La bataille de Manzikert a longtemps été considéré, reprenant les écrits laissé

La bataille de Manzikert a longtemps été considéré, reprenant les écrits laissés par les auteurs de l’époque, comme une défaite majeure pour l’empire, devenant le moment clef d’une confrontation entre turkmènes et l’état byzantin qui aurait abouti par la perte de l’asie mineure pour ce dernier. Nous allons ici étudier un document historiographique, extrait de la continuation -ou Skylitzès continuatus- de la chronique attribué à Jean Skylitzès. Nous reprendrons ici la théorie largement dominante chez les historiens contemporains qui lui attribuent cette continuation non signée. Skylitzès ou Ioannes Skulitzès est un historien byzantin de la seconde moitié du XIème siècle, de langue grecque, originaire d’asie mineure, probablement du thème des Thracésiens, il est sans doute issu d’une famille peu connue et serait un des « hommes nouveaux » monté dans la hiérarchie civile sous Constantin X. Faisant carrière dans la capitale impériale, il va intégrer l’élite des fonctionnaires impériaux, bénéficiant de la dignité de curopalates et de la fonction de drongaire de la veille, il sera aussi éparque de la ville, atteignant le sommet de sa carrière sous Alexis Ier Comnène ou il sera alors proche des plus hautes instances du pouvoir impérial. Il est l’auteur du Synopsis Historion, une chronique retraçant l’histoire de l’empire de l’avènement de Nicéphore Ier en 811 à la prise de pouvoir par Isaac Ier Comnène en 1057. On lui attribue également la continuation de cette chronique, la continuatus, qui couvre la période allant de 1057 à 1079. Cette continuation est pour les historiens contemporains une source majeure, permettant de retracer des tendances complexes sur une époque qui a longtemps suscité des débats. L’auteur s’inscrit pour son œuvre dans une démarche universelle, visant a retracer l’histoire des romains, le peuple élu, jusqu’à lui. Pour ce faire il adopte une méthode de synthèse, il reprend en effet le travail d’autres auteurs et condense leurs écrits afin d’écrire son histoire. Il affirme ainsi que l’utilité de son œuvre va à la lecture critique d’ouvrages antérieurs, qu’il a corrigé en extirpant toutes formes de glorification ou de censure qu’aurait pu appliquer un historien antérieur à lui. Il adopte une forme de rigueur, qu’on ne peut qualifier d’historique car anachronique, mais néanmoins rare pour l’époque. Pour la continuation de sa chronique, il s’inspire majoritairement des Histoires de Michel Attaleiate, -qui était présent à Manzikert et qui raconte les faits directement de son expérience- et de la Chronographie de Michel Psellos. Ces deux auteurs ayant un parti pris radicalement opposé, le premier étant favorable à Romain IV, l’autre soutenant ouvertement les Doukas, la reprise et la démarche neutre par Skylitzès de leurs œuvres porte ici tout son sens et permet à l’historien, qui adopte une vision critique, de tenter de retracer au mieux les évènements controversés allant de 1071 à 1079. Skylitzès utilise également d’autres sources autres que Attaleiate ou Psellos, il affirme notamment avoir recueilli des témoignages oraux de personnes ayant vécu les évènements, lui-même n’y ayant pas pris part. Un passage de cet extrait, et c’est ici ma théorie, semble reprendre également une source Arménienne, celle d’Aristakès Lastivertsi, quasiment mot pour mots. Cela ouvre donc à une nécessaire prospection textuelle critique, qui vise a s’approcher au maximum de la vérité historique, et ce même si Skilitzès insiste sur l’utilisation impartiale de ses sources. Il faut également comprendre que l’auteur écrit et publie son œuvre -qui rencontrera un vif succès au sein de la minorité capable de la lire- sous Alexis Ier Comnène, dont il est proche, et il est possible qu’il accable ses prédécesseurs pour le soulager lui, car ses écrits sont aussi bien destinés à ses contemporains qu’aux générations futures, il inscrit donc son récit dans la postérité. Le récit parait à une époque ou un nouvel empereur, Alexis Ier, stabilise la situation politique interne et ou les latins établissent une présence autonome en orient suite à la croisade. Il raconte cependant des faits qui se passent peu après 1071, durant la période de troubles interne qui suit Manzikert. L’empire est alors bénéficiaire comme l’Europe latine d’une croissance démographique et économique forte, profitant notamment de l’optimum climatique médiéval. Malgré cela sa monnaie d’or, le nomisma, se dévalue tout comme les dignités distribuées par l’Empereur. Il faut alors comprendre que l’empire est, et ce depuis la mort de Basile II 1025, instable politiquement en raison de la rapide succession d’Empereurs à sa tête, six empereurs ou impératrices se succèdent en effet entre 1025 et 1068, soit le début du règne de Romain IV Diogène. Plus si l’on compte ceux qui sont associés au pouvoir des deux impératrices, Zoé