APOCALYPSIS À PARAÎTRE CAVALIER ROUGE : EDO (janvier 2012) CAVALIER NOIR : MAXI
APOCALYPSIS À PARAÎTRE CAVALIER ROUGE : EDO (janvier 2012) CAVALIER NOIR : MAXIMILIAN (mai 2012) CAVALIER PÂLE : ELIAS (mai 2012) OMEGA (septembre 2012) Et mon Créateur vint s'adresser à son humble serviteur endormi, aux nuits de sa captivité, afin de lui tenir ce discours : « Quand les temps s'achèveront, au crépuscule du Monde, rien de ce qui se déroulera n'aura été vu par un regard d'Homme. Les signes annoncés à Jean le bien-aimé se réaliseront et tous sauront que ma Parole est juste et bonne. Garde mes mots dans ton oreille car il te faudra répéter cet enseignement aux générations pour qu'il se répande comme les eaux du temps de Noé. Au jour du Jugement, tous devront être prêts à se présenter devant Moi. Ils seront escortés par les Quatre Êtres dont la seule vision emplira d'épouvante l'homme corrompu et rassérénera le juste de cœur. Le premier Être ressemblera à l'ange, beau et pur de figure. Son esprit sera semblable à un écheveau que le meilleur tisserand d'Egypte ne saurait démêler. Son intelligence sera l'infini : insondable par l'Homme. Je ferai descendre sur lui le sceau de la Fin, pour le rendre distinct d'entre tous et provoquer grande crainte parmi eux. Là où bat le sang de sa vie, Je poserai la Marque. Il sera le premier. Son frère en sagesse est Salomon. Son frère en courage est David. Son frère en ruse est Joseph. Sa croissance se fera loin de son père, loin de sa mère, comme jadis Moïse recueilli par la fille de Pharaon. Il n'aura besoin d'aucun Homme et ne trouvera grande consolation qu'en Moi. Il sera le pouvoir et la force. Il sera la conquête et la victoire. Telle est ma promesse pour le Monde présent, Saul. Pour le Monde passé et le Monde à venir. » Saul de Tarse (né en 8 à Tarse - mort en 67 à Rome) Extrait de Prophéties des Songes, écrits retrouvés sous l'Église San Paolo alla Regola à Rome. « Et ma vision se poursuivit. Lorsque l'Agneau ouvrit le premier des sept sceaux, j'entendis le premier des quatre Vivants crier comme d'une voix de tonnerre : « Viens ! » Et voici qu'apparut à mes yeux un cheval blanc ; celui qui le montait tenait un arc ; on lui donna une couronne et il partit en vainqueur, et pour vaincre encore. » Apocalypse 6, versets 1 & 2. « Nous aurons le destin que nous aurons mérité. » Albert Einstein. 1 - « Alice, c'est l'heure ! » Chaque matin, c'est pareil. Maman croit qu'il est nécessaire de venir me réveiller. Elle ignore que je ne dors pas. Je ne dors quasiment jamais. J'ai cessé quand je me suis rendu compte que c'est tout à fait superflu. L'unique utilité du sommeil est la mise au repos de notre cerveau. Le mien est une mécanique bien huilée qui ne s'enraye en aucune circonstance. Je pourrais tenter de m'assoupir mais cela reviendrait bêtement à perdre des heures précieuses, allongée et les paupières closes. Je ne souffre pas de la fatigue. Je ne me l'explique pas. J'ai lu un jour que les requins ont cette particularité. Ils ne dorment pas. Leurs petits yeux noirs et fixes ne se ferment jamais. Ils se tapissent dans les fonds marins et attendent simplement, entre deux repas sanglants. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça, ce matin. En vérité, je pense à un tas de choses, tout le temps. J'ai une sorte de mémoire informatique, avec scanner et magnétophone intégrés. En dépit du fait que je n'y investisse aucune énergie et que je ne fournisse pas le moindre effort, j'enregistre toutes les données et informations qui coulent dans mes conduits auditifs ou passent devant mes yeux. Papa m'appelle Alictionnaire. Ça le fait rire. Il est touchant. Il parait que je suis comme ça depuis toujours. - « Alice ? Tu es levée ? » Bien sûr que je suis levée. Je suis prête depuis des heures. Je jette un coup d'œil au miroir avant de sortir de ma chambre. Parfaite. Nul ne se douterait que je n'ai pas dormi depuis plus de quatre jours. Je réajuste une mèche de mes cheveux blonds. Non que je sois coquette mais je déteste être débraillée. Je laisse le look faussement négligé, mais consciencieusement étudié, à la horde d'épouvantails humains qui peuple mon lycée. Je descends les escaliers en ajustant ma besace lourde de mon ordinateur portable. Je l'ai bricolé pour qu'il soit le plus performant possible. Il contient mes manuels, mes devoirs, tout ce qui est nécessaire à ma scolarité et bien plus encore. J'ai eu un peu de mal à le faire accepter à mes professeurs mais