Aujourd’hui l’histoire Les enfants sourds à l’école québécoise 34-71451-5000 

Aujourd’hui l’histoire Les enfants sourds à l’école québécoise 34-71451-5000  Centre de traitement de textes Service Grille et diffusion Bureau 707 - Poste 4101 2 3 Émission: Aujourd’hui l’histoire Sujet: Les enfants sourds à l’école québécoise Projet: 34-71451-5000 4 00 :03 Jacques Beauchamp Ici Jacques Beauchamp. Aujourd'hui l’histoire : les enfants sourds à l’école québécoise. 00 :09 Homme Je m’occupe des sourds-muets depuis 1925 et j’ai toujours enseigné aux sourds- muets. En général, nous recevons les élèves vers l’âge de 8 ans ou 9 ans. L’enfant qui a passé 7-8 ans dans sa famille a été absolument sans instruction et quand il arrive ici, à 8 ans ou 9 ans, alors nous devons brûler les étapes pour gagner le temps perdu. 00 :40 Jacques Beauchamp Le père Lucien Pagé de l’Institut des sourds-muets de Charlesbourg en 1961, le père Pagé compte parmi ces religieux qui ont consacré une partie de leur vie à l’éducation des enfants sourds. Dès le 19e siècle, on crée des écoles pour enfants sourds au Québec et une école comme l’Institut des sourds-muets de Montréal va devenir au fil du temps une sorte de référence en matière d’éducation des enfants sourds en Amérique du Nord. 01 :15 Femme Là, on est rendu en 2014… Pis je savais que Montréal c’était gros pis après moi je disais à mes amis : « Moi je m’en vais à l’école à Montréal » pis j’étais toute fière. Quand j’ai arrivé la, ma mère elle a préparé une grosse malle. 5 C’était toute marqué qu'est-ce qu’on avait de besoin, comment s’habiller. Pis même elle a fait du linge pour ma poupée. 01 :50 Femme2 Ah ouin? 01 :51 Femme Pis j’avais une valise pour ma poupée, parce que ma mère elle avait tellement de peine là, elle disait au moins elle sera pas toute seule, elle va être avec sa poupée. Pis moi là, j’adore les poupées. Fait que quand j’ai arrivé au couvent, j’ai eu un choc. C’est tellement gros pour une petite fille de 7 ans, mais j’avais jamais vu ça. Fait qu’on a visité le dortoir. Y’avait beaucoup de lits. C’est comme une centaine à peu près. J'avais compris que j’allais rester là pis je voulais pu rester là. Je voulais pu. Mais maman a dit pas le choix parce que j’avais de la misère à l’école, j’étais pas capable. Avec les entendants j’étais pas capable. 02 :42 Jacques Beauchamp Extrait du très beau documentaire « Femmes sourdes dites-moi », un documentaire dans lequel la réalisatrice Marie-Andrée Boivin donne la parole à des femmes sourdes qui ont fréquenté l’Institut des sourdes-muettes de Montréal, dirigé par les Sœurs de la Providence. C’est le témoignage de Linda Ouellette que vous entendiez dans cet extrait et pour nous raconter cette histoire méconnue, la scolarisation des enfants sourds au Québec, je reçois l’historienne, historienne 6 vulgarisatrice, c’est comme ça qu’elle aime qu’on l’appelle, Myriam Wojcik. Myriam Wojcik bonjour. 03 :08 Myriam Wojcik Bonjour. 03 :08 Jacques Beauchamp Historienne en chef également des émission MTL et Québec présentées à Télé-Québec. S’intéresser à cette histoire-là, Myriam Wojcik, c’est, c’est de se ramener au rapport qu’on a longtemps eu, c’est plus que de raconter simplement une histoire d’institut qui enseignait aux sourds-muets, c’est de voir où on était comme société par rapport à cette réalité-là. 03 :28 Myriam Wojcik Tellement, la perception qu’on a eu de, de la surdité qui a tellement évoluée au fil du temps. Si on regarde aujourd'hui, les enfants sourds sont intégrés dans des écoles avec des entendants pour plusieurs d’entre eux. Y’a certains aussi qui sont dans des écoles spécialisées. Mais pendant très très très longtemps, les sourds étaient isolés. 03 :47 Jacques Beauchamp Oui. 03 :48 Myriam Wojcik Y’avait vraiment de l’isolement profond. Et la perception des sourds a tellement évolué. Pendant longtemps, on considérait que les sourds c’était des 7 idiots, qu’ils n’avaient pas de conscience, que c’était un châtiment de Dieu qui, qu’on rapprochait d’être primitif et c’est à partir de l’époque des, des lumières et au 19e siècle qu’on va se dire ben pour qu’ils aient une conscience, il faut qu’on les éduque. Et ils sont rééducables. Et donc ces institutions vont jouer un rôle très très important pour les sortir de l’isolement. 04 :22 Jacques Beauchamp Et chez nous, ces premières institutions qui vont essayer de les éduquer et de les sortir de l’isolement, elles apparaissent quand au Québec? 