INTRODUCTION Certes, Le général prussien von Clausewitz et le général suisse He

INTRODUCTION Certes, Le général prussien von Clausewitz et le général suisse Henri de Jomini n'ont remporté que des batailles intellectuelles. Ils sont deux penseurs fort différents selon l'angle d'approche de la stratégie qu'ils adoptent, mais leurs découvertes ne sont pas toujours aussi éloignées qu'elles peuvent le paraître. Après tout, ils sont tous deux contemporains. Ils ont connu les affres de la Révolution, les guerres napoléoniennes, la Restauration, etc. Les commentateurs contemporains ont surtout retenu des deux penseurs un modèle de lecture des guerres napoléoniennes. Il peut donc s’avérer intéressant de distinguer, dans la culture stratégique ce qui est issu de Jomini et de Clausewitz respectivement. En effet, il existe une tendance à confondre les deux théoriciens en une même théorie. Il faudra tenter de séparer, aussi nettement que possible, ces deux "fils entremêlés" de la généalogie stratégique contemporaine. Clausewitz et Jomini en tant que stratégistes plutôt que leaders, quels sont les apports qu’ils peuvent encore fournir a nos jours aux chefs militaires ? sont ils encore d’actualite et meritent ils vraiment l’attention et l’importance accordées ? Clausewitz et Jomini possèdent ils une portée universelle sur la nature de la guerre moderne et sur le plan méthodologique de l’étude Des guerres ? En effet, une lecture critique de Clausewitz et de Jomini permet d’alimenter la réflexion du chef militaire prélude à toute décision et action sur les théâtres d’opérations. Cette analyse permet de délivrer une méthode et de confronter les anciennes lois de la guerre avec les éléments mutants issus des conflits asymétriques et de valider certains principes, par définition universels. Les conflits modernes à l’image des guerres européennes issues de la révolution française et de l’épopée napoléonienne n’ont pas modifié fondamentalement la nature de la guerre. Celle-ci demeure toujours un acte de violence, caractérisé par le combat marqué dans un environnement brumeux : le danger, l’incertitude, le hasard (friction) et l’effort physique. En effet, la guerre ne pourra vraisemblablement jamais être considérée comme un problème de mathématique pure, résolu par une solution évidente. L’école de pensée contemporaine annonçant que « la numérisation du champ de bataille signifiait la fin de Clausewitz et de Jomini» est malheureusement démentie chaque jour en Irak ou en Côte d’Ivoire. La technologie ne peut pas percer tout le brouillard de la guerre dans la mesure où l’âme humaine est imprévisible! le chef militaire est appelé à posséder encore de nos jours une « capacité de synthèse et de jugement élevée » pour mener à bien les missions qui lui sont confiées, même si paradoxalement l’histoire moderne ne retient pas le nom de ces chefs au combat quotidien ! L’esprit de Clausewitz et celui de Jomini demeurent toujours valables à travers les principes qu’il ont décrit concernant les conflits classiques : la défense, l’attaque, le plan de guerre sont des thèmes qui restent pertinents. Pour détruire un ennemi sur le plan tactique, il s’agit toujours de le fixer puis de l’aborder avant de le réduire. 1 Les conflits modernes ne remettent pas fondamentalement en cause les principes développés par Clausewitz et Jomini. Pour emporter la décision tant sur le plan stratégique que tactique, le chef militaire doit bénéficier de la liberté d’action, de la concentration des efforts et de l’économie des forces. Cette auto éducation doit lui permettre de prendre la meilleure décision pour remplir sa mission. Tant sur le plan stratégique que tactique, les idées philosophiques et concrètes de Clausewitz et de Jomini demeurent pertinentes dans les conflits modernes, réaffirmant la primauté du politique sur le militaire, le cycle de la guerre et l’utilité d’avoir recours à l’étude de l’histoire. Notre siècle naissant n’est-il pas contraint à écrire – malgré lui- le deuxième Traité que souhaitait soit l’auteur de « De la guerre » ?ou soit l’auteur de « l’art de la guerre » ? Les conflits modernes portent en eux un paradoxe pour le commandement, celui-ci est à la fois global mais limité, thème que Clausewitz et Jomini ont abordé dans leurs ouvrages. D’une façon générale, Clausewitz et Jomini concluent que l’histoire militaire comporte tant d’exemples qu’elle ne peut avoir de valeur absolue. C’est l’analyse des actions passées et des conditions du moment qui doit permettre de concevoir la manoeuvre. Clausewitz et Jomini restent « visionnaire » dans leurs analyses de « petites guerres », seules solutions permettant aux faibles de refuser ou d’imposer leur vision du monde aux forts. Malgré des avantages incontestables, - supériorité de l’information-le fort porte en lui des faiblesses qu’exploite le faible dans l’esprit décrit par Clausewitz , Jomini et les