Valérie LACAGNE Professeur d’histoire et de géographie Lycée Mathias 3, place M

Valérie LACAGNE Professeur d’histoire et de géographie Lycée Mathias 3, place Mathias 71321 CHALON-SUR-SAONE L’histoire du cinéma français Le cinéma est l’art du XXe siècle par excellence. Dès les premières projections, le 7e Art a connu un succès foudroyant. L’image animée devient le support culturel le plus populaire auprès des catégories sociales modestes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. A noter que le thème est évoqué brièvement dans le développement des pratiques culturelles de masse inscrit dans le programme de la classe de 1ère, partie I intitulée : L’âge industriel et sa civilisation. Comme l’indique l’intitulé du programme, le cinéma est effectivement un art (collectif) au même titre que les arts vivants mais aussi (et il ne faut jamais l’oublier) une industrie. Et, dès le début de son histoire, le cinéma est tiraillé entre ces deux pôles. L’objet de cette intervention est une histoire du cinéma français à travers cette double appartenance : l’art et l’industrie. I - Une rapide histoire du cinéma français On divise traditionnellement cette histoire en 4 périodes (reprise de la division de Jean-Pierre RIOUX et Jean-François SIRINELLI in La France d’un siècle à l’autre 1914- 2000, Hachette). A/ Les origines du cinéma en France = le temps du muet : 1896 - 1929 La date-repère est le 28 décembre 1895 qui correspond à la 1ère projection cinématographique publique et payante dans le sous-sol du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris. Dix films que les frères Lumières appellent des vues sont projetés ce soir-là, dont La sortie des usines Lumières à Lyon ou L’arrivée du train en gare de La Ciotat. Bien sûr, quelques années plus tôt (1889), un américain Edison avait mis au point le film comme support souple large de 35 mm en nitrate de cellulose entraîné par une roue dentée grâce à une double rangée de perforations mais le 28 décembre 1895 marque la naissance du cinéma-spectacle populaire de masse. A partir de là et jusqu’en 1905, les Frères Lumières présentent dans toutes les grandes villes leur Cinématographe. Ils envoient dans le monde entier des opérateurs filmer des vues. Louis Lumière est considéré comme le premier cinéaste du réel. A la même époque, Georges Méliès, professionnel du spectacle fait construire le 1er studio où sont tournés entre six cents et huit cents films (documentaires / actualités reconstituées / films historiques) en utilisant des décors peints, une caméra en plein air et des pellicules coloriées à la main dès 1897. En 1902, il réalise son film le plus connu : Le Voyage dans la Lune. Avec Charles Pathé, dès 1905, le cinéma perd sa dimension artisanale pour entrer dans l’ère industrielle et capitaliste. Le cinéma existe d’abord comme industrie, avant d’être reconnu comme un art, le but étant de produire et de vendre massivement de la pellicule positive impressionnée. Ainsi, les films sont vendus au mètre à des forains grâce auxquels le cinéma touche surtout un public populaire. Dès 1907, les films sont loués aux exploitants par l’intermédiaire de sociétés concessionnaires et dès les premières années du cinéma se met en place un système toujours en vigueur : production, distribution, exploitation. Cette même année, Pathé produit 351 films et, en 1911, fait construire à Clichy le Gaumont-Palace (3400 places !). Max Linder est engagé par Pathé en 1905 : il est la 1ère grande vedette mondiale du cinéma (comique burlesque). Louis Feuillade (Fantômas), engagé à la veille de 1914, est alors considéré comme le plus talentueux des cinéastes français. Dans ces années-là, émerge l’idée d’une création cinématographique, de l’individualisation des oeuvres et de l’existence d’un auteur. Le 1er conflit mondial rompt la prospérité artistique et économique et remet en cause la suprématie du cinéma français. La production est interrompue car les studios sont réquisitionnés par l’armée. Charles Pathé part aux Etats-Unis : peu à peu les Etats- Unis prennent une place prépondérante dans la production cinématographique. Après la Première Guerre mondiale, on assiste à la naissance d’une réflexion sur l’esthétique cinématographique. Louis Delluc invente le terme de ciné-club. Une réflexion qui aura une influence très importante sur les cinéastes de ce que l’on appelle l’avant- garde française. A côté des créations de ces cinéastes dont Abel Gance ou Marcel L’Herbier, une production courante très importante se développe, notamment basée sur l’adaptation de romans connus d’Eugène Sue, d’Emile Zola ou Victor Hugo : ainsi débutent des cinéastes tels que Julien Duvivier, Jean Renoir, Jacques Feyder... B/ L’Age classique : 1930 - 1945 Le fait marquant est l’avènement du cinéma parlant : le 6 octobre 1927, sort