Youbi P. H. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du

Youbi P. H. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 10. P. 59-66, Avril 2018 59 Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo Volume 10. P. 59-66, Avril (2018) Evaluation du rendement de deux variétés de cacaoyers dans la Région du Centre du Cameroun Youbi P. H.1, Kaho F.2, Ngoufo R.1, Mbolo M.1, Edoa D.2 (1) Faculté des Sciences, Université de Yaoundé I, Cameroun / e-mail : patrickyoubi@yahoo.fr (2) Institut de Recherche Agricole pour le Développement, Yaoundé, Cameroun Résumé Le Gouvernement camerounais, à travers le FODECC (Fond de Développement Cacao Café) a lancé un programme de développement de la filière cacao afin d’en accroître la production dans le but d’atteindre 600 000 tonnes à l’horizon 2020. Ce programme consiste à distribuer gratuitement des plants hybrides considérés de très productifs aux paysans. Certains hybrides distribués tels que SNK 413 sont très peu étudiés. Leur productivité dans une agroforêt reste mal connue d’où l’objet de cette étude. Afin d’évaluer la production du cacao dans les agroforêts, une étude a été conduite pendant trois années consécutives dans le bassin de production du Département de la Lékié, Région du Centre du Cameroun. L’objectif principal est de comparer la production d’un hybride (SNK 413) à celle d’une variété locale (Bat 1). La détermination de la quantité de cacao marchand de chaque variété a été effectuée dans des parcelles placées sous ombrage homogène (absence d’ouverture de la canopée). Elle a consisté dans un premier temps à collecter des informations sur le terrain auprès des cacaoculteurs à l’aide des trames d’enquêtes semi-structurées. L’exploitant déclare les quantités récoltées suivant l’unité locale de récolte (sac en général) qui est convertie en kilogramme à l’aide d’une procédure d’étalonnage de poids. Dans un second temps, elle a servi à déterminer au champ le nombre de pieds de cacaoyers par hectare, le nombre de cabosses et de fèves. Dans les parcelles, il a été constaté que le rendement potentiel en cacao marchand est lié positivement au nombre moyen de cabosses par cacaoyer (r = 0,721). Par contre, le rendement potentiel en cacao marchand n’est pas corrélé à la densité des cacaoyers (r = - 0,108). La quantité de cacao marchand produit par hectare est plus élevée pour SNK 413 (2519,37 kg) que pour Bat 1 (784 kg). Par conséquent, SNK 413 est une variété qui produit trois fois plus que Bat 1. Mots clés : Hybride, ombrage, cacao, production Abstract Cameroonian Government, through FODECC (Cocoa and Coffee Development Fund) have launched cocoa development program to increase production of cocoa in order to rich 600 000 ton production at 2020 horizon. This consists to offer freely hybrid plants which are supposed very productive to farmers. Certain hybrids like SNK 413 are not well studied. Their productivity in an agroforest is not well known. An therefore, justify this study. This study which concerns the cocoa production area of the Centre Region of Cameroon started in June 2012 till November 2015 in many localities of Lekie Division. The main objective of this study was to compare the hybrid production (SNK 413) with the local specie (Bat 1). The determination of the quantity of cocoa product of theses two species has been done in each parcel of land which is only situated under homogeneous shades (no canopy open). It has consisted firstly to collect information from the cocoa farmers on the field. Cocoa farmers declare their production quantity in bags which are converted in kilogram. Secondly to collect from the farms the number of cocoa trees per hectare, the number of cocoa pods and cocoa beans. For these two parcels of land, the productivity of cocoa tree is positively linked to the average number of cocoa pods per cocoa tree (r = 0,721). On the contrary, the potential productivity of cocoa product is not linked to density of cocoa trees (r = - 0,108). The quantity of cocoa product per hectare is higher for SNK 413 (2519, 37 kg) than Bat 1 (784 kg). SNK 413 produces three times more than Bat 1. doi : http://doi.org/10.5281/zenodo.1215939 Keywords : Hybrid, shade, cocoa, production Youbi P. H. