(Éco)féminismes et reproduction sociale Penser avec Rosa Luxemburg Laura Aristi

(Éco)féminismes et reproduction sociale Penser avec Rosa Luxemburg Laura Aristizabal Arango Cahiers du Master Genre MÉMOIRE RECHERCHE Master interuniversitaire de spécialisation en études de genre Édition 2018-2019 Proposition pour les « Cahiers du Master Genre » Laura Aristizabal Arango 1 Résumé du mémoire : Mon mémoire de Master en études de genre s’intitule « (Éco)féminismes et reproduction sociale. Penser avec Rosa Luxemburg ». Ce travail souhaite étudier les rapports entre féminisme et marxisme en se concentrant sur la problématique de la reproduction sociale. Ce concept majeur dans le féminisme et dans le marxisme ne renvoie pas aux mêmes acceptions dans ces deux traditions. Mon travail s’est attaché à montrer comment ces deux acceptions se croisent et se nourrissent mutuellement. De cette manière, j’ai souhaité mettre deux hypothèses à l’épreuve : (1) la conception de la reproduction sociale dans le féminisme est héritière du marxisme, en particulier des thèses de Rosa Luxemburg sur l’impérialisme ; (2) une lecture féministe des thèses de Luxemburg sur la reproduction sociale exige de revoir la façon dont le marxisme a défini le mode de production capitaliste et la classe ouvrière. J’aborde cette problématique en mobilisant la méthode apprise pendant mes études de philosophie politique. En d’autres termes, mon travail se fonde sur une lecture critique de textes et sur une élaboration conceptuelle de ce qu’est la « reproduction sociale ». Je ne prends donc pas ce concept comme une donnée qui serait bien définie au préalable : la reproduction sociale est plutôt ce que je cherche à problématiser, en l’étudiant en tant que concept qui circule entre féminisme et marxisme. L’approche que j’ai voulu adopter est matérialiste (la division genrée du travail est au cœur du propos) et imbricationniste (les rapports de pouvoir de genre, race, classe, sexualité sont pensés en tant qu’ils se co-constituent). Je fais cela à partir de trois corpus de textes. Le premier est celui du courant féministe de la « théorie de la reproduction sociale » (Tithi Bhattacharya, Nancy Fraser), courant qui se réclame du féminisme marxiste des années 1970. Le second corpus mobilise des textes écoféministes (Maria Mies et Vandana Shiva, Starhawk). Le troisième corpus concerne la théorisation marxiste de la reproduction sociale, en particulier la question de « l’accumulation initiale » (Karl Marx, Rosa Luxemburg). Trois résultats principaux découlent de la mise à l’épreuve de mes hypothèses dans la littérature citée. Ces résultats constituent les trois parties de mon mémoire : 1. Le concept de reproduction sociale dans le féminisme et l’écoféminisme fait référence au travail de maintien de la vie, travail féminisé, racisé et dévalorisé. En tant que tel, ce travail est à la fois le site de l’oppression des femmes et celui de la lutte pour un autre type d’organisation sociale. 2. Si on suit les thèses de Rosa Luxemburg, alors le concept marxiste de reproduction sociale renvoie à tout ce qui rend possible la perpétuation du mode de production capitaliste – y compris aux rapports de pouvoir qui ne relèvent pas à strictement parler de la logique d’exploitation économique capitaliste. 3. Luxemburg nous permet de croiser les deux définitions (marxiste et féministe) de la reproduction sociale. En effet, avec Luxemburg, la sphère de la reproduction telle que définie par nos corpus féministes peut être comprise comme ce qui rend possible l’organisation sociale capitaliste. On peut comprendre la séparation de la sphère de la production marchande et de la reproduction de la vie comme ce qui permet au mode de production capitaliste de se perpétuer. Or, cette séparation n’est pas « naturelle » : elle se fait par la violence. Les violences sexistes et LGBTQI+phobes peuvent ainsi être pensées comme ce qui permet de reconstituer sans cesse une séparation entre la sphère de la reproduction et celle de la production. Proposition pour les « Cahiers du Master Genre » Laura Aristizabal Arango 2 La question de la reproduction sociale connait un regain d’intérêt aujourd’hui dans de nombreuses études féministes (Silvia Federici, 2019 ; Françoise Vergès, 2019 ; Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya, Nancy Fraser, 2019 ; Paul B. Preciado, 2019). À mes yeux, l’intérêt de mon travail, dans ce contexte théorique, consiste : (1) dans le fait d’avoir creusé la problématique de la reproduction sociale en tant qu’elle est pensée dans les études féministes depuis un dialogue avec le marxisme ; (2) dans la mise en évidence d’un héritage minoritaire mais existant dans les études féministes – l’héritage de Rosa Luxemburg. Mots-clés : REPRODUCTION – THÉORIE DE LA REPRODUCTION SOCIALE – ÉCOFÉMINISME – (LECTURES FÉMINISTES DE L’) ACCUMULATION INITIALE – ROSA LUXEMBURG Année académique 2018-2019 MASTER DE SPÉCIALISATION EN ÉTUDES DE GENRE ARISTIZABAL ARANGO Laura (Éco)féminismes et reproduction sociale Penser avec Rosa Luxemburg Promotrice : Florence Caeymaex, Université de Liège 2 Je déclare qu’il s’agit d’un travail original et personnel et que toutes les sources référencées ont été indiquées dans leur totalité et ce, quelle que soit leur provenance. Je suis conscient·e que le fait de ne pas citer une source, de ne pas la citer clairement et complètement constitue un plagiat et que le plagiat est considéré comme une faute grave au sein de l’Université. J’ai notamment pris connaissance des risques de sanctions administratives et disciplinaires encourues en cas de plagiat comme prévues dans le Règlement des études et des examens de l’Université catholique de Louvain au Chapitre 4, Section 7, article 107 à 114. Au vu de ce qui précède, je déclare sur l’honneur ne pas avoir commis de plagiat ou toute autre forme de fraude. Nom, Prénom : Aristizabal Arango, Laura Date : 16/08/2019 Signature de l’étudiant·e : 3 RÉSUMÉ Laura Aristizabal Arango, (Éco)féminismes et reproduction sociale. Penser avec Rosa Luxemburg. Mémoire du Master en études de genre sous la direction de Florence Caeymaex, année académique 2018-2019, session d’août. Ce travail vise à éclairer les rapports du féminisme (en particulier dans la théorie de la reproduction sociale et dans l’écoféminisme) et du marxisme en se focalisant sur le concept de reproduction sociale. Cet éclairage prend comme point de départ l’hypothèse que le concept de reproduction sociale dans le féminisme peut être compris au prisme des thèses de Rosa Luxemburg à propos de l’impérialisme. Pour explorer cette hypothèse, je procède en trois temps. I. Je situe le concept de reproduction au sein de deux courants du féminisme : d’une part, la théorie de la reproduction sociale, d’autre part, les différents courants de l’écoféminisme. À partir de là, je délimite ce que ce travail entend par « reproduction sociale ». Celle-ci fait référence au travail (payé et non payé) de régénération de la vie et de construction d’environnements vivables, travail généralement assigné aux femmes des classes populaires et/ou héritières d’histoires (post)coloniales. Mon travail s’attache à montrer que le travail de reproduction est défini dans les corpus étudiés à la fois comme une source matérielle d’oppression, et en même temps comme le site de luttes pour le maintien de la vie et l’invention d’autres rapports au monde. II. Je fais l’hypothèse que la définition de la reproduction sociale issue de la première partie est héritière des thèses de Luxemburg dans son texte célèbre, L’accumulation du capital. Pour cela, je procède à une définition de ce qu’est la reproduction sociale dans le marxisme. Je présente ensuite les critiques que Luxemburg a adressées à cette définition en se servant de ce que Marx a appelé dans le Livre I du Capital « la prétendue ‘accumulation initiale’ ». Luxemburg propose ainsi une nouvelle définition du mode de production capitaliste : elle affirme que loin d’être exclusivement un mode de production et d’exploitation, le capitalisme est fondé sur des rapports de pouvoir non marchands dont l’instrument est la violence. III. Dans la dernière partie, j’applique les thèses de Luxemburg à la théorisation de la reproduction sociale produite par les deux corpus féministes mobilisés. Ainsi, je montre comment Maria Mies et Claudia von Werlhof font explicitement référence à Luxemburg pour définir la sphère de la reproduction comme condition de possibilité du capitalisme. À l’aune de leur définition du double statut des femmes sous le capitalisme – en tant que ressources et en tant que travailleuses – j’adopte la définition que Nancy Fraser a donné du capitalisme comme un « ordre social institutionnalisé ». J’interroge alors le rôle des violences sexistes au sein de cet ordre social institutionnalisé en partant de l’étude féministe de la chasse aux sorcières produite par Silvia Federici. Je relie ensuite cette étude à l’interprétation que Jules Falquet a produit des violences sexistes dans les termes d’une « guerre de basse intensité » contre les femmes. Je conclus alors en répondant à deux questions posées en introduction : que fait la perspective féministe aux thèses de Rosa Luxemburg ? Et que font les thèses de Rosa Luxemburg à la question féministe de la reproduction sociale ? Mots-clés : REPRODUCTION – THÉORIE DE LA REPRODUCTION SOCIALE – ÉCOFÉMINISME – (LECTURES FÉMINISTES DE L’) ACCUMULATION INITIALE – ROSA LUXEMBURG 4 Remerciements Je remercie Florence Caeymaex pour nos riches discussions, pour son rôle dans mon parcours d’études et de recherches, et, surtout, uploads/Industriel/ecofeminismes-reproduction-sociale-aristizabalarango-v2.pdf

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