Revue du Nord Chelles à l'époque mérovingienne Nadine Berthelier-Ajot Citer ce
Revue du Nord Chelles à l'époque mérovingienne Nadine Berthelier-Ajot Citer ce document / Cite this document : Berthelier-Ajot Nadine. Chelles à l'époque mérovingienne. In: Revue du Nord, tome 68, n°269, Avril-juin 1986. Saint Géry et la christianisation dans le nord de la Gaule Ve-IXe siècles. Actes du colloque de Cambrai 5-7 octobre 1984. pp. 345-360; doi : 10.3406/rnord.1986.4217 http://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1986_num_68_269_4217 Document généré le 11/05/2016 Van de 6e tot de 8e eeuw kent Chelles een ontwikkeling in drie gemeenschappen : de Villa (paleis), de adbij en het dorp. Verzamelt men aile gegevens uit de toponymie, de al te zeldzame geschriften (Geschiedenis van de Franken door Gregorius van Tours, Leven van Sint Gorik, Leven van Sint Bathilde) en de huidige opgravingen dan kan men bij benadering de plaats van het paleis en van de opeenvolgende kloosters bepalen. Het bestaan van het dorp wordt alleen bevestigd door de aanwezigheid van een necropool. Deze drie gemeenschappen hebben daar samen geleefd, in een geografische omgeving die wij vandaag nog niet helemaal kennen. Abstract From the VIth and the VIIIth centuries Chelles has grown inside its three communities : the Villa or palace, the Abbey and the village. The combination of toponymie details, informations delivered by too few written documents : « Histoire des Francs » by Grégoire de Tours, «Vie de Saint Géry», «Vie de Sainte Bathilde», and finally archaeological research now under way, makes it possible to circumscribe the area on which the palace was erected and provides a lakely location for the monasteries which have succeeded each other in this area but unfortunately left no buildings. As for the village, nothing but its necropolis confirms its existence. These three communities have lived in a concomitant manner inside a topography which up to now remains partially unknown to us. Résumé Du VIe au VIIIe siècle, Chelles se développe au sein de trois communautés : la Villa ou le palais, l'abbaye et le village. La combinaison entre la toponymie, les informations apportées par de trop rares écrits : Histoire des Francs de Grégoire de Tours, Vie de saint Géry, Vie de sainte Bathilde, et les recherches archéologiques en cours, enfin, permettent de circonscrire une surface d'implantation de ce palais ainsi qu'une situation probable des monastères successifs dans cette surface faute de connaître les bâtiments. Quant au village, seule sa nécropole confirme son existence. Ces trois communautés ont vécu de façon concomitante dans une topographie qui nous échappe pour une part actuellement. NADINE BERTHELIER-AJOT Chelles à l'époque mérovingienne Chelles se prête à la recherche de sa topographie à l'époque mérovingienne grâce aux sources historiques, aux découvertes archéologiques, à la toponymie locale et à la topographie qui fut la sienne jusqu'à la rénovation urbaine des années 1970, laquelle fit disparaître le «Vieux- Chelles» dans ses bâtiments comme dans son cadastre. Chelles au haut Moyen Age vit au rythme ou au sein de trois collectivités différentes dont il nous appartient de discerner, autant que faire se peut, la concomitance, les liens de dépendance éventuelle et l'importance. Ces trois collectivités sont : la villa ou palais, l'abbaye et le village. Géographie du site Chelles s'étend sur un terroir façonné par la Marne : une boucle de la Marne recoupée, devenue «le Rû-de-Chelles», «la Rivière-des-Dames » et qui ne fut jamais un bras mort, coule au pied d'une butte témoin dite « Montagne-de-Chelles » ou «Mont-Chalat». La Marne dans son nouveau cours rectiligne clot l'ensemble. L'homme eut ainsi la possibilité de s'installer sur les terres alluviales s 'étendant entre l'ancien et le nouveau cours de la rivière, sorte d'île inondable par endroits et les alternances de marnes et de gypse des 104 mètres de la «Montagne». Occupation antérieure du site L'occupation du site de Chelles se fit très tôt dès l'époque paléolithique et sans solution de continuité jusqu'à l'époque moderne. Nadine Berthelier-Ajot : conservateur du musée de Chelles, Musée municipal Alfred Bonno, place de la République, 77500 Chelles. REVUE DU NORD - TOME LXVIII - N°269 - AVRIL-JUIN 1986 - PP. 345 À 360 346 NADINE BERTHELIER-AJOT Les vestiges de l'époque paléolithique sont un peu excentrés au regard de l'implantation et du développement des structures des époques suivantes (figure 1). Ainsi les vestiges d'occupation gaulois, gallo-romains, haut et bas médiévaux et modernes se trouvent-ils concentrés dans un secteur très central sans que pour autant chaque époque soit présente en chaque lieu. Les nécessités, les goûts, les opportunités de chaque époque ont suffisamment varié pour que les lieux d'occupation se déplacent sensiblement