à New York The jazz singer réalisé par Allan Crossland, le premier film parlant de l’histoire du cinéma. L’innovation implique la promotion de nouveaux créateurs (ingénieurs du son, dialoguistes, scénaristes, musiciens) autant que le renouvellement des acteurs (modification importante du jeu : il faut un visage mais aussi une voix) : Arletty, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Michel Simon, Jean Gabin... En 1932, la crise économique atteint la France et touche toute la profession, qui a dû s’endetter dans les années 30 pour transformer les salles et les studios à cause du parlant. En 1936, avec la victoire du Front populaire on assiste à l’apogée du courant réaliste (ou réalisme poétique : en fait un cinéma d’artifices tourné en studios où les décorateurs tels Alexandre Trauner jouent un rôle important). Les dialoguistes deviennent des personnages-clés du cinéma français : le plus célèbre étant Jacques Prévert. En 1938, près de 4250 salles sont équipées pour le parlant, dont 300 à Paris ; il existe un maillage serré des salles de quartiers ; on se rend au cinéma en famille, au moins une fois par semaine. A la même époque, on peut noter la création de la Cinémathèque française par Henri Langlois pour conserver les films ou organiser des projections. Pendant la Drôle de guerre, la production n’est pas interrompue même si la censure militaire bannit certains films comme La règle du Jeu de Jean Renoir. La loi du 26 octobre 1940 met en place le C.O.I.C. (Comité d’organisation des industries du cinéma) : c’est un tournant crucial dans l’histoire du cinéma français car pour la première fois le pouvoir politique encadre l’industrie et le commerce des films. Le Comité crée la carte professionnelle, met en place le système d’avance à la production et crée l’I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques) qui fonctionnera sous la direction de Marcel L’Herbier à partir de 1944. Suite à la mise en place du régime de Vichy (et du statut des juifs), une part importante de la profession quitte la France (Renoir, Duvivier, Gabin, Jouvet...), la censure est importante mais la production continue (Guitry, Gance, Pagnol). C / “L’invention d’une culture” (1945 - 1968) Les images de la libération des camps de concentration constituent un traumatisme pour toute l’humanité et un tournant dans l’histoire de l’image : le problème de ce que l’on peut montrer se pose de manière aiguë. Pour la France en 1945, il s’agit de reconstruire un cinéma totalement sinistré : le matériel, les plateaux, les laboratoires sont vétustes puisque l’équipement date du passage au parlant. La loi du 26 octobre 1946 met en place le C.N.C. (Centre national de la cinématographie) : un établissement public doté d’une autonomie financière qui encadre le cinéma sur le plan législatif et réglementaire sous l’autorité d’un ministre (il contrôle les finances, aide à la production et à la diffusion des films). On assiste en parallèle à une petite révolution culturelle avec la naissance de ce que l’on va appeler la cinéphilie (clubs d’amateurs où l’on projette des films et étudie la technique et l’histoire du cinéma). Dès 1946 des ciné-clubs naissent dans les villes, les établissements scolaires, les entreprises. De nombreuses salles sont labellisées Art et Essai. Peu après, la création de magazines tels que La Revue du cinéma, Les cahiers du cinéma (1951) ou Positif (1952), où écrivent des figures importantes du cinéma (Roger Leenhardt, André Bazin, Alexandre Astruc, François Truffaut), atteste et légitime l’émergence de la conception du film comme élément culturel. En 1954 que paraît dans Les cahiers du cinéma l’article de François Truffaut intitulé Une certaine tendance du cinéma français, où il critique avec véhémence le cinéma dit de qualité française. C’est une charge contre le réalisme psychologique et la primauté des scénaristes-dialoguistes, ainsi que contre le goût des cinéastes pour les adaptations littéraires. En 1957–1958, la presse qualifie de Nouvelle Vague les nouveaux cinéastes français (et parfois de plus anciens comme Leenhardt ou Melville) il s’agit de dégager la notion d’auteur de films. Des producteurs comme Henry Deutschmeister et Georges de Beauregard soutiennent ces réalisateurs qui veulent en finir avec les pesanteurs corporatistes de la profession ; c’est à la fois une rupture artistique (liberté de ton / insouciance / cynisme) mais aussi rupture économique qui correspond aussi à l’évolution des techniques : caméras plus légères, pellicules plus sensibles (possibilité de tournage en extérieur à la lumière du jour) et possibilité d’enregistrer un son synchrone (son direct) de bonne qualité. Face à ce nouveau courant, uploads/Industriel/ breve-histoire-du-cinema-francais.pdf

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