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Tous droits réservés © HEC Montréal, 1978 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 5 jan. 2020 05:34 L'Actualité économique Modèles statiques et modèles dynamiques en développement économique E. F. Beach Volume 54, numéro 4, octobre–décembre 1978 URI : https://id.erudit.org/iderudit/800796ar DOI : https://doi.org/10.7202/800796ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) HEC Montréal ISSN 0001-771X (imprimé) 1710-3991 (numérique) Découvrir la revue Citer ce document Beach, E. F. (1978). Modèles statiques et modèles dynamiques en développement économique. L'Actualité économique, 54 (4), 539–543. https://doi.org/10.7202/800796ar COMMENTAIRE Modèles statiques et modèles dynamiques en développement économique * Un article récent de O. Hawrylyshyn *, publié dans cette revue pré- sente des développements théoriques statiques qui dégagent de multiples implications pour la littérature portant sur le changement technologique en développement économique. Il y a quelques années, une approche différente a été suggérée dans cette même revue2 mais son évaluation n'a pas fait l'objet d'un accord unanime. Le but de ce commentaire est d'expliquer pourquoi cette approche plus dynamique semble meilleure. Le professeur Hawrylyshyn estime que les mesures habituelles de l'élasticité de substitution entre les facteurs de production présentent certaines lacunes et, en conséquence, il offre une mesure alternative, Cependant, il continue d'utiliser une comparaison entre deux points d'équilibre, et il ne discute pas les implications du passage d'un tel point d'équilibre à un autre. Cette approche de type statique compa- rative caractérise les discussions récentes de cette question8. Elle fait usage d'une notion abstraite du capital, et néglige le fait qu'il s'agit d'un facteur de production produit au même titre que les autres fac- teurs. La production de biens de capital nécessite des intrants de travail. Dans une optique micro, cette question peut être négligée car les biens de capital peuvent être acquis ailleurs ; par exemple, ils peuvent être produits par une autre firme. Dans une analyse macro, et particulière- ment en ce qui touche aux questions de la croissance et du développe- ment économique, il est tout à fait erroné d'ignorer cet aspect. En fait, * Traduit de l'anglais par Alfred Cossette. 1. D. Hawrylyshyn, « La nature du progrès technique et la substitution des fac- teurs dans les pays en voie de développement », L'Actualité Economique, avril-juin 1977, pp. 193-213. 2. E.F. Beach, « La mécanisation et l'emploi », L'Actualité Economique, juillet- septembre 1971. 3. F.H. Hahn et R.C.O. Matthews, « The Theory of Economie Growth : A Sur- vey », Economie Journal, décembre, 1964 ; C. Kennedy et A.P. Thirlwall, « Technical Progress : A Survey », Economie Journal, mars, 1972 ; D. Marawetz, « Employment Im- plications of Industrialization in Developing Countries : A Survey », Economic Journal, septembre 1974. 540 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE les implications en termes d'emploi de l'une des théories sont exacte- ment l'inverse de celles que présente l'autre 4. La différence peut être illustrée en comparant la situation de deux firmes, dont l'une produit les biens de capital qu'elle utilise, et l'autre pas. Une économie développée pourrait être assimilée à la première firme. Une économie en voie de développement ressemblerait plutôt à la deuxième firme selon l'importance relative de ses importations de biens de capital. Notons, toutefois, que l'importation de machinerie par exemple suscite des investissements dans le pays importateur au niveau du transport, de l'installation, de l'entreposage et de l'entretien. L'Inde et le Brésil en particulier ont des industries de biens en capital très importantes 5. Pour la deuxième firme, l'analyse des conséquences en termes d'em- ploi peut se satisfaire d'une comparaison antécédente et subséquente au déplacement d'un point d'équilibre à l'autre. Bien qu'elle soit utile, une telle comparaison n'est pas suffisante pour la première firme. Par exemple, il est nécessaire de savoir combien de temps prendra la cons- truction de la nouvelle machinerie afin d'engager suffisamment d'ou- vriers spécialisés dans la fabrication de machines. Soyons plus spécifique. Dans la première firme, il y a trois caté- gories d'ouvriers : (1) les opérateurs de machines affectées à la pro- duction courante, (2) les ouvriers qui entretiennent et remplacent la machinerie à mesure qu'elle se déprécie, et (3) les ouvriers qui pro- duisent d'autres machines. Bien sûr, les machines supplémentaires peu- vent être des versions nouvelles de machines utilisées couramment. Nous distinguons alors entre la fabrication de machines qui assurent le statu 4. Hawrylyshyn propose l'adoption de techniques intensives