lundimatinpapier #4 GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ novembre 2018-
lundimatinpapier #4 GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ novembre 2018-mars 2019 lundimatinpapier #4 19 novembre 2018. Les amours jaunes. « La confusion des gilets jaunes est à l’image de la confusion même de l’époque », Anshel K. et Amos L. | 11 19 novembre 2018. « Depuis samedi nous nous sentons un peu moins seuls, un peu plus heureux. » Que pensent les gilets jaunes ? | 22 26 novembre 2018. K-ways jaunes, gilets noirs. « L’ordinaire venait de prendre fin. Aboli. Sous nos yeux. Et nous ne le savions pas encore » | 27 3 décembre 2018. Contribution à la rupture en cours, des agents destitués du Parti Imaginaire | 33 3 décembre 2018. Tu as entendu ? Ça vient de partir d’on sait pas où, ça pète mais on sait pas comment | 45 3 décembre 2018. Classe moyenne et révolution | 49 3 décembre 2018. Entretien exclusif avec le soldat inconnu, Alain Brossat | 59 3 décembre 2018. Prochaine station : destitution | 63 3 décembre 2018. L’insurrection qui tient | 67 10 décembre 2018. Ne demeurons pas à genoux cependant que le roi est nu | 71 10 décembre 2018. Lettre jaune #8 : Ne nous laissons pas culpabiliser | 81 10 décembre 2018. Glose sur Hanouka d’un point de vue révolutionnaire, Josef Elchado | 83 ISBN : 978-2-348-04197-6 © 2019 lundimatin pour la présente édition Distribution : Interforum lundi.am lundi-matin@riseup.net | 3 LUNDIMATINPAPIER#3 19 décembre 2018-19 février 2019. UNE POLITIQUE EXPÉRIENTIELLE. Entretien avec le sociologue Michalis Lianos | 91 17 décembre 2018. Rupture dans la Contribution en cours, des agents destitués du Parti Imaginaire | 123 17 décembre 2018. Réflexions sur la question jaune, Stéphane Zagdanski | 135 7 janvier 2019. Hommage à Christophe Dettinger | 145 7 janvier 2019. Lettre jaune #15 : 2019, année jaune ! | 151 7 janvier 2019. Du bricolage en période de fêtes, Koubilichi | 155 21 janvier 2019. De la violence médiatique, Alain Brossat | 165 21 janvier 2019. Dans les rues ruineuses, Cécile Carbonel & Alexandre Pierrepont | 173 4 février 2019. Dialectique de la brutalité et de la violence, Koubilichi | 187 4 février 2019. Cher Éric Drouet, | 193 4 février 2019. Horizon | 201 4 février 2019. Nos interférences, Serge Ritman | 205 11 mars 2019. La guerre des pauvres. Dialogue avec Eric Vuillard | 209 Le 9 mai 2017, quelques minutes avant l’annonce officielle de l’élection d’Emmanuel Macron, nous diffusions sur notre site ainsi que sur les réseaux sociaux, une vidéo sarcastique de félicitations à l’adresse du nouveau Président. Notre chroniqueuse pondérait cependant ses encouragements de quelques mises en garde : « Mais j’ai peur que quelque chose t’empêche de gouverner. Que nous ne soyons pas la France insoumise mais la France ingouvernable, fût-ce par ordonnances et sous état d’urgence. J’ai peur que ton programme soit trop clairement ennemi pour un trop grand nombre de gens. J’espère que tu vas réussir à mettre de l’économie partout où il y a encore un peu de vie. Que sous couvert d’économie du partage, chacun puisse s’auto-exploiter un maximum ! Méfie-toi des gens Emmanuel ! J’ai peur que partout où tu économises, ils veuillent communiser. Que partout où tu mets en concurrence, ils veuillent mettre en commun. Que partout où tu dépossèdes, ils essaient de se rendre autonomes. Tu vas avoir une guerre psychologique à mener Emmanuel, dès aujourd’hui. » En creux, quoiqu’assez explicitement, nous lancions le pari que M. Macron ne parviendrait pas à gouverner plus de deux ans. Cette nouvelle tête de gondole censée dépasser les vieux clivages pour mieux manager le pays nous semblait bien au contraire synthétiser 4 | LUNDIMATINPAPIER#4 | 5 LUNDIMATINPAPIER#4 TITRE DU PAPIER | Auteur, date 2018 GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ 6 | LUNDIMATINPAPIER#4 | 7 LUNDIMATINPAPIER#4 toutes les contradictions de l’époque. Sans fard et sans équivoque, M. Macron se proposait d’incarner la gouvernementalité pure et nue ; qui le promettait à la détestation de tous. Il n’aura finalement pas fallu deux ans pour que celui dont une classe médiatique unanime célébrait la fraîcheur et le dynamisme, apparaisse sur tous les écrans éreinté et défait. Mais le pouvoir rend fou, aussi s’y accroche-t-il comme un dément. L’un des plus grands mérites de ce que les éditorialistes ont nommé la « crise » des gilets jaunes aura été d’exhiber aux yeux de tous cette vérité fondamentale : tout gouvernement est, dans son essence même, manœuvre, et manœuvre sans objet puisque ne visant qu’à se maintenir. Depuis le 17 novembre 2018, la configuration des hostilités est limpide. Le cœur même de ceux que l’on imaginait composer la population gouvernable à merci, ne veut plus l’être. Les cibles