DU TEXTE AUX IDÉES Texte avec plan des idées DANIEL-ROPS Une civilisation indus
DU TEXTE AUX IDÉES Texte avec plan des idées DANIEL-ROPS Une civilisation industrielle C'est l'expression la plus communément employée pour désigner notre civilisation ; Daniel-Rops nous en propose une définition. Il est hors de doute que, pour la grande majorité des civilisés du XXe siècle, la technique apparaît comme le fondement même de la civilisation, et que les termes de « civilisation technique » et de « civilisation industrielle » sont synonymes, ce qui n'est peut-être pas tout à fait exact. Est-ce à dire que la technique était absente des formes antérieures de la civilisation et, spécialement, de l'industrie ? Évidemment non. Si l'on entend par technique l'effort de l'homme pour accroître par des engins ses facultés de production et 5 pour utiliser les forces de la nature, il existait déjà une technique aux jours où un Égyptien inconnu d'il y a 4 000 ans faisait tourner une roue à aubes dans le courant du Nil pour faire monter l'eau à un palier supé- rieur, ou quand un Babylonien de la même époque inventait la charrue. Mais il s'est produit, précisément à partir de cette date où James Watt fit entendre les premières explosions de son célèbre engin, un phé- nomène extraordinaire, qui est loin d'ailleurs d'être terminé : l'augmentation prodigieusement rapide des 10 inventions techniques. Le fait s'impose à l'esprit, s'il demeure mal explicable, autant que difficile à mesu- rer avec précision. Les Américains ont essayé d'établir des statistiques d'inventions techniques « primor- diales » ; la seule conclusion qui s'impose est que l'augmentation des inventions techniques, très lente jusqu'au XVe siècle — à tel point qu'on a pu dire que saint Louis, sur le plan technique, est presque le contemporain de Périclès, voire de Ramsès II — s'est brusquement accélérée, faisant une montée en flè- 15 che depuis la fin du XVIIIe siècle. Nous retiendrons donc cette première notion : nous sommes dans une civilisation industrielle parce que nous disposons, pour nos industries, de moyens techniques de plus en plus nombreux, de plus en plus variés, de plus en plus puissants. De cet accroissement prodigieux, trois grandes conséquences ont résulté sur le plan humain et, en les ana- lysant, nous allons saisir mieux les caractères de la civilisation industrielle. La première est qu'en se déve- 20 loppant, la technique entraîne un éloignement progressif de l'homme par rapport à tout ce qui est naturel, je veux dire tout ce qui relève évidemment des données de la nature. Cela est vrai dans tous les domaines: par exemple, pour se nourrir, l'homme de jadis pouvait faire son pain, pour se vêtir, filer et tisser la laine; aujourd'hui c'est des techniques industrielles que dépend, en pratique, toute l'existence du civilisé. L'écart devient de plus en plus grand entre le produit naturel d'origine et le produit dont l'homme fait usage : par 25 exemple entre le maïs ou le bois et les matières plastiques qui jouent un si grand rôle dans notre existence. Retenons donc ce second point : nous sommes dans une civilisation industrielle parce que l'industrie tend, de plus en plus, à prendre en charge toute la vie matérielle de l'homme. Mais elle fait plus : elle soumet l'homme lui-même à sa loi. C'est là encore une conséquence de l'évolution technique. Car l'esprit humain, non content d'avoir inventé les machines, a très vite compris que, pour les 30 faire bien fonctionner, il fallait que l'homme acceptât leur rythme et l'impérieuse logique qui préside à leur construction. La grande révolution industrielle du XIXe siècle ne s'est pas opérée quand de nombreux moyens techniques furent créés, mais bien davantage quand, dans un effort de logistique, un Taylor, un 2 Ford, un Bedeaux et d'autres ont mis au point des méthodes qui accordent rigoureusement l'homme à la machine. Le système de la chaîne semble, aujourd'hui, caractériser la civilisation industrielle telle que 35 nous la connaissons. Je souligne les mots de « semble aujourd'hui » et « telle que nous la connaissons », car nous aurons à dire tout à l'heure que cet état de fait paraît bien devoir être provisoire. Pour l'instant, cette sorte de symbiose de l'homme et de la machine apparaît bien comme une des données caractéristi- ques de la civilisation industrielle. Tel est le troisième point que nous retiendrons : nous sommes dans une civilisation industrielle parce que, dans une mesure croissante, l'industrie et la technique imposent à la vie 40 humaine leurs rythmes et leurs lois. (± 690 mots) Les chances de l'homme dans une civilisation industrielle. Conférence publiée par la Fédération Nationale des Syndicats d'Ingénieurs et Cadres (Confédération Générale des Cadres, 1954). (in : Thèmes & Textes, BEP 2, © 1983) v Titre, date, introduction, etc. Ø Importance du titre : Une civilisation industrielle Notez le choix de l’article indéfini: UNE. Ce choix laisse entendre qu’on pourrait donner d’autres dé- finitions de notre civilisation, mais que celle pour laquelle opte l’auteur du texte est celle d’UNE civi- lisation INDUSTRIELLE Ø Importance de la date : 1954 Texte apparemment très vieilli, mais l’évolution actuelle de la technologie tend à donner raison aux analyses faites en 1954 par Daniel-Rops Ø Importance du texte d’introduction: „C’est l’expression la plus communément employée pour désigner notre civilisation; Daniel-Rops nous en propose une définition.