II1ST01KK DES PERSÉCUTIONS PENDANT LES DEUX PREMIERS SIECLES D APRÈS LES DOCUME
II1ST01KK DES PERSÉCUTIONS PENDANT LES DEUX PREMIERS SIECLES D APRÈS LES DOCUMENTS ARCHÉOLOGIQUES PAUL ALLARD PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE 90, Bl I BONAPARTE, 90 1885 ALLARD, P. (1885): Histoire des persecutions pendant les deux premiers siècles. Paris: Librairie Victor Lecoffre FEB 291960 INTRODUCTION. i. L'histoire «les persécutions, ou, pour employer un mot pins large, l'histoire de la politique reli- gieuse «le l'État romain pendant les trois premiers Biècles <lu christianisme, comprend deux périodes. Au premier siècle, l'Église, à peine sortie du berceau, est déjà connue de l'État. Il la distingue du judaïsme, car il permet aux Juifs d'exister et per- Bécute les chrétiens. La persécution reçoit au com- mencement du deuxième siècle une forme régulière, permanente, par le rescrit de Trajan à Pline, fixant la jurisprudence à suivre au sujet des accusés de christianisme. Le deuxième siècle tout entier b 5 - (Mule ><iiiv | t . régime établi par le reseril de Irajan; c'est contre lui (jue protestent les apologistes, et c'est lui qu'appliquent successivement, san> le modifier dan» son fond, Hadrien. Antonin, Marc- Alirele. Dès le delmt du troisième siècle la situation change. A la faveur des lois nouvelles sur les asso- il INTRODUCTION. dations, l'Église est arrivée à la possession du sol, s'esl révélée à l'État comme une corporation réguliè- rement organisée, capable de lutter et de traiter de la paix. C'est ainsi que désormais il l'envisagera. Septimc Sévère lance un édit contre la propagande chrétienne. Une violente mais courte persécution est suivie d'une longue trêve, qu'interrompt une rapide reprise des hostilités sous Maximin. Les persécutions de Dèce, de Valérien, d'Aurélien, de Dioctétien sont des guerres terribles : elles se ter- minent par de vrais traités de paix, où l'État rend à l'Église ses biens confisqués, et implicitement lui reconnaît le droit à l'existence. Le dernier de ces traités est l'édit de 313, qui met fin pour jamais aux persécutions. Désormais, par la conversion de Constantin, un nouvel ordre de choses s'établit : le monde romain va expérimenter pendant plusieurs siècles le régime de l'union de l'Église et de l'État. .Mesurer exactement les temps où l'Église, au (ours de cette lutte, put respirer, et ceux où le glaive de la loi s'appesantit sur elle, est à peu près impossible. Les persécutions ne furent point les mêmes partout et toujours. Il y en eut de géné- rales et il y en eut de locales. On vit quelquefois des fidèles aller, d'une province où ils étaient persécutés, dans une autre, où ils étaient laissés en repos. Cependanl on peut se rendre un compte approxi- matif des alternatives de ligueur et de tolérance par INTRODUCTION. m lesquelles, en trois siècles, passa la société chré- tienne. Jusqu'à Néron, l'Église a grandi dans l'om- bre et le silence. La persécution éclate au lendemain de l'incendie de Rome, à la lin de juillet (H. L'im- pulsion sanguinaire donnée par le tyran dure quatre ans. De la mort de Néron à l'avant-dernière année de Domitien, l'Église connaît de nouveau le repos. Pendant deux années elle éprouve la cruauté île celui que Tertullien appelle « un demi-Néron . » Les rigueurs reprennent, avec une allure plus uni* forme, dès le commencement de Trajan. Jusqu'au milieu du règne de Commode elles ne cessent plus : la persécution ne se déchaîne pas partout à la fois; mais il y a presque toujours de la persécution quel- que part, tantôt en vertu des accusations régu- lières exigées par le rescrit de Trajan, tantôt à la suite d'émeutes populaires vainement réprimées par des rescrits d'Hadrien et d'Antonin. Du milieu du règne de Commode au milieu de celui de Sévère, le- chrétiens purent enfin jouir d'environ quinze années de paix, qui forment comme la transition entre l< i régime de la persécution par rescrit, en vigueur pendant tout le deuxième siècle, <'t celui de la persécution par édit, qui sévit avec intermittence pendant le troisième. En 202, Septime Sévère l'inaugura, ajoutant à l'initiative des accusations régulières, seules prévues par le rescrit de Trajan, la recherche do<, chrétiens ,s INTRODUCTION. par le pouvoir, que ce rescrit ne permettait point. De la mort de Sévère à l'avènement de Maximin, les chrétiens goûtèrent vingt-quatre années de tran- quillité, presque de faveur. Les trois ans du règne de .Maximin furent pour eux une nouvelle crise. Douze ans de paix suivirent. Une réaction cruelle se produisit sous Dèce. Les quatre premières années de Valérien furent favorables à l'Église; pendant trois ans la persécution sévit avec fureur. Depuis 259, époque de l'édit de paix de Gallien, jusqu'à 27 i, où