ils ont bien été obligés de s'adapter. Ce sont les autres qui s'adaptent à moi. Pas l'inverse. - « Je t'ai pressé une orange ! C'est plein de vitamines, ma chérie ! » J'étouffe un soupir et une envie difficilement répressible de lui dire que oui, essentiellement de la vitamine C. L'orange appartient par ailleurs au groupe des agrumes, avec le citron, le pamplemousse et la bergamote. On décompte nombre de variétés, parmi lesquelles la bigarade, la jaffa, le navel, la sanguine, la valence, la raphaela ou l'ambersweet. Historiquement elle vient de Chine mais elle est désormais surtout produite aux États-Unis et au Brésil. Immédiatement me viennent des notions de calibrage, prix au kilogramme, rendement par arbre fruitier. Je peux sentir la texture de l'écorce, le crissement subtil quand on épluche le fruit. Je peux deviner le nombre de pépins contenu dans chaque quartier. Des recettes de mousses, gâteaux, sirops et marmelades m'apparaissent. L'image d'un tableau de Cézanne. La carte de la ville d'Orange. Le film « Tintin et les oranges bleues ». Mais je choisis de me taire, une fois de plus. Ma mère, à l'image de la plupart des gens, subit les corrections et tentatives d'amélioration de ses connaissances comme des humiliations. Je sais que maman est sensible et légèrement complexée par ses lacunes. Elle ne dit jamais que je suis un génie. Elle préfère des termes plus flous, vagues. Diplomates. « Précoce », « vive d'esprit », « mature ». Elle a toujours refusé que je saute des classes et n'a accepté l'évaluation de mon quotient intellectuel qu'à contrecœur, vaincue par l'enthousiasme et la curiosité paternels. J'avais dix ans et j'ai obtenu 164. 4 points de plus qu'Einstein. 1 de moins que Mozart. Ce serait flatteur si j'apportais autant de crédit que mes parents à ce type de tests ineptes. - « Je préférerais un café, maman, si tu veux bien. » Elle n'aime pas ça. Ces signes avant-coureurs de l'âge adulte. Elle aurait probablement adoré que je reste une enfant friande de chocolat chaud et de balançoire. Le hic c'est que je n'ai jamais été réellement attirée par le chocolat. La découverte gustative passée, cela ne présentait plus grand intérêt. Quant aux balançoires, ce mouvement de va-et-vient simpliste distrait probablement les enfants ordinaires et un peu niais, moi non. J'avale rapidement mon café noir. Il est assez mauvais, il faut bien le reconnaître. J'embrasse maman et je pars. Je déteste être en retard. L'exactitude est la politesse des rois, paraît-il. J'aimerais rencontrer Elizabeth II pour m'assurer de la véracité de l'adage. En tout cas, elle est ma politesse à moi. Il ne faut pas croire que je sois excitée ou particulièrement heureuse de me rendre au lycée. Je n'ai pas d'amis. C'est le sort dévolu aux élèves un peu différents, j'imagine. J'ai bien analysé les raisons du rejet collectif dont je suis l'objet. Mon intelligence est la seule explication à ma solitude, même si je concède que mon mépris de la médiocrité y est aussi pour quelque chose. Je ne suis pas grande gueule. Je n'ai jamais fréquenté le copain d'une autre fille. En fait, je n'ai jamais flirté tout court. Je ne suis pas violente, ni gratuitement insultante. Je ne suis pas laide. Je suis même très jolie, je pense. Attention, je ne m'en vante pas parce que je n'en tire pas la moindre fierté. La beauté est une chose très surfaite. Ça ne requiert aucune compétence, pas le moindre talent ou mérite. J'en veux pour preuve la quantité de belles filles totalement idiotes à déplorer ou la masse de jolis garçons bêtes comme une valise sans poignée. D'ailleurs... - « Salut Alice! Je te dépose ? » Une règle de l'Univers veut que les ânes bâtés de terminale, même les redoublants, parviennent toujours à décrocher leur permis de conduire. Comme quoi, cela relève plus de réflexes instinctifs que de l'intellect à proprement parler. Je suis prête à parier que des chimpanzés habilement entraînés arriveraient au même résultat. Nos cadors du lycée conduisent généralement une épave sur châssis, faisant vrombir leurs moteurs souffreteux et asthmatiques comme s'il s'agissait là d'un exploit en soi. - « Non merci. Je préfère marcher. » - « Allez, Alice ! Ne te fais pas prier, grimpe ! » Personne ne m'a jamais offert de me uploads/Histoire/ apocalypsis-t1 1 .pdf
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- Publié le Apv 22, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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