68, année théorique…, etc. De l’ultragauche à la théorie de la communisation RE
68, année théorique…, etc. De l’ultragauche à la théorie de la communisation RESTRUCTURATION ET IDENTITE OUVRIERE LE PROGRAMMATISME ET SA CADUCITE Les échecs révolutionnaires en héritage La fin d’un cycle de luttes L’ULTRAGAUCHE ET SA CONTRADICTION L’autonégation du prolétariat : une sortie illusoire de la contradiction La persistance du programmatisme et sa critique en actes LA PERIODE 68 Le mai français : quand une grève en cache une autre Le mai français : de la révolte ouvrière à la communauté humaine en passant par l’aliénation Le mai rampant italien : l’ambigüité du « vogliamo tutti » En Italie, Espagne, Portugal et ailleurs : l’auto-organisation et ses impasses L’OBSOLESCENCE DE L’ULTRAGAUCHE ET LE COURS CHAOTIQUE DES RUPTURES THEORIQUES Communisme par impossibilité et humanisme (clase ouvrière et prolétariat) Autonégation et humanisme L’autonégation et le refus du travail avant leur développement humaniste : une forme simple l’opéraïsme L’opéraïsme : refus du travail et autonomie L’opéraïsme : expression d’un moment paradoxal L’opéraïsme : du refus du travail au pouvoir ouvrier comme travail social 1 L’autonégation et le refus du travail : des concepts de transition Le refus du travail : vers un dépassement du programmatisme DYNAMIQUE DU CYCLE DE LUTTES PRESENT : ECARTS ET HUMANITE DE LA CRITIQUE DU PROGRAMMATISME A L’EVAPORATION DE L’EXPLOITATION : « CRITIQUE DE LA FORME-VALEUR » ET « DIALECTIQUE SYSTEMATIQUE » Une bien abstraite exploitation Au-delà du programmatisme ou au-delà de la lutte des classes ? Retour sur l’exploitation THEORIE DE LA COMMUNISATION La restructuration : une activité de la classe capitaliste La restructuration : modification structurelle de la contradiction entre les classes et de sa dynamique La communisation dépassement produit du cycle de luttes actuel La communisation : une théorie en chantier Le travail, le surtravail, la population et les femmes Contradiction de classes et contradiction de classes « Etre femme » est apparu comme une contradiction La pratique révolutionnaire : autotransformation des individus La révolution comme conjoncture Unité de la contradiction et formes d’apparition Conjoncture : une mécanique de la crise de l’autoprésupposition du capital Conjoncture et communisation EN CONCLUSION : LA REVOLUTION SERA IDEOLOGIE 2 68, année théorique …, etc. De l’ultragauche à la théorie de la communisation1 Nous considèrerons l’ultragauche comme une chose absolument passée. Ce livre est un bilan, bilan critique et non exhaustif, bilan cependant. Nous montrerons dans cette introduction à la seconde édition de ce livre que, pour effectuer ce bilan, il fallait qu’au travers des luttes de la « période 1968 » émerge par bribes, de façon heurtée, et par des critiques successives, un nouveau paradigme théorique de la lutte de classe et de la distinction de genre, de la révolution et du communisme que nous qualifions comme celui de la communisation2. Il fallait que l’on ne soit plus en situation de se référer à l’ultragauche comme à un ensemble de positions dans lesquelles nous puiserions tel élément, en rejetant tel autre. Il fallait être en mesure de définir l’ultragauche, tant théoriquement que pratiquement, comme une problématique, c’est-à-dire lui conférer un sens global. C’est l’émergence de ce nouveau paradigme au travers d’un nouveau cycle de luttes et de l’accomplissement de la restructuration du capital amorcée dans les années 1970 qui est l’objet de cette introduction. Cette restructuration du rapport d’exploitation fut une contre-révolution qui rendit absolument et définitivement caduque la problématique des Gauches construite dans la vague révolutionnaire qui suivit la première guerre mondiale. RESTRUCTURATION ET IDENTITE OUVRIERE La restructuration du mode de production capitaliste qui a accompagné la crise de la fin des années 1960 au début des années 1980 a été une défaite ouvrière, la défaite de l’identité ouvrière, quelles que soient les formes sociales et politiques de son existence (des Partis Communistes à l’autonomie ; de l’Etat socialiste aux Conseils ouvriers) Toutes les caractéristiques du procès de production immédiat (travail à la chaîne, coopération, production-entretien, travailleur collectif, continuité du procès de production, sous-traitance, segmentation de la force de travail), toutes celles de la reproduction (travail, chômage, formation, welfare, famille), toutes celles qui faisaient de la classe une détermination de la reproduction du capital lui-même (service public, bouclage de l’accumulation sur une aire nationale, inflation glissante, « partage des gains de productivité »), tout ce qui posait le prolétariat en interlocuteur national socialement et politiquement, tout cela fondait une identité ouvrière, confirmée à l’intérieur même de la reproduction du mode de production capitaliste, à partir de laquelle se jouait le contrôle sur l’ensemble de la société comme gestion et hégémonie. Cette identité ouvrière qui constituait le mouvement ouvrier et structurait la lutte des classes, y intégrant même la division de l'accumulation mondiale avec le « socialisme réel », 1 Il m’est arrivé à plusieurs reprises dans ce texte de m’inspirer plus ou moins librement du texte de François Danel, Production de la rupture, préface à Rupture dans la théorie de la révolution, Texte 1965 – 1975, Ed. Senonevero, 2003. 