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f 1^ -'^t: —**iL'*r.'^i «^. #'Twr.'y..V" Marc BLOCH ^^CI^^• klèye de i.'ii.ioi-i: :«ormale sui-iîrieuue CHARi. li 11 E COURS A l'lMVEKSITÉ de STRASBOURG ROIS ET SERFS UN CHAPITRE d'histoire CAPETIENNE PARIS LlBRAlPvIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION EDOUARD CHAMPION 5, Ol AI MALAQIAIS, 5 1920 A MON PÈRE SON ÉLÈ\E P R É F A G E Une vieille Iradilioii historique s'attache au souvenir de Louis X le Hutin et de Philippe -V le Long son frère et jette encore sur leurs noms un peu efTacés un vague éclat. Ils passent pour avoir tour à tour prescrit sur leurs terres l'afîranchisse- ment des serfs. Tel aurait été l'objet de deux " ordonnances » fameuses, datées la première du 3 juillet 1315, la seconde du 23 janvier 1318. Que ces actes, en apparence si considérables, n'aient obtenu en pratique que de médiocres résultats, nul aujourd'hui ne le conteste : le servage a subsisté sur le domaine royal bien des siècles après la mort de Phihppe le Long. Et l'on s'accorde généralement à reconnaître que des préoccupations d'ordre financier beaucoup plutôt que je ne sais quelles idées égalitaires inspirèrent les deux rois : ils ont, comme disait Mably, « fait un commerce de la liberté » ^. Mais quoi que l'on pense de leurs motifs, et de leurs succès, il demeure communé- ment admis qu'ils ont offert la franchise, sur leur domaine tout entier, à tous leurs serfs. Etudiant depuis plusieurs années le servage dans l'Ile-de- France, j'ai rencontré sur mon chemin les ordonnances libéra- trices. J'ai d'abord soumis les textes eux-mêmes à un nouvel examen. Mais j'ai bien vite reconnu que la critique des textes proprement dite ne suffisait point. Les lettres royales du 3 juil- let 1315 et du 23 janvier 1318 n'ont tant frappé les historiens que parce qu'ils leur attribuaient, à tort, une originahté qu'elles n'ont point. S'ils avaient mieux connu un certain nombre de faits, plus anciens, touchant les rapports de l'administration royale avec les serfs du domaine, ils auraient réduit ces docu- 1. Observations sur lhistoire de France, éd. de 1823, t. II, p. 314. 10 PRÉFACE menls illustres à leur juste i)orlée, qui est assez mince. « Rois et Serfs )> : c'est un chapitre jusqu'ici trop négligé de l'histoire financière des Capétiens. J'ai cherché à l'écrire. On verra, je l'espère, que les actes de Louis X et de Philippe V n'y forment qu'un épisode, le plus célèbre certes, mais non pas le plus impor- tant. Depuis les premiers temps du servage, des serfs ont habité les terres de la Couronne. Les derniers d'entre eux ont vécu sous Louis XVI qui, en 1779, leur donna la liberté. Pour ré- pondre pleinement à mon titre, j'aurais dû embrasserune immense période de temps. Il va de soi que je n'y ai point songé. Mais entre quels termes chronologiques devais-je m'enfermer ? Cette question m'a paru singulièrement embarrassante. L'his- toire des institutions est faite d'une série d'évolutions continues, parfois presque insensibles. C'est une matière fluide, qui se prête mal aux moules que nous prétendons lui imposer. Néan- moins il fallait trouver des limites. Voici celles que j'ai adoptées. Comme terme final, l'avènement de la branche des Valois en 1328. Je ne me dissimule pas tout ce que l'on peut dire contre un pareil choix. Philippe VI en arrivant au trône n'a pas apporté avec lui de méthodes administratives nouvelles. Mais, du moment qu'il fallait se résigner à une démarcation artificielle, la plus simple m'a semblé la meilleure. Aussi bien présente-t-elle un avantage : le règne de Charles le Bel n'ayant été marqué, du point de vue qui nous occupe, par aucun fait notable, les lettres de Louis X et de Philippe V apparaîtront à la fin d'une étude dont le premier objet était de les expliquer. Le point de départ ou mieux les points de départ se sont offerts plus naturellement. Les rois exigeaient de leurs serfs certaines redevances ; à l'origine leurs procédés de perception ne différaient point de ceux qui étaient en usage sur les terres seigneuriales ordinaires ; ils n'ont pris un caractère particulier que depuis l'époque où s'est créée une administration plus forte et plus complexe, et vraiment royale ; le règne de Philippe- Auguste. Par ailleurs les rois concédaient des affranchissements ; PRÉFACE 1 1 or, les premiers grands acLes de liberté qu'ils ont octroyés se lient au mouvement communal, dans son plein épanouissement ; ils datent des tout derniers jours du règne de Louis VI et surtout du règne de Louis Vil. Philippe-Auguste, d'une part, Louis VI et Louis VII de l'autre se placeront donc au début des pages qu'on va lire. La politique suivie par