théoriciens des guerres asymétriques. Le chef militaire reste confronté depuis l’apparition de la guerre organisée au même cycle décisionnel : renseigné, connaissant ses troupes et ses moyens, il doit décider pour remplir sa mission. Le niveau de réflexion que proposent Clausewitz et Jomini, à laquelle se mêle leurs propres expériences du champ de bataille, demeure universel dans ce domaine. Certes, l’homme du XIXème comme celui du XXIème siècle est bien incapable de prévoir les conflits futurs et de dissiper leurs brouillards ! Ainsi, au delà des conflits opposant les Anciens aux Modernes, Clausewitz et Jomini peut servir de référence en tant que stratège, car ils demeurent un des piliers de la pensée fondée sur des valeurs rationnelles. L’étude de ces derniers ne peut servir qu’à alimenter la réflexion sur la manière de mener les conflits, voire de proposer une politique alternative aux puissances actuelles ou futures pour réduire a minima les guerres de demain. 2 Carl von Clausewitz I- Biographie de Carl von Clausewitz Carl Philip Gottfried (ou Gottlieb) von Clausewitz (1er juin 1780 à Magdebourg - 16 novembre 1831 à Breslau) est un officier et théoricien militaire prussien. Il est issu d'une famille d'origine silésienne (Oberschlesien) de la classe moyenne qui revendique cependant des origines nobles. Son père a reçu une commission d'officier pendant la guerre de Sept Ans mais il est démis de ses fonctions à l'issue du conflit, en raison de sa modeste extraction. Cette noblesse n'est reconnue qu'en 1827. Il commence comme cadet et élève officier en 1792 au 34 ème Régiment d'Infanterie à Potsdam. Il participe aux campagnes de la première coalition en France durant les guerres révolutionnaires (1792-1794). Il reçoit son baptême du feu au siège de Mayence (1793). En 1795, il rejoint la garnison de Neuruppin où il est promu lieutenant. Il profite de la vie de garnison pour satisfaire sa curiosité intellectuelle et perfectionner ses connaissances dans de nombreux domaines. Il est admis à l'académie militaire de Berlin en octobre1801. L'établissement est dirigé par Scharnhorst qui devient son mentor et son protecteur. Il sort en 1804 parmi les meilleurs de sa promotion. Il est nommé aide de camp du prince Auguste de Prusse. Il participe aux campagnes de 1806. Il est capturé par les Français à l'issue de la bataille d'Auerstaedt le 14 octobre 1806 et passe deux ans en captivité, en France et en Suisse. Il est libéré en 1808. Il devient l'assistant de Scharnhorst en 1809 en vue de la réorganisation de l'armée prussienne. En 1810, il est promu major, nommé professeur à l'académie militaire et devient responsable de la formation militaire du prince héritier de Prusse, le futur Guillaume Ier. En 1812, refusant la collaboration militaire avec les Français, il quitte la Prusse et rejoint l'armée impériale russe. Il laisse au prince héritier un ouvrage "Des principes de la guerre". Il participe à la campagne de Russie et parvient à retourner les généraux prussiens notamment le corps d'armée du Général Yorck contre les Français. Il devient alors officier de liaison russe auprès de l'état-major de Blücher puis chef d'état-major de la légion germano-russe. En 1814, il réintègre l'armée prussienne avec le grade de colonel. Il participe à la campagne de Waterloo en tant que chef d'état-major du 3e corps d'armée prussien du général Thielmann. En 1816-1818, il est membre de l'état-major du général Gneisenau à Coblence. En 1818, il est promu major-général et est nommé directeur de l'administration de l'académie militaire de Berlin, poste qu'il occupe jusqu'en 1830. Ecarté de l'enseignement, il met ces années à profit pour se consacrer à l'étude et à la rédaction de son œuvre. En 1830, il est nommé chef d'état-major de l'armée de Gneisenau, levée pour surveiller et contenir la révolution polonaise. Après la défaite de la Prusse et de ses alliés devant Napoléon (Iéna, 1806), il a participe à l'édification de la nouvelle armée prussienne : ami de Gneisenau, collaborateur de Scharnhorst, il fait partie de l'équipe des « réformateurs » qui réorganise l'administration et l'armée. Il meurt le 16 novembre 1831 à Breslau des suites du choléra contracté sur le champ de bataille. Entre 1832 et 1837, sa femme Marie fait publier son œuvre. II-Une référence universelle en matière stratégique 3 Alors qu’il avait prévu d’écrire un traité sur la guérilla, Clausewitz a servi de référence aux théoriciens des guerres populaires même s’il considérait ce combat comme secondaire, complément quasi indispensable aux conflits classiques. En revanche, l’ensemble des principes du combat asymétrique se retrouve dans ses conférences sur les uploads/Histoire/ carl-von-clausewitz-finale-f.pdf

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  • Publié le Mai 22, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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