1/21/13 Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !
1/21/13 Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !” de Jorge Sanjinés (1977) | Kinoks culturevisuelle.org/kinoks/archives/391 1/8 Par Johanna Cappi - 20 janvier 2013 - 10:35 [English] [PDF] [Twitter] [FB] Histoire et esthétique du cinéma documentaire/Paris 1 – CERHEC Accueil Agenda Focus Membres programmation EHESS Lhivic Culture Visuelle Submit Que cherchez-‐‑vous ? Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !” de Jorge Sanjinés (1977) Séance du 21 janvier ” Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! (Hors d’ici[1], 1977) est une reconstitution basée sur des faits réels, fondée sur un système narratif qui mélange des stratégies de mise en scène issues de divers styles documentaires et formes filmiques. Les images du film constituent un document unique sur la situation des communautés andines dans les années 1960 et 1970, période d’intervention idéologique et économique américaine sans précédent en Amérique Latine, suite à la Révolution Cubaine en 1959. Ce docu-fiction déroule l’histoire d’une communauté indigène des Andes équatoriennes en conflit de terres avec les représentants légaux d’une puissante entreprise, cette dernière ayant découvert de riches gisements minéraux sur leur territoire ancestral. Au milieu de l’affrontement, un groupe de religieux américains surgit et divise les paysans opposants entre croyants et non-croyants. Afin de parvenir à ses fins, l’entreprise déclenchera une tuerie, aidée par l’armée équatorienne. La représentation des peuples indiens en Equateur au XXe siècle fut longtemps liée à la construction de l’État- nation. Le film du cinéaste bolivien produit par le Groupe Ukamau (réunion de réalisateurs qui souhaitaient créer des films au service de la lutte historique pour la libération des peuples) constitue une exception à cette constante. C’est peut-être la raison pour laquelle ¡Fuera de aquí! Llocsi Caimanta est un film rare, l’un des plus cachés de l’histoire du cinéma équatorien. « Pour parler franchement aux agriculteurs et aux Blancs pauvres, c’est en fait au niveau des pauvres que nous devrions nous organiser. Blancs, Noirs, indigènes, métis, tout homme exploité. Soyons un seul poing pour réussir la victoire, pour vaincre les exploiteurs. Si nous faisons cela, nous pourrons vaincre, sinon nous ne vaincrons jamais (…) Nous, les indigènes, nous avons besoin des travailleurs, des étudiants, en fait de Culture Visuelle Connexion Inscription Auteurs du blog Visiter 1/21/13 Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !” de Jorge Sanjinés (1977) | Kinoks culturevisuelle.org/kinoks/archives/391 2/8 tous, non ? Tous, organisés contre les exploiteurs ! Tous les hommes, toutes les femmes. Les riches ignoreront ces choses, mais ils se rendront compte que ce film nous appartient ! » - Un paysan d’Imbabura à propos du film ¡Fuera de aquí! Llocsi Caimanta (1977) Le 11 octobre 1977, Équateur. Cette communication, dans le cadre d’un séminaire du GRHED, propose une analyse des stratégies de mise en scène du film par rapport à son contexte historique de production, notamment son circuit de diffusion et ses formes stylistiques, particulièrement l’utilisation du plan séquence intégral. Contexte de production En 1973, Jorge Sanjinés quitte la Bolivie suite à l’instauration de la dictature par Hugo Banzer. Le Groupe Ukamau (son nom est inspiré du premier long métrage du réalisateur), fondé par Jorge Sanjinés avec son scénariste Oscar Soria, se divise sur l’idée de rester en Bolivie ou de la quitter. Jorge Sanjinés part. Pendant son exil, avec le Groupe Ukamau, il réalise des films révolutionnaires dans d’autres pays andins, notamment El enemigo principal (1974) au Pérou et ¡Fuera de aquí! Llocsi Caimanta (1977), en Équateur. A son arrivée en Équateur, la situation politique n’est pas si différente de celle vécue en Bolivie. Un régime militaire, le Gouvernement Nationaliste et Révolutionnaire des Forces Armées, présidé par Guillermo Rodríguez Lara dirige le pays entre 1972 et 1976. Ce régime profite d’une période de grande prospérité économique, suite à la découverte de gisements et au début de l’exploitation pétrolière en Équateur. Cette prospérité permet la consolidation de certaines institutions opposées au régime politique, comme l’Université Centrale de Quito. « Cela offre au gouvernement des ressources économiques qui n’avaient jamais été vues et qui furent consacrées, parfois de façon superflue ou mal planifiée, au renforcement et à la modernisation de l’État et de l’appareil de production. »[2] En 1976, Rodríguez Lara est déposé et substitué par le Conseil Suprême de Gouvernement, celui-ci prolonge le régime militaire qui asphyxie le développement du pays. La répression, encore plus violente que sous le gouvernement de Rodríguez Lara, est assumée comme politique d’État. L’exemple le plus emblématique est la tuerie des ouvriers de la raffinerie de sucre AZTRA en 1977. C’est en amont de cet événement, pendant le gouvernement