Ibis Rouge Éditions Odon AbbAl L’Exposition coloniale de 1889: La Guyane présen

Ibis Rouge Éditions Odon AbbAl L’Exposition coloniale de 1889: La Guyane présentée aux Français Espace outre-mer Dans cet ouvrage L’exposition coloniale de 1889 : La Guyane présentée aux Français, Odon Abbal montre comment s’élabore un discours officiel autour de la colonisation et comment se construisent les stéréotypes trompeurs qui vont figer pour longtemps l’image perçue de cette « vieille colonie ». l’action se déroule au moment de l’Exposition coloniale en 1889 et est initiée par les mem- bres du parti colonial et des responsables guyanais eux-mêmes. leur but: pro- mouvoir une terre qui souffre d’un déficit d’image. Dans ce contexte, tout un processus de construction du passé se met en place, chacun imagine une Guyane paradisiaque mais uniquement organisée autour de la domination européenne. Des décennies plus tard, les fondements de ce discours sont encore à même de brouiller les esprits et aviver les passions. Odon Abbal vit et travaille en Guyane depuis plusieurs années. Il est docteur en histoire, spécialiste de la Grande Guerre, auteur de nombreux articles sur la question de la captivité. Il a publié en 2001 un ouvrage sur les prisonniers de guerre, Les soldats oubliés. Il a réalisé plusieurs travaux sur l’histoire sociale et régionale en languedoc-Roussillon. Il s’est intéressé aussi à l’outre-mer et à l’histoire coloniale. Il dirige depuis 2000 la revue Les cahiers de Wallis et Futuna et a publié un ouvrage sur Wallis et Futuna aux temps premiers de la mission (2004). Illustration de la couverture: Exposition coloniale, 1889, Pavillon des Colonies, Collection privée, DR. L’exposition coloniale de 1889 : la Guyane présentée aux Français Collection Espace outre-mer Odon AbbAl L’exposition coloniale de 1889 : la Guyane présentée aux Français Ibis Rouge Editions la collection Espace outre-mer est dirigée par Jean-louis Malherbe. © IBIS ROUGE EDITIONS, Matoury, Guyane, 2010 http://www.ibisrouge.fr ISbN : 978 - 2 - 84450 - 382 - 4 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. la loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part que les «copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collec- tive», et d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite». (Alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’auteur ou de l’éditeur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. A Jules Maurin le guide Sommaire Avertissement 11 Introduction 15 Chapitre 1 : 1889 : une Exposition coloniale pour quoi faire ? 19 Chapitre 2 : la Guyane à l’Exposition coloniale : une présence anecdotique ? 27 Chapitre 3 : l’histoire de la Guyane présentée au peuple français 41 Chapitre 4 : la géographie guyanaise 57 Chapitre 5 : l’administration 67 Chapitre 6 : Economie politique et sociale 81 Chapitre 7 : les sources et l’iconographie utilisées 91 Conclusion 97 bibliographie 103 table des matières 107 9 l’ExPOSItION COlONIAlE DE 1889 : lA GuyANE PRéSENtéE Aux FRANçAIS Avertissement Pourquoi avoir rédigé cet ouvrage ? Dans certains lieux, l’histoire pèse plus qu’ailleurs. Il y a trente ans, jeune enseignant nommé dans un petit vil- lage des Cévennes, j’avais été frappé par la mémoire, encore vivace dans les esprits, du temps des Camisards. les habitants continuaient à se distinguer, sans aucune agressivité cependant, depuis le temps des guerres de religion, comme protestants ou comme catholiques. Je n’ai plus jamais ressenti une telle prégnance du passé, sauf bien des années plus tard, en Guyane, où les réminiscences de la période coloniale nous interpellent quotidiennement. Pour le métropolitain que je suis ce fut une découverte troublante ; la traite négrière, la colonisation étaient des sujets d’études bien connus intellectuel- lement, ils avaient fait l’objet de recherches souvent fort érudites a priori dis- ponibles à tous. Dans les années soixante-dix la communauté des historiens avait commencé à revisiter avec bonheur ce passé trouble de notre histoire – notamment les historiens marxistes1 – que bien peu acceptaient de voir dans sa réalité. l’essentiel semblait avoir été dit. Pourtant ici comme ailleurs, le passé colonial ne passe pas. Il ressurgit même avec violence et passion, au point que certains soulignent « l’image d’une fracture qui se dessine entre la nation et une partie d’elle-même, issue des anciennes colonies2. » Cette situation est la conséquence directe des non- dits, des « oublis » plus ou moins volontaires qui ont entouré l’histoire colo- niale en France. le terme épopée coloniale paraît mieux approprié, tant cette histoire a été décrite comme une geste des temps anciens ! Ici se croisent, d’un côté les héritiers d’un passé douloureux, de