choisies par les gilets jaunes sont aussi claires qu’évidentes : ronds-points, centres commerciaux, axes secondaires, péages, centres-villes. C’est la trame comme le décor de la normalité et de la vie quotidienne qui se sont vus occupés, bloqués, sabotés. Ce que le pouvoir ne pardonne pas et ne pardonnera jamais, ce ne sont pas les insultes, les dégradations ou les émeutes mais ce sursaut de dignité de masse qui refuse désormais de jouer le jeu. C’est parce que les vérités formulées et portées sur les ronds-points étaient intraitables qu’il a tant fallu mentir, mutiler, brutaliser. Cependant, les gilets jaunes n’ont pas seulement rompu avec l’anesthésie organisée des quarante dernières années, c’est aussi toute « la gauche » qui s’est retrouvée abandonnée sur le bas-côté et ramenée à sa plus stricte impuissance. Comme ils ont bavardé ceux qui n’avaient rien à dire puisqu’ils ne voulaient surtout pas comprendre ! Depuis le 17 novembre, plus de cent cinquante articles ont été publiés sur le site de lundimatin : tours de France des manifestations, analyses politiques, juridiques ou philosophiques, récits d’assemblées ou reportages au cœur d’émeutes, poèmes, bandes dessinées, vidéos et chansons. Chacun à leur manière et depuis leur point d’énonciation singulier, ils révèlent notre propre stupéfaction face aux évènements. Il s’agissait, au fil de ce mouvement, de faire preuve d’humilité autant que de curiosité, d’y contribuer sans pour autant tout écraser de certitudes hors- sol. Pour cette édition papier, nous avons sélectionné vingt-cinq textes, le contenu est dense et à première vue disparate : une étude sociologique au milieu des Champs-Élysées côtoie le détournement d’une chanson populaire en ode au pillage, une discussion littéraire à propos d’un soulèvement de paysans du Moyen-Âge suit un hommage au boxeur Christophe Dettinger. À travers cette apparente hétérogénéité, ce volume condense et concentre ce que nous avons vu et compris au long de ces quatre premiers mois. Au moment où nous écrivons ces lignes, le mouvement semble enfin rassurer ses commentateurs en concédant un certain « essoufflement ». Toutes les métamorphoses restent pourtant possibles, rappelons-nous que tout a commencé sur de simples ronds-points. 8 | LUNDIMATINPAPIER#4 GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ | 9 LUNDIMATINPAPIER#4 | 11 LUNDIMATINPAPIER#4 Presque trois cent mille gilets jaunes, plus de quatre cents blessés, une manifestante tuée, deux cent quatre-vingt-deux personnes interpellées, le tout sur environ deux mille points de blocages ; et le ministre de l’Intérieur qui lance un appel au calme en début de soirée. Qui s’aviserait encore d’affirmer qu’il ne s’est rien passé ce samedi 17 novembre ? « LA CONFUSION DES « LA CONFUSION DES GILETS JAUNES EST GILETS JAUNES EST À L’IMAGE DE LA À L’IMAGE DE LA CONFUSION MÊME CONFUSION MÊME DE L’ÉPOQUE. » DE L’ÉPOQUE. » Anshel K. et Amos L., lundimatin #166, 19 novembre 2018, acte I | 13 LUNDIMATINPAPIER#4 12 | LUNDIMATINPAPIER#4 GILETS JAUNES : UN ASSAUT CONTRE LA SOCIÉTÉ Situation(s) Il n’est rien que le peuple de gauche redoute davantage que le contact de l’inconnu. On veut connaître ceux que l’on aimerait représenter – les reconnaître pour les classer. Toutes les distances que la gauche des syndicats et des partis a créées autour d’elle sont dictées par sa phobie du contact. Les gilets jaunes enseignent aux révolutionnaires que l’attente patiente des surprises, de l’inat- tendu ou des choses effrayantes pourraient plonger le mouvement général de sécessions à venir dans un délicieux état d’ivresse. Un fait central : les manifestants font usage d’une pléthore de tactiques, jamais vues auparavant en France. Les rocades circu- laires de Nantes, Bordeaux, Rennes sont bloquées. Une opération péage gratuit se tient aux environ de Nice. En Moselle, l’A4 est occupée en fin de matinée. La presse locale relate que les CRS, alors qu’ils chargeaient, vers 17 heures, auraient été accueillis par quelques cocktails molotov. Les manifestants n’hésitent pas non plus à enflammer les voies quand ils se replient. À Dijon, les gilets jaunes désertent la périphérie où la préfecture voulait les contenir pour se répandre dans le centre-ville. À Bar-le-Duc, on ne bloque pas complètement, mais on préfère forcer les automo- bilistes à la lenteur, le temps d’entamer un dialogue et d’expli- quer. À Marseille, on bloque en centre-ville et on coupe l’accès à l’aéroport Marseille-Provence. À Troyes et Quimper, les plus intrépides tentent de uploads/Histoire/ gilets-jaunes-un-assaut-contre-la-societe-lundimatin-papier-4.pdf
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- Publié le Jul 16, 2021
- Catégorie History / Histoire
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