LE RAÏS HAMIDOU NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR Le plus célèbre Corsaire algérien du XI
LE RAÏS HAMIDOU NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR Le plus célèbre Corsaire algérien du XIIIe siècle de l’hégire D’APRÈS DES DOCUMENTS AUTHENTIQUES Et pour la plupart inédits PAR ALBERT DEVOULX Conservateur des Archives arabes du Service de l’Enregistrement et des Domaines, à Alger, Membre de la Société historique Algérienne, Correspondant de la Société Académique du Var ALGER TYPOGRAPHIE ADOLPHE JOURDAN IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR Place du Gouvernement 1859 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. spenatto@club-internet.fr D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. — 3 — CHANT SUR LE RAÏS HAMIDOU Traduit de l’Arabe I L’éclair brille, la foudre gronde ; — Pour- tant l’azur des cieux n’est terni d’aucun nua- ge ; — L’air est transparent, l’horizon limpide; — La brise légère caresse la mer bleue, dont les molles ondulations miroitent au soleil en paillettes étincelantes. II Que tes yeux étonnés, voyageur, cessent de chercher le sombre nuage qui laisse échapper le tonnerre. — Ce n’est pas au fi rmament que tu trouveras ce formidable orage, c’est sur la mer. III Vois-tu là-bas ? C’est la frégate du raïs Ha- midou ? — Sa majestueuse voilure, qui se gonfl e — 4 — légèrement sous l’effort de la brise, est dorée par le soleil. — Son pavillon et sa fl amme fl ot- tent noblement dans les airs. Elle fend les fl ots avec grâce. IV De ses fl ancs redoutables jaillissent les bou- lets dévastateurs, les obus terribles, la mitraille meurtrière. — La mousqueterie pétille sur ses bastingages et dans sa mâture, et une épaisse fumée lui forme une auréole de gloire ! V Hamidou resplendit d’orgueil, son cœur est plein d’allégresse ! Il ramène une frégate portugaise et son triomphe est éclatant ! Les mécréants sont vaincus et asservis. Il se rend au palais du Sultan, traînant après lui les escla- ves chrétiens et nègres. VI Hamidou s’avance vers Tunis : il est le chef de la fl otte, et ses canons tonnent. — Le minis- tre du Bey observe avec sa longue-vue. Il leur — 5 — dit : Voici les Algériens ! Mais bientôt Hami- dou a enlevé la frégate tunisienne et il rentre triomphant, tandis que l’ennemi s’empresse d’aller cacher sa honte ! VII Fuyez, mécréants, fuyez ! Hamidou par- court les mers en maître. — Les parages qu’il a sillonnés restent vides d’ennemis. —Fuyez, infi dèles ! Que vos navires de guerre se réfu- gient à la hâte dans leurs ports ils deviendraient la proie du champion de la guerre sainte ! — 6 — Faites la guerre à ceux qui ne croient pas en Dieu, ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apô- tre ont défendu, et ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent point la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils paient le tribut de leurs propres mains et qu’ils soient soumis. O croyants ! combattez les infi dèles qui vous avoisinent ; qu’ils vous trouvent toujours sévères à leur égard. Sachez que Dieu est avec ceux qui le craignent. (Coran, chap. IX.) LE RAÏS HAMIDOU I La partie septentrionale de l’Afrique qui regarde l’Espagne, la France et l’Italie a été pendant plusieurs siècles la patrie d’audacieux pirates. Un des côtés de ce beau bassin qu’en- tourent tant de peuples civilisés était devenu sans partage le lot de la barbarie, et les barba- res avaient su se rendre redoutables aux nom- breux navires qui parcourent la Méditerranée. La Régence d’Alger, placée au centre des pro- vinces barbaresques, avait conquis le premier — 8 — rang par le nombre et la hardiesse de ses rapi- nes. Les tributs qu’elle avait réussi à imposer à la plupart des puissances maritimes chrétien- nes, ne leur étaient pas toujours une garantie suffi sante contre ses corsaires. Aujourd’hui ces souvenirs sont bien effa- cés, et les navires qui passent journellement en vue des côtes nord de l’Afrique ne pensent guère aux anxiétés qu’ils auraient éprouvées dans ces parages, un demi-siècle plus tôt. En effet, la France est intervenue avec sa puissante autorité, et, coupant le mal dans sa ra- cine, elle a planté son drapeau sur les remparts des forbans, et a fondé en Algérie un établisse- ment qui sera l’une de ses plus belles gloires et la base de la civilisation du nord de l’Afrique. Le royaume de Maroc et les Régences de Tunis et de Tripoli, jadis les émules du boulevard de la guerre