PRODUITS DE LA MER N°192 MAI 2019 ❘ 96 ❘ Special feature ❘ SEAWEED La France co
PRODUITS DE LA MER N°192 MAI 2019 ❘ 96 ❘ Special feature ❘ SEAWEED La France compte une trentaine d’entreprises de récolte, culture et transformation d’algues. culturelle et la lenteur de l’évolution des usages et des goûts, laquelle commence par la gastronomie, encore peu active dans ce domaine. Principal enjeu évo- qué : la productivité des fermes aqua- coles au regard de l’occupation d’un espace littoral très convoité. Aujourd’hui, si la production mondiale de macroalgues s’élève à quelque 30 mil- lions de tonnes par an, 96 % de ce ton- nage provient de la culture d’algues en Asie. La production de l’Europe, de l’ordre de 320 000 tonnes par an, concentrée principalement en Norvège, en France, au Danemark et en Irlande, représente à peine 1 % des volumes mondiaux. Elle provient en D es algues marines pour nour- rir le monde ? », s’interroge le sociologue de l’alimentation Éric Birlouez. Une question que pose la croissance démographique à l’horizon 2050, sans que le débat ne puisse être tranché dans l’immédiat. Autre analyse prospective, à l’échelle française cette fois : celle de l’étude Vigie Alimentation 2016-2017, publiée par AlimAvenir en partenariat avec Futuribles. Identifiée comme tendance émergente, la consommation d’algues à l’horizon 2030 a fait l’objet d’avis très partagés parmi les experts interrogés. Principal frein invoqué : l’acceptabilité quasi-totalité d’algues sauvages et génère une grande valeur économique. En France, les tonnages produits, essentiellement en Bretagne, dépassent 70 000 tonnes par an. Mais il s’agit à 90 % de laminaires récoltées en mer par des navires goémoniers et des- tinées à l’extraction d’alginates. Les algues de rive, cueillies sur l’estran par des récol- tants à pied, représentent 5 000 tonnes par an. Quant à l’algoculture, pratiquée par une quinzaine d’entreprises, elle totalise 150 à 350 tonnes selon les années. Et seule une partie de ces algues de récolte ou de culture est destinée à l’alimentation humaine. Alimentation animale, engrais, traitement des eaux, cosmétiques, nutrition, santé… : leurs débouchés sont variés. Et si les entre- prises spécialisées dans l’alimentaire et la cosmétique sont les plus nombreuses, leurs activités sont souvent multiples. Au final, les transformateurs de l’agroa- limentaire restent encore dépendants des importations de matière première, fraîche ou séchée. Même si nombre d’entre eux se sont installés en Bretagne, près de zones de production, afin d’intégrer la cueillette ou, de manière encore émergente, l’algo- culture. Tandis que d’autres s’efforcent de nouer des partenariats pour sécuriser leurs approvisionnements. Une condition sine qua non à la poursuite du développement de la filière, qui, preuve de son dynamisme, accueille de nouveaux acteurs. n Portées par la vague végétale Malgré un développement rapide attendu, la fi lière algues reste limitée en France et en Europe. Mais les projets se multiplient, présageant un bel avenir. Despite an expected rapid development, the seaweed sector remains limited in France and Europe. But the number of projects is increasing, boding well for a bright future. ALGUES Enquête : Anne-Caroline RENARD Carried along by the vegetable trend “ T he edible seaweed processing industry needs raw material from many species: nori, dulse, sea lettuce, wakame... Some are quite rare and ten- sion on the corresponding resource is obvious. The market is growing but supply must follow. While there are many seaweed farming projects, there are still few actual companies. We have to free ourselves from the issues of hatcheries, and then set up structures and ensure the transfer of R&D. Today, everyone is moving a little bit in the dark. But one must be careful not to go too fast. There is a need to work on strategic species offering oppor- tunities, or to develop aquaculture projects for different markets.” Henri Courtois, general manager of Algue Service The demand is growing T he edible seaweed processing industry needs raw material from many species: nori, dulse, sea lettuce, wakame... Some are quite rare and ten- sion on the corresponding resource is obvious. The market is growing but supply must follow. While there are many seaweed farming projects, there are still few actual companies. We have to free ourselves from the issues of hatcheries, and then set up structures and ensure the transfer of R&D. Today, everyone is moving a little bit in the dark. But one must be careful not to go too fast. There is a need to work on strategic species offering oppor- tunities, or to develop aquaculture projects for different markets.” DR PRODUITS DE LA MER N°192 MAI 2019 ❘ 97 ❘ Dossier ❘ ALGUES France totals about thirty seaweed harvesting, farming