Magali Asseo Le diorama de demain : une réinterprétation du diorama muséal par
Magali Asseo Le diorama de demain : une réinterprétation du diorama muséal par les artistes Mémoire rédigé pour l’obtention du certificat. Cours de base en muséologie 2015 – 2016 2 Table des matières Introduction……………………………………………………………………………………… p.3 1. Le diorama : définition et origine……………………………………………….….………. p.3 1a. Définition selon Mairesse………….…….………………………………...……………. p.3 1b. Étymologie………………………………………………………………………………… p.3 2. Le Diorama muséal…………………………………………………………………………. p.7 2.1L’ Intérêt de son usage…………………………………………………………………… p.7 2.2 Réalité réinterprétée……………………………………………………………………... p.7 3. Le diorama et son utilisation……………………………………………………................. p.14 3.1 Des zoos humains………………………………………………………………….......... p.14 3.2 L’art et le diorama………………………………………………………………………… p.15 Conclusion………………………………………………………………………………………. p.21 Bibliographie…………………………………………………………………………………….. p.22 3 Introduction Le diorama est un moyen d’expression qui a fréquemment été utilisé dans les musées d’histoire naturelle depuis au moins un siècle. Le Muséum d’histoire naturelle de Genève, dans lequel je travaille actuellement, est doté d’un nombre de dioramas qui sont parties prégnantes de son identité. En 1966, le Muséum quitte ses premiers locaux situés aux Bastions pour s’installer sur son site actuel, 1 route de Malagnou. Depuis sa réinstallation, le Muséum a développé de nombreux dioramas. Dans un premier temps, les dioramas concernaient exclusivement la faune régionale suisse ;; dans un second temps, dès les années 90, des dioramas élargis à la faune et à la géologie de tous les continents ont été construits. Afin de marquer son 50ème anniversaire, le Muséum envisage de mettre en place une exposition autour des dioramas de la faune régionale, réinterprétés par des artistes invités. C’est dans cette optique qu’il m’a semblé opportun de penser les rapports entre le diorama muséal et le diorama artistique. 1. Le diorama : définition et origine 1.1 Définition du diorama selon AlainMairesse Une définition du diorama a été donnée par Alain Mairesse dans le Dictionnaire encyclopédique de muséologie : « Composition plastique consistant en l’évocation d'un paysage ou d'une scène exprimant un fait historique, à partir d'un décor en trompe-l’œil disposé en vue frontale et de grande dimension, et parfois complété d'accessoires en trois dimensions, le diorama est à l'origine une amélioration du panorama, couplé avec des jeux de lumière donnant, par la variation d'éclairage d'une succession de tableaux, l'illusion de mouvement (procédé de Daguerre et Bouton, présenté à Paris en 1822). Sans doute par analogie, même si les dimensions et les modes d’accès n’étaient pas comparables, le même nom de diorama a été donné aux maquettes, à échelle réduite, reproduisant des scènes ou, dans les musées d’histoire naturelle, aux représentations, le plus souvent grandeur nature, de biotopes naturels ».1 1.2 Etymologie D’où vient le mot diorama ? Issu de racines grecques, son préfixe dia- signifie « à travers » et son suffixe -horama le relie à la vision, comme le fait de voir des spectacles. Littéralement, diorama veut dire voir au travers. 1 Dictionnaire encyclopédique de muséologie, André Desvallées et Alain Mairesse, 2011, p.588 4 Peintre en décors de théâtre, le français Louis Jacques Mandé Daguerre (1787–1851) s’intéresse à l’illusion visuelle. Il travaille beaucoup avec le trompe-l’œil et la lumière. En 1822, il s’associe à Charles Marie Bouton, également peintre. Sur de grandes toiles découpées dans un voile transparent, Bouton et Daguerre peignent des panoramas monumentaux à la perspective parfaitement calculée. Par une maîtrise subtile et complexe de l’éclairage porté sur la composition, ils peuvent obtenir différents effets d’atmosphère (diurne, nocturne, aurore ou crépuscule) selon que la lumière frappe la toile peinte par le devant ou par l’arrière. Des châssis vitrés et des panneaux teints permettent de moduler encore le résultat. Ils construisent un bâtiment spécialement conçu pour accueillir les dioramas et présentent à Paris en juillet 1823 le premier diorama, composé de deux vues : une représentation de la chapelle de la cathédrale de Canterbury, peinte par Bouton et une représentation de la vallée de Sarnen, composée par Daguerre. Leur seul but : divertir le public. Une vidéo produite par la ville de Bry, permet de mieux comprendre le mécanisme du diorama. Lien : https://youtu.be/VoCZscSBeOE Ces photogrammes extraits du film illustrent le procédé développé par Daguerre, dans lequel une vue cède la place à une autre vue. (Fig.1 à 4) Fig.1, Eclairage frontal de la toile Fig.2, Eclairage par l’arrière de la toile Fig.3, Eclairage frontal de la toile Fig.4, Eclairage par l’arrière de la toile Fig.1 à 4, extraites du film Le Diorama de Daguerre, reconstitution sur maquette d’une séance du diorama théâtre, Jean-Louis Berdot, Pierre Bottefy, Helios, Figuerola, production Candela, 2010 