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1. Introduction Le commerce internatio- nal de produits agricoles biologiques prend de plus en plus de place dans les échanges. Ces produits de- meurent des biens de luxe, rares et écoulés sur un mar- ché restreint à des prix éle- vés. Selon l’étude du Centre International du Commerce relevant de la CNUCED (2000), les plus grands mar- chés se trouvent aux USA, en Europe et au Japon. L’Europe représente les plus grandes ventes (36%), suivie de l’Amérique du Nord (34,5%) (Sahota, 2006). En Afrique, l’agri- culture biologique est très peu développée. Elle est surtout destinée à l’exporta- tion (ONAGRI, 2001). En Tunisie, il s’agit d’u- ne activité récente qui date de 1996. Bien que la consommation interne de produits biologiques reste encore marginale, le développe- ment de ce secteur relève surtout de la forte demande exté- rieure de ce type de produits qui justifie, en partie, l’intérêt que les pouvoirs publics y accordent. La promulgation de la Loi n°99-30 du 5 avril 1999 a marqué la naissance officiel- le de la filière biologique en Tunisie. Ainsi, une série de me- sures réglementaires et d’incitations ont été mises en place pour promouvoir ce secteur (FAO/GTZ/MARH, 2005). Dans ce sens, fut créé en 1999 le Centre Technique de l’A- griculture Biologique (CTAB) dont l’objectif est le déve- loppement des techniques spécifiques du secteur ain- si que l’adaptation et l’ex- périmentation d’innova- tions techniques. Des avantages financiers ont été également accordés sous forme de subventions aux agriculteurs. Cette po- litique d’encouragement a permis d’augmenter les superficies des cultures biologiques de 9000 ha, en 2000, à près de 90000 ha, en 2006, et d’accroître la production qui a atteint 35000 T en 2006 contre 3686,5 T en 2000 (MARH, 2006). Les taux de crois- sance enregistrés au cours de cette période s’élèvent à 900% et 850% respective- ment, pour la superficie et la production. Malgré le développe- ment rapide du secteur, les exportations de pro- duits biologiques sont res- tées limitées. Au cours de la même période, leur évolution a été en moyenne de 35% par an, soit 6461T en 2006 contre 1086,5 T en 2000. Le vo- lume des exportations en 2006 correspond à une part moyenne de 20% de la production. Il est à remarquer que l’agriculture biologique est surtout représentée par l’huile d’olive, les amandes et les dattes, dont la part était en 2006 respectivement de 90%, 2,8% et 1 %. Les produits maraî- chers et les autres produits arboricoles sont moins dévelop- pés. Ils représentaient, au cours de la même année, respec- tivement 0,01 % et 3,9 % des superficies biologiques tota- les. Cela s’explique par la présence d’un marché porteur pour l’huile d’olive et les dattes qui détiennent près de la moitié des exportations totales de produits biologiques (53% et 45%, respectivement). La consommation de produits biologiques dans les pays Les performances techniques des dattes biologiques et conventionnelles en Tunisie: Cas de la région de Hezoua Zouhair RACHED*, Ali SALMI**, Raoudha KHALDI* Rèsumé L’objectif de ce travail est d’étudier l’efficacité technique et les déterminants socio-économiques des exploitations phoenicicoles. Cette recherche constitue une étude comparative entre le mode conventionnel et le mode biologique. Un modèle d’estimation simultanée de la frontière stochastique de production et des effets d’inefficacité technique a été élaboré pour 84 exploitations oa- siennes privées de la région de Hezoua (Tozeur). L’examen des scores de l’ef- ficacité technique révèle que l’efficacité technique moyenne des exploitations en mode biologique est de l’ordre de 93% contre 80% en mode conventionnel. Cette efficacité est positivement affectée en mode biologique par l’ancienneté et en mode conventionnel par les travaux de CES, la formation agricole et la pluriactivité. En revanche, la densité élevée de plantation et la génération de périmètres affectent négativement l’efficacité dans les deux modes. Mots-clés: Dattes biologiques, efficacité technique, frontière stochastique, Hezoua. Abstract The objective of this study is to identify the level of technical efficiency and the socio-economic determinants of date-growing farms, comparing the con- ventional and the organic production method. An estimation model was developed for 84 private date-growing farms in Hezoua (Tozeur) using the stochastic frontier production function approach applied to cross section data. The scores relating to technical efficiency indicate that the average technical efficiency in organic farms is about 93% as against 80% of conventional farms. Thus efficiency is positively affected by the farm history when the or- ganic production method is adopted while it is affected by water and soil man- agement, farmers’ training level and multi-activity in conventional farming. In contrast, the high planting density and the establishment of new irrigation schemes have a negative impact on efficiency of both growing methods. Keywords: Organic dates, technical efficiency, stochastic frontier, Hezoua. 