l’autre les héritiers de temps glorieux desquels toute faute, toute erreur est bannie, et ce, malgré le travail des historiens ou les témoignages. De là provient le sentiment légitime d’une incompréhension ou d’un refus de comprendre émanant des descendants des anciens colonisateurs. Cette attitude peut être interprétée de diverses façons ; refus obstiné d’admet- tre l’évidence, militantisme étroit reposant sur des notions plus étroites encore, nostalgie d’un âge d’or d’autant plus avivé que certains ne cessent de 11 l’ExPOSItION COlONIAlE DE 1889 : lA GuyANE PRéSENtéE Aux FRANçAIS 1 une mention particulière pour Jean Suret-Canale et les trois volumes consacrés à l’his- toire de l’Afrique noire aux Editions sociales, le travail remarquable de Jacques tronchon sur l’insurrection malgache de 1947, Paris, Maspéro, 1974. 2 Jeremy Robine, « les indigènes de la République : nation et question postcoloniale », Hérodote, n° 120, 1er trimestre 2006. parler de déclin inéluctable. Mais l’origine du mal est plus profonde. yves lacoste souligne que dans le cas français, « si une partie plus ou moins signi- ficative de la population colonisée entendait et apprenait la langue du coloni- sateur et parfois même imitait certains de ses comportements, en revanche dans la métropole coloniale (exception faite des cercles coloniaux) on igno- rait autrefois tout des cultures outre-mer3. » Outre cette ignorance profonde, les Français en général connaissent mal leur géographie. Il s’agit aussi pour beaucoup de personnes, d’un lent réveil, car l’histoire coloniale que l’on nous a enseignée dans notre enfance, a embrouillé notre esprit critique en nous édi- fiant un passé de conquérants, de civilisateurs, de bâtisseurs et de bienfaiteurs. Ne sommes-nous pas les héritiers de 89, les citoyens de la patrie des Droits de l’Homme ? Notre panthéon n’est-il pas empli de noms aussi nobles que Savorgnan de brazza, liautey, Gallieni, Faidherbe ? Que n’ont-ils pas fait pour développer les contrées qu’ils ont soumises à notre bienheureuse protec- tion ! Christian Amalvi a montré comment nos prédécesseurs du xIxe siècle ont contribué à la création du « roman national français4 ». Ceux de ma géné- ration ont vu et revu les portraits, véritables icônes, de ces héros en action, dans leurs manuels scolaires. C’est là, le problème de base. « Car aborder la colonisation, c’est nécessairement déconstruire les discours qui l’ont légiti- mée et au premier chef le discours républicain-colonial. Ce dernier constitue aujourd’hui l’un des référents identitaires et politiques les plus ancrés dans l’imaginaire politique collectif, vigoureusement véhiculé par la dernière ins- titution républicaine censée souder le corps social, à savoir l’école, par laquelle devrait se transmettre la mémoire de la colonisation5. » Alors, quel choc, quand l’Autre, qu’on imaginait transporté à l’idée d’avoir eu un destin aussi privilégié, revendique, à travers son passé, la recon- naissance de la souffrance de ses ancêtres, et rappelle le long combat pour l’accession à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Et l’effort est à poursui- vre. En face, l’incompréhension prédomine, et d’ailleurs des voix s’élèvent. Pourquoi ressasser ce passé ? Ces choses là sont si anciennes ! Cette ancienneté est toute relative. Il n’y a pas deux cents ans que l’es- clavage a été aboli, le petit ouvrage qui fait l’objet de cette étude a été publié il y a un peu plus d’un siècle. C’est là tout son intérêt. Il montre comment, dès ses débuts, la IIIe République a écrit l’histoire de la colonisation en occultant l’esclavage, comment elle a formé l’esprit des Français pour obtenir leur adhésion à l’empire. l’histoire coloniale est au service d’une idéologie. C’est 12 ODON AbbAl 3 yves lacoste, « la question postcoloniale », ibidem. 4 Christian Amalvi, De l’art et la manière d’accommoder les héros de l’histoire de France, Paris, Albin Michel, 1998, 473 pages. 5 Nicolas bancal et Pascal blanchard, « les méandres de la mémoire coloniale », dans Nicolas bancal et alii (sous la dir.), Culture coloniale en France, de la révolution fran- çaise à nos jours, Paris, CNRS Editions-Autrement, 2008, p. 506-507. ainsi que se forgent les idées reçues, les stéréotypes réducteurs, les concepts rétrogrades. le phénomène n’est pas fortuit, pour beaucoup de personnes l’histoire, quelle qu’elle soit se résume à un certain nombre de lieux communs ou d’opinions toutes faites. les historiens uploads/Histoire/ lexposition-coloniale-de-1889-la-guyane-presentee-aux-francais-by-abbal-odon.pdf

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  • Publié le Jan 05, 2023
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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