Aurélien déclara de nouveau la guerre, les chrétiens eurent quinze années de repos. On en peut compter vingt entre la courte persécution d'Auré- lien et les commencements de celle de Dioclétien. Dix-sept ans de guerre suivirent : ce fut la plus terrible et la dernière épreuve. De Oi, date de la persécution de Néron, à 313, date de l'édit de Milan, deux cent quarante-neuf ans s'étaient écoulés : l'Eglise avait traversé six années de souffrances au premier siècle, quatre- vingt-six au second, vingt-quatre au troisième, treize au commencement du quatrième; elle avait été persécutée, en tout, pendant cent vingt-neuf ans; cent vingl années de repos, dont vingt-huit au premier siècle, quinze au second, soixante-sei/c an troisième, lui avaient permis de réparer ses pertes cl de se préparer a <lc douveaux combats. INTR0D1 CTION itte courte synthèse de deux siècles et demi de luttes permet de juger au prix de combien de sang le christianisme acheta la victoire. Sans doute, la persécution ne l'ut pas continue, comme quelques- uns le croient : elle sévit par intervalles, v.y-y. xaipouç, -don le mot souvent cité d'Origène, Dieu ne voulant pas, ajoute-t-il, (pie la race des chrétiens lût entiè- rement détruite, xaAtîovnK ®eoû to --}.-/ i/.-^/.vj.r.'y'ryy.: x0rû>v£6voç 1 . Pendant le second siècle, les magis- trats ne les poursuivent pas d'oflice : un chrétien n'est condamné que si un accusateur le défère au tribunal, suivant les règles de la procédure ordi- naire. Au troisième siècle, les édita impériaux or- donnent aux magistrats de rechercher pour les punir les membres de l'Église, instituant ainsi con- tre eux une procédure exceptionnelle; mais d'autres • dit- \iennent toujours, après un temps plus ou moins long, suspendre ces rigueurs : il s'établit alor> entre l'Église et l'État, de la tin (Tune persé- cution au commencement d'un autre, une sorte de concordat tacite, que l'Étal peut toujours dénon- cer, mais qui assure ;i l'Église, eu attendant, un i Contra Celsum, III, l<>. m INTRODUCTION. modus vivendi régulier et presque légal. Celle-ci ne passa pas trois siècles exposée sans relâche au fer des bourreaux, à la dent des bêtes, à la flamme des bûchers, ou réduite à se cacher sous terre et à dissimuler son existence aux pouvoirs publics : aucune société n'eût pu durer dans ces conditions. M;iis de ce que la persécution ne sévit pas continuel- lement, on ne saurait conclure que les persécutions ne furent pas meurtrières. La thèse sur le petit nom- bre des martyrs, soutenue il y a deux cents ans par le célèbre commentateur anglais de saint Cyprien, Henri Dodwell, ne peut se défendre. Ruinart la réfuta cinq ans après son apparition. On pourrait ajouter beaucoup aujourd'hui à la savante dis- sertation qui remplit les paragraphes deux et trois de la Préface des Acta martyrum sincera : la criti- que la plus sévère ne trouverait qu'un petit nombre de lignes à en retrancher. Tillemont, si prudent, si sagace, si éloigné de tout excès, et dont l'admira- ble sincérité n'a d'égale que son immense érudition, Domme quelquefois Dodwell pour le réfuter sur des détails; mais surtout il lui répond par l'ensemble de son œuvre : les cinq premiers volumes des Mé- moires sur l'histoire ccclniastiquc ne laissent pas subsister In thèse du savant anglais. De nos jours, dans «le- régions scientifiques où Ruinart et Tille- niMiit -<> sentiraient singulièrement dépaysés, les idées de Dodwell, d'abord accueillies avec faveur, INTRODI l TiON. mi sont il»' plus « - ii plus abandonnées. Biles viennent, il e^t vrai, d'être reprises par M. Bavet, dans lé der- ii it-i volume de Bon ouvrage sur le Cfiristianisme ei Origines ; mais l'auteur se montre si peu préparé à traiter ces questions, si peu familier avec les sbur- s, et commet en quelques pages de telles erreurs de détail, qu'il sérail superflu de lui répondre : après avoir lu le chapitre consacré aux persécutions, on regrette plus vivement encore que par le passé l'illusion < { ii i a entraîné un brillant espril de la criti- que littéraire, où il est maître, vers la critique reli- gieuse, pour laquelle il n'était point fait. Des histo- riens mieux renseignés, M. Aube, par exemple, >e dégagent davantage chaque jour de la théorie pro- posée par Dodwell. On en trouverait des traces fréquentes dans V Histoire des persécutions de VÉglise jusqu'à la fin des Antonins; elle est moins apparente dans les Chrétiens dans l'empire romain de la fin des Antonins an milieu du troisième siècle; on peut pré- voir le uploads/Histoire/ allard-p-1885-histoire-des-persecutions-pendant-les-deux-premiers-siecles.pdf
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- Publié le Oct 30, 2021
- Catégorie History / Histoire
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