de Rodríguez Lara, que Jorge Sanjinés commença à préparer son film équatorien, en repérant les endroits et les institutions qui représentent des sources de résistance à l’idéologie officielle. « En raison de la situation politique actuelle, nous pensons que c’est en Équateur qu’on peut trouver l’une des expériences les plus intéressantes de cinéma anti-impérialiste. Jusqu’à présent, des films comme « ¿Qué es la democracia? », « Cerro Pelado », « La hora de los hornos », « Compañero presidente », « NOW », « Revolución », « Ukamau », « Yawar Mallku », « El coraje del pueblo » et « El enemigo principal » ont été reçus avec beaucoup d’intensité dans les milieux universitaires et ouvriers. L’identité culturelle et la syntonie des problématiques ont révélé un nombre surprenant de spectateurs : en deux mois et demi, « El coraje del pueblo » a été vu et discuté par environ 40.000 travailleurs à Quito ! »[3] Avant ce changement de gouvernement, le Département de Cinéma de l’Université Centrale soutenait la production de Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! par le Groupe Ukamau (présidé par Jorge Sanjinés) en collaboration avec l’Université des Andes du Venezuela. Le film est tourné en 16 mm, en langue quechua et contient des sous-titres en castillan. Dès sa première séquence, le film expose une virulente déconstruction du système politique imposé par Rodríguez Lara. « Une des séquences d’ouverture de Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! tourne subtilement en dérision les tactiques populistes du Général Guillermo Rodríguez Lara (…). Un politicien arrive à la communauté indigène de Calacala et clame de fausses promesses de réformes agraires à travers son mégaphone aux indigènes déconcertés. Les paysans en colère enterrent sa voiture sous une pluie de pierres et l’obligent à faire à pieds le même parcours du village à la ville qu’ils firent eux-mêmes lors des élections, pendant trois jours.[4] » À cette période, Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! fut projeté considérablement en Équateur et montré hors les circuits urbains, grâce au travail des étudiants militants auprès des communautés indigènes. Le transport de 1/21/13 Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !” de Jorge Sanjinés (1977) | Kinoks culturevisuelle.org/kinoks/archives/391 3/8 les circuits urbains, grâce au travail des étudiants militants auprès des communautés indigènes. Le transport de films était très dangereux à cause des contrôles militaires sur les routes. Cette diffusion étendue a permis un nombre de spectateurs satisfaisant d’après Jorge Sanjinés : « (…) Considérant le travail de diffusion auprès des paysans dans les différentes régions du pays, en une seule année, les films de notre groupe connurent approximativement 340 000 spectateurs ouvriers, paysans et étudiants. (…) La diffusion et les résultats (…) sont tout à fait satisfaisants pour un petit pays comme l’Équateur. Ce résultat est dû en grande partie au travail ordonné du Département de Cinéma de l’Université Centrale et à l’enthousiasme des camarades du Ciné-club de l’École Polytechnique Nationale.[5] » Jorge Sanjinés et son équipe à l'époque du groupe Ukamau Après son exil en Équateur, Jorge Sanjinés rentre en Bolivie en 1978. C’est en ce temps que le cinéaste écrit et publie, avec le Groupe Ukamau, son premier manifeste « Théorie et pratique d’un cinéma juste, avec le peuple », œuvre qui assemble et problématise l’expérience du cinéaste auprès des indigènes des Andes – dans lequel est retranscrit le scénario de Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! – et qui représente surtout une réflexion profonde sur la réalisation d’un cinéma révolutionnaire en Amérique Latine (plus exactement au Pérou, en Équateur et en Bolivie). En 1979, après dix ans de dictature, de nouvelles élections démocratiques ont lieu en Équateur : Jaime Roldós et Osvaldo Hurtado, respectivement de la coalition CFP et du parti chrétien-démocrate (Democracia Popular), sont élus Président et Vice-président. Seulement deux ans après, en 1981, le Président Roldós décède dans le crash d’un avion près de la frontière péruvienne, dans des circonstances douteuses. Hurtado devient alors Président et adopte un discours plus conciliateur avec les entreprises, les organismes internationaux et l’oligarchie nationale. 1/21/13 Cinéma révolutionnaire en Equateur : “Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí !” de Jorge Sanjinés (1977) | Kinoks culturevisuelle.org/kinoks/archives/391 4/8 En 2012, lorsque j’ai commencé mes recherches sur ce film Llocsi Caimanta ! Fuera de Aquí ! – dans le cadre de la programmation d’un cycle de cinéma pour le Festival EDOC « Encuentros del otro Cine »[6] – Jorge Sanjinés uploads/Histoire/ cinema-revolutionnaire-en-equateur-quot-llocsi-caimanta-fuera-de-aqui-quot-de-jorge-sanjines-1977.pdf
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- Publié le Oct 04, 2022
- Catégorie History / Histoire
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