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HAL Id: hal-02305153 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02305153 Submitted on 3 Oct 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les actes écrits comme instruments de pouvoir : la contribution des formulaires Sébastien Barret To cite this version: Sébastien Barret. Les actes écrits comme instruments de pouvoir : la contribution des formulaires. Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir, Sirantoine, Helène; Escalona, Julio, Feb 2010, Madrid, Espagne. hal-02305153 Les actes écrits comme instruments de pouvoir : la contribution des formulaires Sébastien BARRET (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes – CNRS) Il revient à l’auteur de ces lignes d’aborder la question des formulaires, problème complexe et aux multiples résonances. Les documents que l’on nomme le plus souvent ainsi ont été sujet à de multiples interrogations concernant leur rédaction, leur utilisation et leur postérité. Cet intérêt n’est pas nouveau, comme le montrent les travaux menés par Karl Zeumer1 et Ludwig Rockinger2, dont certains servent encore de base éditoriale – heureusement, celle‐ci est en renouvellement, par exemple grâce aux travaux d’Alice Rio3, que l’on recroisera souvent dans les lignes qui suivent ou, pour des périodes postérieures à celles dont il sera ici question, par les éditions électroniques données par Steven M. Wight4, sans compter, entre autres, les travaux de Hans Martin Schaller ou Fulvio Delle Donne5. La question des formulaires a été récemment explorée, de manière bien plus compétente et approfondie que je ne saurais le faire, par la Commission internationale de Diplomatique lors de sa réunion de Paris à l’automne 20126. Les quelques remarques hasardées ici ne vaudront donc que sous réserve d’un bien meilleur 1 K. Zeumer (ed.), Formulae Merowingici et Karolini Aevi, Monumenta Germaniae Historica. Legum, Sectio V, Formulae, Munich, Monumenta Germaniae Historica, 1882‐1886. 2 L. Rockinger (ed.), Briefsteller und Formelbücher des eilften bis vierzehnten Jahrhunderts, Quellen und Erörterungen zur bayerischen und deutschen Geschichte, Munich, Franz, 1863. 3 A. Rio (ed.), The Formularies of Angers and Marculf : Two Merovingian Legal Handbooks, Translated Texts for Historians, 46, Liverpool, Liverpool University Press, 2008, ce à quoi il faut ajouter A. Rio, Legal Practice and the Written Word in the Early Middle Ages : Frankish Formulae, c.500‐1000, Cambridge Studies in Medieval Life and Thought, Fourth Series, 75, Cambridge, Cambridge University Press, 2009. 4 S. M. Wight, Medieval Diplomatic and the Ars Dictandi, publié sur le site Scrineum de l’Université de Pavie depuis 1999, http://scrineum.unipv.it/wight/wight.htm, consulté le 05.09.2011, qui donne des éditions avec traduction anglaise d’artes dictandi des XIe‐XIIIe siècles, notamment de Boncompagno da Signa. Sur ce secteur, voir le tableau donné par B. Grévin, « Les mystères rhétoriques de l’État médiéval : l’écriture du pouvoir en Europe occidentale (XIIIe‐XVe siècle) », Annales HSS, 63‐2, 2008, p. 271‐300. 5 L’un des récents résultats des premiers, concernant la Summa dictaminis de Thomas de Capoue, a été mis en ligne récemment sur le site des Monumenta Germaniae Historica par Matthias Thumser et Jakob Frohmann (http://www.mgh.de/datenbanken/thomas‐von‐capua/, consulté le 05.09.2011). 6 La chronologie de publication de ce recueil ne m’a, en revanche, pas permis de tenir compte des résultats présentés au cours de ce congrès, dont les résultats devraient être publiés assez rapidement. Je me permets de renvoyer au petit compte rendu que j’en ai rédigé sur le carnet de recherche du GDR 3177 « Diplomatique » : http://drd.hypotheses.org/833 (consulté le 05.12.2012). traitement du sujet ; c’est également la raison pour laquelle la présente contribution restera assez proche du texte de la communication qui l’a précédée, s’appuyant sur une base bibliographique sans aucun doute incomplète. L’on pourrait dire en préambule que la grande période du formulaire ou de l’ars dictaminis se situe après la période de référence de ce recueil. Non, bien sûr, qu’il n’y ait rien eu avant : mais au XIIe siècle, c’est bien d’une explosion du genre dont il s’agit quand, par exemple, un Pierre de Blois compose son œuvre7 et que les artes dictaminis ligériens fleurissent8. L’un dans l’autre, le Repertorium des artes dictandi d’avant 1200 en recense une bonne quarantaine, pour un genre de compilation que les auteurs font remonter aux années 10809. Ce sont alors aussi les grandes compilations italiennes10 ou allemandes11 des XIIe et XIIIe siècles12, sans compter Pierre de la Vigne, qu’il faut rappeler particulièrement du fait de son rôle et de son influence hors du commun13 ; en notant qu’au fond, c’est un mouvement qui va assez lentement : ce n’est ainsi qu’au début du XIVe siècle que la chancellerie royale française voit naître des premiers « proto‐ formulaires » et seulement au XVe qu’elle mettra au point, sous la houlette d’Odart Morchesne, 7 Cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval : les lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe‐XVe siècle), Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 339, Rome, École française de Rome, 2008, p. 148‐149. 