Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI Les difficultés de la monarchie
Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI Présentation aux collègues du 25/05/11 --- Retour au sommaire --- Par Mathieu Clouet Note : le diaporama auquel renvoient les références type "Diapo X" est disponible en téléchargement en bas de page. Introduction. 1 / 26 Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI Pour la troisième année consécutive, la présentation des programmes est accompagnée de deux propositions de mise en oeuvre pédagogique. Bien que le mode opératoire soit désormais bien connu, il semble important de rappeler qu'il ne s'agit pas d'exposer une séquence, laquelle n'aurait en aucune manière valeur de modèle, mais bien d' engager une réflexion que nous espérons fructueuse. Dans cette optique, nous présenterons tout d'abord les principaux enjeux de la question de façon à expliciter les choix qui nous ont conduit à adopter le cheminement pédagogique envisagé. Nous y ajouterons quelques rappels et précisions historiographiques qui nous paraissent utiles pour traiter sereinement la question. A l'issue de cet exposé rapide, nous présenterons une démarche envisageable parmi d'autres, étroitement corrélée, comme dans nos pratiques de classe, avec l' évaluation prévue . L'étude retenue ici est celle du thème 4 de la première partie d'histoire : « les difficultés de la monarchie sous Louis XVI ». A/ Les deux écueils majeurs de l'étude : un cours entre Charybde et Scylla. (diapo 2) Le professeur aux prises avec cette étude est confronté à deux écueils majeurs, liés à sa double condition de pédagogue et d'expert disciplinaire : l'approche téléologique et l'illusion de l'exhaustivité. 2 / 26 Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI → Le premier écueil réside dans la tentation de lire la période soumise à notre étude au prisme de la Révolution . Il existe un risque important d'interpréter les évènements du règne de Louis XVI comme une pré-révolution . Il faut se prémunir contre cette notion dépassée, qui pose beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en résout. En dépit de son manque de pertinence et de fondement, elle peut s'inviter insidieusement dans notre réflexion. (diapo 3) Chacun sait en effet que les élèves ont besoin d'une intelligibilité des périodes traversées, d'un liant qui interdit de traiter la monarchie de Louis XVI pour elle même, en s'abstrayant totalement des autres questions. Le professeur, parce qu'il connaît l'économie générale des programmes, parce qu'il sait l'importance de jeter des ponts entre les questions dans un cadre horaire contraint , ne peut que corréler cette étude aux questions qui la précèdent et à celles qui lui succèdent. Toutefois, ce légitime souci de clarté ne doit pas conduire à induire chez nos élèves une lecture téléologique des années 1774-1789. Les Lumières ne produisent pas les difficultés de la monarchie qui, elles-mêmes, n'annoncent pas inévitablement la Révolution française. En terme de formation, une telle approche serait dévastatrice pour les élèves en laissant entendre, par exemple, que les acteurs, prisonniers d'un schéma qu'ils subissent, ne jouent aucun rôle dans leur destinée - personnelle et collective. Outre les problèmes scientifiques posés par une telle vision de la marche des sociétés, chacun comprend l' impasse civique dans laquelle cette dernière place les élèves. (diapo 4) Les concepteurs des programmes l'ont si bien senti qu'ils évitent toute mention, dans leur libellé, des « causes de la Révolution ». Ils prennent également garde à ne pas placer cette étude - et les cahiers de doléances - dans le thème II, mais dans le thème I. Ils séparent par ailleurs l'étude des Lumières de celle des difficultés de la monarchie par celle de l'esclavage, façon d'écarter un peu plus le spectre de l'approche téléologique. L'enseignant veillera donc - mais ce n'est pas nouveau - à marier subtilement prudence épistémologique et souci pédagogique . Il sera ainsi possible d'éviter ce premier écueil. 3 / 26 Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI → Le second péril est hélas tout aussi redoutable. Le libellé du sujet aurait pu donner naissance à une magnifique collection en 5 tomes d'ouvrages de plusieurs centaines de pages... L a multiplicité des facteurs et des manifestations de la crise de la monarchie (tensions économiques et sociales, aspirations politiques, incapacité réformatrice, mutation culturelle, personnalité du monarque...) mobilise en effet tous les champs de l'histoire : politique, économique, culturelle, etc., au risque de placer l'étude hors d'atteinte. Il est essentiel de rappeler qu'ici comme ailleurs - peut-être ici plus qu'ailleurs - le mythe de l'exhaustivité s'avère un piège mortifère (diapo 5) . Il ne s'agit en aucun cas de procéder à un examen clinique détaillé de la monarchie française sous Louis XVI et nul ne saurait