Dossier documentaire Séance n°2 – 1er février 2011 Droit et citoyenneté – Histo

Dossier documentaire Séance n°2 – 1er février 2011 Droit et citoyenneté – Histoire des féminismes Doc.1 : Faire l’histoire de la pensée féministe : pourquoi ? […] Rendre les choses intelligibles là où la confusion paraît inévitable. Tel fut le pari d’une histoire de la pensée féministe, d’une généalogie de l’exclusion des femmes de la démocratie, d’une lecture de la tradition philosophique relativement à la différence des sexes. Le féminisme apparaît comme un désordre, une passion, une hystérie, rarement comme un engagement raisonné dans l’espace politique. Le féminisme relève de l’humeur et non de la réflexion, tel est l’habituel commentaire des contemporains d’un mouvement féministe. Le pari fut de retrouver le sens, la logique, les raisons et les fondements de l’acte féministe dans l’histoire. Retrouver l’histoire était nécessairement retrouver le sens. Par exemple, être une féministe révolutionnaire en 1848 implique une réflexion sociale et politique au même titre que les autres acteurs de cette révolution. Le pari du sens est bien évidemment le pari de la pensée. Le geste féministe, quand il paraît avoir ses raisons, est reconnu dans sa singularité relative. Le féminisme serait une opinion, serait, comme mouvement social et politique, l’expression multiple d’opinions diverses. L’opinion est l’expression d’un sujet, sujet singulier. Mais l’opinion comme engagement historique et politique est renvoyée à sa limitation. Il fallait montrer que l’opinion s’appuie sur une élaboration réfléchie, sur de la pensée. Par exemple, l’opinion de Clémence Royer concernant le suffrage des femmes s’appuie sur son idée de l’évolution de l’humanité. Si elle est provisoirement contre le droit de vote, c’est parce que les femmes, pense-t-elle, ne sont pas prêtes, historiquement parlant. Derrière l’opinion, il y a de la pensée. Proposer une intelligibilité de l’émancipation, de la subversion féministe nécessitait en retour de formuler la domination, comme son envers. Or si la subversion est renvoyée à l’humeur et à l’opinion particulière, la domination est tue ; elle relève non pas du bruit désordonné, mais du silence délibéré. Il faut donc reconstruire un puzzle dont on ne connaît pas le dessin. Il y a deux raisons connues, explications à l’absence de champ d’exploration de la différence des sexes ; ce que la psychanalyse présente comme le nécessaire refoulement de la sexualité avec ses conséquences dans les complexes mécanismes de la sublimation ; ce que la politique esquive en refusant de faire de la domination masculine un des enjeux de sa science. Disons que si la psychanalyse travaille depuis un siècle à élaborer sa science et son art (on ne tranchera pas), la science politique n’a pas encore accepté une pensée sur la domination masculine. D’où la nécessité de convaincre de l’intelligibilité du domaine de réflexion. Légitimer une pensée sur la différence des sexes, égalité et inégalité des hommes et des femmes, est une exigence de la modernité politique. C’est une affirmation fort minoritaire en France aujourd’hui, plus acceptée en Amérique du Nord. Geneviève Fraisse, « A Contre-Temps », Genre & Histoire [En ligne], n°2, Printemps 2008. [http://genrehistoire.revues.org/index233.html] Doc.2 : « Féminisme ». Un mot. De multiples définitions Doc.2A : Doctrine, le mouvement qui préconise l’extension des droits et du rôle de la femme dans la société. Charles Fourier, philosophe français, figure du socialisme utopique. Cité dans le Grand Robert de la langue française, vol.III, p.668 Doc.2B : Individu mâle qui présente certains caractères secondaires du sexe féminin et, par extension. État d’un homme qui présente des traits psychologiques attribués à la femme. Larousse médical du XIXe siècle Doc.2C : Le féminisme, c’est-à-dire cette confusion des sexes qui tend non plus à l'équivalence des conditions, mais à leur identité. Lafayette, député radical, 1925 Doc.2D : Analyse faite par des femmes (i.e. à partir de l’expérience minoritaire), des mécanismes de l’oppression des femmes en tant que groupe ou classe par les hommes en tant que groupe ou classe, dans diverses sociétés, et volonté d’agir pour son abolition. Nicole-Claude Mathieu, L’Anatomie politique, Paris, Côté-femmes, 1991, p.135. Doc.2E : Une garçonne. Photographie, vers 1925. Doc.2F : « Cas d’aspiration collective vers l’égalité » (Léon Abensour, Histoire générale du féminisme, 1921) Doc.2G : Au sens large, le féminisme inclut l’ensemble argumentaire qui dénonce les inégalités faites aux femmes et qui énonce des modalités de transformation de ces conditions. Il comprend des réflexions théoriques, des études empiriques et des propositions politiques et sociales. Le féminisme est un mouvement diversifié dont les combats ont évolué au fil des années et selon les pays. Revendiquant d’abord le droit de vote pour les femmes (fin du XIXe et début du XXe siècle), la lutte des mouvements féministes