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Retrouver ce titre sur Numilog.com M O D È L E S E T M A N N E Q U I N S ( 1 9 4 5 - 1 9 6 5 ) Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Jean-Noël Liaut MODÈLES ET MANNEQUINS (1945-1965) f i l i p a c c h i Retrouver ce titre sur Numilog.com © 1994 — ÉDITIONS FILIPACCHI — Société SONODIP 63, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite sans l'autorisation préalable et écrite de l'éditeur. Retrouver ce titre sur Numilog.com A mes parents. Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com INTRODUCTION « Il semblait que l'Europe, fatiguée des bombes, désirât des feux d'artifice. (...) Il était rassurant de constater qu'aux fastes grossiers du monde du marché noir succédaient peu à peu les fastes plus raffinés du monde tout court » se rappelle Christian Dior. La haute couture, plus que tout autre sphère de création, traduisit « cet idéal de bonheur civilisé » cette revanche sur l'austérité imposée par près de cinq ans d'occupation : collections « événement » à chaque saison, émergence d'une nouvelle « aristocratie » de grands couturiers, de photographes de mode, de coiffeurs et de mannequins-vedettes, qui donnait le ton, créait la sensation et fut rapidement sollicitée par l'aristocratie traditionnelle, celle de la naissance et de l'argent. Un prestige fondé sur le talent et la présence. Très vite, la planète tout entière se prit d'affection pour ce monde à la fois brillant, féroce, extravagant et frivole, où l'extraordinaire devenait ordinaire... Un univers de « chiffons » somptueux et de papier glacé, derrière lequel se cachaient des hommes d'affaires brassant des millions, et sur qui l'intelligentsia se pencha avec curiosité : dès 1946, Alice B. Toklas fut la première à donner le mouvement en consacrant un essai à Pierre Balmain, A New F r e n c h Style 3, suivi d e p r è s p a r J o h n S t e i n b e c k , q u i r é d i g e a le 1. Christian Dior et moi, de Christian Dior, Le Livre Contemporain-Amiot/ Dumont, Paris, 1956, p. 51. 2. Op.cit. 3. A New French Style, d'Alice B. Toklas, illustrations de Gruau, Seido, Paris, 1946. (Traduit de l'anglais par M.Davidson). Retrouver ce titre sur Numilog.com commentaire d'un court métrage sur le thème des collections pari- siennes réalisé pour la télévision new-yorkaise par le grand reporter Robert Capa. C'est aussi à partir de la Libération que, pour la première fois, le métier de mannequin, jusqu'alors dévalorisé par des préjugés défavo- rables, fit rêver le grand public. Ambassadrices du prestige français, égéries des grands couturiers et des photographes, elles étaient censées mener une existence brillante et facile avant d'épouser un homme célèbre!.. Un idéal de vie pour plusieurs générations de femmes ! La marque la plus évidente de cet engouement ? Le cinéma, bien sûr, art populaire par définition et mètre-étalon des passions et des fantasmes : le moyen le plus accessible pour tous ceux qui n'appartenaient pas à l'élite mondaine de pouvoir échapper à la réalité quotidienne par le rêve. De « Cover Girl » (1944), dont le titre se passe de tout commentaire à « Blow-Up » (1966), l'un des chefs- d'œuvre d'Antonioni, en passant par « Falbalas » (1945), « Manne- quins de Paris » (1956), « Funny Face » (1957), la série des « Natha- lie » (1957 et 1959), où Martine Carol interprétait un mannequin- vedette détective, ou bien encore « Qui êtes-vous Polly Magoo? » (1965), la liste est loin d'être exhaustive ! Les mannequins, dont la presse se mit à commenter les moindres faits et gestes, devinrent également le sujet de romans à succès 1 et de documentaires télévisés. Leur prestige était si grand, qu'inévitable- ment elles attirèrent l'attention d'hommes très en vue, aristocrates, leaders d'opinion et artistes de renom. C'est ainsi que Fiona Camp- bell-Walter épousa le baron Thyssen, Jean Dawnay, le prince Galitzine, Sophie, Anatole Litvak, Eliette, Herbert von Karajan ou Bronwen Pugh, lord Astor. L'énumération, rapidement fastidieuse mais très significative, de ces mariages prestigieux peut facilement remplir plusieurs pages ! Néanmoins, la palme revient incontestable- ment à la splendide anglo-indienne Nina Dyer, qui épousa successive- ment le baron Thyssen et le prince Sadruddin Khan ! Cependant, son suicide, au tout début de l'été 1965, révéla pour la première fois une 1. Pour n' évoquer qu'un seul exemple de ces succès de librairie, citons Nathalie princesse mannequin de Paris, de Franck Marshall, Librairie des Champs-Elysées, Paris, 1956. Deux des aventures de Nathalie furent portées à