0 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 N° 3 Février 2002 L’Arabophonie Revue pluridisciplin

0 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 N° 3 Février 2002 L’Arabophonie Revue pluridisciplinaire semestrielle à comité de lecture scientifique ISBN : 979-10-91040-00-6 1 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 Sommaire : Historique des Arabes - La période préislamique. Historique des Arabes – La période préislamique. Historique des Arabes - La période de règne Omeyyade 2 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 Historique des Arabes La période préislamique M. Jamal ASMI D.E.A. en Linguistique Générale Docteur en Traduction Juridique L’histoire des Arabes reste très obscure avant l’époque hellénistique, qui va de la mort d’Alexandre le Grand 323 avant J.-C., à la conquête romaine 30 avant J.-C.1. En effet, il serait fastidieux de passer ici en revue les nombreuses hypothèses concernant l’origine des Arabes; cependant, pour illustrer cette question historique nous nous proposons de tirer au clair deux opinions, l’une se fondant sur la généalogie; l’autre se référant à l’archéologie. 1- ORIGINES DES ARABES : LA VERSION DE LA GÉNÉALOGIE Selon Hanna Fakhouri2, les généalogistes arabes se sont donnés beaucoup de mal pour créer un système ingénieux qui soutienne leur théorie selon laquelle les Arabes forment une race, et non simplement une communauté de peuples parlant la même langue. Cette race comprend d’innombrables hommes et femmes qui descendent chacun en ligne directe de l’un ou de l’autre des deux ancêtres appelés « Adnan » « Qahtan » : « Il est très significatif que les Arabes reconnaissent dans une tradition nette et indiscutée la dualité de leur origine, et sa répercussion sur l’histoire des Arabes et de l’Islam a été très étendue»3. En effet, l’exposé du système des généalogistes commence par un hommage à ceux que les Arabes considéraient comme les premiers habitants de la péninsule arabique4; des tribus comme Thamoud, Tasm, Djadis,...etc, que l’on croit toutes disparues avant l’apparition de l’Islam « leur histoire est enveloppée de ténèbres, leur origine incertaine et contestée »5. On ne sait rien de certain sur l’identité de ces tribus, bien qu’on estime en général qu’elles aient été formées des Arabes dits « disparus » ( )اﻟﻌـــﺮب اﻟﺒﺎﺋــﺪة. Ayant ainsi disposé des autochtones, la théorie arabe se concentre sur les deux grands ancêtres « Adnan » et « Qahtan » et sur les deux grandes divisions de la race arabe auxquelles ils donnèrent naissance. 1- Encyclopédie de l'Islam, pp. 540-541, Tome I, Paris, J. Brill 1960. Nous désignons désormais cette encyclopédie par les sigles E.I. Voir également: Atlas historique, pp. 61-63, Paris, Stock, 1968. 2- Hahouri Hanna, "Histoire de la littérature arabe", Byrouth, 7ème édition, 1976, pp. 12-18. Voir également, E.I., p. 565. 3- E.I., p. 561. 4- On entend par péninsule arabique la zone géographique qui comprend aujourd'hui: l'Arabie Saoudite et le Yémen. E.I., p. 550. 5- A.P. Caussin de Perceval, Essai sur l'histoire des arabes, Paris, 1902, p. 6. 3 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 Cette théorie a attribué à l’ancêtre «Qahtan » une généalogie remontant à Sem, fils de Noé; les descendants de Qahtan sont, en général appelés « les vrais Arabes » auxquels on donne traditionnellement comme pays d’origine l’extrémité Sud-Ouest de la péninsule arabique (Le Yémen) que les généalogistes arabes appellent l’Arabie heureuse6. Quant aux descendants de l’ancêtre Adnan qui serait le descendant d’Ismaël, fils d’Agar, la seconde épouse d’Abraham7- ils sont nommés communément « les Arabes arabisés » (اﻟﻌــﺮب اﻟﻤﺴـﺘﻌـﺮﺑﺔ), parce qu’ils sont considérés comme des tribus émigrées, venues des pays voisins pour s’installer au nord et au centre de la péninsule (La Mecque, Hejaz, Yatrib, ...etc.). Nous nous demandons, avec Ibn Hazm (mort en 1064)8, si cette division traditionnelle a un fond de vérité; celui-ci souligne : « Sur la face de la terre, il n’y en a aucun dont l’ascendance soit prouvée ». Nous ne prétendons pas être en mesure de trancher cette question complexe. Espérons tout de même que l’archéologie dira son mot sur cette question historique. Par ailleurs, le tableau des peuples de la Genèse X offre, selon Meillet et Cohen9, une division en trois groupes des peuples et des races de l’Asie antérieure, et leur donne pour ancêtres les trois fils de Noé: Sem, Cham et Japhet. Lorsque le linguiste allemand Schluzer cherchait, à la fin du XVIIIème siècle, une dénomination commune pour les hébreux, les Araméens, les Arabes et les Abyssins., dont les langues sont parentes entre elles, le nom de Sémites s’offrit tout naturellement à lui, parce que ce tableau de la genèse fait descendre de Sem les Araméens, les Hébreux et les Arabes. La reconstruction et la comparaison de ces langues laissent supposer qu’une langue commune a pu être partagée par ces peuples vers le Vème millénaire avant J.