LES TABLES DE SALPENSA ET DE MALAGA PAR M. CH. GIRAUD, MEMBRE DE L INSTITUT. 2«
LES TABLES DE SALPENSA ET DE MALAGA PAR M. CH. GIRAUD, MEMBRE DE L INSTITUT. 2« ÉdilioD, revue, corrigée el angraenlée. PARIS, IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPOiNT, Hue de GrcncUe-St-Honoré, 4.'. IS50 \ '^ 1983 ;) / \ '-^^,'^'/ " ' /' Digitiz©d='by t^he Internet Archive in 2009 with funding from Unjversity of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/lestablesdesalpeOOgira Ces Lettres sur les Tables de bronze Irouvées à Malaga ont été publiées pour la première fois dans le Journal général de l'instruc- tion publique (de février à septembre 1856). On m'a demandé de les réunir et de les reproduire; j'y ai consenti. Les monuments auxquels elles se rapportent sont de la plus haute importance pour l'histoire du droit municipal des premiers temps de l'empire romain. Leur découverte est un événement notable de notre siècle. Aucune question d'archéologie juridique , de droit administratif ancien et d'épigraphie légale n'offre un plus grand intérêt que celles qui ont été soulevées à ce propos, et l'Europe savante s'en occupe avec une vive attention. La première qui se présente à examiner, celle de l'authenticité des bronzes, a été l'occasion d'une dissidence d'opi- nion entre deux hommes également voués à l'étude des antiquités romaines, et tous les deux membres de l'Institut. Ce débat public a dû exciter la curiosité des hommes éclairés. J'y ai porté le désir de rendre palpables les motifs de ma conviction qui est profonde et réfléchie. Y ai-je réussi ? Je l'ignore. Les gens compétents en jugeront. En Allemagne, en Italie, en Espagne, aucune place n'a été faite au doute. En France seulement, le soupçon s'est élevé, et l'autorité légitime dont jouit le savant de qui le doute émane a dû donner crédit à la diflicullé. Jai essayé de rétablir sur sa base la thèse que je crois être la \érilé: heureux de pouvoir proclamer que la polémique à laquelle les Tables de Malaga ont donné lieu n'a fait qu'augmenter mon estime pour l'homme éminent à qui des liens d'amitié m'unissent depuis près de vingt ans et à qui mes lettres sont adressées. La générosité délicate dont il a fait preuve à mon égard, en cette cir- constance, ne m'a point étonné : elle est à la hauteur de son esprit et de son savoir ; mais mon affection n'en a pas moins été vivement touchée, et je l'en remercie de nouveau. Je publierai plus lard quelques études spéciales sur la Table de Malaga , si curieuse au point de vue de la pratique des élections municipales dans les cités Latines de l'empire, où avait été reléguée l'ancienne liberté des comices de la métropole. L'administration intérieure des communes y trouve aussi une page piquante. Je n'ai pas voulu attendre cette publication nouvelle pour mettre sous les yeux du lecteur français les textes précieux de ces Tables, en les dégageant de toute interprétation contestée et de toute leçon suspecte. ''& .yfé'aaame ae (ya-ii^yn-y. Madame , Voilà l'Europe troublée à propos de deux plaques de cuivre trouvées à Malaga. On ne sait plus à qui entendre ni qui croire. Vous seule y pouvez mettre la paix. Gardez- vous de nous lire, Madame, mais commandez-nous de nous taire et de nous embrasser. Veuillez agréer l'hommage de mon respect et le sou- venir de ma reconnaissance. Ch. giraud. LES TABLES DE SALPENSA ET DE MALAGA. A M. Ed. LABOULAYE, Membre de rinstitut. pue^iiere; lettre. Saint-Jamos, 2 féviier lîS56. Mon cher confrère et ami, La découverte des tables de bronze contenant deux fragments de lois municipales , rédigées, au temps de Domitien , pour les villes de Salpeusa et de Malaga, dans la Bétique romaine, est, à mes yeux, le plus grand événement épigraphique de notre siècle. C'est même la plus notable découverte qui puisse éclairer l'histoire du droit de Lat'm'ué , dans l'empire romain, depuis qu'en 1732, fut trouvée, près du golfe de Tarente, la fameuse table d'Héraclée, qui parut si étrange aux jurisconsultes de cette époque, et dont l'authen- licite ne fut pourtant contestée par personne. Je me proposais, au mois de novembre dernier, de publier, en France, les deux tables dont il s'agit, et j'en avais montré le manuscrit à notre honoré con- frère, M. INaudet; mais, informé que vous alliez, vous-même, repro- duire ces textes remarquables, avec un commentaire critique, j'ai dû attendre la communication de vos doutes et suspendre ma publi- cation. Je remercie votre amitié de m'avoir envoyé un exemplaire de l'ouvrage dans lequel vous exposez des soupçons si graves sur- la sincérité de ces deux monuments. La juste autorité dont vous jouissez, dans la science, doit donner