and processing companies. Ireland, represents barely 1% of world quantities. It comes almost entirely from wild seaweed and generates great eco- nomic value. In France, the quantities produced, mainly in Brittany, exceed 70,000 tons per year. But 90% of them are kelp harvested by specialised vessels and used for alginate extraction. Shore seaweed, collected on the foreshore by walking harvesters, represent 5,000 tons per year. As for seaweed farming, done by about fifteen companies, it totals 150 to 350 tons depending on the year. And only part of this harvested or farmed sea- weed is intended for human consump- tion. Animal feed, fertilizers, water treat- ment, cosmetics, nutrition, health...: outlets are diversified. And if companies specializing in food and cosmetics are the most numerous, their activities are often multiple. In the end, food processing companies are still dependent on imports for fresh or dried raw material. Even if many of them have settled in Brittany, close to produc- tion areas, in order to integrate harvests or the production of emerging seaweed farming. Other companies are working to build partnerships to secure their sup- plies. This is a prerequisite for the fur- ther development of the sector, which, as proof of its dynamism, is welcoming new companies. n C an seaweed feed the world ?“ asks dietary sociologist Éric Birlouez. This is an issue raised by the population growth by 2050, but the debate cannot be resolved immediately. Another prospec- tive analysis, this time on a French scale: that of the Vigie Alimentation 2016- 2017 study, published by AlimAvenir in partnership with Futuribles. Identified as an emerging trend, the consumption of seaweed by 2030 was the subject of divided opinions among the experts interviewed. The main obstacle invoked was cultural acceptability and the slow evolution of uses and tastes. This begins with gastronomy, which is still not very active in the field. The main challenge is the productivity of aquaculture farms in relation to the occupation of a highly coveted coastal area. Today, while global macroalgae pro- duction amounts to some 30 million tons per year, 96% of this tonnage comes from seaweed farming in Asia. Europe’s production, which amounts to around 320,000 tons per year, concentrated mainly in Norway, France, Denmark and “ L a filière de la transformation des algues alimentaires a besoin de matière première sur beaucoup d’espèces : la nori, la dulse, l’ulve, le wakamé… Certaines sont assez rares à la cueillette et la tension sur la ressource cor- respondante est manifeste. Le marché se développe mais il faut que l’approvisionnement suive. S’il y a beaucoup de projets d’algoculture, il y a encore peu de réalisations. Il faut s’affranchir des questions d’écloseries, de captage… et mettre ensuite en place des structures et assurer le transfert de R & D. Aujourd’hui, tout le monde avance un peu dans le flou. Mais attention à ne pas aller trop vite. Il faut tra- vailler sur des espèces stratégiques qui présentent des débouchés, ou bien développer des projets aquacoles visant différents marchés. » Henri Courtois, directeur général d’Algue Service La demande progresse “ L a filière de la transformation des algues alimentaires a besoin de matière première sur beaucoup d’espèces : la nori, la dulse, l’ulve, le wakamé… Certaines sont assez rares à la cueillette et la tension sur la ressource cor- respondante est manifeste. Le marché se développe mais il faut que l’approvisionnement suive. S’il y a beaucoup de projets d’algoculture, il y a encore peu de réalisations. Il faut s’affranchir des questions d’écloseries, de captage… et mettre ensuite en place des structures et assurer le transfert de R & D. Aujourd’hui, tout le monde avance un peu dans le flou. Mais attention à ne pas aller trop vite. Il faut tra- vailler sur des espèces stratégiques qui présentent des débouchés, ou bien développer des projets aquacoles visant différents marchés. » La demande progresse B.V. DR DR PRODUITS DE LA MER N°192 MAI 2019 ❘ 98 ❘ Special feature ❘ SEAWEED Q uels sont les produits alimen- taires aux algues existant sur le marché français ? Dans quels moments de consommation s’inscrivent-ils ? Dans quels circuits de distribution sont-ils com- mercialisés et à quels rayons ? Autant de questions auxquelles répondaient, il y a cinq ans, les études réalisées par le pôle halieutique d’Agrocampus Ouest dans le cadre du projet Idealg. Les tra- vaux ont ciblé uniquement les légumes marins. Premier constat : les deux prin- cipaux réseaux de distribution sont les chaînes de magasins biologiques ou asiatiques, uploads/Industriel/ dossier-algues-192.pdf
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- Publié le Jul 28, 2021
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