Fonte: http://www.parole-sans-frontiere.org/spip.php?article297 Approche psycha

Fonte: http://www.parole-sans-frontiere.org/spip.php?article297 Approche psychanalytique du traumatisme : de l’irruption du Réel à l’errance psychique - Bertrand Piret D 11 JUIN 2011 H 16:46 A C 0 MESSAGES Approche psychanalytique du traumatisme : de l’irruption du Réel à l’errance psychique [1] Résumé : L’auteur rappelle comment l’abord psychanalytique du traumatisme a été influencé par la première guerre mondiale et dégage les questions psychopathologiques, encore très actuelles, qui se sont posées à Freud et à ses disciples : l’opposition entre les névroses traumatiques et les névroses de transfert (et la théorie de la séduction sexuelle), le rôle de la pulsion de mort, la distinction entre le symptôme névrotique à connotation sexuelle et symbolique et le symptôme traumatique marqué par la réitération (non symbolique) du même, l’opposition entre l’angoisse et l’effroi. Dans une seconde partie du travail, la brisure de l’Idéal, l’éclipse de l’Autre et du semblable, sont proposés comme autant d’outils de compréhension du facteur collectif dans la genèse du traumatisme dans ses liens au politique. L’importance de la honte et de la silenciation de la mémoire est soulignée pour rendre compte des aléas de la transmission psychique du traumatisme. Enfin, l’auteur met à l’épreuve ces hypothèses pour analyser un cas clinique caractérisé par l’errance en faisant l’hypothèse que celle-ci constitue un moyen de défense fragile contre les effets du traumatisme, et il indique des pistes pour une attitude psychothérapique adaptée qui offre un cadre possible à l’élaboration et à la symbolisation du trauma. Summary This paper shows how the first psychoanalysts were influenced by the First World War in their approach to traumatism. At that time certain issues were raised which are still of current interest. Such as the contrast between the so-called transference neuroses (and the theory of seduction linked thereto) and traumatic neuroses ; the role played by the death drive ; the distinction between the symbolic repetition compulsion as observed in transference neuroses and the non-symbolic reiteration of the same which characterizes the repetition syndrome of traumatic neuroses ; the contrast between anxiety in classical neuroses and dread (Schreck in German) that is so specific to traumatic neuroses. In a second part, some hypothesises are proposed to take into account the social and political connections with individual traumatisms : the breaking of the Ideal, the fading of the Other, the distortion of the image of the self and the body and consequently the social link with others. The feelings of shame and the silencing of memory are underlined as major features affecting the psychological transmission of trauma within generations and families. At the end, a clinical case is reported concerning a man whose symptoms consist of “wandering”, both in space and mind. It is hypothesised that this behaviour is a self-protecting device against the negative effects of traumatism, but that it prevents its symbolic overcome. Some features of the setting of the cure are described in order to show how it is possible to help the work of elaboration and symbolisation in such traumatic clinical states. Mots-clés : névrose traumatique, irruption du réel, répétition, pulsion de mort, honte, silence de la mémoire Key words : traumatic neuroses, break-through of the Real, repetition, death drive, shame, memory blank, wandering behavior. Approche psychanalytique du traumatisme : de l’irruption du Réel à l’errance psychique Les 28 et 29 septembre 1918, se tient à Budapest le cinquième congrès de L’Association Internationale de Psychanalyse. L’Europe sort à peine de la guerre, l’armistice n’est pas encore signé, et les psychanalystes qui se retrouvent ce jour-là autour de Freud après plusieurs années de séparation, vont témoigner des effets de la guerre sur leur pratique et sur leur théorisation. La première guerre mondiale a inauguré les techniques de guerre et de destruction les plus effroyables. De nombreux médecins psychanalystes se sont retrouvés impliqués directement dans l’accueil des blessés. Les contributions au congrès de Budapest de Karl Abraham, Sandor Ferenczi, Ernst Simmel et Ernest Jones, tous quatre impliqués dans la guerre, seront éditées et constitueront le premier ouvrage des nouvelles éditions psychanalytiques internationales qui seront fondées à l’issue de ce congrès. Son titre : La psychanalyse et les névroses de guerre [2]. On trouve dans ces textes les questions fondamentales qui se posent encore à nous aujourd’hui à propos du traumatisme. En 1920, Freud bouleversera de fond en comble son modèle du psychisme et de l’inconscient en introduisant la pulsion de mort. On peut penser que ce remaniement théorique est la conséquence directe de la guerre et de la volonté de Freud d’intégrer à sa théorie les particularités cliniques et psychopathologiques des névroses de guerre et des névroses traumatiques. On sait combien la notion de pulsion de mort va susciter de résistance, y