Plateforme-Re-Sources P 1 2015 LES TECHNIQUES DE COMPOSTAGE DE DÉCHETS D’ORIGIN

Plateforme-Re-Sources P 1 2015 LES TECHNIQUES DE COMPOSTAGE DE DÉCHETS D’ORIGINE NATURELLE EN AFRIQUE ET DANS LES CARAÏBES PRESENTATION SYNTHETIQUE DE L’ETAT DES LIEUX ET DES RETOURS D’EXPERIENCES Le Contexte - les enjeux Avec l’évolution démographique et l’urbanisation croissante dans les pays en développement (PED), la quantité de déchets urbains produits ne cesse d’augmenter, ce qui préoccupe fortement les responsables locaux et les habitants, de plus en plus conscients des risques associés. Plusieurs initiatives de compostage ont été menées dans les villes des PED car il constitue une voie intéressante pour le traitement de la fraction organique des déchets ménagers. Il permet en outre la valorisation de ces matières organiques en matières fertilisantes. Il existe une vaste gamme de technologies, méthodes et expériences en compostage dans les PED. L’enjeu est de pouvoir définir la technique la mieux appropriée à petite, moyenne et grande échelle en prenant en compte les aspects sociaux et économiques locaux. Cette fiche de synthèse fait le point sur les techniques de compostage de déchets urbains à moyenne et grande échelle utilisées par les partenaires de Re-Sources. Elle ne concerne pas les techniques de compostage individuel ou agricole. Elle se base sur les expériences de compostage menées : à Parakou (Bénin) par l’ONG Planète Contact ; à Maurice, où l’entreprise Solid WasteRecycling Ltd (SWRL) exploite une unité de compostage mécanisée ; à Cité Soleil (en Haïti) sur la plate-forme « Jean-Christophe Fernandes » par la fondation de l’Athlétique d’Haïti ; à Dschang (Cameroun) par ERA Cameroun ; à Mahajanga (Madagascar) par Madacompost ; à Lomé (Togo) par ENPRO. Les unités de Dschang, Lomé et Mahajanga font partie du programme Africompost qui vise à développer le compostage dans les villes africaines. Le compost est un amendement organique, c’est-à-dire un produit riche en matière organique stabilisée à effet principal sur la structure des sols agricoles (rôle de fertilisant physique). Comme tous les amendements, le compost contient de faibles teneurs en N (azote), P (phosphore), K (potassium). En se minéralisant avec le temps, le compost a donc également une fonction secondaire d’engrais organique (rôle de fertilisant chimique avec apport de NPK et d’oligo-éléments pour les plantes). Définitions Page 2 Plateforme-Re-Sources P 2 2015 Le compost est caractérisé par 3 qualités majeures : La constance de composition c’est-à-dire la stabilité et l’invariabilité du produit ; L’efficacité agronomique (dans les conditions d’emploi prescrites) ; L’innocuité (à l’égard de l’Homme, des plantes, des animaux et de l’environnement), c’est-à-dire l’absence de risques sanitaires en termes de germes pathogènes, parasites et graines de mauvaises herbes, ou de divers polluants retrouvés dans les déchets solides (métaux lourds, polluants organiques de synthèse,…). Le compostage est le processus de transformation biologique de matières organiques (déchets végétaux, restes de repas, déjections,…) en conditions d’aération permettant de produire un compost utilisable en agriculture en tant qu’amendement organique. Pour attester de sa qualité, le compost peut être analysé selon les normes existantes, comme notamment la norme mauricienne MS 164 concernant la spécification des matières compostables ou la norme française NFU 44-051 sur les amendements organiques. Pour le compost, les principaux éléments à déterminer sont les caractéristiques agronomiques - notamment les teneurs en MO (matière organique) et NPK (azote, phosphore, potassium) - ainsi que les teneurs en ETM (éléments traces métalliques). La norme NFU 44051 inclut également des tests microbiologiques et des tests physiques sur les impuretés contenues dans le compost (verre, plastiques). A partir de l’expérience acquise sur le programme Africompost, Gevalor propose un protocole d’analyse du compost adapté aux unités des pays du Sud. Concernant les expériences de compostage de la fraction organique des déchets mé- nagers, le problème généralement rencontré sur la qualité du produit est une teneur en matière organique trop faible au regard des normes. La composition des déchets entrants, la présence de sable dans les fines, le lessivage par les pluies ou un stockage de trop longue durée peuvent en être la cause. Des dépassements en métaux lourds sont rares grâce à une faible présence de dé- chets dangereux dans les déchets des ménages des pays concernés. Les déchets acceptés dans les unités de compostage sont les déchets ménagers ou assimilés, non dangereux, majoritairement constitués de déchets compostables (matière organique fermentescible). Les autres déchets dits non-compostables sont retirés par un tri à la source (réalisé par le producteur de déchet) ou par un tri sur l’unité de compostage. Les déchets dangereux ne doivent normalement pas être acceptés sur les unités de compostage. Toutefois, leur présence est fréquemment mise en évidence dans les déchets réceptionnés sur l’unité de compostage, nécessitant la mise en place d’un contrôle des déchets entrants, et la sensibilisation des collecteurs et des agents de