50 * Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie. Rue Hédi Karray -2049 Ariana - Tunisie. ** Institut National Agronomique de Tunis. JEL classification: C51, Q12 NEW MEDIT N. 3/2012 NEW MEDIT N. 3/2012 51 européens demeure encore faible, variant de 2 à 3% de la consommation alimentaire globale. En Amérique du Nord, selon l’Association du Commerce Biologique, les ventes au détail des produits biologiques ont connu un taux de crois- sance moyen de 22% durant la période 1991-2001. La FAO (2005) soutient que le marché des produits issus de l’agriculture biologique grimpera rapidement et cette croissance est estimée à 20 % au Japon et à Singapour et les ventes en produits “Bio” vont croître de 1 à 10 % dans l’en- semble des échanges mondiaux de produits agricoles d’ici quelques années. Le développement rapide de cette activité à l’étranger et l’accroissement prévu de la demande consti- tuent des opportunités à saisir pour l’expansion de l’agri- culture biologique en Tunisie et pour accroître, en consé- quence, nos parts de marché. Face à ce défi, il est intéres- sant aujourd’hui d’évaluer cette expérience en s’interro- geant sur les niveaux de performance réalisés par les agri- culteurs, sur l’efficacité technique de cette activité, sur ses principaux facteurs socio-économiques déterminants et sur ses réelles potentialités en comparaison au mode de pro- duction conventionnel. Afin de répondre à ces questions, nous retenons comme champ d’analyse les dattes biologiques. L’analyse de l’effi- cacité technique de ce produit d’exportation par excellence a pour objectif de fournir des interprétations pour l’aide à la décision et la mise en œuvre de politiques adaptées aux conditions réelles des agriculteurs et des opérateurs de la fi- lière en vue d’une meilleure valorisation du produit. Le présent travail de recherche s’articule autour de trois axes. Le premier axe porte sur une étude bibliographique en relation avec la problématique de la recherche relative au secteur des dattes biologiques et la méthodologie adoptée. Le deuxième axe présente les résultats des analyses statis- tiques et leurs interprétations. Enfin, la conclusion permet- tra de fournir, sur la base de ces analyses, des éléments de réflexion pour une politique agricole mieux adaptée à ce secteur. 2. Méthodologie de recherche La mesure de l’efficacité technique des unités de produc- tion constitue un cadre de diagnostic pertinent pour analy- ser, au niveau micro-économique, la productivité d’un sys- tème donné et les effets des politiques de régulation des marchés sur les exploitations. Au niveau macro-écono- mique, la détermination des scores d’efficacité des unités conditionne l’efficience de la collectivité sociale (Piot, 1996). En effet, pour qu’une économie soit efficiente, il faut passer par l’amélioration de l’efficacité de ses entreprises. L’identification des principaux déterminants de l’efficacité de production et de ses structures permet de proposer des alternatives d’amélioration adaptées aux régions et aux uni- tés de production. L’analyse de l’efficacité à l’échelle d’une entreprise peut être étudiée à plusieurs niveaux: l’efficacité technique, l’ef- ficacité d’échelle, l’efficacité allocative (ou prix) et l’effi- cacité sociale. Lee et Pitt (1981) ont estimé le niveau d’efficacité tech- nique de 50 firmes opérant dans le secteur de l’industrie lourde indonésienne en utilisant l’approche stochastique qui a fait l’objet de plusieurs applications empiriques. Meeusen et Van Den Broeck (1977) ont aussi utilisé cette approche pour mesurer l’efficacité technique dans 10 sec- teurs industriels français. Kopp et Smith (1980) y ont aussi eu recours pour analyser les firmes américaines produisant des générateurs électriques, de même que Aigner et al. (1977) et Lee et Tyler (1978) afin d’analyser le secteur agri- cole américain et l’industrie manufacturière brésilienne, respectivement. Jondrow et al. (1982) ont montré qu’en assignant a priori des distributions connues aux deux composantes du terme d’erreur, il est possible de les différencier et d’obtenir une mesure de l’efficacité pour chaque observation. La contribution de Jondrow et al. (1982) continue d’être à l’origine de plusieurs études empiriques dans plusieurs secteurs d’activités et dans plusieurs pays. Ainsi, Bailey et al. (1989), Kalitzandonakes et al. (1992), Tran et al. (1993), Parikh et Shah (1994) et Yao et Liu (1998) ont tous préco- nisé l’approche stochastique pour mesurer l’efficacité tech- nique, respectivement, des productions laitières en Équa- teur, des productions céréalières au Missouri, des produc- tions du caoutchouc naturel au Vietnam, de la riziculture au Pakistan et des grains en Chine. En Tunisie, les travaux de recherche sur la mesure de l’ef- ficacité technique uploads/Industriel/ 453-50-rached.pdf

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