l'administration royale vis-à-vis des serfs du domaine n'est pas demeurée toujours pareille à elle- même. Après la mort de saint Louis se sont produites des modi- fications remarquables. On inventa alors, pour tirer soit des droits serviles soit des affranchissements plus d'argent c[u' au- trefois, des méthodes entièrement nouvelles. A mesure que j'avançais dans mes recherches, cette transformation m'est apparue avec une clarté de plus en plus vive. C'est pourquoi je me suis décidé à partager mon étude en deux livres d'ailleurs très inégaux ; le premier (le plus court), s'arrête précisément à la mort de saint Louis. J'espère que les faits eux-mêmes semble- ront justifier cette division. * * * Mes sources ont été en première ligne les archives de la royauté capétienne, ou du moins ce qui en reste : le Trésor des Chartes, dont les registres réservent encore aux chercheurs tant de richesses inédites, les registres du Parlement, les débris du dépôt de la Chambre des Comptes. Je les indique ici avec une brièveté qui peut-être surprendra. Mais à quoi bon répéter, de seconde main, les renseignements cjue les érudits ne seront pas embar- rassés de trouver dans des ouvrages ou mémoires bien connus d'eux ? Ces archives, il est vrai, présentent bien des lacunes ciui tiennent tantôt à la façon dont elles nous ont été transmises, tantôt à leur nature propre ; et ces lacunes ont souvent déterminé dans le détail les limites mêmes de mon trarail. Quand on écrit une histoire telle que celle que je pré- tends raconter, il faut s'arrêter à chaque pas pour examiner les documents, comme autant de témoins suspects, afin de ne 12 PRÉFACE pas prendre leur silence, né de circonstances accidentelles, pour une preuve négative. Mais ces discussions critiques ne seraient pas à leur place dans une introduction. I^lles doivent se lier intimement au récit, qu'elles commandent ; elles apparaîtront chaque fois qu'il faudra expliquer une ignorance ou justifier une incertitude. Je ne pouvais songer à explorer de fond en comble le champ immense des sources locales. J'ai fait des sondages dans les publications imprimées, touchant les régions cjui m'ont semblé avoir particulièrement intéressé, du point de vue ([ui est le nôtre, les gens du roi. Comme dépôts d'archives, je n'ai dépouillé que ceux de l'Ile-de-France ; très riches en renseignements sur la condition des serfs en général, ils ne m'ont absolument rien donné sur les rapports des rois avec les populations ser- vîtes ^. Le travail que je présente aujourd'hui à la Sorbonne et au public avait été rédigé une première fois plusieurs années avant la guerre, mais sous une forme sensiblement différente, et beau- coup plus brève. Il ne devait alors consister qu'en une sorte d'introduction critique aux textes émanés de Louis X et de Philippe V. Surtout je ne le concevais, dans toute la force du terme, que comme une thèse complémentaire. Je comptais en effet publier en même temps, à titre de thèse principale, un •ouvrage plus vaste ciue j'intitulais en pensée : Les populations rurales de V Ile-de-France à V époque du servage. J'y aurais retracé, dans un cadre régional, l'évolution du servage telle qu'après d'assez longues recherches je suis arrivé à me la figurer. La pré- 1. .l'aurais voulu dépouiller au moins les principaux d'entre les cartulaires ou recueils de titres laissés par les chapitres ou abbajes de Laon et de Soissons. Ces églises possédaient des serfs en commun avec le roi ; elles les faisaient « exploiter » par les collecteurs royaux ; elles autorisaient (contre indemnité) les connnissaires délégués par les rois à les alîranchir. Cette co-i)ropriété a dû laisser dans les charlriers ecclésiastiques des traces, qu'il serait intéressant de relever. Malheu- reusement la plupart des manuscrits qu'il eût lalki consulter sont conservés aux Archives Départementales de l'Aisne ; l'occupation allemande a à tel point désorganisé ce dépôt que je n'ai pu obtenir communication des cotes que j'avais demandées (avril 1920). J'ai dû me borner à lire, d'ailleurs sans beaucoup de ])rofit, les cartulaires conservés aux Archives Nationales (S. Médard de Soissons. LL l'i21), à la Bibliothèque Nationale (chapitre de Soissons : latin WH'j et S. Médard, latin 998(3), à la Bibliothèque de la Ville de Laon (S. Martin de Laon : ms. 582). PRÉFACE 13^ sente étude en eût formé, non pas certes un chapitre détaché, mais comme une annexe, ou (je ne trouve pas de mot meilleur) uploads/Histoire/ bloch-marc-rois-et-serfs 1 .pdf
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- Publié le Oct 04, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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