Journal des savants Le théâtre à Byzance Vénétia Cottas. Le théâtre à Byzance,
Journal des savants Le théâtre à Byzance Vénétia Cottas. Le théâtre à Byzance, 1931 ; L'influence du drame «Christos Paschon » sur l'art chrétien d'Orient, 1931 ; A. Vogt. Études sur le théâtre byzantin, extraits de Byzantion, VI, 1931 : Le théâtre à Byzance et dans l'empire du IVe au XIIIe siècle. I. Le théâtre profane. Revue des Questions Historiques Louis Bréhier Citer ce document / Cite this document : Bréhier Louis. Le théâtre à Byzance. In: Journal des savants, Juin 1932. pp. 249-261; http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049 Document généré le 12/04/2016 LE THÉÂTRE A BYZANCE 249 LE THÉÂTRE A BYZANCE Vénétia Cottas. Le théâtre à Byzance, i vol. in-8°, XlI-290 pages. Paris, Geuthner, ig3 1 . L'influence du drame « Christos Paschon » sur l'art chrétien d'Orient, 1 vol. in-4°, 122 pages et XV planches. Paris, Geuthner, 1981. — A. Vogt. Etudes sur le théâtre byzantin , extraits de Byzantion, VI, 1 93 t , p. i- 74 et 622-640. Le théâtre à Byzance et dans l'empire du IVe au XIII e siècle. I. Le théâtre profane. Revue des Questions Historiques , LIX, 1981, p. 267-296. Les tentatives faites pour établir l'existence d'un théâtre byzantin n'ont pas eu jusqu'ici grand succès. Sans parler de celle de Sathas (1878), discréditée à cause de ses erreurs d'interprétation, la thèse de La Piana, que j'avais défendue ici même (Journal des Savants, XI, 1918, p. 357- 661 et 395*404) n'a pas été admise davantage. Dans ses « Rappresen¬ tazioni sacre nella letteratura bizantina, Grotlaferrata, 191 2 », il avait soutenu que les dialogues de caractère dramatique insérés dans certaines homélies, n'étaient que des fragments d'un théâtre religieux très ancien. Des sermonnaires postérieurs, qui avaient d'ailleurs mis leurs œuvres médiocres sous les noms des Pères de l'Eglise les plus illustres, avaient recueilli ces débris pour en enrichir leur prose. Cette ingénieuse théorie ne rencontra que des sceptiques. J'avais moi-même adressé à l'Académie des Inscriptions en mars 1914 un mémoire qu'elle voulut bien faire reproduire dans les Monuments Piot (XXIV, 1920) sur la série des miniatures qui accompagnent les deux manuscrits (Paris, gr. 1208, Vatic, gr. 1162) des Homélies sur les fêtes de la Vierge de Jacques, moine de Kokkinobaphos (xii8 siècle). Dans la succession tout à fait logique- de ces tableaux, parfois plus riches de détails que le texte des homélies, j'avais cru pouvoir discerner des jeux de scènes, des dialogues animés, des décors permanents en petit nombre, des protagonistes, des figurants, en un mot tous les éléments d'une pièce à grand spectacle assez analogues à nos mystères occiden¬ taux, transportant tour à tour la scène sur la terre, au ciel et dans les enfers. f Mais ce n'était là qu'un exemple isolé et cette interprétation se heurtait à de nombreuses objections. J'ignorais malheureusement qu'en 1916 Lambros avait publié dans le Neoshellenomr\emon un texte recueilli au SAVANTS. 250 LOUIS BRËHIER Vatican dans le Palatinus gr. 367 (fos 33 v. — 3g) et qui n'est autre chose que le scénario d'un mystère de la Passion. Les circonstances empêchèrent cette publication capitale d'être connue en France et elle passa inaperçue, si bien qu'Albert Vogt, ayant découvert le texte à son tour, ne connut le travail de Lambros qu'après en avoir préparé lui-même l'édition et la traduction française qu'il a données dans Byzantion. Tel était l'état de la question lorsqu'elle fut reprise par Madame V. Cottas, à l'aide du tekte publié par Lambros et avec d'autres éléments nouveaux, en particulier les épisodes d'un caractère sccnique qui subsistent encore aujourd'hui dans les usages liturgiques et populaires aux grandes fêtes de l'année. Son travail comprend d'ailleurs trois parties. Elle veut prouver l'existence d'un théâtre religieux, celle d'un théâtre savant et l'influence de ces deux théâtres sur l'iconographie religieuse. I Le point de départ de son argumentation est la longue persistance à Constantinople des fêtes païennes, comme les Broumalia, ainsi que d'un théâtre profane représenté surtout par le mime et par les jeux de l'Hippodrome. Déjà Reich (Der Mimus, Berlin igo3) avait montré ce maintien du mime à Byzance, en dépit des anathèmes des Pères de l'Eglise et des prohibitions des Conciles, en particulier de celui de 692, (in Trullo). La question a été reprise récemment par Albert Vogt qui établit cette persistance du mime avec un grand luxe de témoignages. Il montre qu'en dehors de l'Hippodrome, il existait à Constantinople des théâtres proprement dits, dont le plus ancien, le Grand Théâtre, construit par Septime Sévère dans la première région, est mentionné par Psellos. et s'est conservé jusqu'au xv«siècle. 