Du même auteur La Contre-Révolution en Afrique Payot. 1963, épuisé Sociologie d

Du même auteur La Contre-Révolution en Afrique Payot. 1963, épuisé Sociologie de la nouvelle Afrique Gallimard, coll. « Idées », 1964, épuisé Sociologie et Contestation essai sur la société mythique Gallimard, coll. « Idées », 1969 Les Vivants et la Mort essai de sociologie Seuil, coll. « Esprit », 1975 ; coll. « Points », 1980 Une Suisse au-dessus de tout soupçon (en collaboration avec Délia Castelnuovo-Frigessi, Heinz Hollenstein, Rudolph H. Strahm) Seuil, coll. « Combats », 1976 ; coll. « Points Actuels », nouv. éd., 1985 Main basse sur l’Afrique Seuil, coll. « Combats », 1978 ; coll. « Points Actuels », nouv. éd. revue et augmentée, 1980 Le Pouvoir africain Seuil, coll. « Esprit », 1973 ; coll. « Points », 1979 Retournez les fusils ! Manuel de sociologie d’opposition Seuil, coll. « L’histoire immédiate », 1980 ; coll. « Points Politique », 1981 Contre l’ordre du monde – les Rebelles (Mouvements armés de libération nationale du tiers monde) Seuil, coll. « L’histoire immédiate », 1983 ; coll. « Points Politique », 1985 COLLABORATION À DES OUVRAGES COLLECTIFS La Société émergente in Vocabulaire de la sociologie contemporaine Gonthier, 1971 Anthologie des sociologues de langue française PUF, 1972 La Mort dans la littérature sociologique française contemporaine in La Sociologie française contemporaine PUF, 1976 Le Nomadisme de l’au-delà : les morts-revenants d’Itaparica in Nomades et Vagabonds UGE, coll. « 10/18 », 1975 ISBN 978-2-02-132192-0 © NOVEMBRE 1985, ÉDITIONS DU SEUIL Cet ouvrage a été numérisé en partenariat avec le Centre National du Livre. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Ce livre est dédié : – à la mémoire de mes amis Éduardo Rallo, médecin, anthropologue catalan, mort à Barcelone le 2 septembre 1985 et de Mohamed Maïga, journaliste malien, décédé à Ouagadougou le 1 er janvier 1984 ; – à la mémoire de Marc, l’ami de mon fils, mort accidenté à Vandœuvres, le 26 octobre 1984 ; – à Sotero Raffaël da Sylva, paysan à Cratéus, État du Céara, Brésil. Voici l’arbre, l’arbre de la tourmente l’arbre du peuple, l’arbre qui a bu le salpêtre du martyr, qui a extrait les larmes du sol, qui les a hissées au gré de ses ramures et les a dispersées dans sa charpente. Ce furent parfois des fleurs invisibles, fleurs enterrées, d’autres fois, leurs pétales illuminèrent comme des planètes. […] Et l’homme ramassa sur les branches les corolles durcies, les remit de mains en mains comme magnolias ou grenades. Et soudain elles ouvrirent la terre, elles grandirent jusqu’aux étoiles. […] C’est l’arbre des hommes libres, l’arbre terre, l’arbre nuage l’arbre pain, l’arbre flèche, l’arbre joug, l’arbre feu. L’eau orageuse de notre époque nocturne l’étouffe. Mais son mât balance l’ornement de sa puissance. […] Défends l’avenir de ses corolles, partage les nuits hostiles, surveille le cycle de l’aurore, respire les hauteurs étoilées, soutiens l’arbre, l’arbre qui croît au milieu de la terre. Pablo Neruda, « Les libérateurs », dans Le Chant général, Paris, Éditeurs français réunis, 1954, vol. I. TABLE DES MATIÈRES Du même auteur Copyright Dédicace Avant-propos - La raison d’État Première partie - « Mitterrand, du soleil ! » I - Mai 1981 II - L’empire rose III - La folie des armes 1. La nécrose 2. Le commerce de la mort IV - La mensongère idéologie des « droits de l’homme » V - Une icône à l’Élysée ? Deuxième partie - Les « voyous apatrides », fondateurs de la première internationale I - La matrice : 1794 II - La Révolution française contre l’esclavage III - 1848 IV - « Ennemie de Dieu et des hommes » : la Première Internationale ouvrière V - Le front des pauvres : « canuts » anglais et esclaves américains VI - Les barbares arrivent 1. La gloire du sabre 2. Avoir été bons, cela ne suffit pas… 3. Stuttgart 1907 : l’aube d’une conscience nouvelle Troisième partie - La première fracture I - « Prolétaires de tous les pays, égorgez-vous les uns les autres ! » 1. La trahison des dirigeants 2. Des hommes contre la guerre II - La tragédie allemande Quatrième partie - Les apôtres de la révolution I - Les communistes et les peuples colonisés 1. 1919 : la méprise 2. 