en main-d'œuvre. Cependant, étant donné que la quantité de main-d'œuvre substituée dans le processus de fabrication de machines est assez importante, les implications en termes d'emplois que dégage le changement lui-même doivent être considérées même lorsque le pays hôte ne peut contenir qu'une faible partie de ces effets d'emploi. L'adoption continue de tech- niques intensives en capital implique la substitution d'une quantité de main-d'œuvre plus importante encore. La main-d'œuvre ne correspond pas seulement à l'emploi substitué par le remplacement de la machinerie dépréciée mais aussi à une quantité plus importante encore de main-d'œuvre dite « accumulée ». Considérons une machine dont la vie active serait de dix années et dont le coût serait l'équivalent de dix années de salaires. Dans une analyse statique, le travailleur, représentant une année de main-d'œuvre directe, travaille avec une année équivalente de main-d'œuvre indirecte. Mais, afin de mettre la machine en place, il faut investir 10 années dans sa création et son installation dans une période de temps relativement courte. Par conséquent, une telle accumulation de main- d'œuvre implique une substitution importante de main-d'œuvre indirecte substituée par l'utilisation normale de la machine. La quantité de main-d'œuvre indirecte substituée dans la dynamique du changement est plus importante que la main-d'œuvre substituée par l'utilisation normale de la machine. 5. Dans E.F. Beach, «La mécanisation de l'emploi dans la province de Québec», Relations industrielles, vol. 23, no 2, 1968, une analyse a été présentée pour la province de Québec prenant en considération la part de la machinerie importée non seulement d'autres pays mais aussi du reste du Canada. COMMENTAIRES 541 quo et les emplois des opérateurs, et la fabrication de machines qui modifient l'établissement et remplacent des emplois d'opérateurs. Afin d'évaluer l'ordre de grandeur de ces groupes et les changements à l'intérieur de ceux-ci, considérons un modèle simple de la composi- tion d'un dollar de vente : S = M +W'-\-K, où M est le coût des matériaux, W est le coût en salaires et K est le coût en capital annuel comprenant l'amortissement et le profit net à part égale. La main- d'œuvre employée pour remplacer la machine sera alors rémunérée à même les allocations du coût en capital. Les salaires payés à cette main- d'œuvre « indirecte » peuvent ne pas être très importants relativement à l'ensemble des salaires payés à la main-d'œuvre « directe », W. Supposons maintenant que la firme opère un changement dans la structure d'emploi des opérateurs — c'est-à-dire les ouvriers qui fabri- quent le produit final. Il y aura d'abord certains investissements dans de nouvelles machines, qui peuvent être, par exemple, de nouvelles versions de machines à remplacer. Lorsque ces dernières seront ins- tallées, certains opérateurs perdront leur emploi. Quelle est la relation quantitative entre le nombre de travailleurs qui perdent leur emploi et le nombre de fabricants de machines nécessaires pour fabriquer les machines qui les remplacent ? Cette relation peut être estimée en évaluant les salaires payés pour ce type de travail. La perte d'opérateurs pourra être déduite de la baisse du volume salarial, W. L'emploi supplémentaire substitué par l'investissement additionnel pour fabriquer la nouvelle machine repré- sentera une proportion importante du nouvel investissement — disons la moitié. De plus, le nouvel investissement total sera un multiple du profit brut annuel. Dans le but d'évaluer les ordres de grandeur impli- quées nous retenons l'hypothèse que l'accroissement de K équivaut à la diminution de W, de sorte que M et S demeurent inchangés. Un tel cas pourrait être associé à une «« mécanisation simple », c'est-à-dire au remplacement de la main-d'œuvre affectée aux opérations courantes par des machines. Des modifications peuvent facilement être introduites pour réduire le coût unitaire, etc., mais essayons de ne pas compliquer le problème au départ. Il est clair que la diminution de W représentera une fraction du nouvel investissement inférieure à la proportion que représentent les salaires dans ce nouvel investissement6. Bien sûr, les emplois reliés aux opérations seront perdus alors que les emplois des fabricants de machines disparaîtront lorsque les nou- velles machines seront installées. Considérons cependant un développe- ment économique permanent, tel celui de l'Angleterre durant la Révo- lution industrielle. Pendant plus d'un siècle les industries textiles, métal- liques et autres ont connu des mutations profondes qui se sont traduites 6. Voir E.F. Beach, op. cit. dans L'Actualité Economique, 1971. 542 i/ACTUALITÊ ECONOMIQUE par uploads/Industriel/ modeles-statiques-et-modeles-dynamiques-en-developpement-economique.pdf

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