11 y en avait d'autres moins impor¬ tants, compris dans la Synopsis legum du même auteur sous le nom de nouicoiAapia. On y jouait des mimes et des pantomimes accompagnées de ballets, dont les sujets étaient pris soit dans la mythologie, soit dans la vie courante, soit dans les événements du jour. Certaines de ces pièces avaient un caractère politique et satirique : les personnages les plus eu vue, les empereurs eux-mêmes n'étaient pas à l'abri de leurs attaques. Mais jusqu'au bout le mime resta immoral et grossier, blâmé par les rigoristes et méprisé des lettrés. Et cependant il offrait de tels-attraits à la foule qu'il n'a jamais été interdit. Bien plus, il a exercé une certaine action sur le théâtre religieux et sur les usagés liturgiques eux-mêmes. LE THÉÂTRE A BYZANCE 231 La Piana, dans l'ouvrage cité plus haut, avait déjà signalé l'influence visible du mime dans certains dialogues que renferment les homélies dramatiques (p. 160) et Reich avait relevé les emprunts faits par des chants d'égiise au rythme même des couplets qui accompagnaient les mimes (Der Mimus, p. r 3 7- 1 4 1 ) - Mrae Cottas a repris la question et l'a étudiée à fond. Elle montre que l'Eglise est intervenue avec son clergé et ses chantres dans certaines fêles profanes, quelques-unes même d'origine païenne comme les banquets des calendes, la fête des Vendan¬ ges et, à plus forte raison, dans des fêtes populaires célébrées en l'honneur des saints. Réciproquement les dèmes de l'Hippodrome participent à des cérémonies ecclésiastiques : les acclamations qui accom¬ pagnent la clôture des conciles sont copiées sur celles que les dèmes poussent en l'honneur du basileus et ce sont les dèmes eux-mêmes qui les déclament au concile de Constantinople en 536. Des usages analogues se sont maintenus jusqu'à nos jours dans les fêles populaires. L'idée d'utiliser le mètre des couplets mimiques pour y adapter les paroles de cantiques paraît être née en même temps dans plusieurs endroits. Mme Cottas cite l'exemple d'Arius, dont la Thalia, bientôt suivie d'une Antithalia orthodoxe, paraît avoir été un recueil de musique populaire rythmée et cadencée, accompagnée d'une certaine gesticulation. Elle y ajoute avec raison celui de saint Ephrem le Syrien qui introduisit le même usage à Antioche en créant des chœurs alternés (antiphones), dans la ville où le mime était particulièrement populaire et où se recru¬ taient la plupart des acteurs célèbres. Un pas de plus est fait à la fin du vie siècle. D'après Théophylacte Simokaltès, l'empereur Maurice créa en 5g 1 une panégyrie en l'honneur de la Vierge des Blachernes. La fête solennelle durait sept jours et était entremêlée de chants 1 et probablement aussi de certaines figurations d'un caractère scénique. C'est ce que l'auteur conclut avec raison d'un autre passage de Simokattès relatif à la célébration de la fête des Quarante Martyrs. Un prêtre montrait au milieu de l'église « le Christ portant sur ses épaules le symbole de la victoire » et commentait le cantique des Trois jeunes Hébreux dans la fournaise. Malgré les lacunes de notre information, on est en droit, semble-t-il, 1. Au sujet du texte où Simokattès parle du 0eotv8pt*òv aoair'piov et où Sathas avait vu un mystère dramatique, alors qu'il s'agit du mystère de l'Eucharistie, il est inexact comme l'affirme M1»* Sathas que La Piana ait « rétabli cette erreur ». Il dit exactement le contraire (p. ay-3o). 252 LOUIS BRÉHIER d'établir, comme le veul Mme Cottas, une liaison entre ces panégyries de la fin du vie siècle et les fêtes solennelles du xe siècle décrites dans le « De Caerimoniis » de Constantin Porphyrogénète. II y est question de la fête du prophète Elie qui dure deux à trois jours et qui est acci mpa- gnée de chants, de processions, de banquets, de danses, d'acclamations et enfin de courses de chevaux (probablement à l'Hippodrome). A propos de la fête de la Dormition (i5 août) et de celle de la Nativité de la Vierge (8 septembre), à laquelle assista la princesse russe Olga (par conséquent en 957), l'impérial écrivain cite formellement les jeux seéniques, TOxîfi* qui intervenaient dans ces solennités. Il ajoute que ces jeux ont pour acteurs les prêtres eux-mêmes. Ce témoignage ne laisse subsister aucun doute : au milieu du xe siècle la liturgie solennelle des grandes fêtes prenait parfois la forme d'un spectacle dramatique destiné à commémorer et à reproduire aux yeux des fidèles l'événement dont on célébrait l'anniversaire. Un texte d'une époque antérieure, négligé par Mme Cottas, nous donne un aperçu de l'organisation de ces jeux. L'auteur uploads/Histoire/ brehier-l-le-theatre-a-byzance.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 22, 2022
- Catégorie History / Histoire
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