2 Dans un premier temps, nous aborderons ce concept par touches successives selon les aléas du dépassement de la problématique de l’ultragauche, puis de façon plus synthétique dans la dernière partie de cette introduction. Précisons cependant très brièvement tout de suite de quoi il s’agit : dans le cours de la lutte révolutionnaire, l’abolition de l’Etat, de l’échange, de la division du travail, de toute forme de propriété, l’extension de la gratuité comme unification de l’activité humaine, c’est-à-dire l’abolition des classes, des sphères privées et publiques, des catégories d’hommes et de femmes, sont des « mesures » abolissant le capital, imposées par les nécessités mêmes de la lutte contre la classe capitaliste, dans un cycle de luttes spécifiquement défini. La révolution est communisation, elle n’a pas le communisme comme projet et résultat. On n’abolit pas le capital pour le communisme mais par le communisme, plus précisément par sa production. 3 reposait sur la contradiction entre d’une part la création et le développement d’une force de travail mise en oeuvre par le capital de façon de plus en plus collective et sociale, et d’autre part les formes apparues comme limitées de l’appropriation par le capital de cette force de travail dans le procès de production immédiat et dans le procès de reproduction. Voilà la situation conflictuelle qui se développait comme identité ouvrière, qui trouvait ses marques et ses modalités immédiates de reconnaissance (sa confirmation) dans la « grande usine », dans la dichotomie entre emploi et chômage, travail et formation, dans la soumission du procès de travail à la collection des travailleurs, dans les relations entre salaires, croissance et productivité à l’intérieur d’une aire nationale, dans les représentations institutionnelles que tout cela implique, tant dans l’usine qu’au niveau de l’Etat, et last but non least dans la légitimité et la fierté sociale et culturelle d'être ouvrier. L’identité ouvrière était le fondement du cycle de luttes s’étendant durant la première phase de la subsomption réelle du travail sous le capital, des années 1920 à la fin des années 1960. Il y avait bien autoprésupposition du capital, conformément au concept de capital, mais la contradiction entre prolétariat et capital ne pouvait se situer à ce niveau, en ce qu’il y avait production et confirmation à l’intérieur même de cette autoprésupposition d’une identité ouvrière par laquelle se structurait, comme mouvement ouvrier, la lutte de classe. L’extraction de plus-value sous son mode relatif, aussi bien au niveau du procès de production immédiat qu’à celui de la reproduction d’ensemble, est le principe de développement et de mutation de la subsomption réelle A ces deux niveaux (production / reproduction) apparaissent, durant la première phase de la subsomption réelle, les obstacles à la poursuite de l’accumulation telle que l’extraction de plus-value sous son mode relatif avait elle-même structuré cette accumulation. Il s’agissait de tout ce qui était devenu une entrave à la fluidité de l’auto présupposition du capital3. On trouve d’une part toutes les séparations, protections, spécifications qui se dressent face à la baisse de la valeur de la force de travail, en ce qu’elles empêchent que toute la classe ouvrière, mondialement, dans la continuité de son existence, de sa reproduction et de son élargissement, doive faire face en tant que telle à tout le capital. On trouve d’autre part toutes les contraintes de la circulation, de la rotation, de l’accumulation, qui entravent la transformation du surproduit en plus-value et capital additionnel. Avec la restructuration achevée dans les années 1980, la production de plus-value et la reproduction des conditions de cette production coïncident. C’est la façon dont étaient architecturées d’une part l’intégration de la reproduction de la force de travail, d’autre part la transformation de la plus-value en capital additionnel et enfin l’accroissement de la plus-value sous son mode relatif dans le procès de production immédiat, qui étaient devenues des entraves à la valorisation sur la base de la plus-value relative. Cette non-coïncidence entre production et reproduction était la base de la formation et confirmation dans la reproduction du capital d’une identité ouvrière ; elle était l’existence d’un hiatus entre production de plus-value et reproduction du rapport social, hiatus autorisant 3 « Le procès de production capitaliste reproduit uploads/Industriel/ preface-ug.pdf
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- Publié le Fev 03, 2021
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