“ Le texte d’introduction annonce que nous trouverons dans le texte une définition de ce que l’auteur entend par «civilisation industrielle». La lecture du texte va montrer que l’auteur retient trois points pour sa définition Ø Particularité de l’auteur: Daniel-Rops est un écrivain catholique qui oppose dans ses écrits le message de l’humanisme chré- tien (i.e. avant tout des valeurs spirituelles et morales) à la civilisation technicienne (i.e. avant tout des valeurs matérielles) 3 v Idées du texte 1. Le progrès technique au fil des temps (1-18) Ø Pour la plupart des gens du 20e siècle, la technique apparaît comme la base même de notre civilisation moderne Ø Pour eux, les termes de «civilisation technique» et de «civilisation industrielle» sont synonymes Ø Critique de l’auteur: cela n’est pas tout à fait exact Ø En effet, si on entend par technique „l’effort de l’homme pour accroître par des engins ses facultés de production et pour utiliser les forces de la nature“, la technique existait déjà bien avant notre époque Ø EXEMPLES: La roue à aubes des anciens Égyptiens et la charrue des Babyloniens Ø Donc la technique (définie ainsi) existait déjà bien longtemps avant notre civilisation industrielle Ø MAIS ce qui est vrai aussi est qu’à partir de l’invention de la machine à vapeur par James Watt (c'est- à-dire depuis le milieu du 18e siècle), on a assisté à une augmentation ultrarapide des inventions tech- niques (phénomène sans pareil avant cette époque) Ø On peut donc retenir que le progrès technique a donc été très lent avant le 18e siècle, mais que depuis la fin de 18e siècle il s’est brusquement accéléré Ø Daniel-Rops retient cette idée comme première notion de sa définition de la civilisation industrielle à Nous retiendrons donc cette première notion: Nous sommes dans une civilisation industrielle parce que nous disposons, pour nos industries, de moyens techniques de plus en plus nombreux, de plus en plus variés, de plus en plus puissants. (16-18) 2. Les trois conséquences de l’augmentation des inventions techniques (19-41) Ø L’évolution rapide du progrès technique entraîne trois grandes conséquences pour l’homme vivant dans la civilisation industrielle: A. Éloignement de l’homme par rapport à la nature (20-26) Ø La technique entraîne un éloignement progressif de l’homme par rapport à tout ce qui est naturel, par rapport à tout ce qui relève de la nature Ø EXEMPLES: Dans le passé l’homme était capable de se nourrir lui-même (faire son pain), de se vêtir lui-même (filer et tisser la laine). Aujourd’hui l’homme a besoin des techniques industrielles pour satisfaire ces besoins élémentaires 4 Ø L’écart entre le produit naturel d’origine et le produit fabriqué dont l’homme fait usage devient de plus en plus grand (ex: le maïs, le bois, les matières plastiques) B. Prise en charge de la vie de l’homme par l’industrie (27-28) Ø Il en résulte que l’homme devient de plus en plus dépendant de l’industrie qui doit prendre en charge toute sa vie matérielle, qui doit subvenir à tous ses besoins matériels élémentaires Ø C’est là aussi le 2e point que Daniel-Rops retient pour sa définition de la civilisation industrielle: à Retenons donc ce second point: Nous sommes dans une civilisation industrielle parce que l’industrie tend, de plus en plus, à prendre en charge toute la vie matérielle de l’homme. (27-28) C. Soumission de l’homme à/par la technique (29-41) Ø Une 3e conséquence de l’évolution va encore plus loin: l’industrie soumet l’homme lui-même à sa loi Ø La machine ne s’adapte pas à l’homme, mais l’homme doit s’adapter au rythme de la machine Ø Depuis le 20e siècle des méthodes furent mises au point pour accorder l’homme rigoureusement à la machine Ø EXEMPLES: Frederick Winslow Taylor (1856-1913): initiateur du travail à la chaîne; Henry Ford (1863-1947): promoteur de la construction en série; Charles Bedaux (1888-1944): inventeur uploads/Industriel/ at-civ-industri-elle.pdf
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- Publié le Apv 20, 2022
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