1960-00-00 REMARQUE SUR LE RAPPORT DE DANIEL LAGACHE : « PSYCHANALYSE ET STRUCT
1960-00-00 REMARQUE SUR LE RAPPORT DE DANIEL LAGACHE : « PSYCHANALYSE ET STRUCTURE DE LA PERSONNALITE ». 1 Il s’agit d’un texte rédigé à Pâques 1960, pour la publication dans La psychanalyse, 1961, N° 6, « Perspectives Structurales », pp. 111-147, soit deux ans après sa présentation orale au Colloque international de Royaumont (10-13 Juillet 1958). Ainsi que Lacan s’en explique en préambule, c’est bien la date d’écriture que nous retiendrons pour le classement chronologique, cf. aussi la note 1. (111)Ce texte est rédigé sur un enregistrement d’une intervention qu’un mauvais départ de l’appareil a privé de son exorde. C’est l’accident dont nous avons fait faveur pour remanier notre discours d’une façon qui en modifie sensiblement l’improvisation. Encore faut-il en indiquer l’intention, qui est de resserrer en son articulation d’alors une position qui nous reste essentielle. Ceci nous a conduit à en retrancher plutôt : et précisément ce qui dans Ie feu d’une actualisation anticipe sur ce qui n’en sera développé que plus tard. C’est ainsi que passant outre notre goût d’auteur, nous n’avons pas repris l’apologue du pot de moutarde dont le souvenir n’est pourtant pas anecdotique, puisque nous lui avons donné depuis son plein essor1. À ceci près que nous lui assurons ici son acte de naissance, avec son motif dans les agapes qui nous le fournirent au moins apparemment, nous laissons à notre auditoire de retrouver le pot de moutarde en filigrane dans des figures plus accessibles au lecteur comme moins soumises aux signifiants de la présence. Au reste un texte qui n’a été communiqué auparavant sous aucune forme documentaire, n’est attestable que du moment de sa rédaction définitive, soit ici Pâques 1960. (Note de Jacques Lacan). 1.– LA STRUCTURE ET LE SUJET Le terme de structure qui va donner au rapport de Daniel Lagache son mot clef, est en effet énoncé au principe de maintes tendances contemporaines de la recherche sur l’homme, si c’est là le sens large que Lagache donne, pensons-nous, au terme d’anthropologie. La référence à la sociologie nous eût paru meilleure actuellement pour y situer le structuralisme. Car il y est l’objet d’un débat assez vif pour que Claude Lévi-Strauss n’échappe aux attaques que les structuralistes se portent entre eux, la notion de la structure qu’a l’un semblant n’être qu’aberration pour tel autre. (112)Comme nous-même faisons du terme de structure un emploi que nous croyons pouvoir autoriser de celui de Claude Lévi-Strauss, ce nous est une raison personnelle, c’est bien le lieu de le dire, de ne pas tenir cet emploi pour généralement confusionnel. Nous n’en sommes que plus intéressé à le soumettre à l’épreuve du développement que Daniel Lagache y ordonne. La catégorie de l’ensemble, pour l’introduire, trouve notre accord, pour autant qu’elle évite les implications de la totalité ou les épure. Mais ce n’est pas pour dire que les éléments n’en soient pas isolés, ni sommables : au moins, si nous cherchons dans la notion d’ensemble quelque garantie de la rigueur qu’elle a dans la théorie mathématique. « Que ses parties soient elles-mêmes structurées », voudra dire dès lors qu’elles-mêmes sont susceptibles de symboliser toutes les relations définissables pour l’ensemble, lesquelles vont bien au delà de leur distinction et de leur réunion, pourtant inaugurales. Les éléments y sont en effet définis par la possibilité d’être posés en fonction de sous-ensembles comme recouvrant une relation quelconque définie pour l’ensemble, cette possibilité ayant pour trait essentiel de n’être limitée par aucune. hiérarchie naturelle. Voici pourquoi le terme : partie, nous semble à écarter au principe, à plus forte raison toute donnée de champ incluant d’aussi redoutables inconnues qu’un organisme, puisque déjà en organisant l’entourage (avec la fameuse « situation » qui nous pend au nez), un tel champ apporte à toute considération de structure cette limitation minimale que Daniel Lagache cerne aussitôt pertinemment : d’être géométrique. Or la structure n’est pas la forme, nous y avons insisté ailleurs2, et c’est justement la question que de rompre la pensée à une topologie, que nécessite la seule structure. 1. Spécialement dons notre séminaire de cette année 1959-1960 sur l’éthique de la psychanalyse. 2. En un symposium sur la structure, tenu sous les auspices de M. Bastide. 1960-00-00 REMARQUE SUR LE RAPPORT DE DANIEL LAGACHE : « PSYCHANALYSE ET STRUCTURE DE LA PERSONNALITE ». 