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Samedi 10 août 2013 - 69 e année - N˚21324 - 3.50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice: Natalie Nougayrède E dward Snowden, l’hom- me qui a révélé le vaste systèmed’écoutesaméri- cain Prism, est devenu le héroscachédelacampagneélec- toraleoutre-Rhin.Aufildesrévé- lations, les Allemands décou- vrent que leur vie privée n’est plus protégée. L’affaireacommencéparjeter un froid sur les relations germa- no-américaines. Quelques jours avantlavisitedeBarackObamaà Berlin en juin, Angela Merkel avaitdemandéàsonhomologue desexplicationssurlesintercep- tions effectuées par les services secrets américains en Allema- gne. L’affaire a ensuite conduit à s’interroger sur la duplicité des hauts dirigeants à Berlin. Depuis jeudi, on sait que la chancellerie non seulement connaissait le fait que l’Agence de sécurité nationaleaméricaine(NSA)ratis- sait des millions de métadon- nées en provenance du réseau allemand, mais qu’elle lui a même prêté main-forte : un accord secret prévoyait une coo- pération entre services améri- cains et les renseignements alle- mandsdepuis2002.Cetexte,qui nerelèveraitpasdelaloietserait donc légal, avait été négocié par la chancellerie, sous le mandat du social-démocrate Gerhard Schröder.Pour le justifier: lalut- te contre le terrorisme au lende- main des attentats du 11septem- bre 2001, dont certains auteurs avaient transité par Hambourg. Dedroitecommedegauche,Mer- kelcommeSchröder:lesécoutes généralisées ont été validées au plushaut niveau. L’affaire heurte deux fonde- ments de l’Allemagnede l’après- guerre: la confiance en l’allié américainetl’efficacitédelapro- tectiondémocratiquedontbéné- ficientlescitoyensgrâceauBun- destag et à la Cour constitution- nellede Karlsruhe.L’article10de la Loi fondamentale de 1949 sti- pule que «le secret de la corres- pondanceainsi que le secret dela poste et des télécommunications sont inviolables». Pendant des décennies,cettedéfensedelavie privéeafaitl’objetd’unevigilan- ce de tous les instants, les Alle- mandsétanttraumatisésparl’in- quisition totalitaire des nazis, puis les écoutes généralisées de la police politique d’Allemagne de l’Est, la Stasi. Letempsn’estplusauxmobili- sations massives, voire violente, comme celles des années 1970. Fin juillet, l’appel à manifester contre «un Etat policier hors de contrôle» et à défendre «la pro- tectiondudroitfondamentalà la sphère privée» a fait un flop: un demi-millier de manifestants à Berlin, Munich, Hambourg, une centaine dans les villes moyen- nes. A l’heure des réseaux sociaux, où l’on passe beaucoup de tempsà «serendre public», la défensedelasphèreprivéeparaît unimpératifparfoissecondaire. Il n’empêche, le débat a lieu, animépar les députés,si fiers de leurs prérogatives et qui décou- vrent soudain que l’exécutif peutagirsanscontrôle.Lesjuges déplorent un non-respect du droit: les écoutes de la NSA vont «beaucoup plus loin que ce que la Cour constitutionnellea consi- déré dans ses arrêts comme acceptable», a accusé l’ancien président de la Cour constitu- tionnelle de Karlsruhe, Hans- Jürgen Papier. Quant à la presse, elle joue efficacement son rôle de contre-pouvoir. Ce débat public, qui tranche avec le silence assourdissant dans les autres pays, notam- ment en France, doit servir d’exemple. Depuis le 11septem- bre 2001, au nom de la lutte contreleterrorisme,lesOcciden- taux ont renoncé sans cesse à plus de libertés. Il est temps de reprendrelecontrôledémocrati- quede cette fuite en avant.p «ET VOICI MISS PIÉMANSON 2013» P.17 – AU CAMPING UNE REINE AU PAYS DES GULLAH P. 20 – MAÎTRES EN LEUR ROYAUME Unebactérierallume laguerredel’huître FRANCE – LIRE PAGE 6 TERIBERKA, FACE À l’OCÉAN ARCTIQUE P. 18-19 – BOULEVERSEMENTS AUGRANDNORD Goldorak, ou comment le Japon séduit nos ados Danslafouléedurobotgéantaux cornesdorées,quiafaitson