1 Quel point commun peut-on trouver derrière leurs façades restaurées ou leurs
1 Quel point commun peut-on trouver derrière leurs façades restaurées ou leurs murs consolidés entre les anciennes case- mates à Mons, le château des Princes de Mérode à Rixensart, la chapelle de Wartet à Namur, la maison espagnole à Soignies, la brasserie Rivière à Ath, l’an- cien Manège et la «belle maison» à Verviers ou encore la chapelle Saint- Roch à Perwez? Tous ces monuments classés étaient, voici quelques années, soit dans un état de délabrement avancé, soit proches de l’écroulement, soit encore menacés de démolition, ou le tout à la fois. Ils n’étaient et ne sont toujours pas seuls dans cette situation délicate et parfois désespérée, bien sûr, mais s’ils ont retrouvé aujourd’hui toute leur assise ou leur éclat voire une nou- velle vie, c’est grâce au travail opiniâtre des agents de la Cellule immobilière de l’Institut du Patrimoine wallon, qui ont dû dans la plupart des cas «remuer ciel et terre», au cours d’un processus long de plusieurs années le plus souvent, pour empêcher l’irrémédiable, concevoir des projets, mobiliser des énergies et des fonds, vaincre des inerties ou des incom- préhensions et remplir, en fin de compte, la mission de sauvetage des monuments menacés qui est celle de l’IPW depuis sa création. Derrière les impressionnants chantiers en cours sur l’ancienne Maison du Peuple à Poulseur (Comblain-au-Pont), sur l’an- cien triage-lavoir du Centre à Binche (dont la démolition avait été décidée en 2000), sur les façades du Waux-Hall à Spa (qui était à l’abandon depuis 1992), derrière les travaux de l’hôtel d’Irlande également à Spa (vide depuis des années), la résurrection du château Le Fy à Esneux (abandonné depuis son incendie voici 20 ans), les travaux de réaffectation des tours du château de Beauraing et de l’ancien couvent des Augustins à Enghien, la consolidation du château d’Havré et le sauvetage de la maison Bauwens à Verviers, c’est encore la main – tantôt discrète, tantôt moins – de l’IPW qui se retrouve, que l’Institut ait contribué à empêcher la destruction d’un bien, relancé la restau- ration d’un autre, aidé une association ou un nouveau propriétaire à entamer un sauvetage, ou convaincu des investis- seurs (particulier ou entreprise) de se lancer à leur tour dans l’aventure patri- moniale. Dans les prochaines semaines, le chan- tier de réaffectation de l’hôtel Bourbon en logements sociaux sera entamé et c’est le troisième monument classé spadois qui retrouvera une nouvelle vie grâce à l’action de l’IPW, et malgré plus d’embûches encore que de coutume en l’occurrence. À Jodoigne aussi, de plus nombreux imprévus que d’habitude ont reporté à cette année le début des travaux de restauration et de réaffecta- tion partielle de l’église Notre-Dame du Marché, appelée également à sortir d’ici peu d’une longue léthargie. En Brabant wallon toujours, le château de Clabecq semble sauvé – par le logement social et moyen – de la destruction un moment envisagée. Celui d’Angleur, à Liège, a trouvé des repreneurs et sa nouvelle vocation (économique et sociale) est décidée, tout comme pour la tour Pépin à Herstal. À Liège encore, les anciens Instituts de Pharmacie et de Botanique désertés par l’Université sont d’ores et déjà réaffectés et l’installation du théâtre de la Place dans l’ancien bâtiment de l’Émulation (qui se dégradait depuis deux décennies) a été confirmée par tous les acteurs d’un dossier passablement compliqué, qui fut initié et porté par l’IPW comme tous les précédents. En cours ou achevées, 25 opérations de sauvetage de monuments en péril d’un bout à l’autre du territoire wallon et autant d’autres en préparation, cela montre toute l’utilité de la mission de l’IPW qui fut créé à la fin des années 1990 précisément pour jouer ce rôle d’ultime recours («SOS monuments» en quelque sorte!) au chevet des monuments dégradés, abandonnés ou en voie de l’être. En l’absence de «fiches d’état sani- taire» de l’ensemble des monuments La Lettredu Patrimoine TRIMESTRIEL – AVRIL – MAI – JUIN 2007 – No 6 – BUREAU DE DÉPÔT : LIÈGE X BELGIË – BELGIQUE P.B./P.P. B – 78 Bureau de dépôt 4099 Liège X P501407 SOS monuments: le SAMU du Patrimoine Verviers, la Belle Maison, façade avant la restauration, © IPW wallons et ne pouvant lui-même procéder à des enquêtes systématiques à ce sujet sous peine de provoquer un afflux de dossiers vers l’Administration, l’Institut n’a agi jusqu’à présent que sur quelque 140 bâtiments désignés par le Gouver- nement régional, environ 5 % de l’en- semble des bâtiments classés de Wallonie. On ne peut que supposer que les autres ne rencontrent pas (trop) de problèmes et il est un fait que la multiplication par sept, durant les années 1990, des moyens de la politique du patrimoine (stabilisés depuis) a eu