ci par-là des villa- ges qui ne sont plus que des ruines ; il en est même dont l'histoire ou la tradition a gardé le souvenir, mais dont le temps a effacé toute trace. Nous avons même assisté à l'abandon complet de celui de Randonna, acheté il y a deux ans par la municipalité de Fully. On ne s'en est pas occupé outre mesure et les gens du hameau n'ont pas émigré £<s là-haut pour aller s'établir en ville, mais ils sont restés à la campagne, en plaine, où la vie est tout de mê- me plus facile. Mais voici qu'un cas plus spécial se présen- te aujourd'hui en France. Les journaux ont si- gnalé en effet qu'un village du département cle l'Yonne, donc dans la région centrale du pays, a été abandonné successivement par tous ses habitants qui l'ont mis en vente pour le prix d'environ 100,000 francs suisses. Se présentera-t-il des acquéreurs ? C'est fort dou- teux, car malheureusement aujourd'hui la fou- le des gens s'éloigne cle la campagne. Mais cette annonce, cette mise à l'encan de tout un village, n'est-ce pas un signe des temps et ne poigne-t-elle pas en plein cœur tous les amis de la terre ? Ne nous fait-elle pas toucher du doigt d'une façon tangible le mal dont souf- frent tous les pays ? Ce mal causé par l'attrait des plaisirs, l'espoir d'une vie plus facile, le manque d'énergie, la peur de la lutte ? Car, enfin, on comprend que les montagnards quit- tent leurs vallées inhospitalières où la lutte est de tous les jours, une lutte d'où l'on sort vaincu. Mais s'en aller d'un domaine où l'on vit bien, où tout est cultivable, où l'on cher- cherait en vain des espaces incultes ; quitter tout cela pour aller s'engouffrer dans les vil- les, y échouer en pauvres chômeurs, pour de- venir des loques morales et physiques, quelle aberration ! Car la ville fascine nos jeunes gens, malgré les déboires qu'elle leur réserve. C'est bien la gueuse dont on a tant parlé, celle que les mè- res redoutent pour leurs enfants. 11 est ainsi des villages merveilleusement bâtis, situés dans une nature idéale, avec une campagne qui ne demande cju'à produire, une campagne qui ne donnera pas la richesse, sans doute, mais qui permettra de vivre aisément, large- ment, librement, sainement. Et les jeunes s'en vont, laissant les vieux tout seuls avec leur labeur. Pourquoi s'en vont-ils ? Parce crue le travail est trop dur, l'horizon trop étroit et l'avenir sans inconnue. Mais la ville, que leur donnera-t-elle ? Rien de bon dans la plupart des cas, la déception le plus souvent. Est-ce bien là ce qu'ils ont rêvé ? Nombreux sont les paysans qui ont quitté les champs pour l'usi- ne, pour les établissements commerciaux, pour les administrations publiques, où ils espéraient trouver une vie plus facile ou une rémunéra- tion plus large. Qu'ont-ils gagné, bien souvent, et que sont devenus leurs enfants ? Des trans- plantés qui ont subi les lois de l'atavisme et qui souvent finissent comme des épaves. Si les travaux cle la campagne sont pénibles, si le pain y est dur à gagner, il est au moins assuré et la santé morale se conserve comme d'ailleurs la santé physique. « Village à vendre », « maison à vendre » : lamentables affiches ! Triste nécessité ou uploads/Geographie/la-seconde-ascension-du-professeur-piccard-dans-la-stratosphere.pdf

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