LE PROBLÈME MORAL ET LA PENSÉE DE SARTRE DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS Sign

LE PROBLÈME MORAL ET LA PENSÉE DE SARTRE DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS Signification humaine du rire Paris, 1950 Montaigne par lui-même Collection « Ecrivains de toujours » Paris, 1951 La Vraie Vérité, suivi de la Récrimination Paris, 1954 Sartre par lui-même Collection « Ecrivains de toujours » Paris, 1955 L'Algérie hors la loi en collaboration avec Colette Jeanson Paris, 1955 Lignes de départ Paris, 1963 La foi d'un incroyant Paris, 1963 Lettre aux femmes Paris, 1965 Simone de Beauvoir ou l'entreprise de vivre CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS La Phénoménologie Collection « Notre Monde » Téqui, Paris, 1952 Notre guerre Éditions de Minuit Paris, 1960 La Révolution algérienne problèmes et perspectives Feltrinelli, Milan, 1962 FRANCIS JEANSON LE PROBLÈME MORAL ET LA PENSÉE DE SARTRE LETTRE-PRÉFACE DE JEAN-PAUL SARTRE SUIVI DE UN QUIDAM NOMMÉ SARTRE (1965) ÉDITIONS DU SEUIL 27, rue Jacob, Paris VI* © Éditions du Seuil, 1965. à C. C. La tranquillité est une malhonnêteté de Vâme. TOLSTOÏ LETTRE-PRÉFACE Mon cher Jeanson, Un auteur de bonne volonté attend toujours que les cri­ tiques, même les plus hostiles, lui révèlent quelque chose sur lui-même, ne fût-ce qu'en lui réfléchissant " du dehors " ce qu'ira pensé et vécu au-dedans. Malheureusement la pas­ sion s'est si bien mêlée à la philosophie, lorsqu'il s'ea agi de l'existentialisme, et tant d'ignorants ont cru pouvoir prendre la plume pour combattre ou défendre cette doârine que je n'avais jamais, jusqu'ici, pu retrouver mes intentions ou ma pensée dans les articles et dans les livres qui préten­ daient parler de moi. Il me semblait toujours qu'à s'agissait d'un autre. C'eSt pour cette raison que j'apprécie tant votre livre. Vous êtes le premier à me dpnner une image de moi- même assez proche pour que je puisse me reconnaître, assez étrangère pour que je puisse me juger. Vous n'avez pas commis l'erreur de juger l'œuvre d'un vivant comme si son auteur était mort et qu'elle fût arrêtée pour toujours. Vous avez choisi, au contraire, pour l'étudier, le point de vue le plus difficile mais aussi le plus fructueux : vous l'avez envi­ sagée comme une pensée inachevée, en mouvement, et vous avez tenté d'esquisser ses perspeéHves futures. Pour cela, vous n'avez pas hésité à prendre comme thème directeur la morale exiéientiali&e et vous y avez eu d'autant plus de mérite que cette partie de la doctrine n'a pas encore été véri­ tablement traitée — du moins dans son ensemble — et que i i LETTRE-PRÉFACE la plupart des critiques, ayant préféré réfuter des thèses que je n'ai pas encore avancées et qu'ils ne connaissent point, ont introduit la plus profonde confusion en cette matière. Mais, en même temps, vous ne pouviez adopter de meilleure perspeéHve pour faire pressentir le sens et l'orientation de ma philosophie* Puisque, en effet, l'existant eSt pour moi un être " qui a à exister son être ", il va de soi que l'ontologie ne saurait se séparer de l'éthique, et je ne fais pas de diffé­ rence entre l'attitude morale qu'un homme s'eSt choisie et ce que les Allemands appellent sa " Weltanschauung ".S'il fallait démontrer l'excellence de votre méthode ainsi que votre rigoureuse honnêteté, je donnerais cette preuve-ci : vous avez si parfaitement épousé le développement de rna pensée que vous en êtes venu à dépasser la position que j'avais prise dans mes livres au moment que je la dépassais moi-même et à vous poser, à propos des relations de la mo­ rale et de l'histoire, de l'universel et de la transcendance concrète, les questions que je me posais moi-même, dans lemêmetemps. Je n'ai donc aucun scrupule à recommander votre ouvrage au public : c'est beaucoup plus et beaucoup mieux qu'une introduâion à l'existentialisme. Votre exposé eSt aux travaux que j'ai pu lire sur le même sujet comme les définitions génétiques sont, en géométrie, aux définitions purement escriptives; Croyez, mon chef Jeanson, à toute ma sympathie. J.-P. SARTRÏE AVANT-PROPOS Une pensée qu'on nous propose, c'est d'abord un choc que nous éprouvons. Il faut plaindre les philosophes contaminés par le métier, et dont tout le pouvoir de réa&ion s'e§t changé en manie d'exégèse; ils y mènent un travail privé d'inspiration, leur esprit n'a pas vécu ce qu'il s'acharne à disséquer. Nous avouons, pour nous, — et c'est un aveu qui ne nous coûte guère — avoir violemment réagi à chacun de nos conta&s avec la pensée de Sartre. L'ayant abordée sous son aspeâ littéraire, ce fut en premier lieu un sentiment très proche de l'écœurement : en par­ ticulier, nous ne parvenions pas à dépasser la trentième page des Chemins de la liberté... Puis, poussé par une sorte de nécessité quasi