l’unité de compostage. Le tableau suivant propose de classer pour chaque source d’approvisionnement les déchets en trois catégories : Déchets compostables ; Déchets non compostables et non-dangereux; Déchets non compostables et dangereux Qualité Déchets acceptés dans les unités de compostage Page 3 Plateforme-Re-Sources P 3 2015 Une fois séparés des déchets compostables, certains déchets non compostables peuvent être recyclés si cela présente un intérêt économique ou environnemental (par exemple : verre, sachets plastiques, plastiques durs, sable etc…). Les déchets non recyclables, appelés refus, sont en général évacués et enfouis en décharge. Retours d’expériences des partenaires de Re-Sources pour l’approvisionnement des unités de compostage : La fonction première d’une installation de compostage de déchets ménagers est de les traiter pour réduire les nuisances qui y sont associées. En outre, les unités de compostage doivent produire, afin de le vendre, un amendement de qualité. A cette fin elles doivent rechercher un approvisionnement en déchets riches en matières fermentescibles. Pour cela, les exploitants d’unités ciblent des producteurs de déchets spécifiques. Par exemple, l’unité « Jean-Christophe Fernandes » en Haïti recherche à compléter l’approvisionnement du site par des déchets ménagers des quartiers à hauts revenus (forte présence en déchets de jardin, outre les déchets recyclables), des déchets de marchés alimentaires et des déchets de type papiers-cartons en provenance d’entreprises. Cette diversification pose néanmoins des difficultés pour l’exploitation du fait de la variabilité de la composition des déchets et dans la fréquence de livraison des déchets. En cas de déchets de nature très spécifique (très carbonés ou très azotés), l’association de plusieurs types de déchets dans le processus de compostage peut permettre d’équilibrer le compost produit. Compostables Non compostables non dangereux Non compostables dangereux Déchets des ménages Restes de repas, papiers, cartons, déchets végétaux, textiles naturels (coton, etc.), déchets hygiéniques,… Textiles synthétiques, plastiques, ferrailles, bois, inertes (verre, cailloux, sable), emballages souillés,… Déchets de soin (Seringues, médicaments…), piles, DEEE (Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques), bombes aérosols, pots de peinture, … Déchets de la ville Déchets verts des espaces publics, feuilles issues du balayage des rues, plantes aquatiques non chargées en métaux lourds (ex : jacinthe d’eau), déchets organiques des marchés, … Gravats, terres, emballages souillés, … Bombes aérosols, pots de peinture, emballages souillés… Déchets des entreprises, services de l’Etat et des centres de santé Résidus organiques des entreprises agro-alimentaires (ex : déchets de fruits, drêches de brasseries…), déchets organiques des restaurants, papiers, cartons, … Textiles synthétiques, plastiques, ferrailles, bois, inertes, verre, gravats … Déchets de soin (Seringues, médicaments…), bombes aérosols, pots de peinture, emballages souillés … Déchets agricoles et d’abattoirs Résidus de cultures (ex : coques de soja, paille …), déjections animales (ex : fumier, fientes, bouses…), rumen (contenu des panses d’animaux), … Plastiques … Cadavres d’animaux emballages de produits phytosanitaires … Page 4 Plateforme-Re-Sources P 4 2015 Les paramètres physico-chimiques à prendre en compte durant le processus de compostage sont la température, la teneur en eau, le rapport carbone/azote, l’apport d’air et la granulométrie. Température: L’activité optimale des micro-organismes qui décomposent les déchets correspond à une plage de température bien définie. Les bactéries mésophiles sont actives entre 20 et 45°C et les thermophiles entre 45 et 65oC. Le suivi de la température est par ailleurs une mesure indirecte de l’intensité de la biodégradation lorsque le processus n’est pas terminé. Une carence en oxygène peut ainsi être décelée par la baisse de la température et corrigée par retournement des déchets pour aérer. Pour obtenir l’hygiénisation du compost (destruction des germes pathogènes et parasites présents dans les déchets) en compostage à l’air libre, une température de 55°C pendant 5 jours (Charnay, 2005) est nécessaire. Teneur en eau : La teneur en eau des déchets mis à composter conditionne l’activité des micro-organismes. L’humidité optimale pour le compostage est généralement 50-60% (Filemon, 2008). Si la teneur en eau baisse en dessous de 30%, la décomposition de la matière organique est inhibée ; si elle dépasse 70%, l’eau commence à remplir les espaces lacunaires des déchets et empêche les échanges d’oxygène, provoquant des conditions défavorables au compostage (Charnay, 2005). Il est en général nécessaire de contrôler l’humidité et d’arroser régulièrement le compost en cours de décomposition. A noter que le pH, la température et l’humidité sont des paramètres interdépendants. Granulométrie : La dimension moyenne des déchets – la granulométrie – détermine la vitesse de décomposition. Si la surface de contact entre les déchets et les micro-organismes est importante, la uploads/Industriel/ techniques-de-compostage-3.pdf

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