04 :29 Myriam Wojcik Elles apparaissent en 1831, donc le, la première institution est créée, fondée à Québec. Donc, à Québec c’est Ronald McDonald, c’était son nom, il ouvre, c’est un laïc anglophone qui ouvre une institution catholique mixte et puis il faut attendre ensuite 12 ans pour que soit créée une institution pérenne, donc celle-là à Montréal, c’est l’Institution des sourds-muets, parce que je dois le préciser, on était obsédé par la mutité. La mutité, le fait de parler, on se disait que c’était la, le symbole de la pensée, c’était la parole. Donc, on voulait faire parler les sourds. Et donc, toutes les institutions, que ce soit pour les filles ou pour les garçons, elles vont toutes avoir le mot muet dans leur nom. 05 :15 Jacques Beauchamp Oui. 8 05 :16 Myriam Wojcik En 1851, donc, ouvre l’Institution pour sourdes-muettes et puis il y aura ensuite un institut pour, pour les, les enfants Protestants en 1870. 05 :26 Jacques Beauchamp Oui. Et qu'est-ce qui fait que ces écoles, ces institutions apparaissent à ce moment-là? Dans quel contexte on décide de créer ces institutions-là? 05 :33 Myriam Wojcik En fait, au moment où elles sont fondées, donc 1848-1851, celui qui est à la tête du diocèse de Montréal, c’est l’évêque de Montréal, c’est Mgr Bourget. Donc, on est à une époque de renouveau religieux et pour Mgr Bourget, c’est très important d’assurer l’encadrement de la population en général, mais particulièrement des populations en marge, donc on pense aux sourds, on pense aux aveugles, on pense aux pauvres, aux mères monoparentales également. Et donc, il va fonder toutes sortes de communautés religieuses, par exemples les Sœurs de la Providence qui vont avoir l’Institution des sourdes- muettes, il la fonde avec Emilie Gamelin. Entre autres, les Clercs de St- Viateur, c’est lui qui les fait venir de France. 06 :15 Jacques Beauchamp Oui. 06 :15 Myriam Wojcik 9 Et c’est lui qui va leur demander de prendre en charge l’éducation des garçons sourds. 06 :21 Jacques Beauchamp Et puis y’aura aussi des préoccupations, y faut pas, faut pas passer à côté, économiques également. 06 :28 Myriam Wojcik Tout à fait, absolument, on est à l’époque de la révolution industrielle, au tout début de la révolution industrielle et on pensait à ce moment- là que les sourds pouvaient travailler, donc qu’ils allaient faire partie de la force de travail des, du, du cheap labour dont on avait besoin pour nourrir cette machine-là. 06 :45 Jacques Beauchamp Oui, alors, à Montréal y’aura 2, 2 instituts, 2 institutions, celle qui s’occupe des filles, on y reviendra dans un instant, et celle qui s’occupe des garçons. L’école pour garçons est fondée en 1848. Y’a 2 grandes figures importantes, incontournables quand on parle de l’Institut des sourds-muets de Montréal, on peut pas passer à côté de ces 2 figures-là. Parlez-nous un petit peu d’eux : l’abbé Irénée Lagorce et Jean-Marie-Joseph Young. 07 :08 Myriam Wojcik Oui, alors l’abbé Irénée Lagorce, il est curé à St-Charles-sur-Richelieu, donc il 10 est l’initiateur du projet avec Mgr Bourget et lui il va aller, à ce moment on, évidemment y’a pas de formation pour les enseignants, les enseignants qui enseignent aux communautés sourdes, donc il faut nécessairement aller se former à l’extérieur. Irénée Lagorce va aller se former en France et il va faire des contacts également. Et il va y avoir Jean-Marie-Joseph Young qui lui est un professeur à Lyon, qui est sourd, qui va intégrer la communauté des Clercs de St- Viateur et Mgr Bourget le convainc d’immigrer au, au Québec pour aller enseigner à cette institution et il va devenir l’âme de l’Institution des sourds-muets pendant 50 ans. Il va enseigner les dimanches également autant aux petits garçons qu’aux filles sourdes, la langue des signes. 08 :01 Jacques Beauchamp Oui, et du côté des jeunes filles, vous le disiez un peu plus tôt, Myriam Wojcik, c'est en 1851 qu’est fondée l’Institut des sourdes-muettes de Montréal qui va, au fil du temps, je le signalais au tout début de l’émission, mais vraiment se construire une, une très très bonne réputation. On écoute à ce propos l’historien Jean-François Nadeau en parler à l’émission « Le 15/18 » en avril 2018. 08 :20 Jean-François Nadeau On va créer un grand institut, l’Institut des sourdes-muettes, patronné par ces religieuses qui vont aller se former aux États-Unis en partie, en Europe aussi, pour essayer d’offrir des 11 soins. C’est les services sociaux avant la lettre. Y’a des centaines, des milliers de jeunes filles de partout au Canada, des États-Unis aussi qui vont s’installer ici, qui vont uploads/Histoire/ aujourd-x27-hui-l-x27-histoire-les-enfants-sourds-a-l-x27-ecole-quebecoise.pdf

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  • Publié le Mai 19, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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