apparitionsurlesécransen1978, la«popculture»japonaises’est imposéeenFranceetenEurope. Les troubadours et l’art d’aimer à la française MarilynYalom,historienne américainedesmentalités, raconte,dansunessai,comment, auXII e siècle,lestrouvèresont chantéle«folamour». SUPPLÉMENT L’ombre du dopage sur les Mondiaux de Moscou Du10au18août,laRussie accueilleleschampionnatsdu monded’athlétisme.La compétitions’ouvredansun climatpesant,aprèsdes suspensionspourdopagede plusieurssprinteursmondiaux. Jorge Mendes, l’infiltré à la conquête de la Ligue 1 L’agentportugais,chargédes intérêtsdeplusdequatre-vingt- dixjoueurs,affolelemarchédes transferts.Iladéjàplacéquatre desesprotégésàl’ASMonaco. SUPPLÉMENT 50 av. d’Italie 75013 PARIS 148 av. Malakoff 75016 PARIS 247 rue de Belleville 75019 PARIS 01 42 08 71 00 7j/7 www.mobeco.com MATELAS - SOMMIERS fixesourelevables-toutesdimensions TRECA-TEMPUR-DUNLOPILLO-EPEDA-SIMMONS-DUVIVIER-BULTEX... Livraison gratuite sur toute la France CANAPES - SALONS - RELAX CONVERTIBLES pourcouchagequotidien DIVA-STYLEHOUSE-NICOLETTI-NEOLOGY-HOMESPIRIT-SITBEST... DÉTAILLANT - GROSSISTE Vend aux particuliers Les grandes marques aux meilleurs prix Tunisie: la police sur la piste d’Ansar Al-Charia Tandisquelesmanifestations sepoursuivent,lesenquêteurs surlesassassinatsdedeuxres- ponsablespolitiques,Chokir BelaïdetMohamedBrahmi, ontacquislacertitudequ’ils sontlefaitd’unseulcomman- dodequatorzehommes. INTERNATIONAL – PAGE 2 La Chine fait le ménage dans le lait pour bébés L’agencedeplanification chinoisevientdeprononcer desamendesrecordpourenten- tesurlesprixàl’encontrede sixfabricantsdepoudredelait infantile.Parailleurs,legroupe pharmaceutiqueSanofiest accusédecorruptionenChine. ÉCONOMIE – PAGE 9 ÉDITORIAL Europe:lafragilité desbanques menacelareprise SPORT & FORME AUJOURD’HUI CULTURE & IDÉES tSixansaprès ledébut dela crise, le secteurfinancier n’esttoujours pasàl’abri d’une rechute tEnEspagne, en Italie, mais aussi enAllemagne, la situationde certains établissements estpréoccupante Libertésindividuelles,lesursautallemand M ême en Europe, la date a nette- ment moins marqué les esprits quela faillitedelabanqueaméri- caine Lehman Brothers, le 15septembre 2008. C’est pourtant plus d’un an plus tôt, le 9août 2007, que s’est joué le premier actedelacrisefinancièresurleVieuxConti- nent. Six ans plus tard, force est de consta- ter que les banques, qui y ont joué un rôle central, continuent de menacer les finan- ces publiques des pays européens, et donc leurcapacitéderepriseéconomique. Ce 9août 2007, au cœur de l’été, tout commence par la suspension brutale par BNP Paribas de trois de ses fonds – leur valeur s’effondrant, la banque choisit de bloquerlesretraitspoursesclients. Lapla- nète finance prend alors conscience que les subprimes, ces crédits immobiliers américains à risques transformés par les établissements bancaires en titres finan- ciers,ont contaminél’Europe. Et si la première banque tricolore esti- me détenir des actifs à ce point douteux, n’est-cepastoutlesecteuràl’échellemon- diale qui s’est construit sur du sable? En quelques minutes, le taux interbancaire (auquel les établissements se prêtent entre eux) grimpe en flèche, menaçant de paralysiel’ensembledusystèmedecrédit. Audrey Tonnelier a LIRE LA SUITE PAGE8 M ●LEMAGAZINEDU«MONDE»UNIQUEMENTENFRANCEMÉTROPOLITAINE,ENBELGIQUEETAULUXEMBOURG VENDREDESVANGOGHPOURSAUVERDETROIT aEnfaillite,lavillehésiteàseséparerd’unpatrimoineculturelexceptionnel UK price £ 1,70 DONALDGRAHAM POUR«MLEMAGAZINE DUMONDE» Bret Easton Ellis Confessionsd’unAmericanPsycho t Son premier roman avaitsuffi àfairede lui une star. Les suivants l’ont installé dansle rôled’auteur-culte. Ilpartàlaconquête ducinéma A u temps de sa splendeur, la mégapole indus- trielleavaitattirédes milliardairesmodernis- tes amateurs d’art qui lui ont légué des œuvres majeures.De Breughell’Ancien à Van Gogh, ces collections de tableaux ont fait du musée de Détroit l’un des plus importants des Etats-Unis. Aujourd’hui, la ville étant en faillite, la tentation est grande de piocher dans ce trésor. La polémique bat sonplein.