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LES FORCES ÉMOTIONNELLES DES GROUPES SELON BION Mireille Fognini ERES | « Le Co

LES FORCES ÉMOTIONNELLES DES GROUPES SELON BION Mireille Fognini ERES | « Le Coq-héron » 2011/2 n° 205 | pages 128 à 140 ISSN 0335-7899 ISBN 9782749214221 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2011-2-page-128.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour ERES. © ERES. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Iambé, ainsi que les femmes d’Almodóvar, auraient employé, pour provoquer le rire, tout ce qui en grec est appelé skóptein, ou paraskópten pollá – obs- cénités, injures, gros mots, scato- logies 36. Il ne s’agit pas cependant, en arrivant à la fin de cet essai, de se borner à réaffirmer l’antique maxime selon laquelle rire est le meilleur re- mède, mais bien de pouvoir indiquer, à partir de la problématique imposée par le Witz au domaine psychanalyti- que, un chemin pour la mise en ques- tion de ce qui définit la spécificité de la psychanalyse : la circulation de la parole dans la clinique et, en par- ticulier, l’emploi de celle-ci par le psychanalyste ; la capacité de bénir la vie ; et la sublimation dans le do- maine culturel. Résumé Le point de départ de cet essai est l’incom- préhension qui caractérise la place faite aux mots d’esprit dans la vie quotidienne, analysée à partir de la censure dont a fait l’objet, dans un journal à grand tirage du Brésil, une charge consacrée au Pape Jean- Paul II, décédé en 2005. Approfondissant la thèse suivant laquelle la métapsycho- logie de l’humour fournit un paradigme à la métapsychologie de la sublimation dans l’œuvre freudienne, l’auteur montre de quelle manière le caractère irrévéren- cieux et rebelle que Freud attibue à l’hu- mour se réfère au positionnement désirant du sujet face à la mort, à l’état d’orphelin de l’Homme moderne et à la féminité. Mots-clés Humour, mot d’esprit, sublimation, psychanalyse, contemporanéité. 36. Ibid., p. 43. 1. Ce texte destiné à une conférence a été repris et actualisé pour une transcrip- tion écrite. 2. W.R. Bion (1961) Recher- che sur les petits groupes, Paris, PUF, 1965 pour la trad. fr. 3. L’ensemble de cette pré- sentation est essentielle- ment basée sur l’ouvrage de W.R. Bion, Recherche sur les petits groupes, Paris, PUF, rééd. 1976, et sur celui de L. Grinberg, D. Sor, E. Tabak de Bianchedi (1972), Intro- duction aux idées psycha- nalytiques de Bion, Paris, Dunod, 1976. Les forces émotionnelles des groupes selon Bion Mireille Fognini 1 Il y a quelques années, dans le cadre d’une institution de soins médico- psychologiques, il m’a été proposé de présenter les recherches et hypothèses de Wilfred Bion sur les groupes à partir de sa publication traduite en français en 1965 : Recherches sur les petits groupes 2. J’ai alors choisi de faire approcher l’essentiel de son investi- gation sur ce thème en me centrant sur ce qui est au cœur de son travail, à savoir les forces émotionnelles qui animent la plupart des groupes 3. Une telle présentation en un tel contexte pouvait offrir en elle-même une situation groupale. Car il convient de remarquer, pour se plonger d’em- blée dans le sujet, que si quelqu’un est en situation de faire une conférence ou une communication publique sur n’importe quel thème, il y a déjà de façon manifeste une situation com- plexe de groupe constituée de l’inter- venant-conférencier et de son public. Et ce groupe dans cette situation-là va probablement réagir avec ses pro- pres émotions, valences et pensées ; celles-ci vont dépendre de quantité de facteurs externes et internes. Il y a évidemment le groupe constitué et ses constituants, c’est-à-dire chacun des acteurs présents. Mais de plus, la présence de ce regroupement-là en ses manifestations singulières est el- Document téléchargé depuis www.cairn.info - CNRST Rabat - - 196.200.131.104 - 21/05/2020 00:54 - © ERES Document téléchargé depuis www.cairn.info - CNRST Rabat - - 196.200.131.104 - 21/05/2020 00:54 - © ERES 129 Théorie psychanalytique 4. On peut observer de tels phénomènes non seulement dans des chahuts d’étudiants en université, mais aussi dans des classes d’adolescents et même d’enfants plus jeunes, voire également dans des réunions publiques de toute nature. 