See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://ww
See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/337654324 Les villes impériales - Réhabilitation et valorisation d’un patrimoine exceptionnel Article · January 2014 CITATIONS 0 READS 2,932 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: EACH-FOR Environmental Change and Forced Migration Scenarios View project Projet Volubilis AI MA/13/300, Programme PHC Volubilis. 2013-2015 View project Brahim El Fasskaoui Université Moulay Ismail 27 PUBLICATIONS 66 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Brahim El Fasskaoui on 30 November 2019. The user has requested enhancement of the downloaded file. Brahim El Fasskaoui (Meknès) Les villes impériales : Réhabilitation et valorisation d’un patrimoine exceptionnel 1 Introduction Le Maroc est un vieux pays où plusieurs civilisations ont prospéré et de nombreuses ethnies se sont mélangées. Car- refour des grandes voies commerçantes entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient, le Maroc abrite un patri- moine riche et varié héritage de cette diversité. Tour à tour les amazighs, les vandales, les romains et les musulmans ont étendu leur pouvoir sur le nord de l’Afrique et laissé derrière eux des témoignages ineffaçables du raffi nement de leur civilisation et de leurs modes de vie (Tita 2001). Dans le domaine du patrimoine bâti, la succession des dynasties musulmanes à partir du VIIIème siècle va réaliser la synthèse des arts du pourtour méditerranéen en com- binant la colonne de l’époque antique, la voûte romaine, l’ogive et la coupole persane et les cours des palais orien- taux. « Mariages heureux » qui vont donner naissance à une trentaine de villes historiques dotés d’ une architec- ture rurale impressionnante (Ksour, kasbahs et igoudar) qui peuvent être considérées comme des musées vivants. L’intérêt porté aux villes historiques a commencé pen- dant la période coloniale : Une partie importante de la classi- fi cation des monuments historique au Maroc sera réalisée à l’époque notamment sous le patronage du Maréchal Lyautey et ses successeurs qui a promulgué un ensemble de dahirs (décrets) publié dans les Bulletins Offi ciel (1914-1944) et vi- sant la conservation du patrimoine des villes traditionnelles. Les efforts consentis durant le protectorat ne seront hélas pas poursuivis après l’indépendance ce qui va avoir un effet dévastateur sur l’état de nombreux monuments qui vont être livrés laissés à l’abandon pour une longue période. C’est le classement par l’UNESCO des médinas an- ciennes du Maroc comme patrimoine mondial de l’huma- nité qui sera à l’origine une prise de conscience de l’im- portance et de l’intérêt qu’il présente non seulement pour la mémoire du pays mais pour l’ensemble de l’humanité. En effet, à partir de 1980, plusieurs villes du Maroc ont été déclarées patrimoine mondial par l’UNESCO. La valeur patrimoniale reconnue attribuée aux villes historiques et à leurs différentes composantes par les ins- titutions et les différents acteurs est donc loin d’être uni- voque : au contraire elle a des dimensions et des aspects divers qui interagissent différemment selon les cas. De plus, cette valeur n’est pas fi gée dans le temps : si, dans le passé, la valeur du « patrimoine urbain » historique prési- dait surtout dans sa dimension culturelle, plus récemment les perspectives de développement du tourisme culturel, par exemple, mettent en évidence sa valeur économique potentielle. Il faut remarquer que, dans ce cas, la sauve- garde devient un moyen essentiel pour utiliser ce poten- tiel qui pourrait ainsi devenir un facteur important dans la compétition sur le marché national ou international. 2 Les villes historiques et impé- riales : une histoire ancrée Le Maroc, comme tous les pays du monde, a connu des formes d’urbanisation tout au long de son histoire, mais c’est surtout pendant la période de son islamisation que l’on voit développer des concentrations d’habitat selon des structures refl étant un mode de vie particulier. Ces centres forment ce que l’on a l’habitude d’appeler, dans le langage quotidien au Maroc jusqu’à nos jour, lamdina (médina) qui ne signifi ent autre que la vieille ville. Cette forme d’occupation de l’espace est désignée par plu- sieurs mentions : ville traditionnelle, ville indigène dans la littérature coloniale et aujourd’hui elle est largement mentionnée sous la notion de la ville historique. Les médinas sont des ensembles plus ou moins com- pacts, entourés souvent des murs d’enceinte ou remparts à forte densité humaine sur un espace minimal. Les médinas ou les villes historiques se caractérisent par l’hétérogénéi- té de leurs activités : elles assurent plusieurs fonctions à la fois résidentielles, économiques, sociales et culturelles. La notion des villes historiques n’est apparue que plus tard. Elle apparaît au terme d’une longue démarche de ré- fl exion inaugurée en 1931 par la Conférence