professionnelle, nous nous sommes tourné vers les ouvrages philo­ sophiques; nous avons connu la magie d'un mode d'expression parfaitement adapté à des perspectives théoriques — fort suscepti­ bles de remédier à l'insatisfaftion où nous avaient laissé d'autres perspe&ives, déjà classiques. Alors, nous avons repris la leâure des nouvelles, du roman, nous avons assisté à des représentations théâtrales qui firent assez de bruit. Ce fut là pour nous un appro­ fondissement décisif de la découverte précédente ; cette pensée, enfin, se donnait à nous dans son mouvement même, nous éprou­ vions son véritable dynamisme, nous nous sentions capable d'en tirer, pour nous-même, quelque parti pratique. C'eSt alors que commencèrent à nous inquiéter les réa&ions de la critique, et celles de nos meilleurs amis. Essayant de comprendre les unes, et, déjà, de répondre aux autres en exposant notre com­ préhension personnelle de l'œuvre, nous fûmes amené à prendre conscience d'une sorte d'erreur que nous avions commise :— en 13 AVANT-PROPOS croyant lire dans cette œuvre ce qui n'était encore qu'une des vir­ tualités du mouvement de pensée de son auteur. La perspeéHve morale par où ce mouvement nous avait atteint ne s'y trouvait en effet qu'à l'état d'ébauche, une ébauche dont la réalisation ris­ quait évidemment de se poursuivre selon des voies inattendues. Mais, corrélativement, nous apparut aussi le tort de ceux qui condamnaient sur l'état quand nous jugions sur certaines implica- - tions du mouvement. Et, pour être sincère, ce tort nous sembla plus grave que le nôtre. Une pensée n'a valeur que de mouvement, et il vaut mieux, selon nous, se tromper en interprétant celui-ci dans une dire&ion où il n'eâ pas effectivement engagé, qu'en le supprimant au profit de positions dès lors privées de sens. Dans un cas, on a pensé grâce à l'auteur, sinon selon lui. Dans l'autre, on s'eSt s vainement dépensé contre lui. Et si nous avions trop tôt dessiné pour nous-même une morale sartrifte encore inexistante, préci­ sément pour cette raison nous ne pouvions qu'être profondément étonné de voir des critiques condamner cette morale en s'appuyant cette fois sur la lettre et non plus sur l'esprit. Encore n'était-ce point, trop fréquemment, sur la totalité littérale de l'œuvre — mais sur certains aspe&s, choisis suivant ce qu'il convenait de " prouver ". Nous avons tenté, pour notre part, de dégager le mouvement — que nous avions d'abord entrevu pour lui-même — r . d'une étude attentive des positions et des contradictions qu'elles entretiennent si on les envisage exclusivement en tant que positions. Nous n'avons à aucun moment reculé devant des difficultés dues au sujet lui-même, estimant qu'il vaut mieux se taire tout à fait que de se livrer à quelque " vulgarisation "- parfaitement ino­ pérante, et pleinement convaincu par ailleurs que les questions philosophiques sont par essence à la portée de tout homme intel­ ligent, puisqu'elles concernent, en fin de compte, sa pratique de la vie, et, si Ton veut, son " métier d'homme ". Le tout e§t de ne point les compliquer à plaisir en les confinant dans une intelleâua- lité ignorante de la vie. Préférant procéder par chapitres assez courts, nous avons engagé ceux-ci dans un développement dont le plan n'eSt peut-être pas aussi rigoureux que le laisserait supposer sa formulation initiale. H nous a paru en effet, qu'un plan devait, concrètement, adopter 14 AVANT-PROPOS une allure " progressive " consistant dans la constante reprise du thème fondamental, lequel doit éclairer les analyses de détail, mais en recevoir lui-même, en retour, un perpétuel approfondisse­ ment. Pour trouver, il faut savoir ce que Ton cherche, mais on le sait de mieux en mieux à mesure que la recherche produit ses pre­ mières trouvailles. Les redites alors ne sont qu'apparentes, et le leâeur peut à tout moment ressaisir en son centre l'effort d'investi­ gation auquel il s'eSt laissé convier. Par ailleurs, nous nous sommes convaincu du caraâère abso­ lument central de l'Être et le Néant dans l'œuvre de Sartre. Il était donc indispensable d'une part d'en indiquer la signification et le rôle exaâs, d'autre part d'en retracer les principales étapes, en détachant quelque peu — du moins en ce qui concerne le premier tiers de l'ouvrage — l'argumentation que Sartre y déve­ loppe. Par là seulement notre travail pouvait espérer se rendre utile à ceux des le&eijrs qui seraient soucieux de pénétrer dans les difficultés inhérentes à l'aspeâ le plus fondamental de cette pensée. Toutefois nous uploads/Histoire/ francis-jeanson-le-probleme-moral-et-la-pensee-de-sartre.pdf

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  • Publié le Aoû 26, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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