C E V O L U M E , L E O N Z I È M E D E « L ' E N C Y C L O P É D I E D E LA P
C E V O L U M E , L E O N Z I È M E D E « L ' E N C Y C L O P É D I E D E LA P L É I A D E », P U B L I É E AUX É D I T I O N S G A L L I M A R D , SOUS LA D I R E C T I O N D E R A Y M O N D Q U E N E A U , A É T É R É I M P R I M É , SUR B I B L E S C H O E L L E R ET H O E S C H , E T A C H E V É D ' I M P R I M E R LE V I N G T MARS MIL N E U F C E N T Q U A T R E - V I N G T SIX, SUR LES PRESSES D E L ' I M P R I M E R I E S A I N T E - C A T H E R I N E , A B R U G E S . E N C Y C L O P É D I E DE LA P L É I A D E L'HISTOIRE ET SES MÉTHODES V O L U M E P U B L I É SOUS LA D I R E C T I O N DE C H A R L E S S A M A R A N , DE L ' I N S T I T U T ( Ç ) 1961, Editions Gallimard. PREFACE L 'HISTOIRE eff-elle « le plus dangereux produit que la chimie de l'intelletf ait ptt élaborer » (Paul Valéry ) ? Convient-il, au contraire, de « la mettre au nombre des plus hautes vocations auxquelles puisse se consacrer un homme » (H. I. lvIarrou) ? Entre ces deux affirmations contradictoires notre choix eft fait. Nous savons que l'histoire eft une science difficile, condamnée à n'atteindre que par des chemins malaisés une vérité toujours relative. Nous savons aussi de combien de manières diverses on l'a comprise au cours des âges, chaque génération apportant sa pierre au temple grandiose et toujours inachevé de Clio. N'em- pêche que l'histoire eft un besoin profond de l'humanité pensante et que, si elle n'exiffait pas, il faudrait l'inventer. C'eft à discuter et à préciser de telles notions, à les rassembler, si possible, en corps de doctrine que vise le présent ouvrage, dont l'équivalent exatl n'exiffe, à notre connaissance, dans aucune langue. Il voudrait dire avec quoi et comment se fait l'hiftoire digne de c e nom, pour aboutir à tracer, en touches à la fois larges et précises, le portrait de l'hiftorien idéal tel qu'après des siècles de tâtonnements peuvent se le représenter les hommes qui se sont efforcés, avec le plus d'acharnement et de bonheur, d'en cerner l'image. Ils sont déjà trop, et leur nombre, malheureusement, ne cesse de s'accroître, ceux pour qui l'hiftoire, simple diffratlion d'oisifs, s'accommode de n'être qu'un ramas d'hiftoriettes, plus ou moins authentiques, se prêtant à une mise en scène capable de séduire un public peu regardant. L'« hiffoire-théâtre », remplaçant l'« hiffoire-bataille » de nos grands-pères, c'eft le spetlacle que nous avons tous les jours sous les yeux; c'eft ce contre quoi il importe avant tout de réagir avec vigueur. Non que l'anecdote soit méprisable en hiffoire. Sans aller aussi loin que Mérimée, qui eÛt donné, assure-t-il, mais en riant sous cape, tout Thucydide et tout Xénophon pour les carnets intimes d'Aspasie ou de Phryné, tenons pour assuré que l'hiftorien, comme l'abeille, peut faire son miel des plus humbles fleurs. N'empêche qu'il doit en préférer certaines et qu'il eSt, dans la forêt des témoignages utilisables, des cantons privilégiés par lesquels il doit, sans s'interdire de butiner ici et là, commencer obligatoirement sa quête. Ce sont ceux précisément dont nous avons demandé à des spécialises réputés de tracer pour lui les contours, tout en lui montrant les précautions à prendre pour ne s'y point égarer et en l'encourageant à conduire, si possible, mieux encore que ses devanciers cette exploration difficile. L'économie de l'ouvrage eSt simple et peut être brièvement résumée. D'abord, proposer les meilleures définitions possibles de l'hiStoire, dire comment elle est née et s'est développée depuis l'Antiquité dans la conscience des hommes. Dégager ensuite les notions de temps et de lieu sur lesquelles elle se fonde; dans le premier cas, insister sur l'hypothèse, probablement féconde, des périodes cycliques et montrer que l'histoire, science du passé, pourrait aussi devenir un jour prescience de l'avenir; dans le second cas, rendre à la géographie la place qu'une certaine école historique lui déniait et montrer la nécessaire compénétration des deux disciplines. Entrant ensuite dans l'analyse des témoignages, matière première de l'histoire, dire à grands traits par quels moyens, sans cesse plus perfectionnés, plus sûrs, plus rapides, mais aussi moins contrôlables et partant plus dangereux pour l'historien, les hommes se sont transmis dans le passé ces témoignages et se les transmettent aujourd'hui; puis, et par voie de