LES PÈRES DU DÉSERT PAR JEAN BREMOND INTRODUCTION PAR HENRI BREMOND DE L'ACADÉM
LES PÈRES DU DÉSERT PAR JEAN BREMOND INTRODUCTION PAR HENRI BREMOND DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE LES MORALISTES CHRÉTIENS (TEXTES ET COMMENTAIRES) DEUXIÈME ÉDITION PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE J. GABALDA, Éditeur RUE BONAPARTE, 90 1927 LES PÈRES DU DÉSERT I INTRODUCTION Les Sources NOTE Le plan du recueil. Bibliographie. Traductions. LES PÈRES DU DÉSERT CHAPITRE PREMIER : PRINCIPES PREMIERS PREMIÈRES FORMULES Les étapes de la vie spirituelle. La sainteté n'est ni dans les observances ni dans les miracles. La bonne intention. Fins et moyens dans l'action. La pureté du coeur Tendre ses forces vers le but unique. Le démon avant-coureur. La loi naturelle et la loi créée. CHAPITRE II LA LUTTE 1. Raisons et natures du combat. Le candidat aux jeux olympiques. Symbolisme de l'habit monastique. Réflexions de Cassien. Réflexions de Dorothée. Réflexions de Climaque. Le péché d’origine. La loi de la chair. Les Péchés capitaux. Les vices et les mouvements naturels de l'âme. Dangers de l'ignorance. Nécessité de prévoir les tentations. La vie pratique prépare à la contemplation. Durée de la lutte. On porte sa nature au désert. Lassitude et découragement. Bulletins du combat. L’examen particulier. 2. Le démon. Les combats d'Antoine. Le Compagnon invisible. Le Démon comédien. La Fin de l'âge héroïque. Le secours à proportion de l'attaque. L'Armée des anges. III. — La Grâce. Nécessité de la grâce. Appel à l'expérience. C'est la grâce de Dieu qui opère toujours tout le bien en nous. Le grand problème. Principes au-dessus des controverses. Dieu veut sauver tous les hommes. Fautes commises par ignorance. Prédestination. La grâce et la prière, cercle mystétieux. CHAPITRE III SOLITUDE ET DÉPOUILLEMENT I. — Solitude. Invitation à la vie solitaire. Le nouveau Paradis Terrestre. Pressante exhortation de Jérôme à Héliodore. Trois renoncements. L'attrait du désert. Les Reclus Le Silence. Le silence et la lecture pendant les repas. Savoir parler à propos. II. — Le dépouillement. Dépouillement initial. Prévoyance blâmable. L'héritage du moine trop économe. Efficace prédication des pauvres volontaires. L'économie. Le travail des mains La paresse et l'amour de l'oraison. Travail désintéressé. Main-d'oeuvre accommodante. La pauvreté volontaire source d'aumônes. CHAPITRE IV. RIGUEURS CORPORELLES Les relations entre l'âme et le corps. La modération. L'esprit de fornication. Tactiques diverses du démon de gourmandise; comment les déjouer. La bonne chère et la luxure. Le jeûne et la liberté de l'esprit. Galerie de lutteurs hors concours. Le Stylite. Étienne le Lybien. Pacôme et son maître Palémon (1). Zénon sur la montagne d'Antioche. Héroïsme des porteurs de figues. La Régularité. La sainteté dans les petites choses. Les festins des moines. CHAPITRE V. L'ASCÈSE INTIME I. — Orgueil et vaine gloire. Dires des Anciens. L'orgueil est le plus capital des lidos. Son habileté à s'insinuer, à se dissimuler, à renaître. Les divers degrés de l'humilité; celui qui les a montés est arrivé à la perfection. L'orgueilleux trahi par lui-même. L'orgueil sévit dans tous les milieux. La mortification viciée par la pensée qu'elle sera admirée. A mesure qu'ils s'élèvent en vertu, les saints découvrent de nouvelles raisons de s’humlller. Recettes pour acquérir l'humilité. Celui qui s'estime pécheur accepte les reproches et les observations, sans discuter les droits de celui qui les lui adresse. Pacôme se laisse reprendre par un enfant. La vertu se cache. L'extrême humilité de l'abbé Pynuphe. Celui qui pratique la vertu ne se laisse pas arrêter par une difficulté théorique. La Fuite des dignités. Aveu des fautes. De l'abbé Poemen : Du bienheureux Antoine : II. — Le triomphe sur la superbe : l'obéissance. Les Pères exigent des commençants l'obéissance universelle et absolue; la pratique de l'obéissance est le plus important des exercices qui forment le jeune religieux. Les jeunes religieux ne doivent pas juger les anciens ni discuter les sentences des supérieurs. L'obéissance au premier signal. L'arbre de l'obéissance. Autres exemples donnés par l'abbé Jean. Obéissance et mépris du monde. Une cérémonie au bout de l'an. De l'ermitage au monastère. Souvenirs de l'abbé Dorothée. — Le moine qui va dans le monde par obéissance est à l'abri des dangers. INTRODUCTION En guise de prélude, ou de « composition de lieu » relisons, dans la délicieuse traduction qu'en a donnée le sieur de Saligny, — lequel de son vrai nom s'appelait M. Fontaine, celui-là même qui nous a conservé l'Entretien sur Epictète et Montaigne — relisons une page de Cassi en, n'importe laquelle, ad aperturam libri, car elles sont presque