sainte, comme s’intitulait orgueilleu- sement Alger, tremblent maintenant devant leur redoutable voisin, et si les pirates du Rif semblent quelquefois protester contre cette in- fl uence, c’est là un signe providentiel qui en- seigne aux nations civilisées que les barbares — 9 — ne se courbent que devant une force irrésisti- ble et continue. Pour moi, qui suis à même de fouiller dans les souvenirs écrits que nous ont légués les for- bans, ces événements sont pleins de fraîcheur. En trouvant dans ces vieilles archives musquées des noms chrétiens estropiés par l’écrivain turc ou arabe qui les a tracés, je me prends à rêver à ces infortunes mystérieuses et à bâtir un ro- man sur ces existences brusquement asservies par de stupides et fanatiques pillards. Que de larmes répandues, que de désespoirs dont il ne reste d’autre trace que la mention incomplète dont un secrétaire ignorant a émaillé son re- gistre informe ! Qui donc pourrait reconstruire ces drames lugubres dont, après des siècles, il m’est donné de retrouver de vagues indices ! Je ne me propose pas ce résultat impossible, mais je me suis voué, du moins, à la tâche ingrate d’exhumer les matériaux qui peuvent être de quelque utilité pour l’histoire de cette contrée où la France accomplit noblement une noble mission. Parmi les documents inédits que j’ai eus à — 10 — ma disposition, il en est un qui a particuliè- rement attiré mon attention : c’est un registre ouvert en 1765, pour la tenue des écritures re- latives au partage des prises amenées par les corsaires algériens. Ce registre était confi é à un agent du gou- vernement, ayant le titre de Khodjet el R’enaïm, c’est-à-dire : secrétaire des prises maritimes. Sauf les omissions que la grossièreté des roua- ges administratifs de la Régence et la mauvaise foi de ses agents autorisent à supposer, ce do- cument offi ciel, resté inconnu jusqu’à ce jour, permet d’apprécier les ravages que les pirates ont exercés pendant soixante-cinq ans, et ren- ferme des détails curieux et intéressants à plus d’un titre. C’est dans ce registre, auquel je donnerai le nom de Livre des prises maritimes, que j’ai puisé la plus grande partie des renseignements que je me propose de donner sur le raïs Hami- dou. Si j’ai choisi ce raïs(1) pour en faire l’objet de ____________________ (1) Capitaine de Marine. — 11 — mes études et le livrer en pâture à la curiosité profane des infi dèles, ce n’est pas sans motifs. Il s’est rendu célèbre par de nombreux exploits et a même eu la gloire insigne de ramener triomphalement des navires de guerre. Cette dernière assertion peut paraître hasardée, mais j’espère bien que la suite de ce récit fera entrer la conviction dans tous les esprits. Mon principal but étant de présenter des faits pris à des sources authentiques et offrant de l’intérêt au point de vue de l’étude de la Marine de l’ancienne Régence d’Alger, je ne puiserai que sobrement dans les détails que la tradition peut avoir transmis relativement aux faits et gestes du plus célèbre capitaine de la fl otte algérienne. Les renseignements de cette nature sont, en effet, très sujets à caution, et on ne doit en user qu’avec beaucoup de précau- tion et sous toutes réserves. Cependant dans un pays où les écrits en général, et les mémoires en particulier, sont si rares, il faut bien, en dé- fi nitive, se résigner à consulter et à employer la tradition, sous peine de ne jamais rien ache- ver, et, dans cette circonstance, j’en prends — 12 — d’autant plus volontiers mon parti que les ren- seignements authentiques que je possède ne constitueraient peut-être pas, à eux seuls, un tout suffi samment complet et surtout suffi sam- ment varié. II Il est assez d’usage, en biographie, de tra- cer un portrait quelconque du héros et de par- ler longuement de son physique avant d’entre- prendre le récit de ses prouesses. Je regrette que les usages musulmans m’aient enlevé les moyens d’employer le crayon au lieu de la plume : n’eût été plus court et plus ressemblant. Tout ce que je puis dire de mon raïs, c’est qu’il était de taille moyenne mais bien prise, et qu’il avait le teint blanc, les yeux bleus et le poil blond. Conformément à la mode immémoriale des raïs, il se rasait toute uploads/Histoire/ albert-devoulx-rais-hamidou.pdf
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- Publié le Oct 14, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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