«Sinousvendonsneserait-cequ’untableau de valeur, l’effet sera immédiat,avertit GrahamBeal, président du Detroit Institute of Arts (DIA). Nous seronsàla foisbannisde lacommunautédesmusées et nous perdrons la confiance de nos donateurs. Et je peuxvousassurerquelafermetureduDIAseraitplus violenteencorequelafaillitedeGeneralMotors!» LIRE PAGES12 ET13 Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Andorre 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,50 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,20 ¤, Finlande 3,50 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,00 ¤,Guyane 2,40 ¤, Hongrie 850 HUF, Irlande 2,20 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,20 ¤, La Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 400 XPF, Tunisie 2,20 DT, Turquie 7,00 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA, international Des partisans d’Ansar Al-Charia protestent contre l’arrestation d’un de leurs leaders à la suite de l’attaque contre l’ambassade américaine à Tunis, en septembre 2012. Z.SOUISSI/REUTERS Tunis Envoyée spéciale Q ui a tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi? Tandis que les manifestations de rue se poursuivent, l’enquête sur lesassassinatsdecesdeuxrespon- sables politiques qui ont plongé la Tunisie dans une crise profonde progresse.Lapolicea acquisla cer- titude que ces meurtres commis enpleinerueàsixmoisd’interval- le,le6févrierpuisle25juillet,sont le fait d’un seul commando com- posé de quatorze hommes. Six d’entreeuxontétéarrêtés,leshuit autres placés sous mandat d’arrêt international. Et petit à petit, l’étau paraît se resserrer autour d’Ansar Al-Charia (les partisans de lacharia),ungroupesalafisteradi- cal né après la révolution en 2011. «Plusieurs des suspects sont membres de cette organisation», déclare au Monde le ministre de l’intérieur Lotfi Ben Jeddou. Com- me Kamel Kadhkadi, soupçonné d’être celui qui a tiré sur Chokri Belaïd, et son complice Mohamed Gasmi, arrêté depuis. Le 6février, l’opposant de gauche a été tué de plusieursballespar deuxhommes à moto alors qu’il sortait de son domicile. La même méthode et la mêmearme–un9mm–ontétéuti- lisées le 25juillet contre le député deSidi Bouzid,MohamedBrahmi. Le tueur principal serait cette fois BoubakeurEl Hakim, un Fran- çais d’origine tunisienne. Né à Paris le 1 eraoût 1983, ce dernier avait été condamné en France à sept ans de prison, en 2008, pour avoir tenté de mettre en place une filièredjihadisteversl’Irak,où son frère, Redouane, a trouvé la mort. Lors d’une enquête réalisée en mars2003,laradioRTLl’avaitcroi- sé. «Venez, mes frères, défendre l’Irak, c’est rien du tout les Améri- cains(…) Jesuisprêt à combattre,je suis prêt à me faire exploser et boum! boum!», criait-il alors. Bénéficiaire d’une libération anti- cipée, celui qui se fait appeler Abou Abdallah serait retourné en Tunisie en janvier2011. Le commando ne s’est donné aucun nom mais ses membres, âgés entre 30 et 40ans, sont liés. « Ils se sont engagés dans des conflits extérieurs, comme l’Irak, indiqueM.BenJeddou.Ilssontaus- si originaires des mêmes quartiers populaires, la cité Khadra à Tunis ou la cité Ghazala à l’Ariana.» Arrêtés il y a quelques jours, Azzedine Abdellaoui et Lotfi Zine, membres présumés du comman- do, avaient également fait partie des prisonniers bénéficiaires de l’amnistie générale décrétée en mars2011, après la chute de l’an- cienrégime,commeAbou Ayad,le chef d’Ansar Al-Charia. Un autre homme interpellé début août à BenGardane,nonloindelafrontiè- re libyenne, à bord d’un véhicule bourré d’armes, avait participé à uploads/Geographie/le-monde-week-end.pdf

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