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 10. P. 59-66, Avril 2018 60 1. Introduction Le cacaoyer (Theobroma cacao L.) est un arbre dont l’origine botanique est localisée dans des forêts humides d’Amérique tropicale où il se rencontre à l’état naturel (Braudeau, 1969). Anciennement classé dans la famille des Sterculiaceae, le cacaoyer est, depuis quelques années, classé dans celle des Malvaceae (classification phylogénique). Il mesure alors 4 à 6 mètres de hauteur en plantation. Il entre en production à 2 ans (variétés sélectionnées) ou 3 ans, et est généralement productif pendant 25 à 30 ans. Cependant, il peut parfois être exploité pendant plus de 50 ans (Barrel et al., 2006). Bien que le cacaoyer soit considéré comme une plante d’ombre, sa productivité augmente en effet lorsqu’il est totalement exposé à la lumière (Braudeau, 1969). Le modèle technique proposé aux agriculteurs par le monde de la recherche-développement privilégie de ce fait la conduite de cacaoyères en culture pure ou sous un ombrage léger et homogène, intensive en travail et en intrants chimiques : fertilisation minérale, traitements phytosanitaires (Wood et Lass, 1985 ; Willson, 1999). La majeure partie des connaissances sur la productivité du cacaoyer provient d’essais en station de recherche et en milieu contrôlé (Somarriba and Beer, 2011; Bourgoing and Todem, 2010). L’insuffisance de la production cacaoyère mondiale qui, malgré une forte expansion depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ne parvient pas à satisfaire la demande croissante (Hanak et al., 2003). Lorsqu’il est issu de semis, directement en champ ou en pépinière, le cacaoyer produit ses premiers fruits entre 2,5 et 4 ans d’âge. Il atteint son plein rendement entre 6 et 7 ans puis son plein développement et son rendement maximum autour de 8 à 10 années. La variabilité de rendement des cacaoyers d’une année à l’autre est affectée d’avantage par la pluviosité que par tout autre facteur climatique. Le cacaoyer est très sensible à une différence hydrique, tout particulièrement lorsqu’il est en concurrence avec d’autres plantes, d’ombrage ou adventices (Hanak et al., 2003). Une cabosse moyenne contient 100 à 120 g de fèves fraîches. Le poids d’une cabosse varie de 200 à 1 000 g et est en moyenne de 450 g. Sa taille à maturité varie de 10 à 35 cm, avec une moyenne de 17,5 cm. La production de cacao dans le monde est aujourd’hui le fait de petites exploitations familiales, toutes situées dans les tropiques humides, et la culture du cacaoyer y est généralement pratiquée dans des systèmes agroforestiers (Franzen and Borgerhoff, 2007). Si la production annuelle théorique attendue par arbre se situe aux alentours de 100 à 200 cabosses, leur productivité est en réalité de 30 à 40 cabosses par an (Young, 1994), ce à quoi il faut retirer les pertes dues aux bioagresseurs. Les pertes de récolte dues aux maladies, aux insectes, oiseaux, chauves-souris, écureuils, singes, rats et autres ravageurs, ont été raportées depuis le 16ième siècle et sont encore aujourd’hui importantes (Young, 1994). Il existe très peu de littérature sur le comportement de l’hybride SNK 413 dans des agroforêts. Dans le monde, aucune étude n’a encore été menée sur le comportement de cet hybride en agroforêt du fait de son origine camerounaise et de son apparition très récente. Au Cameroun, une étude a été menée sur le comportement de cet hybride en station dans la Région du Sud (Nkoemvone) mais pas encore dans une agroforêt. Sa productivité n’a pas encore été étudiée dans une agroforêt de la Région du Centre au Cameroun d’où l’objet de cette étude. Ce travail a pour objectif principal de comparer la production d’un hybride (SNK 413) à celle d’une variété locale (Bat 1). Cette évaluation devrait permettre d’améliorer les connaissances sur la productivité de cet hybride en agroforêt. 2. Matériel et Méthodes 2.1. Zone d’étude L’étude a été réalisée dans quatre localités du Département de la Lékié, Région du Centre au Cameroun (figure 1). Ce Département constitue l’un des grands bassins de production cacaoyère au Cameroun (Anonyme, 2012). Ces localités sont : Obala, Okola, Batschenga, et Sa’a. Le Département de la Lekié situé entre 4°12’0’’N, 11°24’0’’E, fait partie de la Région du Centre au Cameroun. La Lekié est le deuxième grand producteur de cacao du Cameroun. Les activités économiques principales sont la culture du cacao et la production des cultures maraîchères porteuses de plus de revenus (Anonyme, 2008). L’altitude moyenne est comprise entre 500 m et 1 000 m au-dessus du niveau de la mer. Le climat est chaud et humide, de type «guinéen», avec des températures moyennes de 25°C et une pluviométrie de 1.500 à 2.000 mm par an répartie en deux saisons humides bien distinctes (régime pluviométrique bimodal). Ces deux saisons permettent deux cycles de cultures et un calendrier cultural étalé avec semis et récoltes échelonnés. La faible insolation et l’hygrométrie constamment élevée (entre juin uploads/Industriel/ 11-note-technique-2-pp-59-66.pdf

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