et Théodora, dernières descendantes de la dynastie macédonienne, celle de Basile II, et qui, en raison de leur âge, seront incapable de faire perdurer la dynastie héréditaire, dynastie qui prendra donc fin en 1056 à la mort de Théodora. L’empire, déjà instable en raison de la succession d’aristocrates associés au pouvoir -aristocrates qui avaient été affaiblis sous Basile II- va sombrer dans la guerre civile quand, en 1057, une alliance de deux familles puissantes, les Doukas et les Comnènes, vont renverser Michel VI Bringas et installer Isaac Ier Comnène sur le trône. Cette faction va alors se diviser durant les années suivante et Constantin X Doukas sera placé sur le trône. Les intrigues politiques sont alors le fait de factions, regroupant aristocrates détenteur de dignités et fonctionnaires du palais qui vont tous chercher a placer sur le trône un empereur qui leur est favorable. Mais les querelles incessantes entres factions aux intérêts divers vont empêcher l’installation d’une nouvelle dynastie et le retour à la stabilité. C’est cette instabilité qui va affaiblir l’empire, et notamment la guerre civile de 1057, courte mais violente, qui va rendre le phénomène visible même pour les contemporains, au point ou, à la mort de Constantin X, un courant puissant va doter Romain IV Diogène, un militaire de carrière, du pourpre afin de stabiliser la situation. L’empire est alors menacé sur ses frontières ; les normands ont fait irruption en Italie du sud et, avec Robert Guiscard à leur tête, prennent progressivement le contrôle du catépanat. En 1067 ils se préparent a assiéger Bari et c’est toute l’Italie Byzantine qui est entrain d’être perdue pour l’empire. Les Petchenègues, peuple turcique originaire d’asie centrale, mènent des attaques nombreuses dans les Balkans sous domination byzantine, et mettent la frontière du Danube en très grande difficultés. L’empire est alors incapable de mater les révoltes de bandes Petchenègues dans les Balkans et sa domination sur la région s’en retrouve grandement fragilisé. Les Ouzes, d’autres turcs, assaillent également l’empire. Les Turcs Seldjoukides ont eux fait irruption brutalement dans le paysage politique du proche Orient. Également originaire d’asie centrale, ils s’installent en Transoxianne et entrent à Bagdad en 1055. Prenant alors le contrôle du califat Abbasside, ils permettent un renouveau dynamique dans le monde de l’Islam et vont rapidement mener des raids en Anatolie. S’érigeant en champion du sunnisme, ils vont encourager les bandes turcomanes a franchir la chaine du Taurus et a mener des campagnes de pillage de plus en plus profondément en asie mineure, le système défensif byzantin se révélant incapable de les stopper car manquant d’hommes, du fait de l’instabilité. La communication vers l’est de l’empire et le lien avec le pouvoir central s’en est vite retrouvé fragilisé du fait de la présence Turque dans les plaines, coupant parfois les voies de communication. C’est face à ces menaces que Romain IV fut élevé au pouvoir en épousant l’impératrice Eudocie. L’une de ses premières décisions va alors être de partir en campagne en Anatolie orientale, à la tête d’une grande armée, pour mettre fin à la menace et ainsi légitimer son pouvoir pour peut-être établir une dynastie. L’empire médiéval, après son apogée territoriale sous Basile II, est alors entrée en crise en très peu de temps, même s’il reste riche et prospère, en raison notamment du contrôle des routes commerciales passant par les détroits. Les relations avec l’occident latin sont alors nombreuses et beaucoup de pèlerins ou marchands venu du monde franc empruntent ses routes. L’empire attire également des mercenaires en tous genre pour faire face, et notamment des contingents francs, ou les normands venus d’Italie sont surreprésentés. Les normands apparaissent il est vrai comme omniprésent dans ce document, l’auteur relate en effet le sort de Diogène et l’arrivée des Turcs, avant de raconter l’envois par Michel VII de deux armées face à eux qui vont échouer dans leur tâche de par le retournement des normands de Roussel de Bailleul -appelé ici Rousélios-. Est évoqué ensuite la tentative de ce dernier de marcher sur Constantinople, la tentative de proclamation de Jean Doukas comme basileus et l’échec de ceux-ci face aux Turcs appelés par Michel VII. Ainsi, face à cet extrait et pour éclairer ce qu’il évoque comme phénomènes, l’ont peut se demander de quelle manière les rivalités interne pour le pouvoir, allant à l’encontre même des intérêts de l’empire, ont-elles provoqué l’affaiblissement inexorable de ce dernier ? Nous tenterons pour cela de comprendre l’état des luttes pour le pouvoir, luttes uploads/Histoire/ commentaire-manzikert.pdf

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  • Publié le Nov 08, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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