8 Cf. C. Vulliez, « L’apprentissage de la rédaction des documents diplomatiques à travers l’ars dictaminis français (et spécialement ligérien) du XIIe siècle », G. Gualdo (ed.), Cancelleria e cultura nel Medio Evo, communicazioni presentate nelle Giornate di studio della Commissione, Stoccarda, 29‐30 agosto 1985, Cité du Vatican, Archivio Segreto Vaticano, 1990, p. 77‐ 95. 9 F. J. Worstbrock, M. Klaes, J. Lütten, Repertorium der Artes Dictandi des Mittelalters. Teil I : von den Anfängen bis um 1200, Münstersche Mittelalter‐Schriften, 74, Munich, Fink, 1992, spéc. p. IX‐XI. 10 Voir à ce sujet le tableau dressé par M. Camargo, Ars dictaminis, ars dictandi, Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 60, Turnhout, Brepols, 1991, spéc. p. 29‐41 ; cf. également A. M. Turcan‐Verkerk, « Répertoire chronologique des théories de l’art d’écrire en prose (milieu XIe‐années 1230. Auteur(s), œuvres, inc., édition(s) ou manuscrit(s) », Archivum latinitatis Medii Aevi, 64 2006, p. 193‐239. 11 Cf. pour un rapide tableau H. M. Schaller, « Ars dictaminis, ars dictandi », R. Auty, R. H. Bautier, P. Berghaus (eds.), Lexikon des Mittelalters, 2, Munich, Artemis & Winkler, 1977‐1992, vol. 2, col. 1034‐1038. 12 Un aperçu récent et synthétique sur le développement des recueils de formules aux artes dictandi et artes notariae est donné par R. Härtel, Notarielle und kirchliche Urkunden im frühen und hohen Mittelalter, Historische Hilfswissenschaften, 4, Vienne‐Munich, Böhlau‐Oldenburg, 2011, p. 97‐103 et 231‐234. L’on pourra également se reporter à G. Van Dievoet, Les coutumiers, les styles, les formulaires et les artes notariae, Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 48, Turnhout, Brepols, 1986, spéc. p. 75‐84. 13 Sur lequel, son environnement et sa postérité, l’on consultera Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval. son premier formulaire authentiquement abouti14. En fait, le côté foisonnant du sujet et ses aspects parfois contradictoires viennent du fait que, sous ce terme générique de « formulaires », finissent par être rassemblées des compilations qui peuvent être réparties en plusieurs catégories qui se recoupent beaucoup, et parfois tellement qu’il est difficile de les distinguer aussi nettement qu’on le voudrait. Il y a la floraison autour du XIIe siècle des artes, qu’il s’agisse de celui du dictator, du notaire ou du prêcheur, rédigés comme manuels de bien dire ou bien écrire – une séparation d’autant plus difficile à établir qu’ils puisent abondamment aux sources cicéroniennes ou pseudo‐cicéroniennes. Et il y a, avant ceux‐ci, mais aussi en même temps et éventuellement après, des recueils de lettres, d’actes ou documents divers que leur réutilisation assurée, probable ou possible fait qualifier de formulaires ou, du moins, de recueils de formules15. Mais il y a aussi, finalement, le fait que les arts de rédiger les lettres donnent souvent aussi, en toute logique, des exemples d’actes, que leurs auteurs sont couramment très proches des chancelleries et que leurs œuvres rhétoriques permettent d’en éclairer la production diplomatique16, ce qui fait beaucoup de points communs avec les « simples » compilations anciennes de documents. Dans les lignes qui vont suivre, ce problème de la distinction à établir entre, d’une part, un formulaire considéré principalement comme un recueil de formules au statut mouvant et, d’autre part, en simplifiant, une ars doublée de summae et entendue comme un guide et un manuel,sera, pour ainsi dire, résolu par le vide en évacuant les secondes – en effet, il serait assez peu pertinent de ne prendre en compte que le début du mouvement de création entamé vers la fin du XIe siècle. Partant, les limites chronologiques envisagées devront être un peu décalées par rapport au programme initial du présent ouvrage et s’arrêter à ce même XIe siècle. Revenons donc à l’époque et au sujet qui sont les nôtres : le rôle de la documentation comme instrument de pouvoir, grossièrement entre le VIe et le XIe siècle. Il faudra aborder le sujet des 14 Cfr. O. Guyotjeannin, S. uploads/Histoire/ barret-se-bastien-les-actes-e-crits-comme-instrument-de-pouvoir-la-contribution-des-formulaires.pdf
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- Publié le Fev 07, 2021
- Catégorie History / Histoire
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