conséquence, montrer comment, au début des temps modernes, les progrès de certaines disciplines et techniques ont, grâce à des découvertes archéologiques exceptionnellement brillantes, ranimé l'intérêt, suscité même l'enthousiasme pour la science du passé qu'eSt essentiellement l'hiStoire et contribué ainsi grandement au progrès de la méthode historique. Vient ensuite — et c'eSt évidemment le cœur même de l'ouvrage et sa raison d'être — l'exposé pratique de cette méthode appliquée aux différents domaines sur lesquels porte la recherche des témoignages. Certains de ces domaines ont été explorés depuis longtemps, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait plus rien à y découvrir. Ce sont ceux des disciplines tradition- nelles que l'on eSt convenu d'appeler sciences auxiliaires Je l'hiStoire. D'autres sont en cours de défrichement. Il en eSt enfin dont on peut prévoir qu'ils seront un jour découverts et prospectés, car la science historique eSt, comme les autres, en continuelle évolution. Un des collaborateurs de ce volume l'a dit en termes heureux : « Chaque génération refait son histoire, non pas sur les ruines, mais sur les acquisitions de la génération précédente. Chaque inffant du présent éclaire sous un autre angle le passé, suscitant des reliefs imprévus ». C'eSt pourquoi, après avoir étudié la méthode applicable aux témoignages figurés (préhiffoire ou histoire sans textes, antiquité grecque, romaine, médiévale, qu'il s'agisse d'archéologie monumentale ou d'archéologie appliquée à de simples objets: numismatique, sigillographie, marques postales, par exemple) ; aux témoignages écrits (épigraphie, papyrologie, paléographie grecque, romaine, médiévale, cryptographie, diplomatique, ono- mastique, généalogie, héraldique) ; enfin aux témoignages enre- gistrés, dont l'importance et le nombre grandissent chaque jour (photographie, cinématographie, microfilm, machines parlantes), nous n'avons pas manqué de faire place à des disciplines, sinon toutes nouvelles, du moins renouvelées et rajeunies, qui ont maintenant acquis droit de cité chez les historiens et qui tendent soit à élargir et à approfondir leur vision, soit, et surtout, à leur servir de gardejou contre le pire danger qui les menace, l'anachronisme : linguistique, étude démographique et statistique des sociétés, histoire des mentalités ou psychologie colletlive. Après la recherche des témoignages, leur conservation et leur présentation : monuments archéologiques, objets de musées, documents d'archives, dépôts de livres manuscrits et imprimés, cinémathèques, discothèques, ténidiothèques (011 réserves de bandes magnétiques ). Point d'hiStoire sans critique préalable des témoignages, quels qu'ils soient. Aussi une setlion de l'ouvrage a-t-elle été consacrée à l'exposé, dans chacun des domaines envisagés, des précautions que doit prendre l' hifforien pour utiliser au mieux les données de toute espèce qui sont mises à sa disposition. Témoignages figurés, témoignages écrits, témoignages enregistrés, tous sont justiciables de la critique. Sur ces derniers elle eSt particulièrement difficile à exercer : on lira, croyons-nous, avec le plus vif intérêt ce qu'en ont écrit deux de nos collaborateurs, non sans songer aux précipices dans lesquels risqueront de choir les historiens de notre temps et des temps qui suivront. Cependant, comme le monde vient à peine d'entrer dans ce que l'on nomme la civilisation audio-visuelle et que le travail de l'historien ressortit encore en très grande partie à la vieille civilisation écrite, c'eSt à la critique des témoignages écrits qu'a été consacré le chapitre le plus copieux. Il mérite à tous égards une attention spéciale. Point de progrès en histoire, si l'historien riefl pas en mesure de se rendre compte de l'état des questions, de manière à ne pas recommencer sans cesse la besogne faite par d'autres, de manière aussi à voir rapidement les lacunes à combler et les moyens de les combler, s'ils existent. C'eSt l'affaire de l'investigation bibliographique rétrospetlive et courante, sujet difficile, traité ici en un chapitre si dense qu'il peut remplacer un gros volume. Plus on avance dans le temps, enfin, et plus on constate que l'hiStoire tend à s'universaliser uploads/Histoire/ 9782072430787.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 08, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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