Conséquences actuelles de la Traite Négrière en Afrique Mohamed Lamine KABA Nat

Conséquences actuelles de la Traite Négrière en Afrique Mohamed Lamine KABA Nationalité : Guinéenne (République de Guinée) Afrique de l’Ouest. Titulaire d’une licence (Bac+3) en Sociologie Spécialisé en Sociologie des Organisations Université Libre de Guinée (ULG). Contacts : Tél : +224 666 906 234 (WhatsApp) +237 677 62 06 86 E-mail : rkaba16@gmail.com o Introduction Dans la reconstitution de la traite négrière, l’histoire politique de l’Afrique peut être présentée à travers les différents événements qui se sont succédés, avec comme constance le bouleversement du substratum social et la rupture du fonctionnement normal des sociétés. La traite négrière a eu des conséquences considérables sur le continent noir, tant en ce qui concerne sa démographie que ses structures et son développement économiques. Pour mieux comprendre les conséquences actuelles de la traite négrière en Afrique, il conviendrait de se poser une certaine question à savoir : En quoi la traite négrière affecte-t-elle réellement en ce XXIème siècle, l’évolution des États africains ? Nous tenterons de répondre à cette interrogation à travers des éléments illustratifs d’ordre éducatif, politique, social, économique, culturel/moral, géostratégique, philosophique et psychologique. 1. Sur le plan éducatif : la fuite des cerveaux ou l’exode des cerveaux. Bien avant l’arrivée des missionnaires blancs sur le sol africain, les africains avaient un système éducatif qui formait aux métiers divers de la vie : santé, agriculture, élevage (chasse, cueillette), pêche, métallurgie, mine, droit d’ainesse. Par ailleurs, la déclaration des droits de l’homme qui résulte de la prise de la bastille en 1789 en France (cf. révolution française), amendée et adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies pour prendre la connotation universelle (Déclaration universelle des droits de l’homme) naît à partir de l’empire du Mali (comme l’indique l’histoire de Soundjata Keita (cf. Charte de Kurukan Fouka)). Le commerce international trouve aussi son origine dans le même empire à travers l’histoire de l’empereur Kankou Moussa communément appelé Mansa Moussa pour certains et Kankan Moussa pour d’autres. Cependant, l’homme blanc, champion de la traite négrière, dans sa mission mercantiliste a, dès son entrée en Afrique, bouleversé le système éducatif africain pour, avec le truchement de l’église (catholique et protestante), construire l’école dit-on de civilisation qui n’a été que celle de fascination, d’acculturation, de soumission, de déracinement et d’asservissement de l’homme noir. C’est ce constat qui poussa Cheick Hamidou Kane à affirmer dans son ouvrage intitulé ‘’Aventure Ambiguë’’ : « Le canon contraint les corps, l’école fascine les âmes ». 1.1. La fuite des cerveaux ou l’exode des cerveaux : Si la fuite des cerveaux désigne la soustraction discrète de quelques intellectuels d’un environnement professionnel où leur présence profite à ceux qui les courtisent, l’exode des cerveaux renvoie au départ massif des cadres vers des pays où, sans être invités ni vivement recherchés, ils espèrent un mieux être. Ces départs, sous le regard impuissant des pays d’origine et parfois avec leur accord tacite, se confondent avec l’immigration (cf. L’Histoire 1999) et les débats qui l’accompagnent portent sur l’intégration professionnelle des migrants dans divers secteurs, y compris ceux délaissés par les nationaux, sur leur situation administrative (sans papiers), sociale (droit du sol, droit du sang) ou culturelle (assimilation ou accommodation). Les termes exode et non-exode qualifient ici la situation de départ ou non des intellectuels des pays du Sud (Afrique surtout) vers ceux du Nord. Parmi les causes figurent, sans ordre de priorité, les conditions de travail, les crises économiques et les conditions salariales, les caractéristiques des recherches, la disparité entre l’offre et la demande de travailleurs qualifiés face à l’expansion de l’enseignement supérieur par rapport aux économies des pays africains et à l’environnement politique, etc. 2. Sur le plan politique De la traite négrière au néocolonialisme, l’histoire politique de l’Afrique peut être présentée à travers les différents événements qui se sont succédés, avec comme constance le bouleversement de la superstructure sociétale et la rupture du fonctionnement normal des sociétés. Ainsi, au sortir de la seconde guerre mondiale, deux blocs furent mis en place (l’Est et l’Ouest) et la plupart des pays africains ont choisi la politique d’alignement (capitalisme et communisme). Cet état fait de l’Afrique, victime du choc de cultures entre l’Occident et l’Orient. Lequel choc a toujours conduit le monde à la catastrophe (pangermanisme vs panslavisme). Les États africains, alors financés par l’un ou l’autre des deux blocs sont appelés à se soumettre au diktat de leurs financiers. D’où la subordination des règles de coopération à la démocratie, fameuse stratégie de l’Occident pour mettre l’Afrique sous sa botte : françafrique, franc-maçonnerie, diaspora marionnette, corruption au sommet de l’État, détournements de deniers publics, népotisme dans l’administration sont les maîtres mots pour apprécier la démocratie en Afrique. L’Union Africaine dont l’ancêtre est l’Organisation de l’Unité Africaine a été créée dans le but de permettre à l’Afrique d’avoir la voix au chapitre dans le concert des nations. Cependant, confrontée aux difficultés d’ordre monétaire, cette organisation régionale (continentale) est incapable d’atteindre efficacement ses objectifs : ingérence de l’extérieur porte préjudice à son fonctionnement. 