@ Alicia Seneviratne et Laura Gamboni EXPOSE D'HISTOIRE L'antiféminisme jusqu'à
@ Alicia Seneviratne et Laura Gamboni EXPOSE D'HISTOIRE L'antiféminisme jusqu'à la fin du 19e siècle. Introduction: L'antiféminisme est un thème très vaste. Ainsi, nous nous sommes très vite retrouvés devant une matière gigantesque. En effet, il n'était pas évident de vous parler de la condition féminine durant tant de siècles. Nous avons donc décidé de nous restreindre à l'Europe et de faire ressortir quatre thèmes principaux, que nous avons retrouvé à presque chaque époque. Pour mieux les illustrer, nous les ferons ressortir dans un résumé condensé de l'histoire de la femme depuis le commencement du christianisme jusqu'à la fin du 19e siècle. Thèmes: 1) La femme diabolique: Lorsque nous pensons à cette représentation de la femme, nous voyons immédiatement le Moyen-Age et la sorcellerie. Mais cette perception date de bien plus longtemps, et ses racines sont profondément encrées dans l'histoire. La femme comme complice du diable, séductrice de l'homme, tentatrice. Illustration: "La sensualité" de Franz von Stuck, (1897). Commentaire: Ce tableau représente Eve, tenant un gigantesque serpent enroulé autour de son corps. Il a été peint afin d'inciter les hommes à la prudence. Citation: "La femme est un farouche serpent par son coeur, par son visage ou par ses actes.", de Bernard de Morlas, moine de Cluny, De contemptu feminae. 2) La femme faible: La femme a très souvent été mise en marge de la vie sociale à cause de sa soit-disante infériorité physique mais surtout intellectuelle par rapport à l'homme. Illustration: "Si tu la cherches, la voicy", frontispice de l'Imperfection des femmes, XVIIe siècle. Commentaire: Sur cette gravure la femme est montrée sans tête. Ainsi, durant de nombreux siècles, elle a été réduite à son rôle de mineure, obligée de se taire continuellement et de subir les injustices faites par l'homme. Seconde illustration: "Das Schweigen", de Johann Heinrich Füssli, (1799-1801) Commentaire: Füssli démontre bien la condition de soumission et d'impuissance à laquelle la femme a si souvent été réduite. 3) Femme objet: Nous vous expliquerons plus tard quelles sont les causes d'une telle vision de la femme, pourquoi elle a été si souvent réduite à son rôle sexuel, entrainant sa fonction entièrement pour l'homme. Illustration: "Les portes de l'aube", de Herbert Draper, (1900). Commentaire: Le corps de la femme a toujours été vu comme un critère de beauté, cependant n'est-ce pas une façon de la réduire à cette seule image? Citation: "Il faut donc commencer par faire de la femme un être non travaillant, mais purement esthétique. C'est là le plus sûr moyen de progrès.", de Jules Laforge in Mélanges posthumes, (1886) 4) La femme rivale: Lorsque nous réfléchissons aux causes de tant d'antiféminisme, la peur de la femme paraît l'une des principales, la peur de sa différence mais surtout de ses richesses, de sa force. Illustration: "Esquisse pour un tract en faveur de la Réforme.", de Lucas Cranach, (1537). Commentaire: Les femmes (paysannes jeunes et vieilles) attaquent moines et curés; elles tentent de prendre leur revenge, ne supportant plus d'être vues comme des êtres sources de tous les maux, une tentation permanente. La condition féminine depuis le commencement du christianisme jusqu'à la fin du 19e siècle: Femme au commencement du christianisme: Alors que l'ancien Testament accordait une place très importante à la femme, l'évolution historique a amené le judaïsme tardif à une situation de plus en plus antiféministe. La femme est tenue à l'écart de toute vie sociale et religieuse. Elle est rangée dans la trilogie méprisante:"femmes, esclaves, enfants". Le mari est maître absolu au logis, la polygamie est chose courante, et l'homme abuse fréquemment du divorce.(La femme n'en a bien-sûr pas le droit). A cette époque, on dénote trois grandes causes de l'antiféminisme: - La circoncision qui est un rite de pureté et d'initiation à la religion, et qui n'est pratiquée que pour l'homme. La femme se trouve donc en marge des croyants. - "Les impuretés périodiques" qui placent la femme plus loin du divin que l'homme, et la met à l'écart pendant chaque cycle. - Eve a commis en premier le pêcher originel. Ainsi la femme est vue comme un être faible, qui ne résiste pas à la tentation, elle doit donc être sous tutelle, surveillée et protégée par l'homme. Cette attitude paternaliste place la femme en éternelle mineure. D'ailleurs, bien plus tard, au 18e, Marivaux écrira: "Femme tentée et femme vaincue, c'est tout un". A l'arrivée du Christ, le message évangélique a une portée nouvelle. Il appelle tous les êtres humains, sans distinction de race ni de sexe, à fonder avec lui un monde nouveau. Cela provoque un brutal renversement des valeurs. Très vite le Christ se lie avec les femmes et tente autant que possible d'élever leur rang à celui des hommes. Il interdit la polygamie et condamne le divorce. La Bible, Saint Mathieu (XIX, 1-9): "Aux pharisiens qui lui demandent s'il est permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif, Jésus répond: "N'avez-vous pas lu que le créateur, dès l'origine, les fit homme et femme et qu'il a dit: - Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme et les deux ne feront qu'une seule chair? