Jan van der Straet - Le laboratoire de l'alchimiste (1551). Laboratoire de l'al
Jan van der Straet - Le laboratoire de l'alchimiste (1551). Laboratoire de l'alchimiste Hans Vredeman de Vries (vers 1595). ḳm.t Alchimie L’alchimie est une discipline qui peut se définir comme « un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux » . L'un des objectifs de l'alchimie est le grand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, principalement des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles comme l'argent ou l'or. Cet objectif se fonde sur la théorie que les métaux sont des corps composés (souvent de soufre et de mercure). Un autre objectif classique de l'alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie. La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. Des pensées et des pratiques de type alchimique ont existé en Chine dès le ive siècle av. J.-C. et en Inde dès le vie siècle. L'alchimie occidentale, quant à elle, commence dans l'Égypte gréco-romaine au début de notre ère, puis dans le monde arabo-musulman, d'où elle se transmet au Moyen Âge à l'Occident latin, où elle se développe à la Renaissance et jusqu'au début de l'époque moderne. Jusqu'à la fin du xviie siècle les mots alchimie et chimie sont synonymes et utilisés indifféremment. Ce n'est qu'au cours du xviiie siècle qu'ils se distinguent et que l'alchimie connaît une phase de déclin, sans toutefois disparaître totalement, alors que la chimie moderne s'impose avec les travaux d'Antoine Lavoisier, et la découverte que les métaux sont des « substances simples ». L'étymologie du terme alchimie est discutée (grammatici certant). Le mot « alchimie » viendrait de l'arabe الكيمياء, al- kīmiyāﺀ venant lui-même du grec ancien khumeia / khêmeia. Le terme apparaît dans le vocabulaire français au xive siècle, par le latin médiéval alchemia. Les termes alchimie et chimie (en latin alchemia et chemia, ou alchymia et chymia) sont restés strictement synonymes jusqu'au début du xviiie siècle, avec notamment l'ouvrage polémique d'Étienne-François Geoffroy, Des supercheries concernant la pierre philosophale (1722) . Différentes hypothèses ont été avancées pour l'origine du mot en arabe . Le mot arabe proviendrait du mot grec Χεμεια khemeia , désignant également la chimie dans son acception moderne, ou bien du grec χυμεία, khymeia désignant un mélange, une mixture. Le philologue Hermann Diels, dans son Antike Technik (1920) y voyait la « fusion », du grec ancien khumeia / khêmeia, signifiant « art de fondre et d'allier les métaux ». Kimiya pourrait également venir du mot copte kēme (ou son équivalent en dialecte bohaïrique, khēme), lui-même dérivant du grec kmỉ, correspondant au moyen égyptien ḳm.t, désignant la terre noire, la terre alluvionnaire et par extension l'Égypte (Χημία) . Alchimistes gréco-alexandrins Pour Michèle Mertens : « Il est maintenant généralement admis que l'alchimie [occidentale] est apparue dans l'Égypte gréco-romaine vers le début de notre ère, et qu'elle est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs, les plus remarquables étant (1) les pratiques des orfèvres et forgerons égyptiens qui travaillaient sur les alliages et savaient dorer les métaux ; (2) la théorie de l'unité fondamentale de la matière, selon laquelle toutes les substances sont composées d'une matière primitive et doivent leurs spécificités à la présence de différentes qualités imposées à cette matière ; (3) l'idée que le but de toute technique doit être la mimesis de la nature ; (4) la doctrine de la sympathie universelle, selon laquelle tous les éléments du cosmos sont reliées par des sympathies et antipathies cachées qui expliquent toutes leurs combinaisons et séparations. La rencontre de ces différentes tendances de pensées amena l'idée que la transmutation était possible, ainsi que des rêveries mystiques influencées par les courants gnostiques et hermétistes, et favorisées par le déclin du rationalisme grec . » Henri-Dominique Saffrey sépare les textes d'alchimie grecque ancienne et byzantine en trois groupes successifs : 1. Les recettes : Ce groupe se compose de trois documents: deux recueils sur papyrus, conservés à Leyde et à Stockholm datés de 300 apr. J.-C. , dits papyri de Leyde et de Stockholm. À l'exception du « papyrus magique de Londre et de Leyde » (P. Leiden/London (https://re search.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?assetId=933551001&objectId=114184&partId=1); TM 55955 (https://www.trismegistos.org/text/55955)), qui contient une recette de « rouille d'or » , ces deux recueils sont les seuls manuscrits d'alchimie grecque antique. À ce premier groupe s'ajoute les Quatre livres attribués à Démocrite, ouvrage maintenant fragmentaire et daté de la seconde moitié du ier siècle . À l'exception des papyrus, tout le reste de la tradition alchimique grecque nous provient d'un ensemble relativement homogène de manuscrits byzantins datés au plus tôt de la fin du xe siècle appelé « corpus alchimique grec » . 