toutes divines, et, si j'ose ainsi m'exprimer, divinement appétissantes. — Cor nostrum ardens erat in via, dum loqueretur. Celle-ci, par exemple, qui termine la première Conférence : comme toile de fond, le désert de Scété; nous sommes avec Cassien et son ami Germain, dans la cellule de l'abbé Moyse, qui vient de donner une longue interview à ces deux pèlerins, partis de Palestine pour s'initier à la doctrine spirituelle et s'édifier aux exemples du désert. La nuit est déjà fort avancée. A ces mots, le saint vieillard finit son discours, et l'avidité qu'il voyait en nous, et cette application si attentive que nous avions à l'écouter ne le put faire résoudre à nous en dire davantage. Il nous exhorta VI de fermer un moment les yeux, et de faire un petit sommeil sur les même nattes où nous étions lorsqu'il nous parlait. Il nous donna pour appuyer notre tête une sorte de chevet dont ils se servent. Ce sont des roseaux ajustés par petites bottes longues et menues, qui sont environ de pied en pied liées fort doucement. Elles servent de petits sièges fort bas lorsque les Solitaires s'assemblent et cela leur tient lieu d'escabelles. Ils sont aussi accoutumés de s'en faire leurs chevets durant la nuit, parce que cela y est fort propre, n'étant pas fort dur et étant assez maniable. Les Solitaires trouvent ce petit meuble très commode, parce qu'il se fait sans peine et ne coûte rien. Il croît de ces roseaux en abondance sur les bords du Nil, et tout le monde en peut aller couper ce qu'il lui en faut pour son usage sans que personne les empêche. Ces roseaux ont de plus cet avantage qu'ils ne sont point pesants, mais faciles à manier quand il les faut remuer et tirer de leur place. Ce fut là que nous nous mîmes enfin en état, selon l'ordre de ce bon vieillard, de prendre un peu de repos. Mais le repos même nous était à charge, étant, d'une part, transportés de joie de ce que nous avions entendu, et, de l'autre, tout pleins de l'attente de ce qu'il nous avait promis. Si, par impossible, ces quelques lignes n'ont pas suffi à vous mettre sous le charme, — je n'ose dire à vous faire venir l'eau à la bouche, — celles-ci, prologue de la huitième Conférence, achèveront de vous enchanter. Après nous être acquittés de ce que demandait de nous la sainteté du Dimanche, ceux qui s'étaient assemblés dans l'église s'étant retirés, nous retournâmes dans la cellule du saint vieillard Sérénus, qui nous y traita magnifiquement. Car au lieu de saumure, dont il se servait VII d'ordinaire en y mettant une goutte d'huile, il servit ce jour-là quelque peu d'une autre liqueur, et versa un peu plus d'huile qu'il n'avait accoutumé. Le dessein de ces Solitaires n'est pas de trouver quelque plaisir dans cette goutte d'huile, puisqu'ils la peuvent à peine sentir lorsqu'ils mangent, mais d'éviter par là la vanité et l'orgueil qui se glisse insensiblement dans les austérités extraordinaires... Il nous donna outre cela trois olives frites dans le sel, une corbeille où il y avait quelques pois-chiches fricassés, qui sont pour eux comme leur pâtisserie. Nous n'en prîmes chacun que cinq, avec deux prunes et une figue, parce que ce servit comme un crime dans ce désert de passer ce nombre. Après que nous fûmes sortis de table, nous le priâmes aussitôt de se souvenir de la promesse qu'il nous avait faite (de nous expliquer un passage difficile de saint Paul). Si je me suis attardé ainsi à cette « composition de lieu » ce n'a pas été pour mettre l'imagination du lecteur en branle, mais pour que cette faculté importune, ayant reçu, dès l'abord, la ration dont elle a besoin, se tint désormais en repos, renonçant aux vains plaisirs qu'elle se promettait peut-être d'une promenade au désert, et laissant l'âme profonde s'ouvrir à une poésie plus haute. Quelque séduction exotique, que nous lui prêtions, le cadre ici ne doit pas nous distraire du tableau. Ce cadre, du reste, il nous faudrait le voir avec les yeux de nos Solitaires. Leur Egypte n'était pas pour eux ce qu'est pour un Parisien la Grande Chartreuse ou pour un Provençal le Mont-Cassin. Partout, dans ce pays, le désert est proche. Quel attrait pouvaient exercer sur les habitants des bords du grand fleuve ces étendues désolées, sans eau, sans VIII végétation, brûlées par l'ardeur implacable du soleil? L'aridité complète commence brusquement là où n'a pu atteindre le flot de l'inondation; la vallée cultivée est étroite, les champs se réduisent parfois à une langue de terre entre le cours du Nil et le rocher qui porte le plateau désertique. L' Egyptien uploads/Geographie/les-peres-du-desert.pdf
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- Publié le Sep 28, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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