grand crédit à des objections présentées, d'ailleurs, dans la forme la plus habile et la plus sédui- sante. Quelle que soit , cependant , ma confiance dans vos apprécia- tions, je fais l'aveu que ma foi est demeurée aussi robuste qu'aupa- — 6 — ravant et que je persiste dans mon opinion première. Il me semble, en vous lisant, avoir réponse à tout, ou à peu près, et je crois obsti- nément à l'authenticité qui vous paraît suspecte. Vous ne pensez pas, dites-vous, qu'il soit nécessaire d'excuser une critique qui n'est in- spirée que par des raisons toutes scientifiques. Vous pensez juste, et ni M. Mommsen , ni M. Huschke ne peuvent être blessés que vous usiez du don de Dieu qu'on nomme la liberté de penser; vous ren- dez même un service véritable, en provoquant un examen appro- fondi qui ne peut tourner qu'au profit de la vérité. Pas plus que vous, je ne m'excuserai sur l'opinion que je soutiens à cet égard . Cependant, j'ai besoin de m'y croire obligé pour manifester le dissentiment qui me sépare de vous, en un point aussi capital de l'histoire du droit. Mais, j'ai partagé les joies des savants de Berlin, de Leipsig, de Bonn et d'Heidelberg, à l'occasion de cette découverte; je suis entré dans leurs points de vue; j'ai approuvé leurs doctrines, et, à l'ouverture de mon cours de droit romain, j'en ai entretenu la jeunesse qui m'écoute. Je dois à de doctes étrangers, qui me paraissent être dans le vrai, de les défendre à Paris, après avoir, en leur pays, pensé comme eux; et s'il y avait à s'humilier devant une mystification, j'en dois subir ma part d'ignominie. Je dois, surtout, aux jeunes gens qui m'accordent une attention sérieuse, la justification d'un sentiment qui est combattu avec éclat par un savant aussi autorisé que vous. Comme vous le dites , il y a là un procès scientifique à instruire. Les objections ont été produites avec l'érudition et l'esprit qu'on devait attendre de vous. Je vais dire, en toute humilité, les raisons qui m'empêchent de me ranger à votre avis. Accordez-moi quelque grâce pour d'inévitables redites ; l'attaque est si complète, et votre critique si inexorable, que vous ne laissez pas un mot en place sur ces tables : et , n'était la masse ou le poids qui les protège (c'est le seul argument qui vous touche), ces pauvres bronzes seraient eux-mêmes réduits en poussière. Il me faut donc reconstruire, pour ainsi dire, pièce à pièce, les deux lois municipales que vous avez réduites à néant, sans miséricorde aucune. Mais, le soin que je prendrai d'examiner toutes les diffi- cultés proposées, prouvera l'importance que j'attache à votre suf- frage. Vous ouvrez, d'ailleurs, une controverse, qui, à coup sûr, aura du retentissement, dans l'Europe savante. Il y va donc de l'in- térêt de la science et de la vérité, que la discussion se développe avec toute la liberté dont elle est susceptible, et qu'elle constate ce qui peut être expliqué, ou ce qui doit rester indécis, dans la ques- tion qui nous occupe. Permettez-moi d'abord de rétablir certains faits qui ne sont pas sans valeur, pour le jugement de la cause. C'est au mois d'octobre 1851 qu'à la suite d'excavations pratiquées dans un lieu assez fré- quenté des environs ou faubourgs de Malaga, appelé Bananco de los Tejdres, on aperçut, à cinq pieds de profondeur, deux tables de bronze placées sur des briques très-anciennes : colocadas sobre, la- drillos de feclia anliqnisima. Elles paraissaient avoir été recouvertes d'une toile de fil, dont quelques restes adhéraient encore à leur surface. Réunies, elles pesaient 264 livres de Castille (environ 121 kilogrammes). La plus grande (fragment de la loi municipale de Malaga) était entourée d'un cadre surajouté, et mesurait 55 pouces (pulgudas) et demi (1 met. 56 cent, environ) de long , sur 40 de large (1 met. 9 cent, environ), La plus petite (fragment de la loi municipale de Salpensa) mesurait 40 pouces sur 32 ; elle éloit en- cadrée de deux simples filets en bas-relief. La première était gravée sur cinq colonnes, la seconde sur deux colonnes seulement. Le ca- ractère en était parfaitement lisible, net, bien conservé, et pareil à celui des anciennes inscriptions romaines : é igual en un todo a ta que se vé usada en las anticjuas inscripciunes romanas. Nous en donnerons le fac-similé, avec celui d'autres lois romaines, et la re- présentation exacte des tables elles-mêmes. Toutes deux sont en la possession actuelle de uploads/Histoire/ charles-giraud-les-tables-de-salpensa-et-de-malaga-1856.pdf
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- Publié le Fev 05, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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