3. Sur le plan social et démographique La traite négrière a réduit au néant les bases qui fondent les sociétés africaines tout en les remplaçant par les acquis civilisationnels de l’homme blanc (négrier). Cette situation causa au sein des sociétés africaines, un traumatisme qui va en s’amplifiant au cours des années qui précédèrent l’abolition de la traite négrière jusqu’à nos jours. L’Afrique fut vidée de ses bras valides à la suite des déportations massives des jeunes autrefois aptes à la production : agriculture, chasse, cueillette, pêche, etc. Aujourd’hui, l’Occident à travers ses médias continue encore de vider l’Afrique de sa jeunesse : la migration irrégulière, la fuite des cerveaux (intelligentsia), les mouvements terroristes, la rébellion, la guerre civile, les épidémies, la famine, etc. C’est ainsi que le continent africain devint tributaire de l’Occident dans divers domaines d’activités ou centres d’intérêts. La problématique de consolidation de la ‘’civilisation de l’universel’’ est en soi une stratégie utilisée par les négriers dits colonisateurs pour favoriser en Afrique, le déracinement et l’acculturation. Cette question mal posée et mal comprise par les africains va de crescendo fasciner l’Afrique à limiter les naissances sous prétexte que la démographie galopante est la cause motrice du sous-développement du continent. Cependant, la Chine, malgré sa démographie plus que jamais galopante s’est taillé une place de choix enviable dans le concert des nations et dicte aujourd’hui sa loi aux puissances qui l’ont colonisée et pillée. 4. Sur le plan culturel/moral Aujourd’hui, les noirs sont vus comme des moins que rien, la serpillère de l’humanité. La pauvreté et l’arriération dans lesquelles l’Occident nous a plongé est en partie responsable de notre image désastreuse. Mais le prétendu manque de réalisations passées, notre couleur associée à la malédiction dans le christianisme et notre culture associée à la mécréance dans l’islam, achèvent de nous détruire. La falsification de l’histoire noire est la condition indispensable à l’exploitation continue des noirs où qu’ils soient. 5. Sur le plan géostratégique Renfermant des potentialités minières, hydrauliques, maritimes, fauniques, floristiques et humaines, l’Afrique a toujours été la convoitise des puissances extérieures. La géopolitique internationale étant axée sur les matières premières (base de l’industrie), les puissances coloniales veulent toujours maintenir leur influence dans leurs anciennes colonies respectives. De nouvelles puissances (la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, etc.) œuvrent pour s’implanter. Cette ruée sur les premières fait de l’Afrique un champ où se joue la géopolitique internationale. 6. Sur le plan philosophique La société africaine avant l’arrivée des négriers était mécanique où le « nous » prime sur le « je ». Une forme de cohésion sociale fondée sur la similitude des comportements des individus et des valeurs de la société. La similitude des comportements et l'identité commune des individus fait qu'il n'y a pas de conflit portant sur les valeurs et les normes de la société. L’homme blanc a laissé planer que cette façon de vivre était de la sauvagerie. C’est ainsi que la philosophie occidentale fut instaurée et enracinée sur le sol africain et qui accorde la primauté à la solidarité organique caractérisée par une cohésion sociale fondée sur la différenciation où les relations humaines sont impersonnelles, utilitaires et instrumentales : le « je » prime sur le « nous ». Ce mode de vie occidental prépare les esprits à la corruption, aux détournements des deniers publics, sentiment d’apatride, au terrorisme, au crime organisé transnational et à l’extrémisme violent qui, aujourd’hui portent par endroits, préjudice au développement du continent africain. 7. Sur le plan Psychologique et moral Bon nombre de tensions locales à dimension mémorielle qui ont perduré jusqu'à l'Afrique du XXIe siècle, notamment les images de la guerre qui dévaste à partir de février 2003 le Darfour, avec des villages encerclés par des cavaliers en armes, des cases brûlées, des femmes et enfants enlevés, comme dans les razzias qui subies par cette partie de l’Afrique à l'époque des négriers. Ce secteur fut un réservoir d’esclaves dès l’Égypte pharaonique, puis lors des périodes fatimide puis ottomane. Maures, Touaregs, Peuls et Arabes ayant joué un rôle actif dans les razzias, les mémoires des uploads/Histoire/ conse-quences-actuelles-de-la-traite-ne-grie-re-en-afrique.pdf

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  • Publié le Jul 12, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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