-C. Dans ce sens Brockelmann souligne : « de la notion que toutes ces langues forment un grand groupe, comme les langues Indo-européennes, des ouralo-altaïques,...etc., résulte nécessairement cette hypothèse que les peuples qui parlaient ces langues ont, eux aussi, passé par une période d’unité... quel a été l’habitat de ce peuple sémitique commun? C’est une question qui vraisemblablement ne recevra jamais de réponse certaine ». 10 En réalité, ces langues dites sémitiques ont, vis-à-vis des autres langues, notamment celles qui appartiennent à la famille indo-européenne, des caractéristiques phonologiques, morphologiques structurelles et naturellement, phonétiques et lexicales communes. Nous devons à D. Cohen d’avoir dégagé les traits pertinents des langues sémitiques et d’avoir recherché et groupé les mots communs à la famille de ces langues dont il a fait la matière de son dictionnaire11. On peut apprécier la difficulté et l’intérêt d’une telle entreprise linguistique quand on sait que, d’après l’Encyclopédie de l’Islam12, les plus anciens documents en arabe, par 6- E.I., p. 561. 7- Hurat Cl., Histoire des literature, Littérature arabe, Paris, Armand Colin, 1912, p. 4; voir également A.P. Caussin de Perceval, op-cit., p. 8. 8- E.I., p. 561. Sur l'incertitude des généalogistes arabes voir: Régis Blachère, "Histoire de la littérature arabe", Paris, Maisonneuve, 1952, p. 8. 9- Meillet A. et Cohen. M., " Les langues du monde ", Paris, Centre national de la recherche scientifique, 1952, p. 88. 10- Brockelmann C., "Précis de linguistique sémitique", Paris, Geuthner, 1910, pp. 8-9. 11- David Cohen, "Dictionnaire des racines sémitiques", Paris, La Hage, 1970. 4 L’ARABOPHONIE N° 3- 2002 exemple, « sont quelque quarante noms propres figurant dans les récits assyriens de batailles contre les aribi » 13, batailles qui remontent aux années 853-626 avant J.-C. 2- ORIGINES DES ARABES : LA VERSION ARCHÉOLOGIQUE Les vestiges les plus anciennement attestés de l’histoire des Arabes ont permis de distinguer deux sociétés14 dont les modes de vie sont dissemblables : société nomade et société sédentaire. A- La société nomade Les traits caractéristiques, fournis par les historiens et les archéologues, sur le style de vie de ces nomades, consistent à répartir ceux-ci en tribus; chaque tribu assure la défense de ses sujets et assume la responsabilité de leurs méfaits. Chacune a ses terrains de parcours, mais elle se divise elle-même en clans qui se répartissent les pâturages, les mares, les puits, les points d’eau. Des émirs administrent paternellement la tribu et ses fractions, rendent la justice, lèvent les taxes et mènent les hommes à la bataille : « la tribu était le cadre de vie en dehors duquel toute existence était impossible en raison de la très forte solidarité qui unissait les hommes »15. B- La société sédentaire On peut distinguer, selon Albert Hourani16, deux centres sédentaires dans la péninsule arabique d’un niveau civilisationnel assez avancé, l’un se situe au sud (Yémen), l’autre au centre (Mecque, Najd, ...,etc.). 1- Le Sud de l’Arabie Le Sud de l’Arabie a connu au premier millénaire avant J.-C. une brillante civilisation. Les inscriptions les plus anciennes font état d’un stade déjà évolué de l’histoire du Yémen antique; tout particulièrement du royaume de Saba 17 et sa fameuse capitale Ma’reb. Alors le Yémen antique vivait dans la prospérité. « Il était un pays dont le luxe et la splendeur étaient devenus proverbiaux et suscitaient l’admiration des Grecs »18. L’E.I. confirme que les inscriptions les plus anciennes concernent directement cette période déjà évoluée et non pas la naissance de la civilisation du Yémen Antique : « Nous 12- E.I., p. 580. 13- Au sujet de "Aribi" A. Malitor, Encyclopédie Universelle "arabe" (Les arabes) Volume II, p. 192 rapporte: "à partir du IXème siècle avant notre ère ils (les textes akkadiens et hébraïques) situent dans le désert syro-mésopotamien et le nord-ouest de l'Arabie une population dénommée en Akkadien Aribi, Arubu, Arabu, en hébreu Arab ('Arbi, "un arabe"). L'examen des noms propres des membres de ce peuple mentionné par les textes akkadiens montre que leur langue était effectivement l'arabe. Ils devaient déjà se nommer eux-mêmes "arabes". 14- J.M. Abdel Jalil, Brève histoire de la littérature arabe, Paris, Maisonneuve, 1947, p.20. 15- J. Brulot, La civilisation islamique, Paris, Hachette, 1982. 16- Albert Hourani, Histoire des peuples arabes, Paris, édition du Seuil, 1990, p. 29. 17- Il existait selon J. Burlot, d'autres royaumes que Sabaa, comme Main, Qataban, Hadramaout; mais le royaume de Sabaa était le centre civilisationnel le plus avancé et le plus riche. J.Burlot, " La civilisation islamique ", op-cit., p. 8. 18- uploads/Histoire/ arabophonie-numero-3.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Dec 31, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.3314MB