5. W R Bion, op. cit., 1976, p. 130. 6. L. Grinberg, D. Sor, E. Tabak de Bianchedi, op. cit. le-même constituée de façon latente de tous les « groupes internes » (sus et/ou non reconnus) de chacun des participants, qui peuvent interagir de façon plus ou moins manifeste. Dans le cas d’une conférence donnée dans le cadre de travail orga- nisé par une institution, le groupe-ins- titution (nom, objectif, et statut offi- ciels) va ajouter aussi une dimension groupale supplémentaire. Le psycha- nalyste Bion, qui a ouvert un champ d’exploration pour mieux compren- dre le fonctionnement des petits grou- pes dont il a eu l’expérience, situerait un tel regroupement dans le cadre d’un « groupe de travail » et peut-être même d’un « groupe de travail spé- cialisé ». Cependant au sein d’un tel groupe, il est bien probable que les auditeurs puissent se sentir parfois traversés par des mouvements émo- tionnels différant beaucoup de ceux qui résultent d’une adaptation à la réalité d’un travail en cours, dans lequel serait défini ou recherché un objectif de coopération, d’effort et d’apprentissage. Une telle adaptation, en effet, confronte chacun à sa tolé- rance personnelle à la frustration et à ses modes de réactions individuelles et groupales. De sorte que dans un cadre de conférence, il est toujours utile de se demander si le groupe rassemblé avec le conférencier se vit globalement comme étant au sein d’un groupe de travail en maintenant cet objectif ; ou bien s’il est parcouru ou dominé par un vécu agité par d’autres émotions, que Bion a dénommé « présupposés de base » émotionnels, au point que le groupe peut en perdre cet objectif de coopération et d’apprentissage 4 fixé par le cadre de regroupement de départ. Ainsi, il se pourrait bien que le groupe d’auditeurs présents ressente la croyance absolue que l’orateur exposant son thème – par exemple moi-même, ici, parlant de Bion et de son approche des groupes – apporte l’idée, le message, la solution capa- ble de résoudre enfin les difficultés rencontrées dans les relations de leurs groupes connus ; ou bien que ce qu’il raconte est une ineptie à combattre ou tourner en dérision ; voire a contrario que l’idée qu’il propose est géniale et susceptible de modifier même l’ave- nir de tous les rapports sociaux. Il peut alors surgir un conflit à l’intérieur même du groupe d’orien- tation de travail parce qu’il devient troublé et agité par des impulsions émotionnelles diverses, du fait que s’opposent et réagissent des tendan- ces psychiques contradictoires entre la différenciation individuelle et la non-différenciation engendrée par le collectif. Qu’est-ce que vit dans son for intérieur un auditeur d’une conféren- ce à thème, où il se trouve réuni avec d’autres dans une groupalité pour en- tendre un débat ou une présentation ? Comment vit-il sa groupalité du mo- ment ? Ces interrogations nous immer- gent dans ce qui tisse toute la com- plexité inhérente aux groupes et aux mouvements émotionnels imbriqués entre le collectif et l’individuel, étant donné – et Bion nous le rappelle – que chaque humain se confronte en lui- même au conflit permanent entre son individualisme et son socialisme. En effet, « dans n’importe quel groupe les participants sont à la fois stimulés et frustrés, car l’individu est toujours à la fois poussé à satisfaire ses propres besoins et empêché de le faire par les craintes primitives que soulève la pré- sence du groupe 5 ». Brefs repères sur la pensée psychanalytique du groupe Le livre collectif Introduction aux idées psychanalytiques de Bion 6 a consacré son premier chapitre à éclairer la recherche de Bion sur les groupes avant de présenter et résumer l’essentiel des différentes publica- tions et idées originales de cet auteur ; cet ouvrage peut contribuer à aider les lecteurs et les praticiens n’en ayant Document téléchargé depuis www.cairn.info - CNRST Rabat - - 196.200.131.104 - 21/05/2020 00:54 - © ERES Document téléchargé depuis www.cairn.info - CNRST Rabat uploads/Histoire/ cohe-205-0128.pdf