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair." Beaucoup de Pères de l'Eglise se sont fondé sur la Bible pour justifier leur antiféminisme, très souvent en ommettant de situer les textes dans leur contexte ou de les nuancer, car on trouve, comme l'écrit Jean Delumeau dans La peur en Occident, XIVe-XVIIIe siècles, plusieurs passages prouvant l'importance des femmes auprès du Christ: "Alors que tous les disciples sauf Jean abandonnent le Seigneur le jour de sa mort, des femmes demeurent fidèles, au pied de la croix. Elles seront les premiers témoins de la Résurrection, point sur lequel s'accordent les quatre Evangiles." Même si le Christ n'a pas pu mener à terme sa révolution, car il y a un seuil d'intolérabilité à respecter pour éviter une réaction de rejet, il a posé des bases profondes et théoriques en espérant que les siècles à venir feraient évoluer la situation de la femme et améneraient l'égalité des sexes aux faits. Malheureusement, les hommes n'ont fait, à travers les siècles, que d'agrandir toujours plus l'espace entre la théorie et la réalité. Si certains messages n'ont pas passé, c'est parce qu'il y avait un grand héritage d'idées misogynes et également par les rapports aux différents peuples que le christianisme a converti et qui l'ont influencé par leur culture, en particulier la religion juive. Mais plusieurs facteurs du christianisme ont dans une certaine mesure réhaussé la condition de la femme: L'interdiction de la polygamie et la sacralisation du mariage, qui contribua à donner de l'importance et du respect à la femme. Mais comme très vite elle se retrouve dans un état de soumission à son mari, sa liberté se restreint à se choisir un maître. Nous allons maintenant passer à St.Paul qui est à l'origine des ambiguïtés dans la société chrétienne à l'égard de la femme. Au temps de saint Paul, les femmes ont acquis une place plus importante. Nous sommes passés de petites cités à de grands ensembles politiques. L'homme devient alors un simple individu et accorde ainsi plus de place à l'amour, plus d'intérêt et de respect à la femme. On commence à l'appeler Domina, "maîtresse". Bien que les femmes soient très actives et qu'elles aient une place très importante dans les communautés chrétiennes primitives, cette évolution n'est pas toujours traduite dans les lois. St.Paul est entouré de femmes qui jouent un grand rôle missionnnaire, et il manifeste à plusieurs reprises sa reconnaissance à l'égard des femmes dont l'activité apostolique seconde la sienne." Venons-en aux ambiguïtés de St.Paul. St.Paul a eu une double éducation. Il est né Juif pharisien (au départ ennemis du Christ et aux idées passablement misogynes) puis s'étant révolté contre sa religion, il s'est converti au christianisme. Il est donc, durant toute sa vie, tiraillé entre deux façons d'aborder le problème féminin. Il proclame l'universalisme chrétien mais accepte des situations concrètes. Par exemple, comme le cite Jean Delumeau dans La peur en Occident: "Ce n'est pas l'homme, bien-sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme" Et l'auteur ajoute: "paroles que dément partiellement le contexte-mais de celui-ci la tradition chrétienne oublia de se souvenir". Dans ses textes saint Paul ne cesse de se contredire. En effet, il accorde à la femme le droit de prophétiser dans les assemblées, et en même temps lui ordonne d'y rester voilée et de s'y taire, ce qui est tout à fait illogique. Il a partagé l'androcentrisme de son temps, qui sera accentué encore par les différents facteurs qui interviendront dans la culture chrétienne en formation et qui influenceront terriblement notre société. St.Paul ne fut certainement pas misogyne, mais il ne fut pas capable de concilier l'égalité évangélique qu'il préconisait avec des situations concrètes qu'il acceptait. Ses ambiguïtés ont donc contribué à placer la femme dans une situation d'égalité et de subordination. En effet, plus tard, la femme ne sera l'égale de l'homme que devant Dieu, et la subordination réglera toute uploads/Histoire/ femme-diabolisee-vs-femme-idealisee 1 .pdf
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- Publié le Sep 24, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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