produire dans le temps imparti l'étude complète des difficultés auxquelles elle est confrontée entre 1774 et 1789. Il convient plutôt d'interroger cette dernière au prisme de la crise multiforme qu'elle affronte et l e professeur doit, sans hésitation, se résoudre à choisir les éléments les plus significatifs, au prix de quelques lissages chronologiques : choisir un observatoire privilégié (l'affaire du collier, l'assemblée des notables de 1787, le conflit avec les Parlements...) ne suffit ni à évoquer la multiplicité des acteurs, ni à caractériser dans le détail les variations sensibles entre 1774 et 1789 (passionnantes pour nous, mais sans intérêt pour un public de 4e, d'où l'écriture des repères), mais permet de donner du sens à l'étude et d'atteindre efficacement nos objectifs . Le seul temps imparti pour l'étude (3 heures au maximum) devrait achever de nous en convaincre. Cela suppose de choisir. Face à l'ampleur d'une telle tâche, le professeur n'est pas seul. Le programme indique les aspects sur lesquels l'analyse doit porter : « les aspirations à des réformes politiques et sociales, l'impact politique de l'indépendance américaine, l'impossible réforme financière » . Il est toujours possible de regretter l'absence d'un élément que l'on estime pertinent, l'abandon d'une focale à laquelle nous étions habitués (la déclaration d'indépendance des Etats-Unis par exemple), le peu de temps attribué à une étude passionnante... Choisir à l'aide du programme ne signifie cependant pas renoncer à notre exigence d'exactitude, ni à notre goût d'une étude enrichissante, mais permet de se concentrer sur l'essentiel au détriment de l'accessoire. Le programme, qui s'impose à tous, s'avère davantage une aide précieuse pour éviter l'enlisement qu'un étouffoir. Il permet à la fois d'y voir clair et de préserver notre liberté pédagogique. Il nous prémunit ainsi contre le deuxième écueil, à la différence des manuels qui ne parviennent pas, pour des contraintes éditoriales, à choisir. 4 / 26 Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI Ces deux difficultés mises à jour, il reste à présenter les quelques fondements scientifiques de notre proposition. B/ Eléments pour l'étude. (diapo 6) Sans procéder ici à un trop long développement qui nous éloignerait de la proposition pédagogique proprement dite, il semble important d' éclairer les principaux éléments auxquels l'écriture des programmes renvoie , de façon à expliciter la séquence proprement dite et à éviter les interprétations erronées et les contre-sens les plus fréquents. a) « les aspirations à des réformes sociales ». (diapo 7) Le premier amène à envisager la dénonciation d'une organisation sociale séculaire et fragilisée. Plusieurs éléments méritent d'être mentionnés. → La société d'ordres : une construction à bout de souffle. Il convient d'amener les élèves à se défier de la prétention de la monarchie à se situer hors du temps , dans une immuabilité rêvée mais sans rapport avec la 5 / 26 Les difficultés de la monarchie sous Louis XVI réalité. La division en ordres reste essentielle et se traduit concrètement dans la vie des Français de l'époque, mais... Les hiérarchies sociales ne reposent pas seulement sur l'appartenance à un ordre. Elles tiennent aussi à d'autres critères telle que la richesse. Il convient donc de ne pas reprendre la thèse l ongtemps dominante de l'école jacobine française [1] qui, avec Soboul fait correspondre le règne de Louis XVI aux derniers feux de la féodalité, prête à laisser place au capitalisme. Aucun des trois ordres ne présente par ailleurs une réelle homogénéité. → La contestation sociale : un rejet de la société d'ordres pour seule motivation ? (diapo 8) Le règne de Louis XVI correspond à une période d'importante effervescence sociale. Le peuple s'affirme comme un acteur essentiel. J. Nicolas, en forgeant le terme de « Grande Rébellion », a rappelé l'existence de centaines de mouvements populaires oubliés qui interdisent de présenter le règne de Louis XVI comme une longue période de calme relatif troublé pa la seule « Guerre des farines » (27 avril - 11 mai 1775). Près de 3.350 émotions ont ainsi secoué les années 1765 à 1789, leur fréquence allant croissant. La contestation de la société d'ordres explique pour une part ce bouillonnement. La noblesse, en recul démographique sensible, engagée dans une « r éaction nobiliaire » visant à lui conserver sa poisition éminente, concentre l'essentiel des critiques. Sieyès n'hésite d'ailleurs pas à exprimer le glissement d'une société tripartite à une société binaire, la place du clergé dans l'édifice social devenant confuse. De multiples causalités restent cependant à évoquer : uploads/Histoire/ les-difficultes-de-la-monarchie-sous-louis-xvi.pdf
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- Publié le Jui 22, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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