l'écran (Cf. supra liste des films). Retrouver ce titre sur Numilog.com réalité bien plus complexe. La façade lisse et scintillante pouvait donc se fissurer ! Au fil des ans, de nombreux autres modèles et manne- quins allaient à leur tour être les victimes désemparées de leur propre succès. La seconde moitié des années 60 vit s'amorcer lentement le déclin de la haute couture : avènement du prêt-à-porter, fin des grandes cabines et par là même nouvelle définition du métier de mannequin 1 Cette situation traduisait les contradictions et les déchirements d'une société en crise d'identité politique, sociale et culturelle. Tout un mode de vie était remis en question. Jusqu'à la fin de la décennie précédente, Paris était incontestablement la capitale culturelle de la planète. Petit à petit, Londres et New York prirent le relais et imposèrent une glorification outrancière de la jeunesse à travers la musique rock, le cinéma et... la mode. Les nouveaux modèles reflétaient ce changement de normes esthétiques : à l'idéal d'une femme sophistiquée et adulte, succéda la vague des femmes enfants, dont Twiggy, Penelope Tree, Marisa Berenson ou Patti Boyd étaient les chefs de file, tour à tour cosmonautes en Courrèges, fleurs de métal et de plastique en Rabanne, ou tout simplement « Chelsea Girls » saines et actives, en mini-jupes de Mary Quant. 1. Voir l'avant-propos « Modèles » (p. 15). Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Première partie MODÈLES Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com AVANT-PROPOS « Je ne suis pas près d'oublier l'une de ces spécialistes de la beauté immobile qui voulut participer un jour à un défilé. Une démarche raide, des bras morts, des pieds immenses. Une vraie catas- trophe!... » se souvient Freddy, un grand mannequin cabine. Au- delà de l'anecdote, ces mots révèlent tout le gouffre qui sépare le travail d'un mannequin de celui d'un modèle. Dans le premier cas, seule l'aisance des gestes, la grâce de la démarche et la capacité à donner la vie à une robe au cours d'une présentation importent vraiment. De nombreux mannequins cabine n'avaient ni des traits admirables, ni un corps irréprochable. Pierre Balmain a évoqué avec beaucoup d'humour l'une d'entre elle : « Ses jambes étaient sans galbe, son corps parfaitement droit, sans hanches ni taille ni seins. Son visage blafard sous une chevelure platinée était barré d'une paire d'yeux alourdis d'un épais maquillage charbonneux sur un triple rang de faux cils. Mais dès qu'elle marchait, le cou légèrement avancé, l'œil mauvais, le geste presque mécanique, elle devenait l'essence même du chic parisien » . A l'inverse, les modèles se doivent d'être avant tout des beautés photogéniques. Visage qui accroche la lumière, silhouette harmonieuse et sens du mouvement à l'arrêt. Bien entendu, certains modèles fameux, et la liste est longue, de Bettina à Capucine, en passant par Sophie, Simone d'Aillencourt, Denise Sarrault ou Ivy 1. Freddy : Dans les coulisses de la haute couture parisienne, souvenirs d'un mannequin-vedette recueillis par Jean Carlier, Flammarion, Paris, 1956, p. 35. 2. Liane Viguié : Mannequin haute couture, Robert Laffont, Paris, 1977, pp. 8-9. Retrouver ce titre sur Numilog.com Nicholson, furent très sollicités par les grands couturiers pour présenter leurs collections, aussi à l'aise pendant un défilé qu'au cours d'une séance de photo. De même, certains mannequins cabine célèbres, comme Marie-Hélène Arnaud, Hiroko Matsumoto, Marie- Thérèse ou Victoire firent une carrière de modèle digne des cover- girls les plus renommées. La photographie de mode des années 50, et de la première moitié de la décennie suivante, possédait ses propres codes. Art majeur dès qu'il s'agissait de grands magazines féminins ou de campagnes de publicité pour des griffes prestigieuses... Art mineur, mais néanmoins indispensable, quand un modèle posait pour des catalogues de vente par correspondance, pour la presse populaire ou bien encore pour des calendriers. Ce livre évoque uniquement leur travail dans le premier cas de figure. Le dénominateur commun à toutes les photos de mode destinées à une presse haut de gamme ? La sophistication, omniprésente dans le maquillage la coiffure, la gestuelle, les décors et, bien entendu, les vêtements. Le comble de l'élégance au cours de cette période ? Beauté hautaine et distinction ennuyée, à l'inverse des stars de l'écran à la même époque, qui, à l'exception d'une Audrey Hepburn ou d'une Kay Kendall, devaient être « uploads/Industriel/ 9782850183416.pdf

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