des effets bénéfiques pour un grand nombre de ces édifices classés qui concourent à l’image de la Wallonie. Est-il dès lors pertinent de consacrer les moyens humains de l’IPW (dix agents, chargés aussi de la valorisation de monu- ments appartenant à la Région) au sauve- tage du petit pourcentage de bâtiments identifiés comme menacés? C’est comme se poser la question du coût et du bien- fondé des soins intensifs en milieu hospi- talier: à moins que l’on opte pour l’euthanasie de certains édifices (et, à cet égard, la requalification des classements à laquelle s’est attelée la Direction de la Protection au sein de l’Administration pourrait donner des indications utiles), ce n’est pas au SAMU du Patrimoine – l’Institut – à choisir de laisser expirer un mourant dont on lui a confié le sort… Dans l’exercice de cette mission, l’Ins- titut est parfois confronté à une mauvaise volonté du propriétaire mais cela reste une attitude marginale. Dans la plupart des cas, c’est avec lui que l’IPW s’efforce de rechercher les projets de réaffectation possibles de son bien, de mobiliser les fonds nécessaires, d’organiser les syner- gies indispensables s’il y a lieu, ou encore d’harmoniser les rapports avec les admi- nistrations concernées si le besoin s’en fait sentir. Dans le cadre de sa mission d’as- sistance aux propriétaires de biens classés, l’Institut joue donc en quelque sorte, et selon les cas rencontrés, le rôle de consul- tant, d’agence immobilière, de monteur de projets et parfois d’opérateur public dans certains de ceux-ci. Dans quelques cas durant les deux premières années de fonctionnement de l’IPW, l’Institut a été amené à acquérir lui- même un bâtiment afin de se substituer à un propriétaire trop défaillant ou trop désarmé pour restaurer et reconvertir son bien. Mais cette solution – que l’IPW n’a plus retenue depuis 2001 – doit néan- moins rester l’exception, car il est de loin souhaitable avant un achat de voir clair sur les possibilités réelles de financements publics ou privés des projets envisagés dans ces bâtiments, et sur les perspectives réelles de cession après l’opération de restauration. Après plus de sept ans de travail, il est apparu que ce sont les études de faisabilité architecturales et finan- cières, réalisées en interne ou avec des appuis exté- rieurs, qui sont souvent déterminantes pour amorcer des projets de restauration et de réaffectation concrets. La Cellule immobilière de l’Ins- titut essaie donc d’amplifier cette action en proposant le plus souvent possible aux propriétaires ou à des parte- naires potentiels de réaliser ce type d’analyses. Cela permet aux parties con- cernées de prendre en meilleure connaissance de cause la décision d’entre- prendre un projet ou au contraire de comprendre que l’affectation envisagée n’est pas réalisable. L’action de l’Institut vise également à faci- liter l’établissement ponctuel de syner- gies entre divers départements publics autour de la réhabilitation des monuments dégradés ou menacés: en l’absence (très fréquente) d’intérêt du privé, le croise- ment de subsides émanant de plusieurs niveaux de pouvoir ou de différents Ministres (si la localisation ou l’état du bâtiment n’y font pas obstacle) reste encore trop souvent, hélas, la seule pers- pective pour boucler un financement. L’Institut continue bien sûr, et de plus en plus, à développer des contacts réguliers avec les investisseurs du secteur de l’im- mobilier pour évaluer avec eux le poten- tiel de tel ou tel monument. Mais l’ampleur des budgets à investir et la durée des procédures constituent le plus grand frein à l’investissement de type privé. Fréquemment, des entreprises cherchant un bâtiment de prestige pour leur siège social sont vite découragées par l’absence de perspective à court terme. Une forte distorsion existe entre les facultés d’investir du privé, qui sont souvent à horizon d’un ou deux ans, et le délai de procédure beaucoup plus long que l’IPW se doit d’annoncer aux inves- tisseurs. Le potentiel financier dans le secteur de l’investissement immobilier est considérable, mais force est de constater que le Patrimoine classé fait parfois fuir plutôt qu’attirer. Le déroulement de bon nombre de projets montre, en effet, qu’il reste des progrès à faire dans la simplification des processus, dans la modulation des exigences patri- moniales et dans la rapidité de réaction d’une partie des acteurs du secteur face à des demandes précises. Sans ce chan- gement indispensable, il sera toujours extrêmement malaisé de convaincre des investisseurs privés de miser sur la réaf- fectation du Patrimoine, non uploads/Histoire/ lettre-du-patrimoine-6.pdf
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- Publié le Fev 14, 2021
- Catégorie History / Histoire
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