d’Athènes qui se préoccupe des monuments et de leurs abords et en 1933 par la Charte d’Athènes qui jette les bases de l’urbanisme fonctionnaliste. En 1957, les architectes des monuments historiques exhortent les pays ne disposant pas encore d’une organisation gouvernementale de pro- tection des monuments à prévoir une structure de tutelle. En 1964, lors de leur second congrès tenu à Venise, les mêmes architectes proposent l’élargissement du concept de monument historique pour tenir compte des sites et des en- Brahim El Fasskaoui & Andreas Kagermeier (éds.) : Patrimoine et tourisme culturel au Maroc. Actes du 9ème colloque maroco-allemand de Meknès 2014 – Meknès 2014, p. 181–194 (Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Moulay Ismaïl, Série Actes de Colloques, 43) Les villes impériales : réhabilitation et valorisation d’un patrimoine exceptionnel 182 sembles. A l’occasion de ce congrès sera créé, sur la propo- sition de l’UNESCO, l’ICOMOS, le Conseil International des Monuments et des Sites ; il sera constitué à Varsovie en 1965. Le concept de « ville historique » est défi nitivement formalisé en 1986 par l’ICOMOS : « Les villes, grandes et petites, (…) qui, outre leur qualité de document historique, expriment les valeurs propres aux civilisations urbaines tra- ditionnelles » sont éligibles à la procédure de sauvegarde. « A grand roi, grande ville », écrivait au XIVème siècle le célèbre historien Ibn Khaldoun. De toute évidence, les capitales impériales sont l’héritage des différentes dynasties (Idrisside, Almoravide, Almohade, Mérinide, Wattaside, Saâdienne, et Alaouite). Ces souverains conquérants, dont le pouvoir s’étend sur un territoire immense, tiennent à marquer dans la pierre la puissance de leur règne. Lorsqu’une dynastie marocaine choisit sa résidence à Fès, Marrakech, Rabat ou Meknès, la cité, devenue capitale (âsima), se pare de monuments (palais, mosquées, mausolées) qui témoignent du prestige du prince aux yeux de ses contemporains et de l’histoire. Monde de grandeur, de raffi nement et de luxe, la ville royale est aussi un univers mythique qui inspire aux au- teurs médiévaux des images de légende. Les quatre villes impériales du Maroc présentent toujours le même sché- ma : une structure urbaine dense, resserrée entre des rem- parts fl anqués de tours de guet et de défense. Au milieu de l’enchevêtrement des ruelles, de grands axes relient les portes de l’enceinte, et quelques voies médianes se dessinent à grand-peine, leur existence étant toujours me- nacée par des débordements ou des murs en saillie. 3 Les villes impériales : un patri- moine urbain exceptionnel La valeur patrimoniale de la ville historique, en ses différents éléments, tient essentiellement aux signifi cations qui sont liées à son identité, telle qu’elles sont perçues par les diffé- rentes composantes de la société locale ou de la communauté nationale ou internationale. Il s’agit avant tout d’une identité culturelle complexe et dynamique, qui tient non seulement à son ancienneté ou à ses expressions architecturales et artis- tiques majeures, mais aussi à d’autres facteurs qui peuvent jouer un rôle très important au niveau local : • La signifi cation des espaces historiques dans la mé- moire collective et leur capacité de représenter et évoquer les racines profondes et les éléments les plus partagés de la culture locale ou nationale ; • La stratifi cation de fonctions, d’activités et de savoirs traditionnels qui marquent aussi bien l’organisation de l’espace que son exploitation sociale et économique. En dépit de certaines apparences de désordre, la construc- tion des villes ou cités historiques obéit aux impératifs issus d’une logique spécifi que : extériorité de la Kasbah (la citadelle du prince), position centrale de la grande mosquée, ségrégation religieuse et/ou ethnique (Mel- lah, chorfa, quartier Touarga à Rabat et Meknès, quartier Draoua, Derb Filala …), différenciation des quartiers à vocation économique et résidentielle, localisation des activités en fonction de la pollution qu’elles engendrent. L’organisation hiérarchique des voies donne au plan une forme particulière, depuis les grandes voies princi- Fig.1 : Villes historiques (médinas) du Maroc Source : Conçue par l’auteur. Design Zohair Rachid Brahim El Fasskaoui 183 pales rectilignes, en passant par les ruelles qui donnent accès aux quartiers, jusqu’aux petites impasses familiales privées qui isolent les maisons et les protègent des re- gards étrangers. Les ruelles des médinas constituent un véritable labyrinthe tortueux qui relie le dedans au de- hors et tous les lieux d’échange et de communication et de divers services (grandes mosquées, souks, Kasbahs et places publiques). L’ensemble est uploads/Histoire/ les-villes-imperiales-rehabilitation-et-valorisation-d-x27-un-patrimoine-exceptionnel.pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 14, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 4.9080MB