1920 : la conversion II - La décadence 1. Les nationalités 2. La catastrophe de Géorgie 3. Des charniers remplis de communistes Cinquième partie - La résurrection ratée de l’internationale Conclusions - Les guides de montagne AVANT-PROPOS La raison d’État Le bien public requiert qu’on trahisse et qu’on mente et qu’on massacre… La justice en soi, naturelle et universelle, est autrement réglée et plus noblement que ne l’est cette autre justice spéciale, nationale, contrainte aux besoins de nos polices. MONTAIGNE. Un monstre hante la nuit du monde : la raison d’État, la Realpolitik devenue loi suprême des hommes et des nations. Pratiquement tous les hommes d’État de l’Ouest ou de l’Est, qu’ils soient issus d’une tradition démocratique, socialiste ou simplement républicaine, ou qu’ils appartiennent aux traditions élitaires, discriminatoires et autocratiques, s’en réclament aujourd’hui. Pire : tous ces hommes invoquent, avec une sorte de lucidité arrogante, la raison d’État comme la justification majeure de leur pratique. Rupture fondamentale dans l’histoire des démocraties occidentales : pour la première fois dans l’histoire de nos sociétés, le conflit d’idées cesse d’être le moteur premier du processus social. Gauche et droite, ouvriers et patrons, syndicats et oligarchie, tous et toutes s’alignent au garde-à-vous devant la raison d’État. Tous courbent la tête – autrefois irréductiblement pensante – devant le monstre. En cette fin du XXe siècle, nous entrons – fait radicalement nouveau pour l’Europe – dans l’ère du consensus, de la surdétermination librement acceptée de nos volontés collectives par les lois de la Realpolitik qui prétendument nous surpassent 1. Je n’ai l’ambition ni d’établir une nouvelle théorie de la raison d’État ni de retracer l’histoire complète de son émergence en Europe. Une autre tâche me semble prioritaire : celle de détruire les significations qu’elle impose aux hommes, de démasquer sa logique et de dénoncer les causalités planétaires qui fondent sa pratique. Il n’existe de vie politique que par rapport à l’État. La raison d’État contemporaine est un système théorique et pratique clos, habité par sa propre logique formelle et par ses propres normes qui transcendent les classes. Elle est un surmoi collectif contraignant, largement indépendant des positions de classe, et qui n’obéit qu’aux intérêts d’une seule formation, celle justement de l’État. L’État monopolise, donc asphyxie tout : le sentiment national comme l’idée communautaire, la solidarité internationale comme la vie associative. Au sein des sociétés démocratiques occidentales, il y a polysémie : une multitude d’idéologies naissent, s’épanouissent et meurent, se combattent. Un foisonnement d’intérêts antinomiques – défendus, légitimés au moyen de symboles provenant d’héritages culturels les plus divers – recouvre le champ social. Discours phosphorescents dont chacun prétend à l’éternité. La raison d’État n’en a cure ! Elle les avale, les digère tous. Elle impose ses significations à tous et à chacun. D’immenses forces de création, d’imagination, d’amour sommeillent en chacun de nous. Chacun de nous est porteur de désirs, de rêves qui concernent le monde et tous les hommes. La liberté de chacun ne peut se concrétiser que dans un projet collectif, un destin. Dans les sociétés industrielles avancées – où les structures claniques, familiales, associatives sont devenues résiduelles –, c’est aujourd’hui l’État et lui seul qui est le destinataire, le monopolisateur de ce projet. Il prend en charge le destin du peuple, concrétise la vocation de chacun d’entre nous. La raison d’État organise notre aliénation ; elle procède à l’amputation du pouvoir créateur de l’homme, de son imagination. Elle légitime une pratique unique : celle de l’État, justement. Elle bouche l’horizon de notre histoire. I. Comment définir la raison d’État ? Aujourd’hui, la raison d’État constitue probablement l’inconnue la plus massive de toutes les sciences humaines. Quelques indications cependant : 1. En Europe, la raison d’État est le produit d’une longue et complexe histoire de plus de sept cents ans. En France (en Angleterre), l’État naît avec la mise en place d’un pouvoir monarchique qui transcende le pouvoir patrimonial 2. En alliance avec les nouvelles couches proto-industrielles bourgeoises des villes, les Capétiens délimitent – au-delà du patrimoine domanial – un territoire monarchique, territoire d’État. Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, Colbert – contre les prébendes, les charges des nobles – met en place une administration, des structures étatiques. La Révolution de 1789, puis celle de 1848 démocratisent ces structures ; elles dissolvent les derniers liens féodaux, construisent l’État national moderne. En bref : l’État, sa raison sont le résultat d’une longue accumulation de pouvoirs. Il y eut en France des rois de toutes sortes, des comités de salut public, des directeurs, des consuls, un empereur, puis à nouveau des rois, à nouveau un empereur, des présidents, un maréchal, un général, des présidents de Conseil, enfin des présidents qui ressemblent curieusement aux monarques des origines. Pendant tout ce temps, l’État s’est constitué patiemment, obstinément, par segments consécutifs. Chaque pouvoir uploads/Histoire/ 4-5850418968153557395-pdf.pdf

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  • Publié le Dec 24, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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