a ensuite touché les aspects juridiques, économiques et culturels. Les féministes ont ainsi été actives dans plusieurs dossiers : l’abolition des discriminations dans la vie professionnelle, la décriminalisation de l’avortement, l’implantation de garderies, la dénonciation de toutes les formes de violence exercée contre les femmes dans la vie privée comme dans la vie publique. Quelques noms s’imposent. D’abord, Mary Wollstonecraft (XVIIIe siècle) et Flora Tristan (XIXe siècle) au Royaume- Uni et en France. Puis Clara Zetkin (XXe siècle), à l’origine de la journée du 8 mars, ou encore Alexandra Kollontaï dans le contexte de la révolution bolchévique en Russie. Après la Deuxième Guerre mondiale, le mouvement est marqué par un grand nombre de personnalités: Simone de Beauvoir, Kate Millet, Élisabeth Badinter, Shulamith Firestone, Ti-Grace Atkinson ou Luce Irigaray. Les préoccupations féministes ont également été transposées dans des œuvres culturelles, notamment en littérature. Par exemple: la britannique Doris Lessing (Nobel 2007), auteure du livre Le carnet d’or (The golden notebook), un livre phare du féminisme publié en 1962. Le mouvement s’inscrit aussi dans des organisations comme la National Organization for Women aux États-Unis, fondé en 1966 ou à travers des événements comme la Conférence internationale sur les femmes à Nairobi (1985). Considéré comme un des grands mouvements du XXe siècle, il a bouleversé la division traditionnelle des rôles, la suprématie masculine dans la famille et la structure de la main-d’œuvre dans un grand nombre de pays. Les victoires de ce mouvement sont variables. Dans certains pays, le mouvement fait face à des blocages importants de la part des gouvernements, des groupes religieux ou des segments les plus traditionalistes de la société. Dans d’autres, les principales revendications du mouvement ont été intégrées aux législations et aux ensembles culturels. Article « Féministe » publié sur Perspective Monde, Outil pédagogique des grandes tendances mondiales depuis 1945 (Université de Sherbrooke, Canada) [http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1504] Hubertine Auclert, pionnière du féminisme français (1848-1914) Doc.3 : Petit florilège antiféministe « La femme est à l’homme ce que l’Africain est à l’Européen, et le singe à l’humain Paul Topinard, anthropologue, en 1873 « On ne saurait nier, sans doute, qu’il existe des femmes très distinguées, très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d’une monstruosité quelconque ». Gustave Le Bon Clémentine Delait (1865-1939), la plus célèbre des femmes à barbe française Doc.4 : Le féminisme avant le féminisme Doc. 4A : Quelques dates essentielles Début du XVe siècle : Christine de Pisan écrit La Cité des Dames. « La femme doit se tenir debout aux côtés de l’homme et ne doit en aucun cas être couchée à ses pieds telle une esclave ». Proclamation de l’égalité spirituelle des hommes et des femmes. XVIIe siècle : La « Querelle des femmes » oppose misogynes et gynophiles → La préciosité, un féminisme essentialiste et différencialiste → Poulain de la Barre (De l’égalité des deux sexes, 1673), un féministe anti-différencialiste Doc.4B : La Cité des Dames (Christine de Pisan) Illustration tirée de La Cité des Dames,Paris, vers 1405 (BNF) Doc.4C : François Poulain de la Barre, De l’égalité des deux sexes (1673) La nature n’a jamais dicté une telle loi [la domination des hommes sur les femmes]. L’empire que nous avons sur elles est une véritable tyrannie ; elles ne nous l’ont laissé prendre que parce qu’elles ont plus de douceur que nous, et par conséquent plus d’humanité et de raison. […] Les forces seraient égales si l’éducation l’était aussi. Éprouvons-les dans les talents que l’éducation n’a point affaiblis, et nous verrons si nous sommes si forts. Doc.4D : Tableau synoptique des courants du féminisme Différencialisme (Essentialisme) Universalisme Féminisme des précieuses (XVIIe s.) Réactivé par Antoinette Fouque avec le mouvement Psych et Po (1970’s). Thèse : Il existe deux sexes, deux modalités différentes d’incarnation de l’humanité, générant deux manières d’être au monde dont l’une a été bridée et asservie à l’autre. But : L’émancipation des femmes modifierait la conception même du monde commun. À relier avec la pensée américaine du care (Caroll Gilligan) qui affirme la nécessité d’un surplus de souci de l’autre ou de la sollicitude sur la justice. Féminisme de Poulain de la Barre (XVIIe s.) Repris chez Simone de Beauvoir. Thèse : Rejet de l’argument de la nature duelle des sexes (« nature- elle-ment ») au nom d’une unicité de la Raison. La définition des sexes et la forme hiérarchique de leur rapport repose sur une construction, un « être-devenu » historico-social. But : Il s’agit uploads/Histoire/ dossier-documentaire-seance-2.pdf

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  • Publié le Dec 16, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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