2. Les auteurs alchimiques : ce groupe, daté du troisième à la fin du IVe siècle apr. J.-C., se compose principalement de l'œuvre de Zosime de Panopolis. À cette œuvre se rajoutent de courts traités attribués à Pélagios et Jamblique, un dialogue anonyme entre Cléopâtre et les « philosophes » (i.e. alchimistes) et plusieurs autres fragments généralement attribués à des personnages légendaires ou inconnus (Ostanes, Agathodaimon, Moïse). 3. Les commentateurs : Saffrey date le début de la période des commentateurs à la fin du quatrième siècle. Parmi ces commentateurs, on compte un commentaire du pseudo-Démocrite intitulé Le philosophe Synésius à Dioscorus (ive siècle) et un commentaire sur Zosime attribué à un certain Olympiodore d'Alexandrie, parfois dit « l'alchimiste » afin de le distinguer du célèbre philosophe néoplatonicien, généralement daté du vie siècle . Viennent ensuite l'œuvre importante attribuée à Étienne d'Alexandrie ainsi que quatre poèmes N 1 Étymologie 1 2 3 4 Historique Alchimie gréco-alexandrine 5,6 7,8 9 10 11 12 13 14, 15 Une page du papyrus de Stockholm. alchimiques, attribuées à Héliodore, Théophraste, Hiérotheos et Archélaos (viie siècle). Le commentateur dit « le Chrétien » serait à dater entre les viie et viiie siècles. Des nombreux textes d'époque byzantine, on peut nommer ceux de Michel Psellus (xie siècle) et de Nicéphore Blemmydès (xiiie siècle) . Selon Zosime de Panopolis, l'alchimie telle qu'elle était pratiquée à son époque tirait son origine des cultes égyptiens. Dans un traité généralement appelé le « Compte Final », Zosime présente une courte histoire des techniques minéralurgiques et de deux types de « teintures » (βαφαί), les teintures « naturelles» (φυσικά) et les teintures « non naturelles » (ἀφυσικά). L'alchimie y est décrite comme un art ayant été jadis caché et monopolisé par les prêtres égyptiens et leurs « démons terrestres » (ϙϙ [c’est-à-dire δαίμονες] περίγειοι), que Zosime appelle aussi « gardiens des lieux » (οἱ κατὰ τόπον ἔφοροι). Il s'agit vraisemblablement des dieux égyptiens, qu'il présente comme des démons menteurs promettant le succès dans la pratique des teintures en échange de sacrifices. Zosime a manifesté un intérêt pour les pratiques des prêtres des temples égyptiens dans deux autres traités et semble les avoir considérés comme les derniers spécialistes de l'alchimie : dans Sur les appareils et les fourneaux, il mentionne avoir visité « l'antique sanctuaire de Memphis » où il a vu un fourneau tombé en pièces ; une traduction syriaque d'un traité de Zosime Sur le travail du cuivre montre aussi son intérêt pour des pratiques métallurgiques liées à la fabrication et la coloration des statues du culte égyptien . Bien que Zosime attribuât les pratiques alchimiques de son temps à celle des prêtres égyptiens, il n'attribuait pas leur origine à un peuple ou à un groupe de prêtres en particulier, mais plutôt à l'enseignement des anges déchus, qui aurait été consigné dans un traité perdu intitulé le "Chemeu" . Plutôt que de suivre les traditions égyptiennes, qu'il croyait avoir été corrompues par l'influence de "démons", Zosime cherchait à reconstituer l'authentique doctrine alchimique par une exégèse méticuleuse des textes, et plus particulièrement, par l'interprétation des textes attribués à Démocrite, qu'il croyait être le seul à avoir fait allusion au Chemeu . François Daumas voit un lien entre la pensée égyptienne et l'alchimie gréco-égyptienne, à travers la notion de pierre, pierre à bâtir ou pierre philosophale . Garth Fowden, cependant, juge l'interprétation de Daumas trop optimiste : « dans le cas de l'alchimie, les anciens Égyptiens sont connus pour s'être intéressés à l'origine et à la nature des pierres précieuses et des métaux, et les textes alchimiques grecs de l'Antiquité tardive contiennent diverses allusions à l'Égypte et à ses traditions, mais nous n'y trouvons rien d'analogue à l'évolution, sans solution de continuité, de la magie pharaonique à la magie gréco-égyptienne. Le même discours vaut pour l'astrologie. » . Shannon Grimes a émis une thèse semblable à celle de Daumas, Festugière et Mertens. Selon Grimes, Zosime de Panopolis (c. 300 ap. J.-C.), un des premiers commentateurs de textes alchimiques, aurait été prêtre d'un culte égyptien et aurait adapté les traditions égyptiennes concernant la création et la consécration des statues de cultes, notamment le rite de l'ouverture de la bouche, aux traditions uploads/Histoire/ alchimie.pdf
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- Publié le Mai 24, 2021
- Catégorie History / Histoire
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