Musée Adrien Mentienne© 5 Il n’y a dans les spectacles de Daguerre aucune portée éducative. C’est de l’illusion et du divertissement purs qu’il propose. La question avant-gardiste de la place du spectateur face à « l’œuvre » est déjà pensée par Daguerre. Malgré l’énorme succès de ces présentations et la diversité des décors proposés, les spectateurs se lassent peu à peu de ces procédés. En 1839, le diorama de Daguerre est englouti par les flammes ;; cela marque la fin provisoire de ce procédé en deux dimensions. Le même artifice est repris à la Haye en 1881 par H.W. Mesdag dans son panorama de Scheveningen, avec l’ajout d’objets en trois dimensions, représentant la ville et le port de la Haye, ainsi que la plage de Scheveningen. Cet ajout d’objets authentiques (dans ce cas présent, le sable de la plage, des morceaux de filets, des plantes, entre autre choses) pousse le panorama vers le diorama. C’est sans doute cette conception originelle du diorama qui va être reprise par les musées du monde entier. On peut contempler des miniatures dans des musées d’histoire, des dioramas animaliers dans des musées d’histoire naturelle ou des reconstitutions d’habitats dans des musées d’ethnographie. Par contre, les maquettes des musées d’archéologies ne sont pas considérées comme dioramas, mais souvent confondus. Le panorama peint, qui est, comme nous l’avons vu précédemment, à l’origine du diorama, consiste en un dispositif en deux dimensions représentant un champ de 360°. En 1787, le peintre irlandais Robert Baker met au point à Londres une invention qui sera rapidement connue sous le nom de Panorama, dont il déposera le brevet en 1799. Il s’agit d’une peinture circulaire, utilisant les lois de la perspective, dont la taille est si gigantesque qu’elle absorbe l’observateur dans la scène. Le panorama représente le plus souvent des champs de batailles ou des paysages. Le mot panorama a été formé à l’aide de deux mots grecs, le préfixe pan- qui veut dire « tout » et le suffixe –horama qui signifie « ce qui est vu, spectacle, vision ». En 1881, le panorama de Bourbaki L’Entrée de l'armée française aux Verrières, peint par Edouard Castres et son équipe, représente un paysage jurassien enneigé, dans lequel l’armée de Bourbaki peine à évoluer en file continue. Le sujet relate le désarmement de 34'000 Français sous la surveillance des Suisses. Ce magistral panorama de 112 mètres de circonférence a été peint et installé dans un bâtiment transformé et prévu à cet effet à la rue du Diorama à Genève. Le panorama sera ensuite déplacé à Lucerne, où il est à présent à nouveau visible, suite à sa restauration achevée en 2003. D’autres panoramas ont été réalisés en Suisse : celui de Thoune, peint par Marquard Wocher (1814) ;; celui de Berne, La Bataille de Morat, réalisé par Louis Braun (1880) ;; celui d’Einsiedeln, La Crucifixion du Christ, réalisé par Karl Hubert Frosch, Joseph Krieger et William Leigh (1893) ;; à ceux-ci s’ajoute Le panorama des Alpes bernoises, exécuté à l’occasion de 6 l’exposition nationale de 1886 de Genève par Eugène Burnand, Auguste Baud-Bovy et Francis Furet2. Par la suite, le principe populaire du diorama a beaucoup été utilisé afin d’illustrer des scènes religieuses. Il permet, encore à l’heure actuelle, de raconter simplement des scènes bibliques. Les crèches de Noël sont des dioramas. En 1954 une crèche géante sous forme de diorama a été inaugurée à Einsiedeln, en Suisse. C’est dans une salle elliptique que le visiteur peut admirer ce décor de plus de trente mètres de long et cinq mètres cinquante de haut. Une toile de fond représentant Bethléem, peinte par Barthélémy Wappmannsberger, sert de support au décor, prolongation de la fresque, dans lequel ont été mises en scènes plus de quatre cent figurines sculptées par Ferdinand Pötmesser. Le paysage se module avec de savants jeux de lumières. Par cet aspect, le procédé rejoint celui de Daguerre. Le spectateur se trouve au centre de la pièce, sur une estrade, comme sur un balcon panoramique (Fig.5). Il peut ainsi se laisser submerger par les scènes bibliques sans être contraint par un cadre et son regard peut opérer des choix sur ce qu’il regarde, même si certains éléments attireront plus que d’autres son attention (Fig.6). Ce concept est très important, même s’il n’a pas été beaucoup utilisé par la suite dans les musées. Fig.5, Besucherraum, Diorama Bethléem©, Einsiedeln, Suisse Fig.6, Grotte, Diorama Bethléem© , Einsiedeln, Suisse Avant d’être repris par les musées, des mini-dioramas, sortes de cabinets de curiosités, ont été réalisés par des collectionneurs privés, en général fortunés, mettant en scène leur safari et exhibant leurs trophées – démarche décorative et non naturaliste. 2 Dictionnaire historique de la Suisse, Editions Gilles Attinger, 1988-2014 [entrée : panorama] uploads/Histoire/ asseo-le-diorama-de-demain.pdf
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- Publié le Oct 26, 2021
- Catégorie History / Histoire
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