tout en restant dans un périmètre restreint. Figure 1 : Occupation antérieure du site # Vestiges protohistoriques ^Vestiges gallo-romains Vestiges du haut Moyen Age CHELLES A L'EPOQUE MEROVINGIENNE 347 Toutefois les découvertes archéologiques sur Chelles, ayant, jusqu'en 1983 été le fait de sauvetages urgents, pour la plupart, il n'est pas possible de conférer à cet état des découvertes un caractère exhaustif . La villa — le palais Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs mentionne par quatre fois la villa de Chelles. La première mention est relative à l'assassinat de Clovis, fils de Chil- peric et d'Audovere, à l'instigation de Fredegonde2 : Ipse enim rex Calam Parisiacae civitatis villam advenit. Post paucus uero dies Chlodovechum ad se venire praecepit ; cui qualis interitus fuerit, dicere non pigebit. Igitur cum in supradicta villam apud patrem habitaret, coepit immaturae iactare vel dicere... La deuxième mention apparaît à l'occasion de l'assassinat du roi Chil- peric lui-même3 : His itaque cum haec praeda pergentibus Childericus, Nero nostri temporis et Herodis, ad villam Calensem, quae distat ab urbe Parisiaca quasi centum stadiis, accedit... Chelles est à nouveau à l'honneur lors de la fuite de Fredegonde et à propos des trésors laissés à Chelles 4 : Reliquos vero thesauros, qui apud villam Calam remanserant, in quibus erat missurium illud aureum quod nuper fecerat, thesaurari levaverunt et ad Childeberto regem, qui tune apud Meldensem com- morabatur urbem, velociter transierunt. Chelles apparaît enfin une dernière fois, dans le récit de Grégoire de Tours à nouveau à propos du trésor de Chilperic5 : Scripta enim ista in regestum Chilperici régis in unum scriniorum pariter sunt reperta ac tune ad eum pervenerunt, quando, interempto Chilperico, thesauri eius de Calensi Parisiaca urbis villa ablati ad eun- dem dilati sunt. Quelle fut la durée d'utilisation de cette villa royale ? La villa ne naquit pas de la seule volonté des rois mérovingiens. Il est fort probable qu'il ne s'agit pas là d'une création mais de l'adaptation d'une villa née à l'époque gallo-romaine, suffisamment spacieuse et orga- 1. — José Ajot et Alain Bulard, L'archéologie à Chelles, Chelles, 1977, 58 p. Cette publication est complétée par des rapports de fouille inédits conservés au musée municipal Alfred Bonno de Chelles (Seine-et-Marne) ou publiés dans les chroniques de Gallic - Histoire. 2. — Grégoire de Tours, « Historia Francorum», Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum merovingicarum, éd. W. Arndt & Br. Krusch, Hanovre, 1887, L. 5, ch. 39. 3. —Ibidem., L. 6, ch. 46. 4. —Ibidem., L. 7, ch. 4. 5. —Ibidem., L. 10, ch. 19. 348 NADINE BERTHELIER-AJOT nisée, pour accueillir la famille royale et sa suite dans les pérégrinations coutumières à leur mode de vie. Les présences royales6, les visites, les intrigues, etc., nous donnent quelques jalons d'occupation de la villa à l'époque mérovingienne. La fondation monastique de Clotilde, après le décès de son époux, le roi Clovis Ier ne se conçoit que si la reine, du vivant du roi, fréquenta la villa au cours d'un ou plusieurs séjours. Sinon pourquoi aurait-elle choisi Chelles plutôt qu'un autre lieu7, sinon en connaissance de cause ? Veuve en 511, elle eut donc l'occasion de fréquenter la villa entre son mariage8 et le décès du roi. C'est en se rendant à sa villa de Chelles qu'en 584 Chilperic Ier fut assassiné au retour de la chasse. Chilperic faisait suivre avec lui dans ses déplacements ses «trésors», qu'il faut entendre au sens large du terme : trésors sous forme d'objets en métaux précieux, pierreries9, reliques comme sous forme d'archives. Chelles ne faisait donc pas office de simple « rendez-vous de chasse » mais devait être souvent honoré de la présence du roi et des siens dès son avènement à la mort de Clotaire Ier en 561. Une visite de saint Géry au roi Clotaire II 10 fils de Chilperic et Frede- gonde confirme l'existence de la villa au début du VIIe siècle. En effet saint Géry à l'occasion de sa visite au roi Clotaire apprit que deux jeunes esclaves étaient retenus prisonniers par Landri, maire du palais. Ce n'est qu'à l'issue d'une nuit de prière dans l'église que les deux prisonniers furent délivrés. La présence de Landri, maire du palais, permet de situer cette visite entre 604 et 613. A l'époque carolingienne rien ne nous laisse supposer que le palais fut ou ne fut pas résidence des souverains. Charlemagne s'y installa-t-il lors de ses visites à sa sœur Gisèle, alors abbesse de Chelles? Rien ne nous permet de répondre. Toutefois en 861 Charles le Chauve signe de Chelles, un diplôme en faveur du monastère de Chambly. Les uploads/Histoire/ chelles-merovingien-pdf.pdf
Documents similaires










-
52
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 22, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 2.8981MB