2 Nous prétendons que l’esthétique transcendantale est à refaire pour le temps où la linguistique a introduit dans la science son statut incontestable : avec la structure définie par l’articulation signifiante comme telle. Dès lors, quand Daniel Lagache part d’un choix qu’il nous propose entre une structure en quelque sorte apparente (qui impliquerait la critique de ce que le caractère descriptif comporte de naturel) et une structure qu’il peut dire à distance (113)de l’expérience (puisqu’il s’agit du « modèle théorique » qu’il reconnaît dans la métapsychologie analytique), cette antinomie néglige un mode de la structure qui, pour être tiers, ne saurait être exclu, à savoir les effets que la combinatoire pure et simple du signifiant détermine dans la réalité où elle se produit. Car le structuralisme est-il ou non ce qui nous permet de poser notre expérience comme le champ où ça parle ? Si oui, « la distance à l’expérience » de la structure s’évanouit, puisqu’elle y opère non comme modèle théorique, mais comme la machine originale qui y met en scène le sujet. Ce que Daniel Lagache met au compte du point de vue économico-dynamique, soit à son dire le matériel et son interprétation, c’est là précisément que nous voyons l’incidence de la structure s’amorcer dans notre expérience, et c’est de là qu’une recherche structuraliste doit en poursuivre les effets, leur portée économico-dynamique s’illustrant d’une comparaison qui équivaut à sa raison : à savoir ce qu’une turbine, soit une machine agencée selon une chaîne d’équations, apporte à une cascade naturelle pour la réalisation de l’énergie. Comment s’étonner dés lors que le critère génétique se soit soldé par un échec dans la mise à l’épreuve des topiques freudiennes, dans la mesure même où leurs systèmes sont structuraux Quant au critère d’adaptation, peut-être vaut-il en rejeter l’emploi jusqu’à nouvel ordre, au nouvel ordre qu’y aura apporté la psychanalyse elle-même : sauf à s’engager dans l’impasse dite du problème post-révolutionnaire. Les systèmes en effet dont Daniel Lagache saura si délicatement mettre en valeur les relations d’interdépendance (nous proposerions : paranomies), dans chacune des deux topiques de Freud, en les distinguant de leurs fonctions, ne sont pas pour autant la structure au sens strict : comme il se voit dans la sorte de chiasme, selon quoi l’identité des perceptions, pour définir la structure du processus primaire, la constitue au moyen d’éléments, par nature directifs du système de la réalité, tandis que l’identité des pensées, pour ordonner au principe de réalité le processus secondaire, le fonde dans un discours dont la découverte même de Freud démontre que ses éléments n’ont pas besoin pour subsister de la conscience. Aussi n’est-il pas vain de rappeler que Freud a dénié, au (114)principe, à tout système d’aucune de ses topiques la moindre réalité comme appareil différencié dans l’organisme. Car on oublie d’en tirer ce corollaire, qu’il nous refuse du même coup le droit de forcer aucun de ces systèmes à rentrer dans la réalité fantasmée d’une quelconque « totalité » de l’organisme. Bref la structure dont nous parlons n’a rien à faire avec l’idée de la « structure. de l’organisme », telle que la supportent les faits les mieux fondés de la Gestalt. Non que la structure au sens propre ne profite des béances de la Gestalt organique pour se l’asservir. Mais à partir de leurs conjonctions qui s’avéreraient être de fission ou de fissures, une hétérogénéité s’affirme entre deux ordres, qu’on cherchera moins à masquer pour saisir son principe. C’est ainsi qu’à être moins méconnue, la distribution topique de la conscience, si frappante en sa dispersion qu’on la dirait éclatée., nous ramène à considérer ce fait que Daniel Lagache a raison de nous rappeler : c’est que nous n’avons guère avancé dans le problème de la nature de la conscience, depuis que Freud, en sa révision qu’il avait rendue nécessaire, n’y revenait que pour se plaindre d’y rester arrêté. De toute façon, il ne fait pas difficulté que l’organisme laisse des plumes, autrement dit fasse cession de tel de ses tentacules plus ou moins amovibles en gage à telle structure, d’interdit social par exemple, où il peut comme individu être pris. Pour entrer dans le vif du sujet avec Daniel Lagache, rendons-lui grâce de dénoncer au passage la simple falsification qu’Heinz Hartmann tente d’imposer à l’histoire, en méconnaissant que dans la période de l’introduction au narcissisme Freud s’intéressât bien à l’instance du Moi, la seule, la même qu’il devait continuer de promouvoir. Pour la mise en garde dont le dit auteur et ses 1960-00-00 REMARQUE SUR LE RAPPORT DE DANIEL LAGACHE : « PSYCHANALYSE ET STRUCTURE DE LA PERSONNALITE ». 3 acolytes, Kris et Loewenstein, croient devoir nous prémunir contre une conception dite anthropomorphique de la seconde topique, nous tiendrons avec Daniel Lagache que son objet n’est pas uploads/Ingenierie_Lourd/ 1960-00-00-r-d-l-p-a-structure-et-le-sujet.pdf
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