compris chez les élèves les plus proches de Freud. De nos jours encore, elle reste maintenue à l’écart des conceptions de certaines écoles de psychanalyse qui la considèrent comme une élucubration déplacée et inutile. Les conceptions ultérieures de Lacan, concernant notamment le corps, l’Autre, le réel et la jouissance apporteront à leur tour des éclairages utiles concernant la délimitation de ce que l’on peut appeler en psychanalyse le traumatisme. Le terme est éminemment polysémique. En outre, ce qui complique notre tâche, il est à la mode. Si bien qu’on ne sait plus de quoi l’on parle lorsqu’on parle de traumatisme, y compris dans nos milieux. Un premier effort de clarification s’impose. Dans un second temps, nous pourrons examiner l’hypothèse selon laquelle un certain type d’errance constitue à la fois un effet et/ou une protection contre le traumatisme psychique et comment les facteurs collectifs, sociaux et politiques, jouent un rôle dans la transmission voire dans la constitution du traumatisme. I. Qu’est-ce que le traumatisme ? 1) Traumatisme, sexualité et pulsion de mort Les interventions pionnières d’Abraham, Ferenczi, Simmel et Jones lors du congrès de 1918 laissaient apparaître le malaise des psychanalystes face à des manifestations psychopathologiques desquelles semblait absente la dimension sexuelle. Leur argumentation se développait sur un double plan. D’une part il s’agissait de répondre aux critiques des neurologues de l’époque qui, eux aussi confrontés aux névroses de guerre, s’appuyaient sur l’absence de facteurs sexuels déclenchants pour réfuter en bloc toute la théorie psychanalytique. Abraham, Ferenczi, Jones et dans une moindre mesure Simmel, tâchaient de démontrer dans leurs interventions que malgré les apparences l’étiologie sexuelle tenait un grand rôle dans le déclenchement des névroses de guerre. Mais d’autre part, les mêmes auteurs repéraient fort bien que les névroses de guerre et les névroses traumatiques n’étaient pas superposables aux névroses de transfert. Ferenczi et Abraham insistaient tous deux sur la régression narcissique caractéristique de ces affections, autrement dit un repli sur les pulsions du moi au détriment des pulsions érotiques et de l’investissement libidinal. Ernest Simmel proposait la notion de dissociation du psychisme provoqué par la terreur et la peur de la mort. Il laissait ouverte la question de la participation d’une étiologie sexuelle et ne cherchait pas, contrairement à ses collègues, à maintenir absolument une théorie unifiée des névroses sur le modèle de l’hystérie (selon la distinction mais aussi le rapprochement entre l’hystérie traumatique et l’hystérie non traumatique). La grande énigme qui se posait à tous était évidemment celle de la prédisposition : pourquoi certains individus, exposés aux mêmes événements effroyables, développaient une névrose de guerre et d’autres non ? Événement et prédisposition Ces questions sont encore éminemment actuelles. Une tendance contemporaine, accentuée par l’influence nord-américaine des diagnostics statistiques, tend à confondre le traumatisme avec l’événement lui-même, incluant dans la définition du syndrome de stress post-traumatique la survenue d’un événement d’une gravité et d’une intensité exceptionnelle. Or le traumatisme n’est pas l’événement lui-même mais il en est la conséquence psychique : il est la manière dont l’événement va être accueilli, élaboré, métabolisé par le psychisme et l’ensemble des conséquences symptomatiques qui vont en découler. Il en résulte que l’on ne peut rien prévoir des conséquences psychiques à partir de l’événement lui-même. Il n’y a aucune relation de proportionnalité entre l’intensité de l’événement déclenchant et l’intensité du traumatisme. Même s’il est évident que tous les événements n’ont pas la même signification générale, ni la même portée symbolique - le hasard d’une catastrophe naturelle n’est bien sûr pas comparable à l’intention déshumanisante d’une torture organisée- il n’en reste pas moins que la survenue d’un traumatisme psychique va dépendre de facteurs strictement individuels. Étiologie sexuelle et pulsion de mort : la distinction entre les névroses de transfert et les névroses traumatiques Quels sont ces facteurs individuels ? Il faut reprendre le parcours de la théorie freudienne pour les repérer. Dans une première conception, Freud estime que les névroses sont des formations de défense contre l’irruption d’un moment traumatique. Cet événement est traumatique parce qu’il répète un événement antérieur qui lui-même a été traumatique. Dès les premières élaborations de Freud, la notion de répétition est donc centrale. Mais qu’est- ce qui se répète ? Comme on le sait, Freud a d’abord pensé que le moment traumatique inaugural de la névrose réveillait un événement réel du passé, le plus souvent une tentative de séduction sexuelle de l’enfant par un uploads/Histoire/ approche-psychanalytique-du-traumatisme-de-l-x27-irruption-du-reel-a-l-x27-errance-psychique-bertrand-piret.pdf

  • 34
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 08, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.3847MB